Une bifurcation dans la transition écologique: 8 bonnes raisons d’y réfléchir

8 bonnes raisons de réfléchir à une bifurcation professionnelle vers les métiers ou le secteur de la transition écologique

Parmi les candidats à la reconversion ou à une transition professionnelle, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir se tourner vers des métiers ou secteurs proches de l’écologie et de la transition écologique, et de façon générale de la cause environnementale. L’urgence climatique et la pandémie ont éveillé beaucoup de consciences et donné envie à beaucoup de s’investir autrement dans leur vie professionnelle. Ca tombe bien, c’est une mine de bifurcations possibles, alors voici 8 bonnes raisons d’y réfléchir.

Je veux du vert: une préoccupation en augmentation

Etonnamment, lorsqu’on cherche des ressources en ligne sur les possibilités de bifurquer vers une vie professionnelle en lien avec la transition écologique et la préservation de la planète, on tombe généralement sur quelques articles très superficiels qui évoquent une poignée peu représentative de métiers ultra spécifiques. Qui ne sont pourtant que quelques arbres épars (et pas toujours facilement accessibles) qui cachent une immensité de possibilités, une forêt, une montagne de débouchés.

Etonnamment aussi, on fait souvent de l’intérêt pour des métiers plus verts un « truc de jeunes », là où les autres générations seraient engluées dans des préoccupations de privilégiés, ultra producteurs sans vergogne de CO2, tellement ils ont été pourri gâtés par des années de sur-consommation débridée.

Mais ce n’est pas l’apanage des jeunes générations. Selon étude TF1 / Sociovision sur les comportements des Français face à l’urgence climatique (2022): 87% des sondés ont conscience de vivre une vraie crise environnementale, toutes générations confondues. Selon une autre étude de l’ADEME datant de 2023, 70% des Français souhaitent même un meilleur encadrement de la vie économique, en veillant à ce que la société “soutienne exclusivement les activités économiques qui préservent l’environnement et pénalise celles qui y nuisent”.

D’autre part, parmi mes clients, toutes générations confondues, c’est aujourd’hui l’écrasante majorité des candidats à une transition professionnelle qui veulent, d’une manière ou d’une autre et parfois indirectement, concilier vie professionnelle et préservation de la planète, alors que c’était moins de 50% il y a cinq ans. Si mes clients ne sont pas un échantillon représentatif, cette tendance récente marque cependant une évolution dans les désirs de reconversion, dont le lien intemporel avec la quête de sens prend désormais cette direction. Ce qui est confirmé par cette étude du CSA: 78% des salariés préfèreraient rejoindre une entreprise engagée pour la transition écologique.

Et disons-le tout net, hormis les métiers de la santé et du secours, il n’y a pas grand-chose qui puisse réellement avoir du sens à une époque où la planète crame et ou la sixième extinction de masse pourrait bien comprendre une bonne part de l’humanité.

Les banalités bébêtes qu’on balance benoîtement à la bouille des intéressés, lorsqu’on parle de celles et ceux qui souhaitent quitter leur entreprise pour aller vers des vies professionnelles plus respectueuses de la planète, ce sont les cadres parisiens qui se mettent au vert pour faire pousser des rutabagas bio dans un coin de campagne idéalisé. Cependant, même si la néo-agriculture attire de plus en plus de ces profils, elle est loin d’être l’unique possibilité de reconversion vers un métier dans l’écologie, la transition écologique ou la préservation de l’environnement.

10 bonnes raison d’y réfléchir

J’ai donc eu envie de vous proposer une série de billets pour vous aider à réfléchir à une éventuelle bifurcation vers la transition écologique. Vous voulez du vert,, vous qui sentez bien que le vers est dans le prix de nos économies productivistes et financières, vous allez donc en avoir, sans besoin d’aller au diable Vauvert, car le secteur est vaste et les possibilités multiples, il y a de quoi faire déborder la cafetière. J’aurais donc l’occasion de vous proposer des ressources pour aborder vos explorations ainsi que pour mener à bien votre bifurcation.

Mais pour commencer, à l’attention de tous ceux et celles qui y pensent sans vraiment y penser, qui se demandent si c’est une bonne idée, qui hésitent parce que les bifurcations sont ces itinéraires non linéaires parfois complexes, voici 10 bonnes raisons d’y réfléchir.

1- La réflexion n’est pas une prise de risque

Les craintes à changer de métier ou de secteur d’activité sont nombreuses et à notre époque où l’inflation complique la vie de beaucoup d’entre nous, il est parfaitement légitime d’avoir des freins à l’idée d’une reconversion, en particulier sur le plan financier. Or la reconversion est souvent présentée comme une prise de risque à ce sujet.

C’est pourquoi il est essentiel de garder en tête que réfléchir à une bifurcation éventuelle n’est pas une prise de risque, dans le sens où s’informer, explorer et même construire un projet ne vous engage en rien à vous lancer, si la dimension financière ne correspondait finalement pas à vos attentes et/ou à vos besoins. La possibilité de renoncer est gravée dans l’exploration d’un projet professionnel et c’est justement le double axe réflexion/exploration qui vous permettra d’en déterminer la pertinence et la faisabilité et de décider si c’est une bonne idée ou non.

Inversement, si l’intérêt pour la transition écologique vous titille, remettre la réflexion et l’exploration aux calendes grecques à grand renfort de rationalisations n’est pas une solution. Ce n’est pas parce qu’une idée a été mise à croupir dans une oubliette qu’elle est morte et enterrée. Elle va plutôt se mettre à gémir des litanies lancinantes sur les herbes plus vertes d’autres voies professionnelles qui, si elles sont inaudibles en apparence, vont augmenter le mal-être général et le sentiment d’insatisfaction. Voir

La réflexion sur un désir de reconversion n'est pas une prise de risque!

2- La possibilité de donner du sens à sa vie professionnelle

La question du sens est devenue omniprésente dans le rapport au travail. Souvent perçue elle aussi comme une préoccupation des jeunes générations, la quête de sens est en réalité un point commun à toutes : d’après une étude de l’Apec réalisée en 2022, 95% des cadres aspirent à un travail qui a du sens et 92% selon cette enquête Audencia datant de la même année. Et ce n’est pas une surprise, le besoin de sens étant probablement fondamental à l’être humain, et nous passons suffisamment de temps au boulot pour apprécier l’idée que nous participons à quelque chose qui a du sens à nos yeux.

La notion même de sens au travail reste floue, largement individuelle et elle est certainement multifactorielle. Mais parmi tous ces facteurs, travailler pour quelque chose qui a de l’importance à nos yeux, qui contribue à plus grand que nous, dans le sens d’un bien commun reste essentiel. Inversement, L’un des éléments qui contribuent à la perte de sens au travail est l’écart, parfois considérable, entre  l’urgence climatique et environnementale et les pratiques ou les produits des entreprises, qui se traduit par des conflits de valeurs entre le salarié et l’employeur :

Et selon cette étude Linkedin/Ademe, les écarts se creusent entre les attentes des salariés et le sentiment qu’ils ont de ce qui se passe dans leurs entreprises. 68% d’entre eux ont exprimé le souhait d’êtres formés aux enjeux de la transition écologique. Pourtant, 63% des entreprises ne proposent pas de formation sur les enjeux environnementaux. Lorsqu’elles le font, ce sont essentiellement des formations aux éco-gestes (tri, recyclage, limitation des déchets, etc…), à l’impact forcément limité, et non des formations métier ou des formations aux enjeux climatiques et de biodiversité.

Explorer quelle orientation donner à sa vie professionnelle dans le cadre de la transition écologique, c’est aussi dépasser le greenwashing pratiqué par certaines entreprises pour aller à la rencontre d’innombrables possibilités d’œuvrer davantage en accord avec nos valeurs et nos aspirations. Parce que le besoin de sens, ça coule de source.

redonner du sens à notre vie professionnelle pour retrouver entrain, plaisir au travail et motivation

3- Parce qu’une révolution est en route

Laurence Bedeau, qui a mené une enquête pour l’Unedic, qualifie sans détour de « révolution de l’opinion » les changements des préoccupations face au dérèglement climatique, qui se traduisent par «un besoin de mise en cohérence des préoccupations personnelles avec les activités professionnelles ».

Depuis quelques années, la préoccupation environnementale est devenue majoritaire de façon constante, et selon ce sondage, 50% de la population considère que les leviers les plus efficaces à actionner seraient de l’ordre du changement du fonctionnement économique, ce qui laisse entrevoir dans les années à venir une augmentation de l’intérêt pour des alternatives, notamment l’Economie sociale et solidaire, en particulier les SCIC et les SCOP, mais aussi peut-être, lémergence de nouveaux modèles.

D’autre part, tôt ou tard, face aux défis environnementaux, il sera temps de s’y mettre et si l’intérêt pour la transition écologique fait monter la sève à vos méninges, y réfléchir dès maintenant vous permettra de prendre les devants sur des mutations inévitables.

La transition écologique, un révolution professionnelle en marche

4- Un océan de possibilités

Tous les secteurs sont et seront de plus en plus concernés par la transition écologique, même si dans certains elle semble encore être une préoccupation parfaitement anecdotique. D’autre part, il y a quantité de secteurs d’activités déjà représentés et qui dépassent de loin des nouvelles images d’Epinal de bobos parisiens mis au vert en bord de mer : énergies renouvelables, gestion des déchets, traitement de l’eau, optimisation des ressources, alimentation, habillement, protection du patrimoine naturel et de la biodiversité, foresterie, régénération des sols, assainissement énergétique des bâtiments, transports publics et mobilités douces, finance durable, recyclage etc.

Ce qui signifie qu’il y a là un océan de possibilités, et pas uniquement pour des reconversions totales qui exigent des formations longues à un nouveau métier. Ces secteurs ont aussi besoin de compétences classiques, qui offrent de multiples opportunités pour des reconversion dites “partielles”, c’est à dire des changements de secteur plutôt que de métiers.

bifurcation dans la transition écologique: un océan de possibilités à explorer

5- Un secteur en pleine expansion

C’est bien parce qu’une révolution est en marche dans l’opinion et parce que l’urgence va contraindre autant nos entreprises que la société en général à se pencher de plus en plus sur le sujet que la transition écologique est un secteur en pleine expansion et une mine d’opportunité. Les secteurs vont devoir non seulement s’adapter, mais aussi réinventer leurs modèles et dans une certaine mesure, c’est déjà le cas. 

Selon l’Ademe, la transition écologique pourrait contribuer à créer presque un million d’emplois d’ici 2050, dont 30 000 dans l’énergie et 196 000 dans la construction.  On observe déjà des déplacements de viviers d’emplois: par exemple des pertes dans l’automobile à essence et des hausses dans la rénovation thermique ou le ferroviaire. En apparence, cela peut sembler ne pas concerner les mêmes métiers, mais tous ces secteurs ont des besoins communs (finance, RH, comptabilité/gestion, marketing, informatique, etc.).

Il y a aussi, bien entendu, la possibilité de réfléchir à la création d’entreprise, avec d’autres modèles économiques et/ou des valeurs éthiques, durables et éco-responsables. On le voit par exemple dans le secteur de l’habillement, où nombre d’entreprises de vêtements ou chaussures responsables se sont créées ces dernières années, notamment autour de matériaux comme la laine, le chanvre et le lin.

6- C’est le début de la grande réorientation

La suite logique de cette mutation profonde, c’est à l’évidence la nécessité de reconversion pour ceux qui exercent des métiers amenés à disparaître, ou a minima dans lesquels le nombre d’emplois va considérablement diminuer. Ainsi par exemple, le Plan de Transformation de l’Économie Française du Shift Project fondé par Jean-Marc Jancovici aboutirait à la destruction de 800 000 emplois (dans le secteur pétrolier surtout) mais aussi à la création de 1,1 million d’emplois (notamment grâce à l’industrie du cycle, des deux roues et de la voiture électrique). Il s’agirait alors de faire de l’emploi “un moteur d’une décarbonation réussie plutôt qu’une variable d’ajustement soumise à la brutalité des choix faits dans l’urgence”. 

C’est la raison pour laquelle le collectif Jobs That Make Sense appelle à une orchestration de cette “grande réorientation”. Parmi, les ingrédients indispensables à ce virage, le collectif évoque notamment l’importance d’encourager et d’inciter les actifs à se reconvertir. Y réfléchir est donc une façon de prendre le train en marche, d’anticiper les transformations à venir du monde du travail, et de participer à l’éveil collectif nécessaire.

Reconversion : 3 manières hors des sentiers battus de trouver des métiers

 

7- L’amplification de l’hybridation des métiers

Le sujet n’est pas ici le “travail hybride”, dénomination un poil étrange pour désigner la possibilité de télétravailler. Il s’agit bien de l’hybridation des métiers, c’est à dire du croisement de compétences et connaissances d’origines différentes.

Nous l’avons vu, les métiers vont se déplacer, mais ils vont aussi s’hybrider de plus en plus, dans le sens ou beaucoup d’activités professionnelles vont nécessiter, à mesure que la transition écologique va se développer, des compétences issues d’autres activités ou d’autres secteurs.

Ainsi, la tribune de Jobs That Make Sense (voir point 6) estime que “Des compétences en créativité, adaptabilité, mobilisation citoyenne, facilitation, ou encore en gestion du changement vont être tout aussi indispensables pour construire notre future société.” Au delà, bien des métiers classiques peuvent être transposés dans le secteur de la transition écologique via un apport en connaissances et compétences spécifiques liées au domaine d’activité.

D’autre part, la pollinisation croisée des métiers et des compétences peut aussi déboucher sur la création de nouveaux métiers, ou de façons différentes de les exercer. Certaines bifurcations peuvent ainsi être l’occasion d’affiner un projet autour d’appétences fortes, associées à des compétences solides ou à développer.  Il y a quelques années, j’avais rédigé un billet sur l’hybridation des métiers au regard de l’explosion de la demande, en particulier au regard du numérique et des nouvelles technologies. Mais il se passe la même chose avec les enjeux de la transition écologique et c’est une très bonne nouvelle à la fois pour ceux qui aiment encore leur métier et veulent le mettre au service de leurs valeurs, ainsi que pour ceux qui en sont venus à s’ennuyer un peu dans des jobs qu’ils apprécient mais qui ont le sentiment que leur cafetière en ébullition a fait le tour de son secteur d’activité. Voir:

L'hybridation des métiers: chronique d'une reconversion annoncée

 

 

8- Réfléchir à une bifurcation a de multiples bénéfices 

Lorsqu’elle déboule sans crier gare, l’envie de changer de métier ou de vie professionnelle nous apparaît plus souvent comme une lubie de l’instant que comme la meilleure idée de la décennie. Sitôt né, sitôt enterré, le désir de bifurcation! Pourtant, il y a toute une batelée de bonnes raisons de laisser parler cette petite voix de l’insatisfaction professionnelle et d’explorer ses messages, pas forcément d’ailleurs pour opérer un virage trop aventureux à vos yeux.

Ainsi, parmi les bénéfices, réfléchir à une bifurcation, c’est passionnant. On en apprend beaucoup sur soi, ce qui renforce la connaissance et l’acceptation de soi, on en apprend beaucoup sur nos besoins professionnels, ceux qui font que nous nous sentons bien ou pas dans un job, selon le contenu et les conditions de travail. C’est aussi un excellent moyen d’explorer les leviers de job crafting, en particulier lorsqu’on décide finalement de ne pas changer de métier, et ce qui augmente le sentiment de plaisir de travailler. 

Et parfois, c’est une opportunité de se rendre compte que des projets qui nous font envie sont réalisables! Voir:

lorsqu'un désir de reconversion émerge, écouter ses messages, qui ne veulent pas toujours dire qu'il faut changer de métier

Je vous donne rendez-vous très bientôt pour la suite de cette série:

  • Bifurcation dans la transition écologique (2): des ressources pour explorer
  • Bifurcation dans la transition écologique (3): 10 pistes pour réussir votre reconversion

Crédit images:

Sathish kumar Periyasamy, Pexels, Gerd Altmann via Pixabay

 

Voir aussi

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La reconversion, nouvelle injonction de carrière ?

Reconversion: traverser les turbulences d’un changement de métier

 

Aller plus loin

Vous voulez explorer un désir de reconversion ou de bifurcation dans la transition écologique et élaborer un projet en accord avec vos appétences, vos aspirations et vos besoins? Ithaque vous propose son approche Heureux qui comme Ulysse, dans un esprit iconoclaste et un déroulement original et entièrement personnalisé. Pour tout renseignement, contactez Sylvaine Pascual.

 

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