Donnez un coup de pied dans un calendrier et il tombe des journées de ceci et cela en-veux-tu-en-voilà. Mais celle-ci, choisie précisément le jour le plus long de l’année, a un intérêt particulier: elle vise à réhabiliter une faculté égarée quelque part entre le TGV et la 4G: la lenteur, plante médicinale de notre rapport au temps (oubliée, mais aux nombreuses vertus à redécouvrir)
Du toujours plus au toujours plus vite
“Rien ne sert de courir si on n’est pas pressé” disait Pierre Dac, qui n’imaginait probablement pas l’avènement actuel de l’urgence perpétuelle. Les années 80 étaient placées sous le signe du toujours plus, responsable de l’explosion d’une société de consommation déshumanisée qui a oublié de s’arrêter en si mauvais chemin. Nous voici aujourd’hui courbant un échine soumise face aux dieux nouveaux du toujours plus vite, parfois extrêmement utile, parfois illusoire, énergivore et souvent contre-productif, car il nous pousse à croire que nous sommes en permanence pressés.
La lenteur, entre curiosité et mépris
La crise s’exprimant aussi en crise de valeurs, le rythme effréné de nos vies professionnelles se finissant de plus en plus souvent en burnout vide de sens, l’intérêt pour des alternatives plus en accord avec le rythme naturel et les capacités de l’être humain commence à se faire sentir. Ralentir fait partie de ces possibilités, même si elle souffre encore d’une image peu attrayante.
Observée depuis quelques années comme un objet étrange et désuet sorti d’un cabinet de curiosités et sur lequel on aurait passé une jolie couche de vernis neuf pour en faire un “argument marketing” (La tortue attitude – Stratégies), ou une “tendance”, la lenteur se cherche parfois des justifications pour trouver un écho dans une société qui, happée par le bruit et la fureur, peine à l’entendre, une société psychotoxique comme dirait Christophe André, qui la considère à tort soit comme de l’inactivité, soit avec mépris, comme une option bien réac des nostalgiques d’un antan forcément meilleur.
“Pourquoi le plaisir de la lenteur a-t-il disparu?” Se demande Libération qui trouve la réponse chez Kundera: La question, apparemment anodine, appelle une première réponse, assez simple aussi: parce que «la vitesse est la forme d’extase dont la révolution technique a fait cadeau à l’homme». Plus profondément, il y a pour l’écrivain «un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli», ainsi défini: «notre époque est obsédée par le désir d’oubli et c’est afin de combler ce désir qu’elle s’adonne au démon de la vitesse». Prendre position pour la lenteur est donc aujourd’hui une attitude morale, sinon politique.”
Réhabiliter la lenteur
Les Québécois sont très en avance sur nous pour tout ce qui concerne le bien-être et la santé mentale, et un groupe d’entre eux est à l’origine de cette salutaire journée de la lenteur, qui redore le blason des escargots et tortues qui, s’est pourtant bien connu, finissent toujours par damer le pion des lièvres de tout poil.
Alors profitons de ce jour le plus long de l’année pour redécouvrir les bienfaits de la lenteur et de réhabiliter des pratiques qui n’ont rien à voir avec celles d’incompatible avec la vraie vie d’un winner digne de ce nom. Au contraire, elle pourraient même favoriser le winning du bien-être, de l’estime de soi, et par ce biais-là, d’une performance durable, bénéfice collatéral d’une vie plus adaptées à nos besoins.
Bienfaits de la lenteur
Pourquoi vouloir promouvoir le ralentissement? Selon le site de la journée de la lenteur:
– “Parce que le besoin que le mental soit en relation avec le corps est monumental.
– C’est par la lenteur que la rencontre va se produire au mieux.
– Parce que tout va trop vite et on n’a plus le temps d’apprécier la vie
– Parce que le temps est un facteur important dans la digestion de nouvelles informations.
– Parce que les gens sont conditionnés à être performants au service d’une idéologie extérieure à eux-mêmes. Être à l’écoute de ses besoins n’est aucunement valorisé.
– Parce que si on veut changer de direction, vaut mieux ralentir.
– Parce que donner de la valeur à la lenteur c’est remettre l’équilibre dans sa vie.”
Il ne s’agit évidemment pas de reconstruire un paradis perdu anté-ferroviaire mais de savoir faire la distinction entre la rapidité nécessaire et pratique, et la rapidité superflue qui nous déconnecte de nous-mêmes et des autres.
Ralentir ne signifie donc pas glisser dans son agenda quelques heures de yoga ou de méditation et encore moins se transformer en contemplatif chartreux déconnecté des progrès technologiques de ce monde. C’est retrouver le sens du temps, et accorder celui nécessaire à chaque chose, c’est retrouver le goût de savourer, d’écouter, de faire une chose à la fois, d’accorder toute son attention à quelque chose ou quelqu’un. D’écouter nos besoins et d’y répondre, de réfléchir au sens que nous voulons donner à nos vies, de profiter de la compagnie de ceux qui nous entourent.
Ralentir au travail et slow management
Une certaine forme de lenteur au travail nous permet aussi de renouer avec davantage d’efficacité, en particulier en termes qualitatifs. Car c’est aussi penser à long terme, mûrir des projets solides, ralentir au bon moment pour prendre le temps de se concentrer, ou au contraire de recharger ses batteries pour remonter en énergie, mais aussi pour adapter son rythme à la tâche et lui accorder un temps approprié, prendre le temps de la créativité, de la réflexion, d’une pause pour laisser son cerveau se ressourcer. Des ressources précieuses sur le sujet:
- A écouter: Le slow management ou l’éloge de la lenteur en entreprise
- A lire: L’antidote du slow management – Sophie Peters pour La Tribune
- A lire: Slow management, retour sur les essentiels du management
- A regarder: L’urgence de ralentir: accepter de ne pas tout vivre et de vivre intensément ce que je vis
Ithaque et la lenteur
Ithaque pratique et promeut la lenteur de bien des façons, de façon générale et plus particulèrement dans la réflexion sur les projets de reconversion:
Voici en vrac quelques ressources disponibles sur le blog d’Ithaque pour se réconcilier avec un rythme approprié, et trouver des moyens de reposer un cerveau qui n’en sera que plus heureux performant, d’élaborer d’autres façons d’être créatifs et de fonctionner. A commencer par l’ebook gratuit Coaching des 4 saisons, qui propose d’adapter nos modes de vie à un rythme naturel des saisons plus en accord avec nos besoins.
– Les vertus insoupçonnées de la rêverie
– Apologie de la glandouille
– Procrastination, performance et sérendipité
– Les 10 clés d’une reconversion professionnelle zen
– Bien-être: dé-con-nec-ter
– Butinage relationnel: maudit Smartphone
– A la rencontre de la beauté
– Trois pas vers une poétique de soi
– Bien-être: prendre un moment pour soi
– Les instants contemplatifs
– Bien-être: les instants cléments
– Regarder grandir
– Bien-être: céder à la flemme
– Savourer ses week-ends
– Bien-être: se protéger d’une société psychotoxique
Ressources externes
- L’excellent ouvrage Eloge de la lenteur de Carl Honoré qui nous emmène avec beaucoup d’intelligence à la recherche de notre tortue intérieure.
- Le dossier sur la lenteur de la publication FacesB:
Aller plus loin
Vous voulez retrouver un rythme professionnel plus propice à votre bien-être, plus adapté à vous et à votre efficacité? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
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