Reconversion professionnelle: l’enquête métier (1)

Reconversion et enquête métier: les questions à poser pour un métier salarié

Incontournable de la phase préparatoire d’une reconversion professionnelle, l’enquête métier consiste à découvrir de quoi votre job de rêve potentiel est réellement fait et à vérifier s’il mérite ce qualificatif, faute de quoi il risque de ressembler rapidement à une sinistre blague. Mode d’emploi.

Reconversion et enquête métier: les questions à poser pour un métier salarié

Incontournable enquête métier

L'enquete métier étape incontournable pour se préparer au changement de métierL’enquête terrain est à la reconversion professionnelle ce que la farine est au pain: l’ingrédient sans lequel rien ne se tient. Sans elle,  il ne reste que de l’eau qui file entre les doigts, fausse pitance et vraie illusion sans substance.

En effet, lorsque le désir de reconversion se manifeste au travers d’un métier précis, c’est souvent l’image idéalisée de celui-ci qui se construit dans nos têtes gourmandes d’un changement enthousiasmant. Nous nous concentrons sur les aspects du métier qui nous font vibrer et l’attention ainsi focalisée génère des zones d’ombres sur les dimensions qu’elle a choisi d’ignorer et en particulier ce qui pourrait se révéler moins plaisant.

Le risque, c’est de constater a posteriori, tous déconfits, que le métier en question ne correspond pas vraiment à nos attentes et que son goût est plus amer que son image. Quelques exemples classiques:

 – Les cadres (presque) seniors qui s’installent en tant que consultants, ravis à l’idée de se concentrer sur leur cœur de métier et qui omettent de prendre en compte le temps commercial, voire qui se lancent sans démarche commerciale définie. Pour peu qu’ils n’en aient pas la fibre, ils se retrouvent vite an proie à la frustration.

 – Les jeunes artisans, qui s’imaginaient créant à temps plein dans un atelier de rêve et qui constatent à leurs dépends qu’ils passent une grande partie de leurs journées à faire de la logistique, de la compta, de la gestion, bref, toute une paperasse moyennement fun.

 – Les apprentis restaurateurs, inspirés par l’image télévisuelle glamour de ce métier prenant, qui découvrent trop tard que travailler 16h par jour, ce n’est pas toujours confortable.

 – Les victimes du syndrome de la chambre d’hôte, qui croyaient se créer une vie paisible et loin du stress dans un coin de carte postale, où ils allaient accueillir avec chaleur des clients amènes et qui se retrouvent avec le sentiment d’être les bonniches d’hôtes exigeants et jamais contents.

Mener une enquête métier, c’est un peu s’assurer qu’on va trouver la meilleure boulangerie du quartier, plutôt que de se farcir sans mot dire la première miche rassie venue. C’est ne pas se contenter de voir un beau pain tout doré et bien gonflé et de décider d’emblée que nous allons y tailler de quoi nous faire un casse-croûte joliment roboratif. C’est au contraire prendre le temps d’y goûter, de vérifier sa fraîcheur, sa texture, son goût, bref, tous ses aspects et le plaisir que nous prenons à le déguster, de le comparer à d’autres. Parce que, sérieusement, les amis, la baguette décongelée, ça atteint rapidement ses limites.

Les bénéfices d’une enquête métier

Cette enquête minutieuse d’Hercule Poirot de la reconversion se fait en plusieurs étapes et permet de:

 – Vérifier que le métier correspond – ou pas, à l’idée que vous vous en faites.
 – Vérifier que la réalité, l’environnement professionnel et le quotidien du métier correspondent – ou pas, à vos aspirations, vos goûts et à vos besoins professionnels.
 – Identifier des caractéristiques inhérentes au métier à prendre en compte dans votre projet (contraintes, tâches, etc.)
– Valider ou invalider le projet de reconversion en évaluant sa faisabilité, en fonction de ses exigences réelles, au regard de ce que vous êtes prèt(e) – ou pas – à entreprendre, à apprendre, à construire, à renforcer, à développer.
– Préciser les compétences à renforcer ou à acquérir, les diplômes/formations nécessaires etc. et en évaluer la faisabilité.
 – Accumuler des informations sur le revenu et l’évolution professionnelle possible,  les déploiements potentiels, sur le marché et/ou le marché de l’emploi dans ce secteur, les possibilités de réinventer de vieux métiers ou d’en inventer de nouveaux.

Elle est donc la base pour évaluer la pertinence d’un projet et le job crafting nécessaire pour en faire un métier dont l’exercice vous apportera un plaisir durable.

Et, noix dans le pain sus-mentionné, la rencontre avec les professionnels du métier auprès de qui vous allez mener la seconde partie de votre enquête permet de commencer à vous constituer un réseau professionnel dans le domaine recherché.

L’enquête métier en 5 points

L’enquête métier intervient dès que vous avez une idée, puisque c’est elle qui va déterminer si  c’est une réelle possibilité, pertinente et faisable pour vous. Souvent trop légère, trop vite bouclée, menée sans préparation et réduite à la rencontre d’un ou deux professionnels, elle peine à fournir les enseignements qu’elle peut pourtant apporter, pour peu qu’on la mène avec soin. Voici donc 5 points à traiter, pour en tirer le maximum.

  1. Les premières investigations. Vous avez une idée de métier, mais avez-vous une idée du métier? Commencez par prendre un maximum d’informations dessus (marché, perspectives, formations, revenus, contenu du travail etc.).
  2. La rencontre de professionnels du métier qui vous intéresse se prépare. A qui s’adresser? Quelles questions poser?, ces rencontres interviennent quand vous avez déjà les idées plus claires sur le métier.
  3. Faut-il payer un stage découverte? Les organismes qui proposent, moyennant finances of course, de vous trouver une immersion avec un professionnel du métier qui vous intéresse, fleurissent comme les jonquilles sur les parterres de printemps. Est-ce une bonne idée de passer par eux? Quels sont leurs avantages, leurs limites? Quelles alternatives? Voir: Reconversion, faut-il payer une immersion?
  4. L’immersion. Les quelques jours que vous allez passer avec un professionnel sont cruciaux: ils vont vous donner une image bien plus concrète du métier qui vous intéresse. Quels aspects du métier observer? Comment (stage découverte ou observation) Quelles questions poser? Quelles informations chercher? Comment les collecter?
  5. Le bilan métier. Au terme de votre enquête, vous disposez d’un paquet d’informations diverses à la valeur variable. Ces informations vont avoir besoin d’être traitées pour vérifier la cohérence avec vos besoin et aspirations d’une part, ce que vous pouvez mettre de vous (ressources internes, relationnelles, émotionnelles, financières etc.) d’autre part. Ce bilan contient toujours la possibilité de renoncement.

Rendez-vous dans la suite pour poser un premier pied dans l’enquête métier: Information vs vérité

Reconversion: l'enquête métier est une collecte d'information, pas de vérités

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Aller plus loin

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12 Comments

  • Aurélie dit :

    Bonjour,

    Votre approche est très intéressante pour élaborer son plan de reconversion professionnelle. L’enquête d’Hercule Poirot en plusieurs étapes semble essentielle pour déterminer si son potentiel et ses aspirations correspondent à son projet.
    Cependant, il parait difficile de rester objectif quand il s’agit de soi, d’évaluer ses champs de compétences et ses comportements. C’est pourquoi, certains outils, tels que les diagnostics de positionnement, donnent des éléments de réponses pertinents et de manière scientifique : sans sous-estimer ou surévaluer ses potentiels. Ils peuvent être un appui déterminant dans cette phase préparatoire. Avez-vous déjà utilisé ce type d’outil ?

    Cordialement,
    Aurélie

    • Sylvaine Pascual dit :

      Je ne les utilise pas car la mise en case s’appuie sur des tendances et non sur une réalité individuelle forcément complexe et subtile. Ils ne donnent donc pas un résultat plus objectif, seulement plus limité.
      Dans le travail d’auto-évaluation, les potentiels ne sont qu’une toute petite partie du travail, et l’objectivation se fait au travers de l’utilisation d’outils de questionnement qui ne sont pas de l’ordre du test de personnalité ou du système de profilage et favorisent le ragrd sur soi, en toute bienveillance mais sans auto-complaisance ou dévalorisation;)

      • Aurélie dit :

        Bonjour,
        Je comprends vos réticences et elles sont justifiées au regard de ce qui existe sur le marché. Mais nous avons justement pour objectif d’éviter de mettre dans des cases les individus. L’outil, dont je vous parle, n’est pas un test de personnalité et encore moins un système de profilage. Pour vous convaincre de sa pertinence, seriez-vous prête à essayer gracieusement notre diagnostic de positionnement ? Comme l’énonce le dicton : rien à perdre, tout à gagner ! 😉
        Aurélie

  • Astrid dit :

    Bonjour, j’ai découvert votre site il y a je pense environ un an et viens le consulter très régulièrement. J’adore vos points de vue, qui résonnent beaucoup avec mes valeurs, et les conseils qui y sont dispensés !

  • juliette dit :

    Bonjour ,
    Etant à cette phase , on me propose un stage découverte dans une entreprise que j ai contacté …je ne demande rien financièrement , par contre comment faire pour avoir une convention de stage ( vu que je travaille en tant qu indépendante , non inscrite à pole emploi , et que mon opca ne délivre pas de convention )

    • Bonjour Juliette,
      La terme stage rend souvent cette phase problématique! Il ne peut y avoir de convention de stage dans ce cas puisque vous n’êtes pas en formation (si j’ai bien compris). Voyez avec l’entreprise qui, si elle vous a proposé un “stage découverte” doit avoir l’habitude d’en faire.

  • Marine dit :

    Bonjour Sylvaine
    Depuis qlq temps je consulte votre site régulièrement tant il est instructif et tant j aime votre “littérature” : j y apprends beaucoup de points en m amusant !
    Cependant je m interroge sur l ordre des éléments à respecter, n ayant pas encore trouver mon job idéal : il me semble avoir lu quelque part que l enquête métier devait avoir lieu avant de se lancer dans la détermination du boulot idéal (1 à 12), est ce correct ?
    Merci d avance pour votre réponse.
    Marine

    • Bonjour Marine, la plupart du temps, dès qu’une piste qui paraît intéressante émerge, elle déclenche le début d’une enquête métier qui peut durer parfois plusieurs mois, aussi elle se déroule souvent en parallèle des explorations des besoins professionnels. Au fur et à mesure de l’avancement du travail, la confrontation des deux permet de déterminer si la piste pourrait ressembler à un job assez idéal ou plutôt à la chronique d’un cauchemar annoncé;) Il n’y a donc pas forcément de chronologie figée, tout dépend de votre situation professionnelle. Seul compte à l’arrivée le fait d’avoir suffisamment d’informations sur le métier d’une part et suffisamment d’informations sur vos besoins d’autre part pour pouvoir prendre une décision.

  • Jean-Marc dit :

    bonjour Sylvaine

    Vos articles sont toujours très clairs et très intéressants, je dirai même d’intérêt public!
    il faudrait que toutes les conseillers Pôle emploi vous lisent ca éviterait bien des déconvenues
    Bravo et au plaisir de vous lire ou de vous croiser

    • Merci infiniment, ça me touche beaucoup!
      Au passage, accordons un peu d’indulgence aux conseillers Pôle emploi qui ne peuvent pas être spécialistes de tout et qui manquent de dispositifs internes appropriés vers lesquels orienter bon nombre de chercheurs d’emploi:)

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