La lecture émotionnelle au service de la reconversion professionnelle

Les émotions, boussole et impulsion de la reconversion professionnelle

Nous opposons souvent les émotions, le ressenti, au concret, au tangible. Pourtant, les émotions sont bien plus ancrées dans le concret qu’on ne l’imagine et dans le cadre d’un projet de reconversion professionnelle, elles peuvent être à la fois une source d’information et un critère précieux. Ou un frein, lorsqu’elles sont méconnues. Bref, la lecture émotionnelle est un outil précieux pour arriver à bon port dans nos projets professionnels.

Les émotions, boussole et impulsion de la reconversion professionnelle

 

Les émotions, boussole et impulsion de la reconversion professionnelle

Les émotions sont souvent perçues comme des empêcheuses d’agir en rond et beaucoup d’entre nous, nourris à un cartésianisme qui les pousse à chercher leurs réponses dans le concret, le tangible, pensent que les ressentis sont du domaine de l’irrationnel.

Pourtant le rôle des émotions est bien de nous fournir des messages concrets sur ce qui est bon pour nous, sur notre bien-être: ce qui le favorise et ce qui le menace (voir: la lecture émotionnelle au service du bien-être). A l’origine, elles se préoccupaient surtout de notre survie en tant qu’espèce mais, admettons-le, il est assez peu fréquent de nos jours de risquer de se faire piétiner par un mammouth à la sortie du supermarché. Les menaces d’aujourd’hui sont davantage d’ordre psychologique, d’où la désaffection pour les émotions de la part des rationnels, des logiques, des pragmatiques.

Nous avons donc tendance à nous arrêter aux conséquences des émotions et à considérer qu’elles sont avant tout des ennemies incapacitantes. Mais en creusant un peu, elles sont révélatrices d’actions à mener. Et c’est là que nous pouvons les utiliser pour peaufiner un projet de changement de métier.

En effet, en satisfaisant les besoins, devenus les clandestins de nos émotions à force d’être négligés, nous pouvons générer un état d’esprit propice à la réalisation de la reconversion, et les utiliser comme filtre utile à la décision finale, se lancer dans la reconversion, ou pas. Les réactions émotionnelles nous fournissent donc à la fois une sacrée boussole et une impulsion (l’é-motion, c’est littéralement la mise en mouvement) qui valent le coup d’être mises en valeur et utilisées.

 

Les émotions, indicateurs de besoins fondamentaux

Les réactions émotionnelles sont universelles dans leur nature, elles sont indépendantes de la culture, de l’environnement ou de l’éducation. On reconnaît quatre grandes familles de réactions émotionnelles, dont chacune correspond à des besoins, qui s’avèrent donc fondamentaux. Celles-ci se répartissent en deux catégories:

 

1- Le plaisir

Chapeau des émotions positives, dans toutes leurs nuances, de l’euphorie au contentement, c’est à dire de celles qui nous indiquent la satisfaction de nos besoins. La recherche du plaisir est donc le but ultime, ce qui motive tous nos comportements et nos actions, ce vers quoi nous tendons.

3 attitudes à laisser tomber et 3 habitudes à adopter pour être plus heureux tout de suite

 

2- Les états de défense aux émotions

Ce sont trois manières de réagir face au danger, en fonction de la manière la plus efficace d’y faire face, au vu de nos ressources internes et de la nature de ce danger. Pour plus de détails, voir: Remparts courtines et échauguettes, les états de défense aux émotions:

  • Le repli qui s’exprime par de la fatigue, de la tristesse, de l’abattement correspond à un besoin de sens, de cohérence. Les personnes en repli ont un penchant naturel et un talent pour l’analyse, la vision, les bénéfices et l’utilité au-delà de soi pour déterminer une direction à prendre. Elles s’intéressent au pour quoi, à la vision.
  • La lutte qui s’exprime par la colère, l’énervement, l’agacement, correspond à un besoin de reconnaissance, d’affirmation de soi. Les personnes en lutte ont un penchant et un talent naturel pour les résultats concrets, les objectifs précis, les décisions qui font avancer les projets. Elles s’intéressent au quoi.
  • La fuite qui s’exprime par de la peur, de l’angoisse, de l’inquiétude, voire de la panique correspond à un besoin de sécurité et de liberté. Les personnes en fuite ont un penchant et un talent naturel pour les solutions, les itinéraires, le découpage en tâches concrètes pour avancer sur la route de l’objectif. Elles s’intéressent au comment.

 

Méconnaissance des émotions: un obstacle à la reconversion

Nous sommes tous une combinaison complexe de ces trois réactions, avec, le plus souvent, une réaction principale qui correspond au besoin que nous comblons le moins, et donc qui s’exprime le plus fort. Cette réaction principale peut avoir un impact direct sur la façon dont nous appréhendons un changement de métier:

  • Une personne fortement en lutte pourra avoir tendance à foncer vers son objectif de reconversion… un peu trop vite, à brûler les étapes. Tout en s’énervant quand les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes et que le projet n’avance pas comme elle le veut.
  • Une personne fortement en fuite pourra passer tellement de temps à déterminer les étapes de sa reconversion, le “bon” itinéraire, qu’elle en négligera sa motivation et l’action. Et se sentira angoissée de ne pas se mettre en mouvement.
  • Une personne fortement en repli pourra se perdre dans les méandres de sa propre réflexion et même avoir une idée claire de la direction à prendre, tout en restant bloquée, à ne pas savoir par où commencer concrètement. Et se décourager du manque d’avancement.

Et comme le plus souvent, nous n’avons pas conscience de la légitimité de nos réactions émotionnelles. Nous procrastinons, nous culpabilisons, nous ne comprenons pas pourquoi le projet n’avance pas. Inversement, la lecture émotionnelle, en nous permettant de comprendre nos réactions, nous donne les clés pour nous mettre en mouvement.

la joie émotion bienfaitrice

 

Satisfaire les besoins pour mettre la reconversion en mouvement

C’est en répondant aux trois catégories de besoins que le projet de reconversion va trouver sa propre dynamique, sereine, pleine d’assurance et concrète à la fois. Car une fois ces trois besoins satisfaits, ils laissent la place à la possibilité de se mettre en mouvement non plus pour éviter les émotions négatives, mais pour nous diriger concrètement et dans l’action vers ce qui a du sens pour nous.

 

1- Besoin de reconnaissance : répondre au quoi

Le quoi, c’est l’objectif, le sommet de la montagne, donc le métier que nous voulons dans lequel nous voulons nous reconvertir. Il a des bénéfices et avantages très concrets pour nous-mêmes et nécessite des décisions sur les actions à mener, les moyens que nous sommes prêts à mettre en oeuvre. L’acceptation de ces bénéfices et la prise de décision nourrissent le besoin de reconnaissance et en particulier de reconnaissance de soi: nous nous retrouvons en accord avec nous-mêmes, nous affirmons notre désir de changer de métier au travers de l’action concrète. Il intègre l’identité professionnelle et les besoins.

Le besoin de reconnaissance, ainsi comblé, procure l’inverse de la réaction de lutte. Exit l’énervement, il apporte une stabilité tranquille, de l’assurance, une conviction profonde qui parle d’elle-même et n’a pas besoin de s’imposer ou de se justifier.

 

2- Besoin de sens: répondre au pourquoi

Quitte à faire autant d’efforts pour changer de métier, autant en avoir un qui a du sens pour nous, qui nous donne le sentiment de contribuer ou de participer à quelque chose de plus grand que nous et/ou d’être utile. Le plus souvent, le sens est une vision qui peut rester un peu vague, ce n’est pas un objectif précis. Ce n’est pas le sommet de la montagne, c’est la raison qui nous pousse à le gravir, au delà de notre bénéfice personnel. C’est Mallory déclarant en 1924 qu’il voulait grimper l’Everest “parce qu’il est là”. Le sens ne s’explique pas, ne se juge pas, il se ressent et s’appuie sur les valeurs motrices.

Dans le cadre de la reconversion professionnelle, cela correspond à ce qui nous pousse à aller vers ce métier, pourquoi nous voulons l’exercer, à quoi il nous permet de donner corps, en quoi il nous permet d’apporter quelque chose au monde qui nous entoure. Une fois défini, parce que le besoin de sens est satisfait, cette vision nous procure l’inverse de la réaction de repli : adieu la fatigue et le découragement, elle fait de la place à l’envie, la motivation, le dynamisme et des tombereaux de vitamines mentales.

 

3- Besoin de sécurité et de liberté: répondre au comment

C’est déjà considérable d’avoir un sommet précis en tête et une vision de ce qui nous motive à aller vers lui. Cependant sans idée d’un itinéraire possible, sans sac à dos, sans provisions, nous risquons de ne pas aller bien loin. Un objectif précis signifie des caps à franchir, des étapes sur le chemin, des points de repères qui jalonnent le parcours et permettent de s’orienter. Le comment de la reconversion consiste à explorer les moyens de la mettre en oeuvre, les solutions, les talents naturels sur lesquels s’appuyer pour articuler de façon fructueuse les actions à mener.

Défini en toute autonomie par celui qui mène le projet, le comment nourrit ce double besoin sécurité/liberté: il sécurise l’expédition en lui donnant un cadre tout en laissant libre cours à l’expression de la personnalité du porteur du projet. Il apporte le contraire de la réaction de fuite. Pas de crainte, pas de confusion, mais au contraire du calme, de la confiance, du courage, voire de l’audace.

 

Triplette émotionnelle pour une reconversion sereine et dynamique

Cette triplette quoi/pourquoi/comment, parce qu’elle répond à tout ce que nous avons besoin d’éviter (les émotions négatives) pour aller vers le plaisir, confère un état d’esprit dynamique et serein à la fois tout à fait favorable à la réussite d’une reconversion, parce qu’il va augmenter la fluidité et l’envie d’agir, et servir d’ancrage et de ressource face aux obstacles et aux périodes de doute.

Elle est l’application concrète de la reconversion qui parle à nos tripes qui, comme nous l’avons vu, est un vecteur de réussite bien supérieur à la reconversion raisonnée raisonnable, qui peine par nature à répondre aux deux premières questions. C’est grâce à elle que nombre de reconversion a priori farfelues ou difficiles sont menées avec succès:

Quand Louise, diplômée de Sciences Po et ex-chargée d’étude qualitative est venue me voir, elle voulait valider son désir de se reconvertir dans la rigologie. Mais Louise avait déjà les idées claires sur la direction qu’elle voulait prendre, pourquoi elle voulait devenir rigologue et comment elle pouvait s’y prendre. Son projet de changement de métier ne demandait qu’un peu de peaufinage. La motivation, la foi en son projet et en sa capacité à le mener à bien, l’itinéraire, tout était déjà quasiment là. Elle a mené à bien sa reconversion seule, parce que lorsque ces trois conditions sont remplis, l’accompagnement devient inutile:

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Aller plus loin

Pour construire, entretenir et développer un état d’esprit à la fois dynamique et serein,  propice à la réussite de vos objectifs professionnels, pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32

 

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