Oser le désaccord: quand le bourre-pif devient collaboratif!

Quand le bourre-pif devient collaboratif!

Nos craintes du désaccord et du conflit qu’il pourrait générer entravent l’intelligence collaborative, au risque de nous enfermer – et nos entreprises avec – dans des mauvaises décisions d’une part, et dans un manque de réflexion qui nous empêche d’exploiter le potentiel réel de chacun comme de l’organisation. Osons le conflit pour mieux réfléchir ensemble!
Quand le bourre-pif devient collaboratif!

 

Collaboration: c’est dans les désaccords qu’on fait les meilleurs groupes!

Entrepreneuse et auteur, Margaret Heffernan s’intéresse de près au management et en particulier aux  “aveuglements volontaires” qui entravent le bon fonctionnement des entreprises, ces informations que nous nous efforçons de ne pas voir, par peur de ne pas savoir gérer les conflits qu’elles pourraient déclencher.

Dans cette conférence du TED, elle montre comment, contrairement aux idées reçues, les meilleures équipes ne sont pas composées de membres qui se ressemblent, mais bien d’opposés qui ne vont pas avoir peur du désaccord, et au contraire s’autoriser à y entrer pour explorer d’autres territoires, terrains propices à la réflexion, à l’innovation, à la créativité.

 

Histoire de bourre-pif collaboratif

En 1956, Alice Stewart, épidémiologiste, a démontré que les rayons X de la radiographie sur les femmes enceintes favorisait le développement de cancer chez leurs enfants. Il a pourtant fallu 25 ans pour que les hôpitaux cessent de pratiquer des radios sur les femmes enceintes. 25 ans pendant lesquels Alice Stewart s’est battue pour faire passer son message.

L’énergie nécessaire à un tel combat est double:

  1. La solidité de sa propre conviction
  2. La persévérance

Cette énergie, Alice Stewart en a trouvée une source en apparence inattendue: le désaccord. Non pas le désaccord de pairs ou de médecins dubitatifs qui, craignant pour leurs propres intérêts, auraient pu vouloir contredire par principe ou par tentation de l’égo les résultats de ses recherches.

Bien au contraire: elle l’a trouvé dans le désaccord à l’intérieur de son équipe en la personne de George Kneale, statisticien aux antipodes d’elle-même: ” Alice était très sociable et extravertie, et George était un solitaire. Alice était très avenante et très empathique avec ses patients. George préférait franchement les chiffres aux gens. Mais il a dit cette chose fantastique sur leur relation de travail: « Mon travail consiste à prouver que le Dr Stewart a tort. » Il a cherché activement de quoi l’infirmer.”
 

le désaccord favorise l'intelligence collaborative

 

Donnez-nous du bourre-pif en pleine paix

Selon Margaret Heffernan, ce modèle de partenariat, où l’un n’est pas du tout la chambre d’écho de l’autre, est une aubaine. C’est de ces désaccords, “conflits constructifs” comme elle les appelle, que naît la réflexion et c’est au travers de la confrontation des idées que naissent les véritables convictions, celles qui valent la peine d’être transmises. En bref, le bourre-pif en pleine paix a ses vertus, qu’il est bon de réhabiliter. D’autant que ça rejoint le constat fait sur le brainstorming: sans contradiction et sans critique, peu de créativité, du simple clonage d’idées et des risques de paradoxe d’Abilène:

brainstorming critique créativité

 

Par extension, Margaret Heffernan pensent que les organisations et en particulier les entreprises, ne parviennent pas à mettre en place une véritable réflexion, qu’elles ne “pensent” pas, parce qu’elles sont incapables de donner une place au désaccord, qu’elles craignent trop le conflit. Ainsi, 85% des cadres reconnaissent ne pas soulever certains problèmes professionnels par crainte du conflit qu’ils pourraient déclencher. Par ricochet, ces entreprises se privent du plein potentiel de leurs salariés, qui pourrait s’exprimer librement si une place de choix était faite à la contestation, à la contradiction, aux divergences.

 

De l’art du bourre-pif collaboratif

Evidemment, oser le désaccord demande quelques aptitudes relationnelles pour qu’il ne finisse pas en simple pugilat version je-disperse-au-quatre-coins-de-Paris-façon-puzzle”. Le but n’est pas la discorde entre des personnes, mais bien la confrontation d’idées en dissonance. Voici donc quelques principes simples pour éviter les égos qui font leur cinéma:

1- Considérer le désaccord comme une façon de penser à plusieurs l’opportunité de changer de perspective, d’élargir son champ de vision, plutôt qu’une remise en question de soi, de son identité ou de sa valeur. Ca demande sans doute un peu de connaissance de soi, de compétences émotionnelles, d’estime de soi et d’assertivité.

parefeu mental

2- Résister à l’élan neurobiologique qui nous pousse à rechercher des gens qui nous ressemblent et préférer travailler avec des personnes dont les personnalités, les motivations, les valeurs, les principes moraux, les besoins et les modes de fonctionnement aux antipodes les uns des autres. Un plaidoyer pour la diversité, en quelque sorte.

valeurs

3- Faire de la place aux objections, hypothèses et opinions différentes pour enrichir l’idée commune. C’est à dire concrètement, les encourager, et lorsqu’elles sont exprimées, les accueillir sans jugement hâtif. A ce titre, le cercle sociocratique est un bon moyen faciliter la prise de parole et l’expression de l’avis de chacun.

juger moins juger mieux

4- Inversement, oser donner son avis. Le paradoxe d’Abilène, qui mène les groupe à prendre les mauvaises décisions alors que chaque membre sait que c’est une mauvaise décision, naît de la peur du conflit. Oser s’exprimer n’est pas forcément simple, tant le non-dit est le garant de la relation et le rempart au conflit, du moins en apparence. Oser donner son avis dans le respect des autres demande une bonne dose d’assertivité et d‘affirmation de soi.

Paradoxe d'abilene comment l'éviter

 

Au final, le bourre-pif, le caramel, le tampon qui calme, c’est essentiellement à nos égos fragiles, principal frein à la collaboration, qu’il est important de le mettre, de façon à ce qu’ils se détendent de la boîte à ratiches et qu’ils nous autorisent des espaces de divergences fertiles, des alternatives fructueuses à l’enfermement dans des certitudes aveugles. A nous de jouer. Mais en inventant de nouvelles règles;)

 

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