Bien-être: envies vs besoins

Sylvaine Pascual – Publié dans Bien-être et estime de soi

 

 

La confusion entre besoins, envies et désirs peut d’une part nous mener à l’insatisfaction et d’autre part nous transformer en parfaites petites victimes à société de consommation. Voici quelques pistes pour distinguer les deux et y répondre de façon saine.
  

 

 

Méconnaissance de soi

 

Nous avons en général plus conscience de nos envies que de nos besoins, et nous avons l’art, à coup de petits arrangements avec nous-mêmes qui nous fournissent les justifications nécessaires sur un plateau, de transformer les premières en seconds. La plupart du temps, tout cela n’a rien de problématique. Cependant, parfois, la confusion entre les deux génère des incompréhensions de nous-mêmes qui nous poussent à céder à l’envie sans voir le besoin, et donc sans le satisfaire.

 

Or, nous l’avons déjà évoqué, les besoins non comblés sont à l’origine des émotions négatives qui lorsqu’elles s’emmêlent ou prennent un peu trop d’ampleur, mènent tout droit au mal-être, à l’anxiété chronique, à l’agressivité latente, au repli sur soi ou encore à un peu tout ça à la fois. L’étape suivante peut être le stress ou le burnout.

 

Inversement, répondre à ses besoins ne tue pas l’envie, mais la clarifie et abaisse le seuil de satisfaction, le rendant plus accessible et plus nourrissant. Un moyen de gagner en sérénité et en plaisir de vivre, de renforcer l’estime et la confiance en soi. D’autre part, cela permet d’agir dans le sens de la création de davantage de bien-être sur le plan personnel et/ou en se rapprochant du job idéal. la cerise ET le gâteau, en d’autres termes;)

 

 

Besoins

Selon le Larousse:  “Exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique” [ou à l’existence].

 

Les besoins renvoient à des manques qui nuisent au bien-être en général. D’abord à la survie, et par extension, au bien-être. Car si les hommes des cavernes avaient besoin de sécurité quand il mettaient le nez dehors, nous avons aujourd’hui relativement peu de chances de tomber sur un ours en sortant de chez soi (à moins d’être un chasseur Pyrénéen, mais c’est une autre histoire).

 

 

L’envie

Toujours selon le Larousse: “Désir d’avoir ou de faire quelque chose

 

Les envies sont le plus souvent des moyens de combler les besoins, ou du moins ce qui est perçu – potentiellement à tort – comme un besoin. Nous voyons souvent ces envies comme des sources de motivation alors que ce sont les besoins que nous comblons alors qui sont la véritable motivation.

Ainsi l’envie d’une promotion, derrière l’envie d’avoir plus de responsabilités, peut cacher un besoin de reconnaissance tout autant qu’un besoin de stimulation ou d’accomplissement de soi.

Autre exemple: ce 4X4 ou ces vacances aux Seychelles dont vous rêvez peut-être, ne correspondent en aucun cas à un besoin, mais à une envie. Le besoin derrière est peut-être celui de se reposer ou de se déplacer, qui se traduit par ce désir plutôt qu’un autre.

 

Et ça change tout. Car les envies frisent parfois avec le compensatoire, comme une faible estime de soi qui va croire se solidifier, à tort, grâce à la promotion ou au 4×4. L’envie aveugle alors le besoin, et si ce dernier n’est pas comblé, c’est l’insatisfaction qui prend le relais, et le risque de l’insatisfaction chronique, donc du toujours plus, le fast-food des besoins.

L’image n’est pas fortuite: si l’on prend l’exemple de la nourriture, dans la nature, les animaux s’autorégulent et ne sont pas obèses. Ils répondent simplement à leurs besoins.

 

 

Envies et besoins

J’ai décidé de vous la faire universitaire aujourd’hui, du coup, après la thèse et l’antithèse, passons à la synthèse. Comment  réconcilier envie et besoins?

 

Car il ne s’agit bien entendu pas de renoncer à toutes ses envies, mais de reconnaître les besoins qui s’expriment à travers elles pour nous assurer que nous les satisfaisons. Du coup, certaines envies compensatoires vont s’amoindrir, et d’autres qui nous paraissent des moyens solides de combler nos besoins vont s’affirmer. Et c’est là qu’on commence à produire, plutôt qu’à induire, le sentiment d’être heureux.

 

Une fois que l’envie est identifiée comme un moyen véritable (et non compensatoire) de satisfaire un besoin, alors autant l’accueillir et y répondre! Nous ne sommes pas condamnés à nous contenter d’une Fiat Panda alors qu’on adore les grosses bagnoles, ou à aller passer ses vacances chez Papa-Maman alors qu’on rêve de découvrir le monde, à faire avec un job subalterne alors qu’on a un goût prononcé pour les responsabilités.

 

Inversement, nous sommes nombreux à nous priver de moyens de satisfaire nos besoins en vivant sous la contrainte d’injonctions héritées de l’enfance, comme les messages contraignants, ou de systèmes de croyances construits à coup d’excès de principes moraux. Or, si nous avons, par exemple, du goût pour telle nourriture plutôt que pour telle autre, par exemple, se soumettre aux diktats de certains diététiciens ayatollesques devient vite un cauchemar déguisé en “parce que c’est bon pour moi”.

 

Dans le même ordre d’idée, vouloir accéder à des postes élevés “parce que c’est dans l’ordre des choses”, parce que c’est l’image qu’on a hérité de la réussite, alors qu’on se verrait bien mener une carrière paisible à un poste intermédiaire, c’est aussi un moyen de ne pas écouter ses besoins.

 

 

Mini coaching: se réapproprier ses propres besoins et envies

 

Le champs des besoins est vaste autant dans la vie personnelle que professionnelle et les deux ont l’art de jouer les vases communicants, aussi je choisis de vous proposer de réfléchir au travail, cependant la méthodologie est transposable dans d’autres domaines de la vie.

Une mise en garde tout de même: distinguer envies et besoins demande un regard sur soi à la fois bienveillant et non complaisant qui n’est pas toujours simple ou confortable.

 

  • De quoi avez-vous envie, professionnellement?
  • A quel besoin correspond chacune de ces envies?
  • Quelles seraient les moyens les plus efficaces de répondre à ce besoin?
  • Si votre envie en fait partie, alors transformez-là en objectif SMART.
  • Si votre envie cache un besoin à combler autrement, explorez les options possibles, cherchez les solutions les plus adéquates et transformez-les en objectifs SMART.

 

Quelques pistes pour vous y aider

 

Répondre au besoin d’appartenance

Répondre au besoin de reconnaissance

Compétences relationnelles: l’affirmation de soi

Remparts, coursives et échauguettes: les états de défense aux émotions

Explorer les catégories de besoins professionnels: le boulot idéal,une réalité à inventer?

La lecture émotionnelle au service du bien-être

 

 

 

 

Aller plus loin

 

Vous voulez construire un projet professionnel qui correspond à la fois à vos besoins et à vos aspirations? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32

 

 

 

4 Comments

  • mutuelle dit :

    J’ai toujours du mal à distinguer les deux mots.

    • Sylvaine Pascual dit :

      Alors peut-être qu’un billet à paraître sur les différentes catégories de besoins pourra vous aider!
      En attendant, vous pouvez aussi consulter les articles mentionnés dans ce billet, qui permettent d’affiner le propos.

  • Julien dit :

    Peut-on envisager qu’il est essentiel de satisfaire un besoin car sinon nous risquons émotions négatives, stress ou burnout, alors qu’il est possible de frustrer une envie, voire de faire de la satisfaction d’une envie un élément de récompense ou de motivation ?

    • Sylvaine Pascual dit :

      Une envie est un moyen de satisfaire un besoin. Du moins en apparence: si j’ai besoin d’un moyen de transport, je peux avoir envie de différentes voiture, d’une clio toute simple à un Porsche Cayenne. Parfois, le désir d’une grosse voiture, justifié par le besoin de me déplacer, cache en réalité d’autres besoins, par exemple de l’ordre de la reconnaissance. Dans ce cas, la satisfaction est souvent moindre, et le besoin réel n’est pas comblé.
      Faire de la satisfaction d’une envie un élément de récompense est souvent une erreur: la recherche a montré que la récompense établie en amont de la tâche à accomplir tue la motivation intrinsèque. En revanche le fait de combler ses besoins réels au travers d’une envie qui n’est pas un plaisir compensatoire est une vraie source de motivation, en particulier dans le travail.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *