Prépas – oraux de concours: faire avec le trac

Malgré deux voire trois ans de prépa dignes de l’entraînement d’un sportif de haut niveau, difficile d’échapper au trac des oraux de concours. Voici 10 moyens de le minimiser qui sont autant de points de repères pour mieux traverser ces semaines difficiles.

Oraux de concours: trac et semaines difficiles

Les semaines avant et pendant les oraux de concours sont souvent des semaines noires pour les candidats. Encore plus noires que celles des écrits: c’est une chose de plancher sur une copie, c’est est une autre d’avoir un jury en face de soi. Et l’un des phénomènes les plus courants liés à des prises de parole à enjeu, c’est évidemment le trac.

Nous connaissons tous certains symptômes désagréables du trac et ils sont nombreux: bouche sèche, boule à l’estomac, palpitations, tremblements, transpiration, vertiges, sentiment de paralysie, angoisse, diarrhée, sans oublier les rougissements ou les pensées catastrophistes (cette liste est définitivement non exhaustive).

Le trac est une forme d’appréhension lors de l’anticipation de situations d’interaction avec autrui et souvent liée à la peur du jugement. C’est lui qui pousse des élèves à ne jamais prendre la parole en classe, par exemple, même s’ils sont convaincus de la justesse de leur réponse.

Les origines du trac sont simples à identifier: nous sommes dès l’enfance soumis à des systèmes d’évaluation et des jugements parfois très durs, parfois arbitraires et surtout, qui nous sont imposés comme des schémas quasi universels de ce qui est valable et ce qui ne l’est pas. C’est donc de la peur de ne pas être reconnu conforme à ces modèles qui fait qu’on se sent tous petits face à un (des) interlocuteurs(s) juges qui peuvent, dans certains cas comme les oraux de concours, décider de notre avenir immédiat.

La plupart du temps, le trac étant une anxiété d’anticipation, il disparaît très vite quand  l’épreuve commence. Ce n’est pas la situation en elle-même qui est délicate à vivre, mais une période plus ou moins longue qui la précède, et qui va de quelques minutes à quelques heures.

1- Arrêter de lutter et définir, à la place

Evitez de perdre une énergie précieuse en vous évertuant à lutter contre un trac naturel. Resistance is futile, comme dirait un Borg de mes connaissances (toutes mes excuses aux lettreux: vos avez des références sans aucun doute plus intellectuelles que les miennes), aussi préférez observer de quoi est fait votre trac, plutôt que de vous battre contre des moulins à vent. En définissant avec précision ce qui génère votre trac, vous pourrez déterminer les méthodes les plus adaptées à votre situation.

2- Sortir de l’isolement et en parler

Au pays des fiers à bras, les prépas musellent le gouvernement et sont naturellement enclins à cacher ce qui pourrait être considéré comme une faiblesse. A tel point que nombre de sujets deviennent relativement tabous, et chacun finit par subir son stress dans son coin. Parlez-en autour de vous: vous soulagerez ceux qui n’osaient pas en parler, et puis se sentir moins seul suffit parfois à diminuer l’angoisse.

3- Ré-évaluer sa légitimité… à la hausse

Puisqu’on est dans la peur de jugement, puisque parfois c’est le sentiment d’imposture qui saisit le candidat aux Grandes Ecoles à la gorge, voyons en quoi il est légitime d’être là: vous avez passé des écrits et été déclaré(e) admissible, vous avez donc mérité d’être présent aux oraux. Qu’on se le dise une fois pour toutes: vous avez franchi le premier obstacle et arrivés là, que vous l’ayez franchi haut la main où ras des pâquerettes, aucune importance, vous êtes un cheval de course et pas un baudet du Poitou. Il est normal que vous soyez là, et c’est exactement ce que pensent les examinateurs, qui ont l’amabilité de faire confiance aux correcteurs de l’écrit.

Si, parmi les pensées qui se bousculent dans votre tête, certaines mettent en doute votre légitimité (du genre “je suis nul, je vais me faire démolir”), vous êtes rentré en mode dévalorisation et risquez de perdre en confiance. Il est temps de modifier ce discours intérieur pour éviter de finir en stratégie d’échec:

4- Scénarios catastrophes et optimisme

Face à des échéances anxiogènes, il est fréquent de s’imaginer le pire. Si cela vous arrive, tant mieux! C’est une opportunité d’observer vos scénarios catastrophes de façon à identifier ce qui vous fait peur et à travailler dessus. Cependant, comme vous ne disposez pas d’un temps indéterminé pour vous lancer dans le développement personnel tous azimuts, voici deux petites étapes simples:

 – Laissez-vous aller à imaginer le pire, une bonne fois pour toute, dans tous ses détails ragoûtants.

 – Et puis autorisez-vous à imaginer sciemment le meilleur, le merveilleux, l’idéal. (en vertu du principe que si le pire n’est jamais sûr, le meilleur non plus)

C’est un exercice simple qui a l’avantage de s’autoriser l’optimisme, d’ouvrir la porte de nos têtes pessimistes et angoissées à la possibilité que les oraux se passent bien. Car ignorer la possibilité que ça se passe bien est une excellente stratégie d’échec. Voir aussi:

Et si cela ne suffit pas à minimiser les pensées catastrophistes, vous pouvez mettre en place un système de protection anti zombies de citron:

5- Ralentir le rythme

Ca y est, vous y êtes, vous prenez place devant votre interrogateur. L’une des réactions (et l’un des pièges) les plus courantes face au trac est de se lancer à toute vitesse dans sa prestation, probablement histoire d’en finir au plus vite. Et là, les mots se bousculent, on finit par dire à peu près n’importe quoi, par bafouiller et s’embrouiller, voire par paniquer. Voilà l’une des craintes les plus répandues.
Lors des dernières colles/kholles avant les oraux, exercez-vous à ralentir sciemment votre débit, vos gestes, tout ce qui peut se bousculer sous le stress. Apprenez à le faire dès maintenant, il y a de fortes chances pour que ça fonctionne peu le jour d’un oral si vous n’avez jamais pratiqué. La lenteur a des vertus, il est temps de les redécouvrir;)

eloge de la lenteur qui redonne du sens et de l'énergie

6- Une bulle sécurisante

Construisez dès maintenant une sorte de bulle de vie, agréable et rassurante, dans laquelle vous allez vivre jusqu’aux oraux, de façon à vous préserver d’agacements et de frustrations et d’angoisses inutiles et à vous appuyer sur ce qui vous fait du bien. Quitte à ce que ce soit une bulle version caverne pour ours en mal d’introversion, si c’est ce dont vous avez besoin! L’essentiel étant de créer un environnement à votre service;)

7- Une bonne préparation: s’appuyer sur ses atouts

Une bonne partie du stress des oraux est lié à une maîtrise subjectivement insuffisante du sujet. Consacrez vos révisions des oraux à vous donner une maîtrise acceptable à vos yeux dans chacune des matières.
Prenez le temps d’évaluer vos points forts et de les peaufiner pour contrebalancer d’éventuels points faibles. Il est un peu tard pour comprendre le present perfect si vous le confondez avec le passé composé depuis la sixième.

Dans le même ordre d’idée, avoir une idée précise de ses qualités et de ses talents naturels est un bon moyen de les laisser s’exprimer pleinement pendant les oraux, de vous appuyer dessus et de donner une bonne image de vous. Car il n’y a pas de qualité qu’il faut avoir et des caractéristiques négligeable. Il n’y a que l’authenticité qui permet de réussir sans s’épuiser à vouloir être ce qu’on est pas.

8- Respiration, relaxation, méditation… et alternatives

Il existe de nombreux exercices de respiration, de méditation ou de relaxation, qui vous aideront à vous détendre, en particulier juste avant vos oraux. On en trouve très facilement en ligne ou sur des apps: choisissez celui ou ceux qui vous conviennent le mieux, avec lesquels vous êtes le plus à l’aise. Ne vous forcez surtout pas avec un exercice qui vous déplaît, l’effet serait opposé à celui recherché.
Là aussi, entrainez-vous dès maintenant de façon à maximiser l’efficacité. N’oubliez pas un exercice de respiration simple et facile pour le moment d’attente juste avant une épreuve.

Pour ceux qui sont réfractaires à la méditation, voici quelques alternatives:

5 alternatives pour ceux qui n'aiment pas méditer

9- Trouver un mentor

Vous connaissez une personne qui, selon vous, démontre le genre de confiance que vous aimeriez avoir à l’oral? Exploitez-là en en faisant votre mentor personnel, votre Pygmalion qui s’ignore.
Observez dans les moindres détails tout ce qui fait que cettte personne  semble confiante: ses gestes, sa manière de se tenir, d’agir, d’interagir etc.
Entraînez-vous à l’imiter, à copier son mode de fonctionnement jusqu’à vous l’approprier. Prétendre avoir un comportement en l’imitant est un excellent moyen de se l’approprier. En d’autres termes, à force de faire semblant d’avoir de l’assurance, on finit par en avoir. Ca demande juste un peu d’entraînement.

imiter un mentor qui s'ignore pour modifier un comportement

10- Allumer la lumière

Pour ceux d’entre vous qui sont prêts à essayer des techniques un peu différentes de ce dont ils ont l’habitude, voici un petit exercice de visualisation pour vous mettre en condition.
Divers éléments entrent en jeu lors de vos réussites: comportements, émotions etc. Identifiez-les en observant deux ou trois situations dans lesquelles vous avez atteint votre objectif:

Comment vous y prenez-vous quand vous réussissez?
De quoi faites-vous preuve?
Comment agissez-vous?
Comment parlez-vous?

Quand vous aurez bien identifié tous ces éléments, fermez les yeux et  visualisez ces conditions optimales. Imaginez que vous appuyez sur l’interrupteur et la lumière s’éteint: vous revenez dans une situation normale. Rallumez la lumière, et visualisez à nouveau ces conditions optimales. Répétez l’exercice de façon à ancrer la visualisation: jusqu’à n’avoir plus qu’à appuyer sur ce bouton symbolique pour vous mettre dans l’état qui favorise votre réussite. Vous pouvez utiliser un autre symbole que l’interrupteur.

Bon courage à tous et tous mes voeux de réussite!

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Aller plus loin

Au moment des oraux, il n’est plus temps de se lancer dans un coaching. Par contre, les élèves de 1ère année et ceux qui vont refaire une seconde année qui ont identifié des problématiques qu’ils ont du mal à résoudre, en termes de confiance en eux, aisance à l’oral, organisation, méthode, gestiondes priorités etc. Peuvent d’ores et déjà réfléchir à l’opportunité d’un coaching en début d’année prochaine.

Pour tous renseignements:

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