J’ai été heureuse d’être l’invitée de Flavie Flament dans l’émission On est fait pour s’entendre sur RTL, sur le thème de la reconversion professionnelle. Emission placée sous le signe réjouissant de l’optimisme dans laquelle nous sommes revenus sur plusieurs aspects des bifurcations professionnelles. J’en profite pour vous partager la vidéo de l’émission et quelques précisions supplémentaires sur les thèmes abordés.
On est fait pour s’entendre
Et je vous fait une confidence: le plaisir au travail étant pour moi une préoccupation, une source de réflexion et d’observation de touts les instants, je suis toujours ravie de rencontrer des gens heureux dans leur métier. il y a une chose qui m’a plu chez Flavie Flament, animatrice de l’émission On est fait pour s’entendre, c’est sa façon d’aimer ses auditeurs et le plaisir qu’elle prend à interagir avec eux. Le bonheur c’est les autres aussi dans nos vies professionnelles et c’est sans doute cette bulle de relation chaleureuse qu’elle sait créer qui lui vaut d’être l’émission le plus écoutée dans cette tranche horaire. Voilà un exemple que ce qu’on donne et ce qu’on apporte aux autres, la façon dont nous interagissons avec eux participe de la réussite d’un itinéraire de reconversion puisqu’au fond, la radio est sa seconde partie de carrière;)
Voici quelques thèmes abordés dans l’émission et sur lesquels j’ai eu envie d’apporter des précisions, vous commencez à me connaître, je suis intarissable sur le sujet;) Et pour ceux qui préfèrent passer directement à l’enregistrement vidéo de l’émission, la voici juste avant les 7 facettes du changement de métier que j’ai choisi de détailler.
Peut-on changer de métier à tout âge ? Partie 1 par rtl-fr
Peut-on changer de métier à tout âge ? Partie 2 par rtl-fr
La motivation
Carburant indispensable à la reconversion, elle correspond à la fois à un choix de métier ré résonne et fait vibrer, ainsi qu’à des moteurs puissants qui vont entretenir l’énergie tout au long du parcours et alimenter la détermination qui renverse des montagnes. Elle est un mélange d’amour de ce qu’on fait, de sens du métier et de la cohérence du métier et de la façon de l’exercer avec ce que nous sommes: la possibilité d’exprimer pleinement ce qui résonne en nous.
L’âge de la reconversion
Question fréquemment posée, il n’ a pas d’âge pour se reconvertir. Si le schéma classique reste la personne qui a suivi une voie tracée par la famille, comme Guillaume qui témoigne dans l’émission, ou comme les quantités de cadres qui ont cédé à l’injonction – parfois dans le non dit – du “tu seras médecin, ingénieur ou avocat”, qui ont suivi des carrières souvent brillantes et se retrouvent à la quarantaine à rêver d’autre chose. Nous avions vu dans le chat APEC que ce désir de seconde partie de carrière pouvait d’ailleurs intervenir plus tôt.
Une autre tendance se fait de plus en plus marquante depuis environ deux ans: le nombre de jeunes diplômés qui choisissent de changer de métier à peine quelques années après leur entrée dans la vie professionnelle. Le temps de constater que ce qu’ils font n’a pas de sens à leurs yeux, que le monde des grandes entreprises ne leur convient pas, et ils sont près à explorer des bifurcations à 180° vers des métiers porteurs de sens. La part de ma clientèle entre 25 et 35 ans a considérablement augmenté ces dernières années. Il n’y a donc, ni dans la pratique ni dans les faits, aucun âge pour se reconvertir ou du moins ils sont tous bons pour changer de métier^^
La confiance en soi
Evoquée à plusieurs reprises, la confiance en soi facilite grandement la prise de décision, la capacité à élaborer des stratégies pour mener à bien son projet et à élaborer des stratégies pour contourner et surmonter les obstacles sur la route, pour traiter les impondérables et éviter de se décourager.
Cette confiance peut avoir été largement mise à mal lorsque la situation professionnelle que l’on laisse derrière soit s’est avérée délétère, déstructurante, comme la surcharge de travail, la pression, les objectifs inatteignables, les relations hiérarchiques ou horizontales difficiles, bref, le management encore trop classique et parfaitement toxique qui torpille l’estime de soi et remet en cause l’identité.
Se donner du temps, cela permet d’obtenir de la confiance pour mieux la réintroduire dans son projet ! #travail #reconversion #RTL
— On est fait pour… (@oefpseRTL) 17 Février 2016
La travailler, la renforcer, lui redonner ses belles couleurs d’origine prend du temps. C’est aussi un travail réjouissant qui permet de reconnecter à ses talents naturels, à ses accomplissements, à ces mécanismes de réussite, à ces moments de grâce où le candidat à la reconversion a été à la fois en pleine possession de ses moyens et cohérent avec lui-même – authentique, dit mon collègue Stéphane Dieutre, l’autre invité de l’émission. Une fois cette estime de soi et cette confiance renforcées, elles peuvent être réinvesties dans la réussite du projet. Et dans le fait d’oser adapter le projet à soi-même !
Penser appétences et talents plutôt que compétences
C’est au cœur de la connaissance de soi que naissent les odyssées professionnelles réjouissantes, et il est essentiel d’aller chercher les talents naturels, point de départ d’un projet de reconversion. Je rajoute à cela les appétences et les désirs (l’incarnation des besoins), tout ce pour quoi on a du goût. Parfois en termes d’activités, comme ça a été le cas pour Marie Valton, fondatrice de Mellipou et témoin dans l’émission, qui a conjugué sa passion pour la musique avec un goût pour la mode revenu au premier plan à l’arrêt de sa carrière de danseuse et la naissance de sa fille. Elle créée aujourd’hui des boîtes à musiques décalées et rock’n’roll et même connectées!
Pour d’autres, c’est non pas tant en termes d’activités qu’en termes d’actions que les pistes vont émerger. C’est souvent, et en particulier pour les multipotentialistes, au confluent de ces appétences et de ces désirs qu’on va pouvoir dénicher un projet professionnel suffisamment roboratif pour être facteur d’une motivation sans bornes. Ainsi, quelqu’un qui aime l’équitation et le macramé ne trouvera peut-être pas un métier au croisement des deux, mais plutôt au confluent de ce qu’ils aiment dans les deux comme par exemple la rigueur, l’analyse, l’adaptabilité et la créativité qui vont chercher à l’intégrer dans l’exercice d’un métier. Nous reviendrons sur ce sujet. En attendant:
- Identifier une voie de reconversion (2): se libérer des injonctions
- Reconversion professionnelle: les 3 super pouvoirs de ceux qui n’ont pas de passion
Les questions à se poser
Sujet quasi incontournable de toute interview sur le changement de métier. Vous le savez, je ne suis pas très adeptes des questions à se poser, elles sont souvent bien trop vagues pour faire avancer un projet. En revanche, il y a plusieurs aspects d’une reconversion qui sont des points importants à traiter et il y a des questions à ne pas se poser! Ainsi, la question “ai-je les qualités pour exercer tel ou tel métier” est une porte étroite qui va laisser passer peu d’élus, ceux qui, miraculeusement, correspondent exactement aux clichés des portraits types du parfait plombier ou du parfait entrepreneur. A l’inverse, une fois identifiées les talents, les ressources internes et les appétences, qui sont toutes sources de motivation et de plaisir, la question qui se pose est plutôt “comment je peux mettre ces talents, appétences et qualités au service de mon projet”. On peut dénicher là des trésors avec lesquels élaborer des solutions et stratégies.
- Top 10 des questions inutiles pour une reconversion professionnelle
- Vérifier la pertinence et la faisabilité d’un projet
- La lecture émotionnelle au service de la reconversion professionnelle
Ensuite, les question à se poser vont plutôt être de l’ordre d’une exploration tous azimuts des désirs professionnels, ce qui fait qu’un est bien dans une situation professionnelle ou non. C’est un travail long et pas toujours simple et en même temps, c’est une rencontre avec soi-même qui est passionnante.
Les aides pour mettre à son compte ou se former
La question du financement a été abordée. Il est exact qu’il n’y a pas pléthore d’aides financières accordées spécifiquement à ceux qui souhaitent changer de métier. Cependant, il existe des dispositifs à creuser, qui font partie des explorations inhérentes à une enquête métier. Dans certains secteurs, le Fongecif pour prendre en charge tout ou partie du financement d’une formation. D’autre part, pour tous ceux qui veulent se reconvertir, la question de la budgétisation du projet, en fonction de sa durée et de ce qu’elle implique, fait partie de la réflexion en amont et de la détermination de la faisabilité d’un projet. C’est ce qu’explique Aurélie Autran dans le témoignage sur son parcours.
- Doute, réflexion, expérimentation, une triplette pour réussir sa reconversion! (voir les commentaires)
Retenons aussi du témoignage de Guillaume, technicien devenu chauffeur routier avec le soutien de son entreprise, que celles-ci sont de plus en plus ouvertes à l’accompagnement du recyclage des salariés – c’est bon pour la maque employeur d’une part, et certaines ont une réelle envie de participer à la fluidification des parcours. Pour l’instant, la majorité des candidats à la reconversion hésite à aller en parler aux RH de peur d’être estampillés démotivés et placardisés. Mais si le pire n’est jamais sûr, le meilleur non plus et ça vaut parfois le coup… de tenter le coup;)
Pour ceux qui veulent se mettre à leur compte, plusieurs possibilités existent:
– Le cumul emploi salarié et formation, de façon à ne pas se retrouver financièrement précarisés. Ça peut être inconfortable dans certains cas, mais dans le cas de Guillaume, premier témoignage de l’émission, ça a été une façon de mettre le pied à l’étrier et de trouver l’impulsion nécessaire.
– Les assedics : lorsqu’une rupture conventionnelle a été nécessaire, pour éviter un burnout par exemple, ou pour mettre un terme à des situations de surcharge excessives de travail ou encore à des relations difficiles, le candidat à la reconversion, au travers des allocations chômages, bénéficie d’un filet de sécurité substantiel. Dans le cas évoqué de la personne voulant reprendre des études de psychologie, cela diminue de moitié la période de formation à budgétiser.
– La budgétisation personnelle qui comprend souvent une part d’assedics, une part d’argent mis de côté et une part de minimisation des dépenses pendant le temps nécessaire.
Pour ceux qui veulent se mettre à leur compte, de nombreuses structures peuvent apporter des réponses.
– L’agence pour la création d’entreprise APCE
– Les chambres de métiers pour l’artisanat et les CCI pour le reste
– Les experts comptables, vers qui il convient de se tourner pour le choix d’un statut. Dans l’émission, Flavie Flament évoque l’installation en auto-entrepreneur. Elle n’est pas la seule solution et parfois même une solution peu adaptée pour des entreprises nécessitant des locaux, des matières premières et de l’outillage à acheter, bref, des charges élevées.
– Les moocs : L’un des retours des auditeurs insistait sur les compétences qui manquent lorsqu’on veut se mettre à son compte, à juste titre. Outre les formations abordables proposées par les CCI et CMA, il existe aujourd’hui des moocs sur la création d’entreprise. D’autre part, de façon générale, les compétences techniques sont rarement un obstacle insurmontable: elles peuvent s’apprendre et même se déléguer en partie. Seule la motivation ne s’apprend pas;)
Tous ces dispositifs ainsi que l’enquête métier vous permettront d’éviter
Les explorations nécessaires
Le désir de changer de métier peut cacher divers besoins, mais il est toujours, a minima, l’indicateur d’un mal-être dans le job actuel qu’il convient d’aller explorer dès qu’il s’installe, histoire de voir de quoi il retourne et quels sont les enseignements à en tirer. Dans 25 à 30% des cas, il cache un ras-le-bol, voir une dégoût pour les conditions dans lesquelles il s’exerce. Il nécessite alors des ajustements pour redevenir source de sens et de plaisir, ajustements qui peuvent aller jusqu’à un changement de boîte:
- Job crafting: devenir l’artisan de son propre plaisir au travail
- Quand le désir de reconversion cache d’autres besoins
- Job idéal: une réalité à inventer?
On ne peut donc qu’encourager encore et encore tous ceux qui voient un désir d’ailleurs professionnel de ne pas laisse le mal-être s’installer et d’aller y regarder de plus près, de façon à ne surtout pas attendre le burnout qui guette de plus en plus de travailleurs et de salariés.
Un merci chaleureux et reconnaissant pour les nombreux sms, mails, DM et MP que j’ai reçus suite à l’émission: chers lecteurs, clients, Twittos, amis de la page Facebooks et chers amis tout court, vos retours enthousiastes me touchent profondément:)
Voir aussi
Ithaque 1er influenceur français sur la reconversion professionnelle
Chat video APEC: à mi-carière, tout est possible
Reconversion: Interview sur Sud Radio
Reconversion professionnelle: déterminer s’il est temps de changer de métier
Reconversion professionnelle: les deux syndromes de la chambre d’hôte
Comment identifier une voie de reconversion: l’épineuse question
Aller plus loin
Vous voulez explorer votre désir de reconversion et concevoir un projet pertinent et réalisable, vous voulez renforcer une posture personnelle et relationnelle favorable à la concrétisation de votre projet? Ithaque vous accompagne. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.
Bonjour Sylvaine,
Je viens de regarder et surtout d’écouter vos vidéos de votre passage sur RTL ; Intéressant pour un début de commencement de questionnement sur la reconversion, une petite mise en bouche avant de plonger dans vos articles si riches sur le sujet dans votre site.
Je suis d’accord avec vous, il n’y a pas d’âge pour changer de métier :
Ma première reconversion date de 2003 (à l’âge de 39 ans) lorsque je me suis décidée de m’orienter vers les ressources humaines après 18 années en comptabilité. Même si cette première activité m’a satisfaite sur le plan des prises de responsabilité, d’initiative, de création et de transmission, la balance penchait vraiment davantage vers l’overdose de bilans , reporting, relances clients épuisantes, relations banque difficiles. Des chiffres, ..des chiffres et encore des chiffres….
Mon intérêt pour les relations humaines s’est confirmé au travers d’un bilan de compétences.
Aïe ! Aïe ! Aïe !, J’imagine votre mine déconfite et vos poils qui se hérissent, je me suis dirigée là ou l’ANPE (ex Pôle Emploi) m’a orientée et je ne connaissais pas d’autres voies d’accompagnement à l’époque.
Bon, je vous dispense de mon parcours RH, où même si j’ai pris beaucoup de plaisir dans la création et le développement de la fonction dans une société qui en était dépourvue, la balance a fini par pencher là aussi davantage vers toujours plus de reporting, de processus, de juridique.
Et la place de l’humain, son développement et son mieux être au travail (ce pourquoi j’avais souhaité m’orienter vers les RH) se sont effacés derrière une stratégie d’entreprise exclusivement financière.
Après formations, je m’engage dans une deuxième reconversion (à 50 ans) en développant une activité d’accompagnement professionnel individuel (coaching orienté solution) et de groupe (groupes de codéveloppement professionnel).
Aujourd’hui, je travaille sur « comment » Hommes et Femmes peuvent développer de nouvelles attitudes et comportements dans leur travail, afin de débloquer des situations professionnelles non satisfaisantes pour eux.
Les valeurs d’empathie, de bienveillance et d’humilité inhérentes à la pratique du coaching rejoignent mes valeurs personnelles, et cela donne du sens, en termes de signification et de direction.
Ce qui m’enthousiasme dans ce métier, c’est de partager ce cheminement ensemble et pas à pas d’être témoin de l’évolution de mes « clients » vers plus d’aisance, de maîtrise et d’autonomie. La dimension humaine est passionnante, les échanges avec les clients sont très enrichissants, on grandit ensemble.
Voilà pour mon témoignage d’une reconversion par étapes. Il m’a fallu ce temps, ces expérimentations pour trouver ma voie…et ce n’est peut-être pas fini…J’adore apprendre, découvrir.
A bientôt
Carole
Merci pour ce témoignage! Pas d’âge effectivement, la mienne a eu lieu à 37 ans, avec plusieurs expérimentations avant de me mettre à mon compte et plusieurs expérimentation avant de l’investir dans le plaisir au travail. Les tâtonnements sont particulièrement fréquents chez ceux qui s’intéressent à un tas de choses et se sentent rapidement à l’étroit dans des voies trop classiques. Et rassure-toi Carole, il en faut bien plus pour me voir la mine déconfite!
“Le bonheur c’est les autres”, je prends ! Nous allons démontrer à Sartre qu’après avoir eu tellement raison, il aura finalement tort!
J’aime bien l’idée, c’est pour ça que je m’étais amusée avec le titre;)
C’est vrai il n’y a pas d’âge pour se reconvertir professionnellement. C’est à 28 ans que je suis passé de l’intermittence du spectacle au salariat dans les Ressources Humaines ! Puis c’est à 36 ans que ma voie s’est précisée vers la psychothérapie et le coaching. Ce qui m’a passionné c’est d’observer que les moments de ré-orientation professionnelle ne surviennent jamais par hasard. J’ai souvent observé, et dans mon cas en premier lieu, que mes réajustements professionnels ont toujours coïncidé avec des bouleversements de ma vie personnelle. Pour moi les sphères perso et pro ne sont pas deux mondes séparés, elles se font écho l’une l’autre et les bouleversements de l’une appellent les remaniements dans l’autre. C’est la raison principale qui m’a poussé à me positionner autrement que la plupart de mes collègues, à la charnière des mondes pro et perso, décloisonnant ainsi l’approche des parcours de vie. Florent.
Bonjour Florent,
Il me semble effectivement que c’est une erreur de séparer totalement le pro et le perso dans un accompagnement professionnel. Les deux sont des vases communicants qui interagissent et s’influencent en permanence et ne s’intéresser qu’à l’un, c’est perdre la moitié des enseignements nécessaires à l’élaboration d’un projet jubilatoire.
Quant aux bouleversements, il arrive trop souvent que les désirs de reconversion soient remisés bien sagement dans le tiroir à fausses bonnes idées jusqu’à ce qu’un événement majeur vienne chambouler toute la situation de la personne. Trop de gens (dont j’ai fait partie) attendent trop longtemps avant d’explorer et c’est un burnout, un accident de vie, une maladie, un divorce, un décès, un traumatisme, bref, une épreuve de la vie qui devient le déclencheur de l’exploration. C’est une de mes croisades: pousser ceux qui ont un désir de bifurcation professionnelle à l’explorer dès qu’il se montre!