(non)Sens et (dé)plaisir au travail: 10 trucs pour gérer les imprévus

Je cultive le plaisir au travail comme d’autres la salade au potager: soigneusement, amoureusement. Seulement, de la même manière que la limace vient parfois ruiner les efforts du jardinier, impondérables et autre aléas peuvent parfois mettre à mal le plaisir au boulot des plus enthousiastes! Quelques pistes pour gérer les imprévus professionnels.

Imprévus: non sens et déplaisir au travail

Parmi tous les exemples d’imprévus que je pourrais prendre, il y en a un qui me paraît particulièrement approprié. Ma vie professionnelle m’amène à participer ou à assister à toutes sortes d’événements sur des thématiques liées au travail et c’est un aspect de boulot auquel je prends beaucoup de plaisir: entre les rencontres et les apprentissages, il y a de quoi nourrir un esprit gourmand de nouveauté. Il y a deux ans,  j’ai été invitée à participer à une soirée-débat organisée par Expression sur le thème du (non)sens et (dé)plaisir au travail. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Ironie parfaite, parfois, les impondérables peuvent générer une bonne dose de non sens et de déplaisirmême dans un job relativement idéal.

Voilà qu’après 15 mn d’embouteillages dus à des travaux, je crève un pneu avant d’avoir atteint l’autoroute. Je n’ai même pas fait 500m. Et, principe de l’emmerdement maximum oblige, le mécanisme de la roue de secours s’est coincé. Me voilà en version fillette en détresse au bord de la route.  Bon, le monde étant plein de gens bienveillants pour qui l’entraide et la solidarité sont importantes, je n’ai pas attendu longtemps un bon samaritain, mais entre le retard et les mains pleines de cambouis, je suis évidemment rentrée chez moi. J’aurais pu m’agacer, trouver l’affaire bien fatigante et je vous avoue que l’idée m’a effleuré un moment, parce que les contretemps, c’est un poil assommant. Mais au final, j’ai bien rigolé avec un couple charmant que je n’aurais probablement jamais croisé autrement.

Et l’ironie de l’affaire me donne évidemment l’envie de vous proposer quelques pistes pour mieux gérer les imprévus, gastéropodes fauteurs de trouble d’une vie professionnelle rêvée.

Le plaisir au travail n’est pas le bonheur

Il est important, dans la quête du job idéal, de garder à l’esprit que le plaisir au travail n’est pas le bonheur. La notion de bonheur comporte une dimension de permanence qui est peu compatible avec la vraie vie. On a beau avoir un job de rêve, il y aura toujours des impondérables, des abrutis, des contretemps, tout un tas de choses nuisibles au développement linéaire et sans histoire de la salade professionnelle. On peut espérer qu’elle grandisse et s’épanouisse sans jamais l’ombre d’un problème, mais il est certainement plus constructif d’accepter que les hauts et le

s bas, ça arrive dans les meilleurs jobs et de s’équiper pour gérer tout ça. Et puis rappelons-nous aussi que les petits challenges du quotidien en forme d’impondérables, c’est du piment dans la vinaigrette et que la quiétude d’une vie  sans heurts perd vite de sa saveur.

les imprévus peuvent générer perte de sens et déplaisir au travail

D’autre part, les imprévus sont un moyen de renforcer notre adaptabilité, notre capacité à rebondir, à gérer nos émotions, bref, à développer tout un tas de compétences et de ressources utiles… à la gestion des imprévus;)

Imprévus professionnels, du déplaisir au non sens

Certains imprévus, comme mes mésaventures pneumatiques, suscitent un simple déplaisir passager. Cependant, lorsque les limaces inattendues attaquent le jardin en légions (forcément romaines) et que les collections d’aléas deviennent un brin trop fournies pour ne pas y perdre son latin, nous sommes susceptibles de laisser submergé par un sentiment d’impuissance face à une absurdité aussi tenace qu’énergivore.

D’autre part, en vertu du principe selon lequel la limace “ne s’active que dans une fourchette de conditions thermo-hygrométriques” précise, les imprévus ont l’art de de manifester pile-poil… quand on en n’a pas besoin. Ca s’appelle le principe de l’emmerdement maximum, nous en avons tous fait l’expérience.

Ca fait une brouette de manières de générer du non sens et du déplaisir qui a de quoi défriser n’importe quel jardinier qui cultive son job idéal avec soin et assiduité.

imprevus au travail

1- L’acceptation

Un pneu crevé, c’est pas comme si on pouvait lutter contre. De même avec un train en retard ou une urgence inattendue sur un dossier. Ce qui ne dépend pas de nous ne mérite pas qu’on y perdre trop d’énergie, llors plutôt que de gaspiller son temps à maugréer sur la faute-à-qui, et votre légendaire manque de bol, autant accepter d’emblée que l’instant présent est simplement alourdi par une situation inattendue à gérer et concentrer son énergie dessus. Effectivement, cette situation peut être vaguement déplaisante ou franchement absurde, mais les impondérables font partie de la vie et par nature, ils sont temporaires.

Bref, il est plus productif de faire le constat que la limace s’est installée dans le carré à salades et qu’il est temps d’agir que de hurler à la Lune pendant 48 minutes la complainte de la laitue foutue.

2- Accueillir les imprévus

Il se trouve que les imprévus sont souvent autant d’opportunités de rencontres ou d’apprentissage, donc prenons-les avec un minimum de philosophie, nous pourrions y gagner en expérience – voire en vitamines mentales – ce que nous allons y perdre en temps.

Qu’il s’agisse d’un test de patience ou d’une occasion de peaufiner un dossier/projet/rapport, les imprévus sont toujours un moyen de renforcer la flexibilité, l’adaptabilité, la créativité, la débrouillardise. Inversement, ces mêmes capacités facilitent l’acceptation et l’accueil des impondérables, car elles renforcent le sentiment d’être en mesure d’y faire face. Voir:

10 façons de développer sa créativité

3- Comprendre ce qui se passe en nous

Oui, les imprévus sont pénibles. Mais nos émotions sont nos alliées et celles que l’imprévu suscitent sont porteuses d’enseignements, aussi évitons de nous acharner à les éviter;) Les sentiments d’agacement, d’inquiétude ou de fatigue liés à cet imprévu indiquent des besoins mal comblés que vous ne pourrez pas satisfaire dans l’instant, aussi apprenez à repérer l’état de défense pour identifier que tel ou tel besoin nécessite votre attention et décidez d’y revenir ultérieurement. Vous envoyez alors un accusé de réception à votre cerveau primitif qui minimisera la réaction.

  • Vous vous êtes senti agacé? Peut-être avez-vous des choses à dire, des limites à fixer, des stratégies à revoir, des mesures à prendre.
  • Vous vous êtes senti inquiet, angoissé? Vous avez peut-être des compétences à développer, des conséquences à anticiper, des solutions à trouver, des étapes à définir.
  • Vous vous êtes senti abattu, épuisé? L’absurdité de la situation vous a peut-être fait perdre le sens de votre action. Vous avez peut-être besoin d’analyser et de comprendre ce qui s’est passé, d’identifier des actions utiles et motivantes.

N’oubliez pas cependant de revenir réellement sur le besoin à combler. Votre cerveau est malin, si vous ne le faites pas, il ne se fera pas avoir deux fois. Voir aussi:

Le rôle et l'utilité des émotions au travail

4- Parler, mettre en mots

Si l’émotion est trop encombrante, videz votre sac! Verbaliser le problème auprès d’une oreille attentive peut vous permettre de clarifier la situation, de vous détendre et même d’y trouver une solution. Mais attention: on peut parler de n’importe quoi, mais pas exactement avec n’importe qui. Evitez les Victimes qui vont gémir de concert avec vous ou les Sauveurs qui vont vous expliquer la vie. Préférez les oreilles sans jugement qui pratiquent l’écoute active.

Vous pouvez aussi mettre en mots le problème par écrit, histoire de le sortir de vous-même, d’en analyser les tenants et les aboutissants, d’identifier des solutions ou de trouver des moyens d’obtenir des résultats concrets.

5- Identifier l’origine

Parfois, l’imprévu vous tombe dessus tellement de nulle part qu’il ressemble plus à une incompréhensible plaie d’Egypte qu’à un limaçon débarqué dans vos endives à vitesse d’escargot. Remonter à l’origine du problème peut être un moyen efficace d’y trouver des solutions rapides.

6- Passer en mode créatif et résolution de problème

Dans le même ordre d’idée, plutôt que de s’éterniser pendant trois jours sur cette météo humide à l’origine de l’invasion des convois de limaçons, passez en mode solutions. Explorer les options possibles, les évaluer, prendre une décision et l’appliquer – bref passer à l’action – tout cela est un bon moyen de sortir de la rouspétation rochon.

Stratégie Walt Disney

7- Demander de l’aide

Les autres, que nous avons trop tendance à croire uniquement préoccupés d’eux-mêmes, sont le plus souvent aussi prêts à rendre service que nous le sommes nous-mêmes. Ne pas être redevable, ne pas montrer de faiblesse, craindre le refus, il y a tellement de raisons pour lesquelles nous avons un mal de chien à demander de l’aide que nous oublions que dans notre entourage, la plupart des gens sont ravis d’être sollicités, parce que c’est sympa et valorisant, d’être solidaire et prêt à aider.  Voir

savoir demander de l'aide est une compétence relationnelle révélatrice de courage et de force de caractère

8- Le sentiment d’impuissance et la rumination

Une situation inattendue en forme de grain de sable inopportun peut générer un sentiment d’impuissance, l’impression que nous ne sommes pas en mesure de faire face. hardi petit, ne nous laissons pas abattre par un gastéropode avec ou sans coquille! Rappelez-vous que vous avez des tas de capacités, de talents, de ressources qui peuvent vous être utiles dans toutes sortes de situations. Rappelez-vous que lorsque vous utilisez ces ressources, vous obtenez des résultats satisfaisants. Rappelez-vous enfin que le passage à l’action vous permet de dépasser ce sentiment, autrement, vous avez vite fait de vous mettre à ruminer et à tourner en rond entre incompréhension et dévalorisation.

5 pistes pour gérer le sentiment d'impuissance

9- Eviter la dévalorisation

Encore un bon moyen de retarder la gestion de l’impondérable: se poser mille questions sur ce que vous auriez pu/du faire différemment et en profiter pour vous passer un coup de papier de verre à estime de soi, version “quel(le) nul(e), j’aurais du .  Oui, le jardinier aurait pu mettre des tuyas autour de son carré à chicorée

Si mes pneus étaient usés et donc plus susceptibles d’éclater, il sera temps de prendre des mesures pour que ça ne se reproduise pas une fois que je serai rentrée. Pour l’instant, autant me focaliser sur le changement de roue.

Cesser de se dévaloriser et construire un regard bienveillant

10- Prévoir du temps pour les imprévus

Potentiellement, chaque jour peut amener son lot d’imprévus en tous genres. Pourtant, le plus souvent, nos agendas surchargés ne leur laisse aucune place et le retard s’accumule. Ca ne facilite pas exactement l’acceptation sereine de l’imprévu, d’autant que généralement, nous ajoutons ce temps à nos tâches professionnelles au lieu de l’inclure. Aussi libérer du temps dans son agenda, du temps alloué à rien de spécifique, est une forme d’efficacité organisationnelle, puisque ce temps-là pourra être utilisé précisément en fonction de vos besoins. Et si d’aventure les imprévus étaient moins nombreux que prévu, vous pourrez improviser l’utilisation adéquate de ce temps inopiné, soit pour vous attaquer à une autre dossier, soit pour peigner la girafe ou rêvasser et alimenter ainsi votre créativité.  Bref, le temps des imprévus est du temps précieux, profitable, productif.

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Aller plus loin

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