FAQ de la reconversion professionnelle

Le FAQ de la reconversion professionnelle

 

J’ai eu le grand plaisir d’être invitée hier sur le plateau de La Quotidienne, sur France 5, pour parler reconversion professionnelle. Le format de ce type d’émission permet d’aborder plusieurs aspects des bifurcations professionnelles, mais sans pouvoir creuser chacun, du moins pas suffisamment pour certains d’entre vous:) Et comme les questions qui reviennent dans les interviews généralistes sont souvent les mêmes, ça m’a donné envie de vous proposer un FAQ de la reconversion professionnelle.

Le FAQ de la reconversion professionnelle

 

 

En lecture ou en podcast!

 

Ne pas passer à côté de sa vie

La présentation du sujet “Changer de métier, comment ne pas se rater” par Maya Lauqué donne un constat parfaitement sinistre: un français sur deux a le sentiment de passer à côté de sa vie. Pour tout vous dire, ça me désole, moi qui me régale chaque matin à l’idée de tout ce que je vais faire de passionnant, de chouette, de drôle, de jubilatoire de ma journée professionnelle. Alors du coup, c’était particulièrement sympa d’être sur ce plateau en compagnie de Caroline Vigneau, ancienne avocate devenue humoriste, qui n’hésite pas à secouer les tapis des mécaniques professionnelles poussiéreuses et nous pousser à nous aérer la cafetière dans une vie qui a du sens et qui donne de l’énergie.

Le format de l’émission ne permet bien entendu pas d’approfondir en détail les diverses dimensions d’une changement de métier, dont chacune mériterait sans doute une documentation-fleuve en trois ou quatre tomes tant il y a de choses à dire sur le sujet. Alors pour tous ceux qui se questionnent, même vaguement, qui ont le désir de reconversion qui les chatouille un peu, qui leur titille de temps à autres la machine à penser, j’ai eu envie de vous proposer une FAQ de la reconversion professionnelle, histoire d’en dire un peu plus sur ces questions fréquentes.

L’idée est essentiellement de vous donner envie d’explorer ce désir de reconversion, car même si vous ne changez pas de métier, vous en tirerez des enseignements importants: environ 1/4 des candidats à la reconversion y renoncent parce qu’ils se rendent compte qu’ils aiment encore leur métier et on surtout besoin de modifier ses conditions d’exercice. Explorer l’envie de vous reconvertir vous évitera donc des regrets éternels, des ruminations de “et si?” ou d’avoir le sentiment d’être passé(e) à côté de votre vie.

lorsqu'un désir de reconversion émerge, écouter ses messages, qui ne veulent pas toujours dire qu'il faut changer de métier

 

Voici donc une première série de questions issue des éléments qui ont été évoqués dans l’émission, je vous en donnerai d’autres par la suite.

 

1- Quelles sont les bonnes questions à se poser ?

Il n’y en a pas ! Inutile de vous mettre la rate au court-bouillon pour savoir si vos questions sont les bonnes ou pas: toutes les questions qui vous viennent sont le reflet d’inquiétudes, d’objections et/ou de points à clarifier. Elles ont donc toutes besoin d’être traitées, à partir du moment où elles apparaissent, sous peine de devenir de réelles entraves au projet, car elles vont déclencher des émotions négatives qui se manifestent aussi par des freins et de la procrastination. Elles ont besoin d’être formulées sous forme de questions ouvertes :

– « Est-ce que je vais y arriver ? » devient : « Quelles sont les qualités, talents, aptitudes et appétences sur lesquelles je peux m’appuyer pour faire vivre mon projet ? Quelles stratégies vais-je tester pour le faire vivre ? »

Les inquiétudes et objections :

– « Oui mais je n’ai pas envie de me retrouver à nouveau à bosser loin de chez moi » ou  « Est-ce que je vais pouvoir bosser à moins de 30mn de chez moi? » deviennent : « Bosser à 30mn maximum de chez moi est un critère indispensable à mon équilibre, je l‘ajoute dans la liste des critères fondamentaux pour moi. »

Méfions-nous donc de la grande question des bonnes questions, qui donne souvent lieux à des réponses prêt-à-penser sous forme de questions vagues qui restent… sans réponse précise, par nature:

Top 10 des questions inutiles pour réussir sa reconversion

 

2- Par où commencer ?

Commencez là où vous êtes !

Commencez par observer de quoi votre mal-être au travail est fait, ce dont vous avez ras-le-bol, ce que vous voulez à la place, les idées même farfelues qui vous viennent : il y a des enseignements à tirer de toutes les pensées qui vous viennent et plus vous allez leur accorder une attention qui va déboucher sur une conclusion (un critère, une appétence, un désir etc.) plus vous allez poser de jalons vers votre reconversion.

Si vous avez une ou plusieurs idées : explorez-les, investiguez, collectez un maximum d’informations en termes de formation, de conditions d’exercice, d’évolutions possibles, de revenu, etc. D’autre part, imaginez-vous dans le métier, pensez à toutes les dimensions d’une vie professionnelle (conditions, environnement, interlocuteurs, compétences nécessaires, tâches au quotidien etc. pour définir les contours de votre façon d’exercer le métier et ne pas céder aux habitudes travesties en “impératifs”.

Si vous n’avez pas d’idées : quelques ressources pour vous aider

comment aborder sa reconversion professionnelle

 

3- Faut-il avoir une passion? Comment trouver sa voie?

Non, la passion n’est pas obligatoire, ni la vocation, ni même trouver SA voie! Imaginez que votre voie, ce soit poinçonneur des Lilas, vous voilà mal barré(e)! D’une part, nous pouvons avoir des loisirs/passions qu’on a aucune envie de professionnaliser et d’autre part nous pouvons probablement trouver à nous épanouir dans de multiples voies, du moment que nous les adaptons à nos désirs et appétences.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une passion pour trouver un métier qui nous fait vibrer: il suffit qu’il soit suffisamment porteur de sens, qu’il vous permette de contribuer à quelque chose qui importe à vos yeux:

Quelques ressources pour trouver une voie:

reconversion débroussailler le terrain pour faire germer les projets

 

4- Faut-il faire un bilan de compétences ?

A moins d’avoir envie de rester dans la droite lignée de ce que vous avez fait jusqu’ici, le bilan de compétences offre des perspectives très limitées :

– Il peine à suivre les évolutions fulgurantes du marché du travail (hybridation, métiers émergents etc.) et à faire émerger des pistes plus éloignées de vos compétences avérées.
– Il n’accompagne pas l’opérationnel et les questions de pertinence et de faisabilité.
– Il ne se préoccupe pas de job crafting ou de l’implémentation des désirs professionnels.
– Il ne se préoccupe pas de renforcer la posture personnelle, mentale et relationnelle indispensable pour tenir la distance et entretenir l’énergie, gérer les périodes de doute et les coups de mou.

le bilan de compétences est rarement une réponse adaptée à un désir de reconversion

Il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs qui sont des alternatives accueillantes d’envies de changement plus radicaux que le bilan de compétences ou l’outplacement. Ainsi le Conseil en évolution professionnelle ou l’APEC proposent des accompagnements gratuits et de plus en plus d’organismes privés offrent des prestations pour toutes les bourses et avec des approches suffisamment variées pour que chacun y trouve ce qui lui conviendra le mieux.

 

5- Comment ne pas se rater, se tromper ? Comment savoir si on est fait pour un métier ?

Souvent, nous avons une image idéalisée d’un métier qui nous plaît parce qu’il titille notre imagination dans le sens de nos envies, de nos espoirs. Seule une exploration soigneuse va permettre de déterminer si nous nous berçons d’illusions en mode syndrome de la chambre d’hôte, ou si le métier correspond réellement à nos aspirations. L’enquête métier et l’immersion sont essentielles, mais insuffisantes : il est aussi nécessaire d’avoir une idée très précise de ses propres désirs professionnels pour évaluer la manière dont vous aller pouvoir adapter concrètement le métier à ces désirs. Car je le dis et je le répète come un vieux disque rayé (expression très senior, j’en conviens ;)) il n’y a aucun métier qui rend heureux par nature, il n’y a que la façon d’exercer un métier qu’on aime qui va nous garantir un plaisir durable.

Trois étapes donc:

Reconversion et enquête métier: les questions à poser pour un métier salarié

 

6- Et l’entourage ? Un désir de reconversion, c’est souvent mal perçu

C’est vrai et c’est un frein fréquent. La famille Ricoré avec des enfants adultes encouragés à prendre toutes les bifurcations qu’ils veulent, du moment que c’est pour aller dans une direction qui va signifier épanouissement et plaisir au travail, ça n’existe même pas dans les pubs télé !

Je schématise bien entendu certaines familles sont une véritable ressource, mais au cas où la vôtre réagisse davantage en cris d’orfraie qu’en odes et ballades à votre succès à venir, il est peut-être plus opportun de vous abstenir de l’impliquer dans vos questionnements inévitablement tortueux.

Vous pouvez tout simplement les informer de vos décisions lorsque vous aurez suffisamment mûri votre projet pour pouvoir l’expliquer sous forme d’un plan d’action solide et que les étapes précises pour le mener à bien seront rassurantes pour vos géniteurs. Et si vous avez malencontreusement laissé sortir le loup du bois avant la fin de la période de chasse:

reconversion gérer les casse-pieds

 

7- Changer de métier, ça prend combien de temps?

Les bifurcations radicales sont souvent longues, parsemées d’expérimentations, d’essais-erreurs, de réflexions qui vont et viennent avant de s’affiner et de se clarifier. Et c’est tant mieux: c’est aussi ce qui les rend intéressantes d’une part et moins risquées d’autre part! La réflexion en amont de la décision de se lancer peut prendre entre 3 mois… et deux ans.

– 3 mois est un temps minimum pour faire le point sur ses désirs et appétences en parallèle d’une exploration approfondie, lorsque l’idée de métier est déjà solidement ancrée.
– 6 mois est un minimum pour identifier une piste. En deçà, attention aux pistes paravents, arbres qui cachent la forêt de vos besoins professionnels.
– Deux ans est un temps constaté chez certains multipotentiels qui ont besoin d’expérimenter beaucoup de choses pour trouver le confluent de leurs sources de motivation très variées.

Par la suite, entre le temps de formation, le retour à l’emploi où l’installation à son compte, le temps peut être extrêmement variable selon les projets, il est donc impossible à chiffrer.

La lente maturation d'un projet de reconversion

 

8- Comment dépasser la peur de se lancer

En l’écoutant! La peur génère les questions à traiter que nous avons vues au point 1 et le point de bascule, le moment où le candidat à la reconversion va finalement parvenir à sauter le pas correspond au moment où il peut répondre de façon simple et très précises à trois points indispensables:

Ce dernier point incluant toutes les modalités opérationnelles du projet (formation, budgétisation, gestion de la baisse de revenu) ainsi que ses enjeux émotionnels, personnels, relationnels (les ressources sur lesquelles il peut s’appuyer, les caractéristiques et compétences relationnelles à mettre au service de son projet etc.)

Les émotions, boussole et impulsion de la reconversion professionnelle

 

Bonne bifurcation!

 

Aller plus loin

Vous voulez explorer votre désir de changer de métier et élaborer un projet en harmonie avec vos désirs et appétences? Ithaque, 1er influenceur français sur la reconversion professionnelle, met toute son expertise à votre disposition. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

 

 

2 Comments

  • Maryline morin dit :

    je viens de lire votre article qui m a fort intéressée , en effet je suis en pleine reconversion je viens d intégrer une école de coaching après 41 ans de coiffure et 33 d installation et pour cela j avais fait un bilan de compétence L’ idée c est d accompagner des coiffeurs pour leur développement professionnels et j ai trouvé que votre article correspondais a ce que je suis entrain de vivre
    bien a vous

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