Dans une démarche de reconversion ou de formation continue, la reprise d’études ou le développement des compétences peuvent parfois faire tomber sur un os qu’on peut ronger longtemps avant de se lancer : la crainte d’avoir du mal à apprendre, des difficultés à mémoriser, qu’on attribue d’ailleurs souvent à l’âge. Voici donc tout un panel de possibilités pour faciliter l’apprentissage et développer une mémoire d’éléphant.
L’éléphant et l’hippocampe
Ca pourrait être une fable de La Fontaine, qui nous revient tout de suite en mémoire lorsqu’il s’agit d’explorer nos comportements en partant d’un bestiaire et il s’agit justement de mémoire. Parfois, notre cerveau a d’autres chats à fouetter que de se préoccuper d’apprentissages. Plutôt que de devenir chèvre à l’idée de notre capacité d’attention de poisson rouge, de notre cervelle d’oiseau, de notre côté tête de linotte ou étourneau, autant prendre le taureau par les cornes, car il existe un remède de cheval pour développer une mémoire d’éléphant : en connaître certains principes et expérimenter.
L’idée pour cela est avant tout de comprendre comment la mémoire fonctionne pour aller ensuite à la rencontre du fonctionnement spécifique de votre mémoire. Voici donc plusieurs ressources sur le sujet de la mémoire, dont nous pouvons tirer quelques enseignements et idées.
Nos mémoires et leur fonctionnement
Pour commencer, mémoire à court terme (mémoire de travail), mémoire à long terme (sémantique, épisodique, procédurale, perceptive, le formidable Jamy Gourmaud explique dans cette video nos types de mémoires et comment elles fonctionnent. Au passage, il y explique aussi comment la lecture en ligne de contenus et d’information perturbe la concentration et l’apprentissage. A visionner ici:
Voici ensuite une autre video de Jamy Gourmaud, cette fois-ci un épisode de C’est pas sorcier, qui rentre un peu plus dans le détail
Et enfin, un épisode de l’émission Grand bien vous fasse, sur France Inter, dans lequel Ali Rebehi a abordé la question de la mémoire et comment l’améliorer avec Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherche CNRS, et Anne de Pomereu spécialisée dans l’utilisation des facultés cognitives (mémoire, attention, concentration).
Si l’émission évoque le développement de la mémoire aussi des enfants et des personnes âgés, elle donne de nombreuses clés qui peuvent être très utiles à tous ceux qui se lancent dans une formation. Voici donc quelques principes et je vous recommande d’écouter l’émission, en particulier pour en tirer des techniques de mémorisation.
10 principes pour une mémoire d’éléphant
Voici donc 10 enseignements tirés de ces émissions pour développer vos propres manières d’apprendre et de mémoriser.
1- L’encodage, le stockage, la récupération
La mémoire fonctionne en trois étapes, l’encodage, le stockage et la récupération. Pour comprendre ce fonctionnement et comment l’optimiser :
La troisième étape, la réactivation ou récupération des informations, qui passe par exemple par le fait d’y repenser ou d’en parler, est développée dans la vidéo de C’est pas sorcier ci-dessus
2- La connaissance de soi
La façon d’apprendre et de mémoriser la plus efficace est unique : c’est la vôtre. Elle dépend de vos préférences, de votre logique interne, aussi la connaissance de soi est essentielle, en termes de compréhension de notre propre façon d’apprendre. L’auto-observation et la réflexivité sont donc des supports intéressants pour trouver vos propres leviers de mémorisation.
3- L’appétence
On apprend mieux ce à quoi on accorde de l’attention, car celle-ci prépare à la mémorisation, explique Sylvie Chokron. Or celle-ci est étroitement liée à la motivation, à l’intérêt, au plaisir qu’on prend à apprendre ce qu’on apprend. D’où l’importance d’orienter ses choix de formation en termes d’appétences plutôt que de compétences.
4- Le mouvement
La mémoire entretien aussi des liens avec le corps, aussi le mouvement (marcher, bouger, agir, faire du sport) est vecteur d’amélioration de l’apprentissage et de la mémorisation. D’autre part, faire du sport activerait la production de nouveaux neurones dans l’hippocampe, favorisant la plasticité neuronale et l’apprentissage.
5- L’entraînement
Tout ce que nous mémorisons renforce la mémoire. Inversement, dès lors que nous utilisons peu notre mémoire, nous l’affaiblissons. Alors pour ne pas laisser sa cervelle devenir celle d’un moineau, réapprenons à mémoriser des informations que nous déléguons à nos smartphones par exemple.
6- L’utilité de l’oubli
L’oubli est une sorte de tri sélectif opéré par notre calebasse qui, pour reprendre le terme d’Anne de Pomereu, est aussi une passoire, et laisse s’en aller des éléments considérés comme non pertinents au profit d’autres qui vont se consolider. Mieux utiliser sa passoire revient donc à s’interroger sur ce qui est important de retenir et ce qui ne l’est pas, plutôt par exemple que d’apprendre un cours par cœur.
7- La transmission
Une façon d’évaluer la qualité d’un apprentissage, c’est la faculté à le transmettre. Pouvoir expliquer quelque chose a deux bénéfices : cela permet d’ancrer dans la mémoire d’une part et de vérifier qu’on a compris et intégré d’autre part.
8- Le rôle des émotions et de la répétition
L’exemple devenu classique sur le sujet, c’est le fait que nous nous souvenons tous de ce que nous faisions au moment des attentats du 11 septembre. C’est parce que le maillage neuronal qui crée la mémoire inclue a besoin d’une charge émotionnelle pour laisser une empreinte mémorielle.
D’autre part, la répétition, ou le fait de faire appel à un souvenir (ou à une information) à de multiples reprises équivaut au fait de creuser un sillon : l’empreinte laissée est de plus en plus forte.
9- L’expérimentation
Puisque la façon de mémoriser et d’apprendre est très variable selon les personnes, l’idée est d’expérimenter les stratégies d’apprentissage qui vous parlent, dont vous vous dites intuitivement qu’elles pourraient fonctionner pour vous, et de les évaluer au fur et à mesure pour garder celles qui fonctionnent et laisser de côté celles qui ne vous conviennent pas. Et pourquoi pas aussi en inventer, selon vos mécanismes de pensée et vos préférences.
C’est comme ça qu’une de mes clientes qui préparait un concours a mémorisé tout ce qui avait trait aux événements historiques autour de son sujet en les détaillant comme des scripts de films, en choisissant des acteurs pour incarner les personnages.
Un autre de mes clients, ancien ingénieur qui préparait l’agrégation de maths, a révisé en écrivant les démonstrations associées à des images sur des feuilles qu’il étalait partout chez lui et il se déplaçait de l’une à l’autre, associant ainsi connaissances, illustrations et mouvement.
10- Le sommeil
A vos plumards! C’est en dormant que le cerveau consolide le mieux les apprentissages, aussi soigner son sommeil et déterminer notre quantité de sommeil idéale pour que nos neurones aient leur beauty sleep et traitent comme il se doit les informations engrangées. Vous avez changé votre matelas récemment? 😉
Enfin, en plus de celles abordées dans les videos et l’émission de radio, quelques ressources pour trouver des techniques d’apprentissage et de mémorisation :
- 5 exercices simples pour tout retenir
- Stimulez votre mémoire, Nathalie Delsarte, Guide Studyrama, janvier 2009 (5ème édition)
- Eloge de la passoire, Anne de Pomereu – JC Lattès, 2018
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