Juger moins juger mieux(2): les dégâts du jugement

Sylvaine Pascual – Publié dans Talents et ressources / Bien-être et estime de soi

 

 


Seconde partie de notre série juger moins juger mieux. Nous avons fait le point sur le rôle essentiel du jugement, qui fait partie du fonctionnement humain, et donc de ses bénéfices. Voyons aujourd’hui comment l’excès de jugements négatifs, lui a des conséquences dramatiques autant sur l’estime de soi que sur les relations.  

 

 

 


nos excès de jugements ont des effets pervers sur 'estime de soi et les relationsJugements coûteux

 

Nous avons tous de ces petites réflexions perfides qui jaillissent de temps à autre dans notre façon d’exprimer notre perception du monde qui nous entoure et de ses habitants. Souvent, elles n’ont pas vraiment d’importance et ne méritent pas qu’on s’y arrête, car elles correspondent essentiellement à un moyen de lâcher un peu de stress.

 

Mais dès lors que nos jugements deviennent un brin trop sans appel, un poil trop à l’emporte-pièce, un pouillème trop fréquents, ils deviennent plus coûteux que facteurs de soulagement, pour nous-mêmes comme pour nos relations. Ils peuvent rapidement devenir nuisible à une participation positive et coopérative à une communauté, de même qu’à l’ambiance qui y règne.

 

L’exploration des conséquences négatives des excès de jugements est à peu près aussi agréable que de lire une longue litanie de critiques amères, alors accrochez vos ceintures, car nous maîtrisons probablement tous un peu trop l’art de la condamnation sans appel, et nous avons tous à gagner à juger moins et juger mieux!

 

 

 

Dégâts des jugements

 

Ils nous rendent antipathiques

Des jugements durs passés de manière définitive sur le dos d’un absent-qui-a-toujours-tort, ça peut être un échapatoire  jouissif suite à un agacement majeur produit par un abruti digne d’un bocal à con. Mais attention, ça peut aussi bien dégager des fumées toxiques de manque de tolérance, de frustration qui s’exprime au détriment de l’autre, de réaction de pisse-vinaigre acariâtre. Et donc nous valoir une jolie collection d’étiquettes déplaisantes – et méritées – en retour, ou même des séjours prolongés dans les bocaux à cons de nos concitoyens?

 

Ils alimentent le rejet

En apparence, les jugements nourrissent le sentiment d’appartenance puisque nous cherchons à nous retrouver avec des personnes qui pensent comme nous – de mêmes préjugés, en d’autres termes. Cependant, l’excès de jugement nous coupe de nombreux groupes avec lesquels nous avons à priori moins d’affinités, mais dont nous pourrions apprendre beaucoup de choses, et que, ô surprise, nous pourrions même trouver sympathiques, au delà de telle ou telle caractéristique. L’émulation négative génère des rejets très forts, moralement violents pour celui ou ceux qui les subissent (vous avez sans doute remarqué combien les mini troupeaux organisés autour d’un jugement aiment trouver un bouc-émissaire de temps à autre).

 

Ils favorisent l’intolérance

Qui est la fille du rejet mentionné ci-dessus. Les jugements passés entre gens de mêmes préjugés, en renforçant l’esprit de groupe par opposition à l’étranger au groupe, favorisent une intolérance nuisible à la vie en communauté. La conséquence directe de cette reconnaissance mutuelle appuyée sur le mépris d’une caractéristique, c’est le renforcement d’une intolérance qui peut devenir chronique à tout ce qui est extérieur et génère des communautés méfiantes, qui vivent dos à dos.

 

Ils gaspillent l’énergie

Il est beaucoup plus fatigant de détester ou mépriser une personne que d’en apprécier ou accepter une autre.  L’énergie dépensée dans ces jugements négatifs plombe l’humeur et favorise l’amertume, l’aigreur, le ressentiment. Un joli gaspillage.

 

Ils tuent la communication

De généralisations abusives en interprétations erronées, nos jugements nous font tirer des conclusions sur les faits et gestes des autres qui, une fois exprimées, tuent la communication. Tout simplement parce qu’une perception personnelle érigée en vérité universelle va directement se heurter à la percpetion différente de l’autre.

D’autre part, un jugement exprimé sans nuance exclut la plupart du temps l’accueil d’un avis divergent. Il peut facilement ressembler à une prise de pouvoir, donc l’inverse de l’assertivité.

 

Ils nourrissent la peur du regard de l’autre

Les jugements excessifs peuvent nous ancrer dans la crainte pas vraiment consciente que les autres font la même chose que nous, et passent des jugements durs à qui mieux-mieux. Cette mitraillette mentale déchiquète les relations aussi sûrement qu’un moulin à légumes broie du broccoli. A son tour, la conviction que les autres agissent de même suscite des comportements en fonction: craindre à son tour le regard de l’autre et être toujours à l’affut des signes d’approbation ou de désapprobation dans son oeil.

 

Ils alimentent la méfiance et l’individualisme

La peur du jugement renforce la méfiance mutuelle. Comment faire confiance à une personne dont les jugements abrupts nous donnent à penser qu’ils sont peu à même d’accueillir nos petits manquements, nos différences? Par ricochet, il est facile de tomber dans un excès d’individualisme qui nous protégera des avis péremptoires des autres.

 

Ils renforcent les jeux de pouvoir

Le jugement cherche une oreille complaisante. Pour convaincre l’autre du bien-fondé de son jugement sur une tierce personne, un objet, un courant de pensée etc., toutes les petites manipulations sont bonnes à prendre, et le chef de meute est souvent celui qui verbalise haut et fort ses préjugés, prenant ainsi l’ascendant sur un troupeau de suiveurs.

 

 

 

Mini coaching: évaluer sa propre façon de juger (1)

 

Vu le temps passé à juger et la conscience confuse de l’erreur comportementale que constitue l’excès de jugement, porter un regard observateur sur soi-même n’est pas une sinécure. Tout l’art de l’observation de soi réside dans le fait de porter un regard neutre et bienveillant sur ses propres comportements, pour ne pas tomber dans la complaisance ou la  dévalorisation. Et tout seul, ça n’est pas simple, on arrive vite aux limites de l’auto-coaching. L’objectif ici est donc davantage de vous permettre de réfléchir sur vous-même que d’espérer une auto-objectivation fluide et limpide…

 

  • Dans quelle mesure vos propres jugements sont-ils coûteux en énergie?
  • Dans quelle mesure vous poussent-ils à l’intolérance, au rejet?
  • Dans quelle mesure renforcent-ils votre participation aux jeux de pouvoir?
  • Dans quelle mesure ont-ils un impact négatif sur vos relations?
  • Quels sentiments génèrent-ils en vous?
  • Qu’est-ce que ça vous dit sur vous-même?

 

 

 

Voir aussi

Juger moins juger mieux (1): les bénéfices du jugement

Juger moins juger mieux (3) : diminuer ses jugements

Juger moins juger mieux: (4): développer son jugement

Procrastination et peur du jugement

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Certitudes: essayer avant d’acheter!

Comment nous entretenons nos convictions

Les dessous de la médisance

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Aller plus loin

 

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3 Comments

  • FeliXXfile dit :

    Merci Sylvaine pour tout ce que tu nous apportes !

    A propos des jugements, comment ne pas penser aux trois genres de discours que distingue la rhétorique !

    Justement, le premier, nommé le judiciaire est celui du jugement. L’action est d’accuser/défendre en mettant en valeur ce qui est juste/injuste.

    Pour info, le second genre, le délibératif, s’adresse à une assemblée pour conseiller/déconseiller en mettant en valeur ce qui est utile/inutile.

    Le troisième, l’épidictique s’adresse à des spectateurs pour louer/blâmer ce qui est noble/vil, avec un effet d’amplification.

    En te lisant je constate qu’aujourd’hui, le jugement envahit les trois genres puisque l’on juge tout aussi bien de ce qui est juste/injuste, utile/nuisible, noble/vil, beau/laid, etc.

    Je trouve que les deux principaux défauts des jugements de la vie ordinaire sont d’une part d’en prendre une habitude addictive; la compagnie de ces personnes atteintes devient insupportable;
    d’autre part de les dire à qui veut l’entendre. C’est une faiblesse. Un des traits remarquables de mon mentor est qu’il ne s’abaissait jamais à dire du mal de quelqu’un, alors que le connaissant bien, il pouvait avoir des jugements sans appel !

    cordialement,

    • Sylvaine Pascual dit :

      L’excès de jugement sous n’importe quelle forme est bien fatigant en effet!
      J’apprécie l’exemple de ton mentor, même s’il reste inconnu: la différence entre des jugements sans appel, expression de conviction et dire du mal, refuge facile des égos fragiles. Il ne te reste plus qu’à nous dire de qui il s’agit^^

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