Cultiver l’authentique!

Cultivier l'authenticité, oui, mais pas n'importe laquelle!

 

Il est certainement tout à fait juste de vanter les mérites de l’authenticité, de l’acceptation de soi qui diminue l’écart entre l’image que l’on a de soi et celle que l’on transmet aux autres. Le problème, c’est qu’être soi ne va pas de soi, et toutes les authenticités ne sont pas des compétences relationnelles…

 

Cultivier l'authenticité, oui, mais pas n'importe laquelle!

 

 

L’inauthentique qui suinte par tous les trous

Tenter d’empapaouter son prochain plus souvent qu’à son tour, à coups de petits arrangements avec la vérité, d’omissions volontaires, de mauvaise foi éhontée, de pommadage en règle, de lèchage de savattes, ça a ses limites. Il n’y a que chez les manipulateurs de haut vol le masque peut ne pas avoir de trou : chez le commun des mortels, les fêlures dans la voilure, en forme d’accumulations d’incohérences entre la parole et les actes ont un parfum de crainte de la relation qui nous inscrit direct dans le triangle de Karpman.

L’écart entre la parole et les actes a vite fait de nous valoir une étiquette d’abruti indubitablement méritée et un aller simple pour un certains nombre de bocaux à cons dont nous ne sommes pas près de sortir.

 

 

L’inauthentique rempart

L’autre forme d’inauthenticité est plus touchante, parce qu’elle est une forme de protection non agressive, contrairement à la précédente. Elle trouve aussi son origine dans la crainte de la relation, mais s’exprime à l’inverse dans le retrait, les opinions ou les sentiments qu’on exprime pas, par peur de déplaire ou d’être jugé(e) etc.

La difficulté avec cette inauthenticité-là, c’est qu’elle est beaucoup moins visible et que nos contemporains n’ont pas toujours le temps ou l’envie de gratter derrière le masque. Du coup, le quidam planqué sous des apparences trompeuses a vite fait d’en avoir assez que personne ne se rende compte de qui il est réellement, qu’on lui marche sur les pieds parce qu’il est “gentil” et conciliant, qu’on lui pique ses lauriers parce qu’il ne se met pas en avant… et il risque de développer rancoeur et ressentiment envers son entourage. Alors, c’est lui qui a de grandes chances de répartir l’humanité dans des dizaines de bocaux à cons.

 

 

Quand l’authenticité est une sacrée fausse bonne idée

A l’autre bout de la ligne, il y a nombre de comportements qui sont “authentiques” dans la mesure où ils reflètent les sentiments de la personne, et dont, pourtant, on se passerait bien. Tant que nous sommes emberlificotés dans les rôles relationnels, dans la peur du jugement, dans les jeux de pouvoirs, l’authenticité prend la forme d’une tentative maladroite (et somme toute peu efficace) de compenser une caractéristique plus ou moins consciente et perçue comme un manque, un danger. Alors, l’authenticité peut rapidement devenir super pénible:

  • Un brin victime et l’opinion se transforme en jérémiade, justifications et bonnes excuses.
  • Un brin persécuteur et l’opinion devient vérité universelle, volonté qui chercher à s’imposer, jugement péremptoire, madame je-sais-tout.
  • Un brin sauveur et l’opinion devient bon conseil, solution miracle, aide intempestive.
  • Un manque de confiance en soi et l’égo prend la place, sous forme de fausse humilité/vraie dévalorisation  qui ressemble à de la pêche aux compliments, ou au contraire, de fausse assurance un pouillème autoritaire qui ressemble à un besoin de se rassurer.
  • Un brin de peur et l’interaction devient manipulation, l’unicité devient bizarrerie saugrenue, la rébellion esprit de contradiction etc.

Et toutes ces petites compensations qui se manifestent par des maladresses et des inélégances relationnelles ont tôt fait de poser des pièges, ça et là dans nos relations, et de nous mener à tout un tas de stratégies d’échec, aussi bien dans nos vies personnelles que professionnelles.

Il arrive aussi que la compensation soit excessive, qu’elle se veuille trait de caractère “assumé” mais parfaitement désagréable, genre “ouais, chuis comme ça, on me prend tel que je suis ou pas du tout”. Et au nom du droit à “être soi”, le boss/collègue/Tonton René peuvent avoir des comportements qu’il faudrait supporter?

  • Les crises qui compensent son manque d’affirmation par des hurlements
  • Le caractère de petit chef du boss/collègue/Tonton René qui a tellement peur des autres qu’il croit que le respect se gagne en jouant les dictateurs.
  • Les doléances geignardes du pôôôvre boss/collègue/Tonton René qu’a tellement pas de bol

Autant d’authenticités relatives qui, si elles sont le reflet des émotions de l’instant, ne sont pas exactement au service de la relation.

 

 

L’authenticité compétence relationnelle

Là où l’authenticité devient compétence relationnelle, c’est lorsqu’elle est le fruit de l’acceptation de soi, de ses qualités comme de ses défauts, ses limites, ses peurs, bref, de son humanité, qui fait que l’on a plus besoin de s’embarrasser de comportements qui sont de vaines tentatvies de compenser des manques (puisqu’il n’y a plus de manques, vous suivez?). De cette réconciliation à soi naît une façon d’envisager les autres et les relations beaucoup plus sereine. Une fois que nous sommes sortis de la peur et que nous portons un regard bienveillant sur nous-même, l’égo cède la place à une estime de soi qui cherche et suscite la relation saine, d’égal à égal. Et qui favorise la collaboration et l’esprit d’équipe.

 

Cette authenticité-là, qui est celle de celui qui n’a rien à prouver, est une sacré force qui, si elle ne garantit pas d’être universellement apprécié(e), favorise des interactions dénuées de jeux de pouvoir. Elle permet de dire ce que nous avons à dire de façon sereine:

 

 

Mini coaching: cultiver l’authenticité

L’authenticité comme compétence relationnelle est donc davantage la conséquence du renforcement de l’estime de soi qu’un objectif en soi, ou qu’un outil au service de l’élégance relationnelle. En d’autres termes, l’authenticité est avant tout le résultat d’une bonne relation à soi-même, préalable indispensable à une bonne relation aux autres. Rappelons qu’il n’y a pas d’outil universel de construction de l’estime de soi, c’est en expérimentant avec diverses possibilités que l’on parvient à trouver celles qui sont efficaces pour nous. Les dossiers suivants sont pleins de pistes et de ressources qui vont dans ce sens:

Les dossiers d’Ithaque: Bien-être et estime de soi
Les dossiers d’Ithaque: Développer ses talents et ressources
Les dossiers d’Ithaque: Connaissance de soi
Les dossiers d’Ithaque: Compétences relationnelles
Les dossiers d’Ithaque: Mieux communiquer

 

Voir aussi

Se mentir à soi-même: le miroir du manque

Quand la colère compromet la réussite de nos objectifs

A cache-cache avec soi-même: quand l’action contredit la pensée

Se parler à soi-même comme on voudrait qu’on nous parle

 

 

Aller plus loin

Vous voulez construire et entretenir une posture, un état d’esprit et un relationnel sereins et dynamiques à la fois, propices à la concrétisation de vos aspirations professionnelles? Pensez au coachingPour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32

 

2 Comments

  • Lecairn dit :

    Excellent , pour achever de se convaincre des bienfaits du vivre vrai et de ne pas se mentir , je viens d’entendre une interview d’Alexandre Jardin qui présentait son dernier bouquin “joyeux Noël ” dans lequel il nous explique le bien inouï que lui a fait son “coming out” , consistant à reconnaître son grand père comme l’un des hauts fonctionnaires coupable d’avoir assité Pierre Laval sous le régime de Vichy. Il y parle apparemment (je ne l’ai pas encore lu ) de cette re-naissance à soi même que cela à représenté pour lui . Il a aussi parlé d’un exercice intéressant écrire chaque jour dans un cahier ce que l’on a envié de retenir de l journée sur la page de droite d’un cahier … Puis sur celle de gauche … Ce qu’il s’est réellement passé ;0) Du coup je ne résiste pas a vous livrer mon tweet récurrent :

    Ni Dieu Ni Maître
    Ni Conformiste Ni rebelle
    Ni Pute ni soumise
    Don’t Be Normal
    Be You , just You Nobody else but You
    Poupoupidou
    … Et c’est déjà pas mal ;0)

    • Sylvaine Pascual dit :

      Autant chacun a le droit de conserver un jardin secret, dont il va délimiter le pourtour à sa manière, autant effectivement certains “coming out”, certaines révélations sur des aspects de sa vie qui pourraient être mal jugés ou mal perçus, peut être bénéfique, à partir du moment où c’est un choix délibéré, un acte significatif pour celui qui décide de le poser (vois l’art des conversations difficiles)

      Quand à ton tweet récurrent, d’abord je n’en reviens pas de ne jamais l’avoir vu passer auparavant, et ensuite, J’aime, j’adhère, j’abonde, je plussoie et je transmets!

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