Etat d’esprit positif: modifier un discours intérieur

modifier une discours intérieur

 

Dans le cadre des fausses bonnes idées de la “pensée positive“, le discours intérieur, s’il est mal utilisé, peut être assez contre-productif et engendrer l’inverse de ce qu’il prétend apporter.  Voici pourquoi la simple (simpliste) pensée positive ne marche pas et quoi faire à la place pour construire un état d’esprit (plutôt qu’une pensée) plus positif, c’est à dire plus dynamique, plus enclin à l’action concrète, dans la confiance et la fluidité.

modifier une discours intérieur

 

 

Le message positif, une fausse bonne idée

Parmi les pensées qui nous viennent par tombereaux chaque jour, il y a une foultitude de jugements et d’injonctions dévalorisantes (“qu’est-ce que je suis nul(le)”), de rappels de croyances limitantes (“je n’y arriverais jamais, je suis trop vieux/vieille)”). Dans une variante du verre à moitié plein, la pensée positive propose de remplacer les discours internes “négatifs” par des discours internes “positifs”. Il suffirait ainsi de se répéter des “messages positifs” pour éloigner nos démons et s’attirer, cornes d’abondances, veaux vaches cochons et tutti frutti comme disait Béru.

C’est bien mignon, c’est tentant, mais c’est aux antipodes de la façon dont le cerveau fonctionne. Puisqu’il met directement dans notre poubelle interne tout ce qui va à l’encontre de ce à quoi il croit, rien ne s’imprime dans notre disque dur et l’inefficacité de l’affaire peut culpabiliser ceux qui ont déjà une très faible estime d’eux-même et ceux qui ont des tendances dépressives et hop! Il n’en faut pas plus pour se retrouver en plein cercle vicieux.

En d’autres termes, la répétition de messages “positifs” pour contrer les messages “négatifs” de son discours intérieur est probablement la plus pernicieuse des fausses bonnes idées de la pensée positive, car elle a tendance à renforcer la conviction limitante au lieu de la ramollir.

Je pensais naïvement que ce type “d’outil” simpliste était principalement véhiculé sur internet par les marchands de bonheur, adeptes de recettes faciles, pour peu qu’elles aient été relayées par des gourous américains, bref, le fastfood du développement de soi. Mais non. Dans le séminaire de gestion du stress financé par son entreprise, un des mes clients s’est vu encouragé par le formateur à se répéter à l’envi “je suis aimé, je ne suis pas seul”. C’est un excellent exemple de l’inefficacité et du côté contre-productif de ce type de message “positif”, au même titre que “je vais retrouver du travail”, recommandation de pensée positive donnée par cette intervenante à des chercheurs d’emploi. Ce n’est pas parce qu’on se répète qu’on aussi bon que Messi qu’on jouera un jour au Barça!

 

La raison et les tripes

C’est l’éternel décalage entre la raison et les tripes. Nous nous efforçons souvent de raisonner nos pensées négatives ou dévalorisantes, sans succès, ce sont toujours nos tripes qui l’emportent. Car dans nos tripes, ce sont nos convictions profondes, une part beaucoup moins consciente de nous-mêmes, qui marinent, et nous pouvons raisonner jusqu’à plus soif, le cerveau va avant tout préserver ces convictions et les émotions qui vont avec, pas le raisonnement auquel il ne croit pas une seconde.

Ce qui signifie qu’à force de nous répéter des messages auxquels nous ne croyons pas, des messages en porte-à-faux avec nos convictions profondes, nous amplifions le décalage et renforçons… les convictions qui logent dans nos tripes et par extension le stress, au travers de la culpabilisation, dévalorisation supplémentaire (je n’arrive pas à me convaincre, donc en plus je suis nul). C’est de la musculation involontaire de croyance: si je lui oppose une force significative, elle ne ramollit pas, elle se renforce. La pensée positive n’est pas un optimisme fécond, elle est une injonction infantilisante et culpabilisante et outre-Atlantique une obligation sous peine d’être affiché, dans leurs dichotomies toujours très nuancées, dans le top 10 des chroniques d’un loser annoncé.

Inversement, un état d’esprit positif et optimiste n’est pas la négation des difficultés et le ripolinage rose de situations à risques. C’est une façon d’être qui:

  • Préfère la valorisation et évite la dévalorisation
  • Se nourrit du positif pour être plus solide et avoir des ressources plus larges pour traiter les aléas des vies professionnelles (pas pour les ignorer)
  • Cherche les pensées objectives, favorables à l’action sereine plutôt que les pensées exagérément pessimistes et dommageables parce qu’elles entretiennent la crainte et la passivité.

Un état d’esprit positif et optimiste a envie d’agir, autant pour résoudre ses problèmes que pour atteindre ses objectifs que pour le bien commun.

la pensée positive ne marche pas. Voici comment modifier un discours intérieur

 

Modifier un discours intérieur dommageable 

Notre façon de nous parler à nous-mêmes est le plus souvent incroyablement sévère, voire insultante. Ces discours internes, sous forme de jugements catégoriques dévalorisants, de convictions pessimistes, inquiètes ou défaitistes sont souvent des exagérations qui, si l’on porte un regard objectif dessus, ne correspondent pas tellement à la réalité. Il suffit parfois de se demander si nous tiendrions le même discours à notre meilleur ami, s’il était dans cette situation, pour s’en convaincre.

Nous rentrons alors dans des systèmes de dévalorisation qui flinguent l’estime de soi à bout portant et sapent la motivation à agir. Du coup, on pourrait sans doute qualifier de discours intérieur de “défavorable”, “dommageable”, plutôt que négatif. Le repérer et le modifier, permet de se remettre dans une dynamique de valorisation propice à l’action et ouverte à un optimisme utile. Un discours interne favorable permet de s’ouvrir à d’autres possibilités, d’autres perceptions, à s’autoriser une vision de soi et du monde dans laquelle nous sommes des êtres raisonnablement capables. Il ne s’agit donc pas de s’attirer la chance, mais bien d’apaiser ces voix internes qui nous rongent.

 

Les 6 règles d’un discours intérieur favorable

Pour modifier ce discours, le rendre plus valorisant et plus dynamisant, voici quelques règles à suivre, faute de quoi on a vite fait de tomber dans la pensée positive. Rappelons avant tout que le cerveau recherche ce à quoi il s’attend. En d’autres termes, il cherche en permanence des preuves de ce qu’il croit. Il ne va donc pas s’agir de créer des pensées “positives” mais bien des pensées objectives et favorables qui répondent à ces 6 critères, pour travailler la croyance derrière le discours dommageable:

 

1- Un message bienveillant

Notre façon de nous parler à nous-mêmes est le plus souvent incroyablement sévère, voir insultante: jamais nous ne nous adresserions à autrui comme à nous-mêmes, sous peine de nous prendre des bourre-pifs un peu trop réguliers. Le premier critère d’un discours intérieur qui favorise l’estime de soi et un état d’esprit plus positif, c’est de se parler à soi-même avec bienveillance.

Adoucir le regard sur soi

2- Un message formulé au présent

“Je vais trouver du travail” est un pari sur un avenir incertain par nature. Votre cerveau n’est pas crétin et ne se prend pas pour Madame Soleil. Il ne croira pas une seconde à votre message. Il préférera un message qui porte sur ce qui se passe dans le présent et qui est donc observable et vérifiable (“j’agis chaque jour pour retrouver un emploi”)

 

3- Un message auquel vous croyez 

Il est essentiel d’être en accord avec le message. “Je suis aimé”, répété encore et encore, alors que vous vous sentez seul et en grand manque affectif, votre cerveau, qui n’est pas stupide et n’y croit pas une seconde, va envoyer vos tripes au charbon pour préserver le message auquel il croit. Il est donc important de chercher un message que vous considérez comme suffisamment objectif pour que vous et votre cerveau soyez d’accord avec.

 

4- Un message crédible qui correspond à la réalité

“Je travaille chaque jour à retrouver un emploi” peut être un discours intérieur utile et objectif. En revanche, si cela fait trois semaines que vous n’avez pas consulté les petites annonces, votre cerveau va se demander si vous le prenez pour un demeuré. Il va se contenter de vous renvoyer la culpabilité liée au mensonge assaisonnée éventuellement d’un peu de procrastination supplémentaire, histoire de vous expliquer la vie. Trouvez donc un message qui corresponde réellement à la situation.

 

5- Un message formulé à l’affirmative, tourné vers ce que l’on cherche

Nous nous faisons des représentations mentales de tout ce à quoi nous pensons. Ainsi si vous pensez “je ne suis pas nul” ou “je cesse d’être nul”, votre cerveau se fait une représentation de ce qu’il considère comme le comportement d’un “nul” et va s’attacher à ce que la réalité y corresponde, au travers de vos actions (ou non-actions). Formulez donc un message qui représente ce que vous voulez à la place.

 

6- Un message personnel

Nos perceptions se reflètent dans nos choix sémantiques naturels et automatiques, aussi inutile de se répéter des phrases écrites par d’autres. Formulez vos messages à votre manière, choisissez des mots qui ont du sens pour vous.

 

Mini coaching: modifier un discours intérieur

Commencez par identifier le discours intérieur péjoratif ou défavorable qui alimente le stress et la peur. Cette étape est parfois délicate, car nous avons une certaine propension à considérer ce que nous pensons comme vrai et juste. Ne cherchez pas à modifier 50 discours en même temps, un seul, c’est déjà beaucoup.

Formulez le plus spontanément possible le discours favorable et bienveilllant qui pourrait remplacer avantageusement le discours dommageable. Puis passez-le au filtre des 6 critères, pour vérifier qu’il est approprié, et ajustez-le si nécessaire:

Est-il formulé à l’affirmative?

Est-il formulé au présent?

Dans quelle mesure est-il formulé avec vos propres mots?

Dans quelle mesure est-il bienveillant?

Dans quelle mesure est-il crédible, objectif, acceptable, en accord avec vous?

Dans quelle mesure correspond-il à la réalité?

 

Ensuite, il va s’agir d’expérimenter. C’est à de mettre en place ce discours interne, de façon concrète, pour parvenir à repérer les occurrences de discours dommageable et lui substituer le discours favorable. Et ce sur un laps de temps que vous allez choisir et au terme duquel vous pourrez évaluer les bénéfices de ce nouveau discours. Voir:

les triplettes opérationnelle et reltionnelle du coaching

 

 

Cet article est une mise à jour d’un billet datant de mars 2011. Malgré les nombreuses publications et recherches qui ont démontré les méfaits ou l’inefficacité de la pensée positive, elle continue a avoir la peau dure:

Au mieux inoffensive, au pire contre-productive, les véritables effets de la pensée positive

La pensée positive peut aussi avoir des effets négatifs

 

 

Voir aussi

L’identité: acteur ou spectateur de sa propre vie?

3 clés pour renforcer la confiance en soi

“Pensée positive” : le revers de la médaille

Bien-être: imbuvable, le verre à moitié plein?

Un petit compliment, pour la route?

Stress: et si on arrêtait de lutter contre?

Accepter ce que l’on est… et s’appuyer dessus!

 

 

Aller plus loin

Vous voulez développer un état d’esprit dynamique qui favorise le passage à l’action avec aisance et assurance? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual 

 

 

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