Sortir d'un bocal à con en 10 étapes

Sylvaine Pascual – Publié dans Compétences relationnelles

 

 

 

C’est arrivé à l’insu de votre plein gré: vous voilà enfermé(e) dans le bocal à con d’une personne de votre entourage. Pas de panique: vous n’êtes pas nécessairement condamné à perpétuité à errer dans le récipient à abruti de ladite personne…

 

 

 

Vous avez été enfermé dans le bocal à con d'une persone de votre entourage? Voici comment en sortir en 10 étapesC’est arrivé bien malgré vous. Of course comme dirait Shakespeare, célèbre chroniqueur des relations compliquées, car vous, vous êtes un modèle d’élégance relationnelle et de valeurs, associées à une affirmation de soi sereine et respectueuse, donc vous ne méritez en aucune manière de finir dans le bocal à con d’un autre forcément en tort, puisque vous n’avez rien fait qui mérite telle injustice.

 

Rappelons que le bocal à con est un moyen de se protéger des agissements fatigants des abrutis qui nous entourent (voir: guide de survie aux abrutis: le bocal à con). En atterrissant dans celui d’un membre de votre entourage, c’est donc cette étiquette qui vous a été collée sur le front et ça, c’est à peu près aussi difficile à avaler que la confiture donnée aux cochons plutôt qu’à un palais délicat.

 

Ce n’est sans doute pas très grave, car la personne qui vous a enfermé dans un bocal à con sait très bien que l’objectif du bocal en question est une neutralisation temporaire, en attendant de décider ce qui va être fait de la relation, donc vous n’y êtes probablement pas enfermé(e) de façon définitive. En d’autres termes, le bocal à con, c’est la préventive de la relation. Voici quelques idées pour trouver un règlement à l’amiable plutôt que d’attendre votre procès et répondre à vote envie de sortir du bocal comme on descend certaines marches: avec grâce et élégance…

 

 

 

1- Auto-bienveillance oui, auto-complaisance non!

 

Parfois nos intentions sont bonnes, nos comportements moins… Parfois nous nous imaginons que nos valeurs sont universelles, alors qu’elles n’appartiennent qu’à nous. Parfois notre façon d’être inscrit dans le triangle de Karpman génère de véritables stratégies d’échec alors que nous pensons bien faire. En d’autres termes, nous faisons au mieux de ce que nous savons faire, et il arrive que ce mieux-là se heurte au mieux des autres…

 

Du coup, il ne s’agit évidemment pas de s’auto flageller à la branche de ronce jusqu’à ce que pénitence s’en suive. Ca n’est pas utile et ça nourrit bien davantage la dévalorisation et la rumination que la résolution du problème. A l’inverse, pas question non plus de prendre des airs de reine outragée face à l’inimaginaaaaable attitude de celui ou celle qui vous a collé(e) au fond d’un pot: à moins d’avoir en face de nous un manipulateur narcissique, auquel cas la question de la sortie de bocal ne se pose même pas, nous sommes co-responsable de ce qui se passe dans nos relations et ce n’est sans doute pas par hasard que nous avons chu tête la première dans un joli pot en verre.

 

Évitez donc de vous parler à vous-même comme un con qui mérite un bocal, de vous dévaloriser sous prétexte que vous ne revenez pas à un quidam, tout en gardant en tête que vous êtes à 50% responsable de ce qui se passe dans la relation (voir 8).

 

 

 

2- Accepter qu’on est tous le con de quelqu’un

 

A l’évidence, atteindre le Nirvana relationnel avec 7 milliards de bipèdes est un objectif pas tellement SMART. Il y aura sans doute toujours quelqu’un qui va réagir négativement à qui vous êtes, quelqu’un avec qui vous allez rentrer en conflit, quelqu’un face à qui vous allez réagir négativement. Il est donc grand temps d’accepter que plaire à tout le monde et vivre en harmonie parfaite avec tous est du domaine du fantasme, et que déplaire à certains au point de finir dans leurs collections de bocaux à cons n’est pas un drame: il y a tellement de belles relations existantes, à renforcer ou à construire par ailleurs, que c’est, la plupart du temps, sans conséquence.

 

Chercher à plaire en permanence, à faire plaisir à l’excès et au détriment de ses propres besoins peut nous conduire rapidement à un rôle sauveur-victime parfaitement inconfortable et révélateur d’un besoin de reconnaissance mal comblé, sur lequel il est peut-être temps de se pencher.

 

 

 

3- Vérifier la pertinence de la sortie de bocal

 

Au regard de ce qui vient d’être dit, la question se pose. D’accord, il est déplaisant d’avoir atterri malgré vous dans ce bocal. Mais est-il réellement utile d’en sortir? Certaines relations arrivent naturellement à leur terme par l’intermédiaire d’un conflit, d’un désaccord, d’un malentendu, et il n’est pas toujours nécessaire de tous les aplanir.

 

  • Quelle importance attribuez-vous à ce que pense cette personne en particulier?
  • Dans quelle mesure cette relation est-elle importante pour vous?
  • Affectivement? Socialement? Professionnellement?
  • Quelles sont les conséquences réelles de ce séjour dans son bocal à con?
  • Quelles sont les conséquences réelles de la sortie de bocal?
  • La sortie de bocal mérite-t-elle les efforts à fournir?

Si vous accordez de la valeur à cette relation, alors il est temps de passer à l’action pour résoudre le problème.

Cette relation, ou ce que pense la personne est anecdotique? Il est certainement plus malin de consacrer votre temps précieux à à des activités plus productives, car après vous le déluge: si l’indélicat auteur de la mise en pot a suffisamment d’espace dans ses étagères à bocaux à cons pour vous y réserver une place de choix, ça le regarde. Dans le cadre de la chasse au gaspi chère à un vieux choc pétrolier, autorisez-vous cette économie d’énergie et réjouissez-vous: vous avez peut-être fait un début de ménage dans vos relations malgré vous;)

 

Et si malgré tout vous continuer de ruminer, c’est probablement que l’incident relationnel vous renvoie quelque chose de plus profond comme peut-être un besoin à combler qui s’exprime de façon récurrente. Il devient alors important de vous y consacrer un moment, peut-être par la lecture émotionnelle, histoire de régler ce qui vous gène réellement dans toute cette affaire de pot.

 

 

 

4- Déterminez la nature et l’ampleur du problème

 

Votre interlocuteur boude, vous ignore, vous évite et vous ne savez pas trop pourquoi? Vous avez le sentiment qu’il y a un malaise sans en avoir déterminé l’origine? N’hésitez pas à faire une demande assertive, avec beaucoup de bienveillance et de gentillesse (ce qui n’a JAMAIS signifié jouer les serpillères contrites, lécheuses de bottes ou obséquieuses, nous sommes bien d’accord.) pour lui faire préciser ce qui l’a dérangé, pour bien comprendre ce qu’il ou elle vous reproche. Veillez dans ce cas à accueillir la critique avec élégance😉

 

Une fois que vous avez déterminé avec précision ce qui a déclenché votre mise en bocal, posez-vous les questions suivantes, qui vont vous amener à déterminer les options possibles.

 

  • La valeur que vous avez bafouée, la limite que vous avez franchi, la règle, écrite out tacite, que vous n’avez pas respectée, quelle importance a-t-elle pour votre interlocuteur?
  • Pour vous?
  • Le comportement déclencheur est-il habituel ou ponctuel?
  • Qu’est-ce qui l’a motivé?

S’il s’agit d’un trait de caractère, alors vous n’y pouvez pas grand chose. Méfions-nous de trahir qui nous sommes en voulant plaire à trop de gens. D’autre part, chassez le naturel, il revient au galop. Dans ce cas, reportez-vous au 1.

 

S’il s’agit d’un comportement habituel de votre part, mettre de l’eau dans votre vin pour pouvoir cohabiter en bonne intelligence avec cette personne sera peut-être une bonne idée. Reportez-vous au 7.

 

S’il s’agit d’un comportement inhabituel motivé par une situation spécifique, vous avez alors certainement la possibilité de présenter des excuses ou de vous expliquer. Reportez-vous au 6.

 

 

 

5- Passer à l’action

 

La sortie de bocal, comme toute amélioration de notre lot quotidien, passe par l’action et non pas par l’attente, en particulier du bon vouloir de votre chasseur d’abrutis. Si rien ne change, rien ne se passe, il n’aura aucune raison de tenter une ouverture de bocal.

 

Nous sommes dans l’ensemble trop passifs dans nos relations et attendons beaucoup des autres, en particulier dans la résolution d’un conflit: un premier pas, un geste, une attention. Donnons à la relation ce que nous voulons obtenir en retour!

 

Passer à l’action peut être difficile lorsqu’on a le sentiment d’avoir enrichi la liste des abrutis d’autrui. Pensez à vous appuyer sur vos qualités pour générer des stratégies que vous allez expérimenter, tester, puis évaluer et éventuellement ajuster, jusqu’à obtenir satisfaction. Bref: appliquez, là aussi, la triplette du coaching.

 

 

 

6- Présenter des excuses

 

Présentez des excuses si le contexte et/ou le comportement qu’on vous reproche le mérite. Il nous arrive à tous de dépasser les bornes d’autrui, consciemment ou inconsciemment, mais la plupart du temps sans vraiment vouloir du mal à l’autre. Le reconnaître renforce les relations, alors que rester silencieux par orgueil les fissure aussi soigneusement que les glissements de terrain les murs de la maison. Savoir présenter des excuses est une véritable compétence relationnelle et une marque de caractère.

 

 

 

7- Agir dans le respect de cette valeur si importante aux yeux de l’autre

 

Rappelons qu’il n’y a pas de valeur universelle, et que nous pouvons facilement froisser celles des autres sans même le vouloir. Il ne s’agit évidemment pas de céder aux caprices dictatoriaux d’un persécuteur en manque de reconnaissance (Rappel: nous sommes tous persécuteurs, dans une certaine mesure, à certains moments et dans certaines relations), mais plutôt d’inclure, lorsque vous l’avez repérée, cette valeur essentielle dans vos interactions.

 

Mettre un peu d’eau dans le vin parfois vinaigre de nos opinions, de nos jugements, de nos interactions favorise la confiance mutuelle, le sentiment de reconnaissance et la collaboration. En d’autres termes: quand on a des comportements excessifs, ne pas s’étonner de finir dans des bocaux à cons;)

 

Il est tout à fait possible d’exprimer à la personne qui vous a embocalé* une prise de conscience sur l’importance qu’elle accorde à une valeur ou une limite, et un changement du comportement. Et si vous n’êtes pas certain(e) d’avoir compris toutes les bornes de sa valeur, vous pouvez lui demander de vous les indiquer, si d’aventure vous veniez à les franchir par mégarde. Demander à l’autre de nous apprendre à être en relation avec lui peut être une marque de respect solide.

 

 

 

8- Modifier ses comportements

 

Nos écueils relationnels sont l’occasion d’explorer dans nos comportements ce qui constitue des entraves à la fluidité de nos interactions, de déterminer d’où viennent ces comportements, quels besoins ils comblent, et de travailler à les modifier pour aller vers des relations plus saines et plus réjouissantes.

 

C’est aussi un moyen de limiter les risques de mise en bocal hâtives en diminuant les comportements issus du triangle de Karpman, en augmentant l’authenticité sereine issue de l’acceptation de soi et de l’estime de soi, qui favorise à son tour l’acceptation de l’autre et la reconnaissance de l’autre.

 

Appliquez alors le mécanisme de valorisation en cas d’échec, pour explorer la situation sans remettre en question votre valeur en tant que personne, mais plutôt le comportement:

 

  • Analysez la façon dont vous vous y êtes pris(e) pour en arriver là (indépendamment de l’autre personne, vous ne savez pas ce qui se passe dans sa tête, et les interprétations sont par nature abusives)
  • Élaborez une stratégie comportementale plus efficace pour les prochaines fois
  • Si le comportement problématique est récurrent, n’oubliez pas de vous pencher sur ses bénéfices secondaires.

 

 

 

9- N’en faites pas trop! Sincérité et honnêteté

 

Evitez l’excès de contrition qui vous pousserait à avoir vis-à-vis de votre interlocuteur une affabilité inhabituelle, et donc… douteuse. D’abord parce que votre interlocuteur n’est pas stupide et qu’il va y trouver la tentative de se faire bien voir un peu grosse. Il aura alors surtout tendance à se méfier davantage de vous et à vérifier que la fermeture du bocal est vraiment tout à fait hermétique.

 

D’autre part, s’il se prenait à apprécier un poil trop l’expression de vos regrets, jusqu’à en attendre de vous une attitude définitivement repentante, vous l’auriez alors vous-même fait passer de victime à persécuteur.

 

N’allez donc pas agir d’une manière qui ne vous sied pas: lorsque le naturel va revenir piaffant d’enthousiasme, l’autre partie aura d’autant plus l’impression d’avoir été flouée et manipulée. Ce qui, en plus, ne sera pas faux;)

 

Soyez donc naturel et sincère dans votre sortie de bocal. Si elle est calculée par intérêt personnel ou professionnel alors que vous-même avez étiqueté votre interlocuteur “abruti de catégorie supérieure”, alors vous tombez dans la manipulation pure et simple, et le retour en pot sera d’autant plus brutal. La limite entre les deux se situe probablement pas très loin de votre capacité de politesse: si vous pouvez accueillir cette personne non pas avec amitié ou respect mais avec une politesse non feinte, tout va bien. Si cette politesse vous demande des efforts, la relation ne vaut peut-être pas le coup/coût.

 

 

 

10- N’en faites pas trop! Respect et absence de soumission

 

Changer son comportement lorsque l’on a identifié des failles qui le rendent problématique pour nos relations est une excellente chose. Estimer qu’on a tous les torts d’être ce que l’on est en est une autre.

 

N’oubliez tout de même pas qu’au déni de soi nul n’est tenu: dans tout écueil relationnel, 50% de la responsabilité nous revient, mais 50% appartient à l’autre partie. S’il est donc intéressant de se questionner, pour son évolution personnelle, il n’est pas non plus indispensable de vous considérer vous-même comme la source de tous vos maux. Nous avons quelque chose à apprendre de chacune de nos relations, y compris des difficultés que nous y rencontrons, cependant nous n’avons pas non plus à nous remettre en question jusqu’à devenir ce que l’autre veut que nous soyons. De là à se transformer en chien-chien systématique des autres, il n’y a qu’un pas, et celui-là, autant éviter de le franchir.

 

Tout est donc question d’équilibre. Il est parfois difficile de faire la part des choses entre auto-complaisance (s’autoriser des comportements un peu limite à coups de petits arrangements avec soi-même, à savoir une jolie collection de bonnes excuses) et respect de soi-même. C’est là où la connaissance de soi joue un rôle clé dans les relations.

 

 

* Embocaler: verbe: mettre dans un bocal, en particulier un bocal à con.  Par extension, l’embocalaison est un sport relationnel fort répandu;)

 

 

Voir aussi

 

Guide de survie aux abrutis (1)

Guide de survie aux abrutis: le saule pleureur
Guide de survie aux abrutis: le manipulateur

Les relations difficiles: le triangle de Karpman
Les relations difficiles: sortir du triangle

4 trucs infaillibles pour se pourrir les relations

Relations: le grand ménage de printemps

Compétences relationnelles : faire preuve d’empathie
Formuler une critique avec élégance et délicatesse 
Recevoir une critique avec grâce et dignité

Compétences relationnelles: politesse et amabilité

Compétence relationnelle: l’affirmation de soi

 

 

 


Aller plus loin

 

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