Notre relation à la nourriture est souvent le reflet de notre relation à nous-mêmes. Et de ce point de vue, le grignotage au boulot est plein d’enseignements sur… nos besoins. Dis-moi comment tu grignotes et je te parlerai de tes besoins à combler! Ou du moins la diététicienne Ariane Grumbach va t’en parler…
Ariane Grumbach, diététicienne gourmande
Notre relation a beaucoup de choses, et à l’alimentation en particulier, est une mine d’informations sur qui nous sommes, notre personnalité, mais aussi sur nos besoins à combler. Suite à une conversation sur le grignotage avec Ariane Grumbach, diététicienne gourmande et auteur du blog L’art de manger, qui aborde aussi l’alimentation sous l’angle émotionnel, je lui ai proposé de venir nous expliquer les dessous du grignotage au boulot.
Devenue diététicienne suite à une reconversion professionnelle, Ariane est membre du G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids). Elle continue à se former régulièrement, en particulier dans les domaines du goût et du comportement alimentaire. Elle prône une approche particulièrement réjouissante, aux antipodes des contraintes et des régimes, qui s’appuie sur le plaisir et la compréhension des mécanismes émotionnels qui se jouent dans l’alimentation.
Et je lui laisse la parole^^
Grignoter au bureau, ça cache souvent quelque chose
« On ne mange pas entre les repas », « il ne faut surtout pas grignoter », « Trois repas par jour, c’est recommandé » … Vous avez forcément entendu ce type de rengaines nutritionnelles via les médias, votre entourage, … Vous avez intégré ce message : grignoter, c’est mal. Et pourtant, parfois, ou même souvent, vous ne pouvez pas vous en empêcher, vous grignotez au bureau. Ce qui vous tombe sous la main, ce qui est sous votre nez, apporté par des collègues gourmands, ce que vous propose le distributeur. Et cela vous fait culpabiliser, vous vous en voulez, vous jurez que demain, c’est fini. Et si, au lieu de vous juger, vous essayiez de comprendre ?
Mettons de côté le fait de manger parce que vous avez faim : soit votre déjeuner était insuffisant, soit vous avez besoin d’un goûter, c’est votre rythme, acceptez-le.
Parlons du grignotage sans faim. Il a forcément une explication. Alors, la prochaine fois que vous aurez envie de grignoter, demandez-vous ce que cela pourrait bien cacher. Voilà quelques possibilités :
On grignote pour s’occuper quand on s’ennuie
Vous avez un travail qui fonctionne par à-coups, avec des périodes creuses. Ou on ne vous confie pas assez de dossiers. Ou vous êtes très efficace et vous travaillez vite. Toujours est-il que vous avez de longues plages de temps où vous ne savez pas comment vous occuper, vous vous ennuyez, vous avez un sentiment de vide.
Alors, manger quelque chose va vous occuper et momentanément vous faire oublier cet ennui.
Si vous alliez à la source, pour faire un peu le bilan de votre travail et de ce qui cloche ?
On grignote pour faire une pause
Vous travaillez beaucoup, vous vous mettez la pression, vous êtes surchargé(e) de travail, du coup vous bossez non stop, juste un court arrêt pour déjeuner. Alors vous ressentez le besoin de faire une pause. Mais pas question de rester inoccupé(e), alors vous mangez.
Mais pas sûr que cela vous empêche de penser au boulot en même temps… Alors, oui, vous avez besoin d’une pause.
Mais pourquoi ne pas lui donner un autre contenu, aller papoter avec un(e) collègue, descendre faire un tour, accompagner un fumeur…
On grignote pour retarder le moment de faire une tâche désagréable
On a plein de boulot, on le fait sans déplaisir mais, dans le tas, il y a des sujets auxquels on n’a vraiment pas envie de s’attaquer. Du coup, on les retarde et plutôt que de rester à ne rien faire, on se met à manger en se convainquant que finalement c’est une occupation et que le reste peut bien attendre ! On n’est pas dupes, vous êtes simplement en train de procrastiner. Parce que c’est fastidieux, parce que c’est compliqué, parce que vous avez peur de ne pas être à la hauteur.
Essayez d’y voir clair : si c’est objectivement long ou difficile, pourquoi ne pas découper cela en tranches [pour cela, le blog d’Ithaque a une solution de circonstance, la solution culinaire ndsp*] et vous accorder quelques pauses non alimentaires. Si cela vous parait une montagne insurmontable, peut-être pouvez-vous demander de l’aide.
Si c’est une angoisse plus profonde, un sentiment d’imposture concernant ce boulot, faites le bilan honnête de tout ce que vous savez faire (vous n’avez pas ce job pour rien !), et reprenez confiance en vous progressivement.
On grignote pour calmer son stress
Votre travail vous met sous pression, les journées sont longues, les dossiers s’accumulent, vous passez beaucoup de temps en réunion, vous êtes sollicité (e) par vos collègues ou par le chef, bref beaucoup de stress s’accumule, vous êtes sous tension. Et comme vous ne savez pas trop ou vous ne voulez pas prendre le temps d’évacuer cette tension, de vous relaxer, le seul moyen que vous ayez trouvé, c’est de relâcher la pression en vous lâchant sur le paquet de biscuits, de bonbons, la tablette de chocolat, … Eventuellement en continuant à travailler d’ailleurs. Du coup, comme vous ne prêtez pas vraiment attention à ce que vous avalez, vous avez du mal à vous arrêter.
Il y a plein d’autres moyens de se déstresser au bureau, un des plus simples : s’asseoir bien droit et se concentrer quelques instants sur sa respiration.
On grignote pour se récompenser
Après une tâche difficile, une mission complexe qu’on a réalisée avec talent, un travail fastidieux dont on est content d’être débarrassé, on a parfois une envie de manger quelque chose de bon pour se récompenser, pour marquer le coup.
Certes, vous avez mérité quelque chose, outre peut-être la reconnaissance de votre chef, mais est-ce vraiment manger qui vous récompensera le mieux ? Bien sûr c’est souvent ce qui est le plus simple et accessible.
Mais prenez un peu de temps et réfléchissez à autre chose qui pourrait vraiment vous faire plaisir.
Voilà toutes sortes de situations émotionnelles qui peuvent faire grignoter, sans compter bien sûr toutes les restrictions alimentaires qui entraînent fatalement des craquages à un moment ou un autre.
Est-ce que vous vous reconnaissez ?
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*ndsp: note de Sylvaine Pascual
Aller plus loin
Vous voulez mettre un terme aux grignotages excessifs et renouer avec le plaisir de manger? Contactez Ariane Grumbach au 01 42 81 25 45
Vous voulez mettre davantage de plaisir dans votre vie professionnelle? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
On peut aussi grignoter parce que on est enceinte!
Stéphanie (peut-être est-ce vous qui avez laissé un commentaire sur mon blog), ne pas confondre grignoter sans faim, machinalement ou pour toutes les raisons exposées (qu’on soit enceinte ou pas) et manger entre les repas parce qu’on a faim : au fur et à mesure de l’avancement de la grossesse (mais pas au début !), les besoins augmentent et il faut donc soit des repas plus copieux (sans aller au-delà de sa faim) soit des collations, c’est normal !