Comment s’y prendre en 7 étapes quand on a aucune idée de reconversion

Pour beaucoup, lorsqu’ils caressent l’espoir de changer un jour de métier, la reconversion est une nébuleuse qui commence par un problème épineux : l’absence d’idée ou la difficulté à déterminer une activité professionnelle qui répondrait à leurs aspirations et à leurs besoins (y compris financiers). Voici comment s’y prendre en 7 points quand on veut changer de métier sans avoir d’idée de reconversion.

Les idées : la première phase du projet

Il s’agit ici de faire émerger des idées de reconversion possible, nous sommes donc en amont de la construction et du pilotage du projet qui sont un tout autre sujet. Il est toujours utile de distinguer ces deux phases pour éviter la pression de l’entrée en reconversion. Faire émerger des idées et les explorer constitue une première phase, distincte de la reconversion  et dans laquelle on peut renoncer à tout moment, dès que la piste explorée s’avère en inadéquation avec nous.

Rappelons à toutes fins utiles aux plus inquiets, mais aussi à ceux que la reconversion titille vaguement en raison d’un mal-être au travail qui s’est ancré, quelle qu’en soit la raison, que la réflexion en amont, et en particulier faire germer des idées, n’est pas une prise de risque, vous ne vous lancerez (ou pas) bien plus tard :

La direction n’est pas le chemin

Faire émerger des idées est probablement la phase la plus difficile émotionnellement, parce que la plus brouillardeuse et incertaine et la plus épineuse parce que le sujet est assez peu abordé. La plupart des conseils commencent lorsqu’on sait à peu près e qu’on veut faire. Quant à ceux qui n’avaient aucune idée, vous êtes peut-être passés, sans succès, par le désormais incontournable Ikigai, qu’on trouve un peu partout mais  vous l’avez trouvé étriqué et normatif, ce qui est compréhensible. Car il convient dans certains cas (dans une version plus débridée que celle qu’on voit partout, toutefois) mais pas pour une bonne part d’entre vous.

Vous êtes peut-être aussi passés par d’autres outils censés déterminer votre « raison d’être », votre « mission de vie » ou votre « vocation », mais vous vous retrouvez avec quelque chose qui reste vague, qui donne une orientation générale sans préciser le(s) métier(s) auquel cette direction pourrait correspondre. Ce n’est pas une surprise, la direction est une boussole, elle n’indique pas la chemin, qui fait parfois bien des tours et des détours avant de déterminer l’activité professionnelle qui va incarner cette mission.

Vous avez peut-être aussi fait un test de personnalité qui vous a laissé(e) sur votre faim. C’est bien entendu rassurant d’imaginer qu’un outil va vous permettre de faire la lumière que le métier de vos rêves, mais ça se passe rarement comme ça. Ainsi nombreux sont ceux qui tournent en rond parce qu’ils n’arrivent pas à « trouver leur voie », à mettre un mot précis et définitif sur un métier qui va par nature les rendre heureux pour toujours.

Vous avez aussi peut-être parfaitement intégré que votre projet va se dévoiler par petites touches, lentement, et pas par un déclic miraculeux, parce que vous avez lu

Mais vous n’êtes pas plus avancés. Il existe bien des manières de faire émerger des idées de projet professionnel, aucune d’entre elles n’est universelle (ça serait trop simple) et il est parfois nécessaire d’en tester plusieurs pour trouver celle qui vous conviendra le mieux. N’attendez pas qu’un quidam ou un algorithme vous bombarde le mot miracle qui va correspondre en tous points à votre idée du nirvana professionnel : faites-le venir de vous, de votre singularité en testant différentes façons de faire si besoin (je vous en ai mis deux ou trois autres en lien à la fin de ce billet). Dans mes accompagnements, j’en mets environ 25 à disposition de mes clients et je vous parle aujourd’hui de la plus générique d’entre elles : l’art de faire germer des idées en 7 points.

 

Faire germer des idées de reconversion en 7 étapes

Je vous ai synthétisé ces 7 étapes dans une infographie que vous trouverez à la fin de ce billet;)

 

1- Jouer la carte de la curiosité plutôt que des objectifs SMART

Plus vous vous accrochez à l’idée d’un objectif complètement cadré du type « trouver le métier de mes rêves » ou « identifier 5 pistes pour la semaine prochaine », plus vous rendez votre métier de demain insaisissable. S’il existait un métier de vos rêves tout bien cadré et défini, vous l’auriez probablement déjà identifié. C’est encore plus vrai si vous avez un cerveau curieux, en ébullition, un esprit vif qui aime la variété des tâches et des stimulations. Car dans ce cas je suis prête à parier un bullshit job contre un Smic que votre satisfaction professionnelle se trouve pas du tout dans une « vocation » ou une passion vendue clé en main, mais dans un métier hybride et sans contours, que vous allez définir pas à pas et réinventer régulièrement. Et ça tombe bien: l’époque en est friande:

L'hybridation des métiers: chronique d'une reconversion annoncée

Alors laissez le « trouver sa voie » aux pusillanimes amateurs de contes de fées (ça fait rêver et ça n’engage à rien, et ça rassure de savoir qu’il y a des princes et des princesses qui ont vécu heureux) qui ont besoin de se rassurer avec des « outils » qui pré-mâchent des réponses claires.

La curiosité sans attente a l’énorme bénéfice de laisser les idées fuser sans censure et de s’autoriser à les saisir au vol lorsqu’elles passent à portée de main. Alors laissez-lui la bride sur le cou et  préparez-vous à pousser des portes, à en refermer, à regarder par des trous de serrure, à sortir longues vues et jumelles, à tâter des terrains, à cartographier des territoires, à humer l’air du temps, à écouter vos tripes, à dénicher de l’information, à explorer par vous-mêmes, ne cherchez rien d’autre que de voir de quoi ce qui vous intéresse est fait. Vous glanerez ainsi des éléments qui s’intégreront dans la mosaïque impressionniste de votre projet.

La curiosité est une sacrée qualité à débrider

 

 2- Créez un environnement créatif

Chacun d’entre nous a des moments créatifs et des façons de l’être qui lui sont propres. Je suis pour ma part une péripatéticienne glandeuse et contemplative, mais j’ai besoin de me plonger dare-dare dans une idée, une fois qu’elle a émergé. Le contact avec la nature m’aide, la musique ne m’aide pas etc. Pour d’autres c’est sous la douche, à vélo ou au milieu de la nuit que les lumières s’allument et ils pensent mieux en planifiant leur temps. Et entre les deux, il y a un 500 nuances de conditions favorables à la réflexion et à la créativité.

Et vous, quelles sont les vôtres ?

Quels sont les lieux, les moments, les façons de faire favorable à votre créativité, à votre réflexion ou à faire venir les idées ?

Comment les intégrer à votre quotidien ?

tiers lieux de travail

 

3- S’informer, se documenter, explorer

Se documenter tous azimuts sur les sujets qui vous intéressent et ont du sens à vos yeux (causes sociétales, environnementales, sociales, politiques, domaines d’étude, activité professionnelle, loisirs, tout ce que vous voulez) en termes de secteur d’activité : ce qui s’y fait, les métiers existants, les entreprises, les produits proposés etc.

Ne laissez aucune censure, aucune certitude, aucune objection ou injonction venir entraver vos investigations, il s’agit simplement d’explorer, pas de vous jeter dans un métier vite fait mal fait. Laissez-vous emmener par vos recherches, d’un métier à un autre, d’une activité à une autre, d’une entreprise à une autre. Sérendipité aidant, vous allez peut-être tomber sur une ou deux idées auxquelles vous n’aviez pas pensé, sur une idée qui va germer et dé boucher sur un beau projet

Créez un dossier par sujet – ce dossier peut prendre la forme d’un mind-map ou d’un mur de post-its ou tout autre forme selon votre propre façon d’être à la fois efficace et heureux.

Informez-vous tous azimuts car fréquemment, nous avons une idée très imprécise et brouillardeuse des secteurs d’activité, idée vecteur de préjugés qui nous poussent à écarter des possibilités trop vite.

Nous pensons souvent à tort que les investigations (souvent limitées d’ailleurs à une enquête métier) intervient après l’identification du projet de reconversion. C’est une erreur majeure qui conduit beaucoup trop de candidats à al reconversion à une forme d’attentisme passif qui nourrit la frustration et la dévalorisation (« je n’y arrive pas » etc.) ou pire, le désir de s’en remettre à un algorithme ou un test de personnalité pour décider de sa vie future. S’informer est au contraire un excellent moyen de cartographier des territoires professionnels : de déterminer clairement où nous ne voulons pas aller et petit à petit, inversement, des directions à suivre.

C’est encore plus vrai pour les esprits vifs et les cafetières bien pleines qui s’intéressent à bien trop de choses pour pouvoir définir en amont et facilement un boulot aux contours délimités (donc étriqués pour eux) et ont bien davantage besoin d’apprendre à s’orienter et à marcher que de « trouver leur voie. »

 

4- Parlez-en

Parlez autour de vous, aux personnes en qui vous avez confiance et qui ne vont pas vous plomber de leurs inquiétudes. Mais attention : évitez le piège de la question tarte genre « tu me verrais faire quoi ? », vous allez vous retrouver avec des réponses qui correspondent à l’idée qu’ils se font de vous, qui peut être en décalage avec l’image que vous avez de vous-même, surtout si vous êtes plutôt discret(e) sur vos réelles aspirations.

Ainsi un client me disait l’autre jour, la gorge nouée, qu’il aspire plus que tout à une activité professionnelle dans laquelle il pourra transmettre de la chaleur humaine et de la solidarité. Pour un jeune homme de 35 ans issu d’une grande école de commerce qui œuvre au sein d’un grand groupe en cachant soigneusement sa tendresse naturelle derrière un masque de requin au dents longues, image qui a largement débordé sa vie personnelle, que pensez-vous que les conseils de l’entourage peuvent être ?

Il ne s’agit pas non plus de parler de votre projet, vous n’en avez pas !

Il s’agit plutôt de partager votre désir de changer de métier, vos tâtonnements,  vos remarques, ce que vous avez appris sur un des sujets qui vous intéressent et ce que ça vous inspire. Associées et confrontées à leurs propres pensées et connaissances, vos idées peuvent suivre leur chemin, s’hybrider et éclairer d’autres possibilités auxquelles vous n’aviez pas pensé.

C’est comme cela qu’il y a quelques années ma cliente Léa est tombée sur le business design. Diplômée en finance, passionnée de stratégie d’entreprise, intéressée par le design, son côté créatif avait été plutôt bridé jusque là, mais il se manifestait sous la forme d’un désir de plus en plus présent. C’est en discutant avec un ami designer qui travaillait dans l’aménagement de bureaux et en lui exprimant ses sources d’intérêt en apparence éloignés, voire antinomiques qu’il lui a parlé de business design dont à l’époque elle n’avait jamais entendu parler. Elle y a trouvé un projet qui lui permettait de réconcilier sa créativité et ses appétences pour le développement et l’accompagnement d’entreprises. Et cerise sur le gâteau, c’est un métier d’avenir 😉

C'est la constance (l'accumulation de petits gestes) qui crée la confiance, pas l'intensité

 

5- N’exclure aucune idée trop vite

C’est souvent dans les idées farfelues qu’on fait les plus belles reconversions.

Pourtant, le plus souvent, dès qu’une idée paraît un poil baroque, un poil trop éloignée de notre univers personnel ou professionnel, nous pouvons rapidement chercher à l’évacuer en convoquant toute une batterie de bonnes raisons de le faire, quitte à finir par une bifurcation considérée comme plus « raisonnable ». Oui, mais voilà, le raisonnable au sens de raisonné à coups de tiédeur et d’un-tient-vaut-mieux-que-deux-tu-l’auras est un aller simple vers l’échec :

Ce qui compte, ce n’est pas un projet « raisonnable », c’est un projet suffisamment motivant et que vous êtes en mesure de mener à bien :

Inversement, chaque idée qui vous vient est une voix de la sagesse, parce que chacune est un message de vous-même à vous-même sur quelque chose qui est important pour vous et mérite d’être pris en compte, faute de quoi votre projet risque d’être incomplet ou boiteux.

Dès qu’une idée émerge et vous titille, accueillez-la, observez-là, prenez-la en considération. Ca ne veut pas dire que vous allez vous jeter bêtement dedans, ça veut dire que vous allez l’étudier pour en tirer la substantifique moelle (voir point suivant).

Comment évaluer la pertinence et la faisabilité d'un projet

 

6- Analyser les idées pour différencier une piste d’un enseignement à tirer

Chaque envie, chaque aspiration, chaque idée de reconversion n’est pas nécessairement une piste valable pour vous, mais dans tous les cas, elle contient des enseignements précieux qui méritent d’être traités. Enseignements en termes de besoins professionnels, d’appétences, de valeurs etc.

L’analyse de chacune vous permettra d’évaluer si vous tenez une piste à explorer plus avant ou un simple poteau indicateur qui vous a renseigné sur des désirs et aspirations à prendre en compte et à intégrer dans votre vie professionnelle future.

Dès qu’une idée d’activité professionnelle émerge, analysez les raisons qui vous poussent à vous y intéresser.

A quels besoins, désirs, appétences, valeurs cette possibilité correspond ?

Pourquoi celle-là plutôt qu’une autre ?

Imaginez-vous dedans. Observez-vous agir, interagir et vivre cette activité au quotidien. Quelles émotions déclenche cette projection ?

Avez-vous envie d’explorer cette idée plus avant, ou bien avez-vous le sentiment d’en avoir tiré les enseignements ?

 

7- Explorer les pistes

Une fois éliminées les idées qui sont seulement sources d’enseignements et identifiées celles qui sont peut-être de pistes, il est à nouveau temps d’explorer. A ce stade, une piste n’est toujours que cela, une piste, rien de décidé, rien de définitif, rien de gravé dans le marbre. Il se peut que vous soyez amenés à la rejeter au fur et à mesure de vos investigations, si elle s’avérait insuffisamment compatible avec vous (si par exemple elle ne vous permet pas de combler vos besoins financiers), trop compliquée, trop risquée, finalement pas assez motivante.

L’exploration va ici consister à vous assurer :

– si oui, ou non vous êtes en mesure de faire vivre se projet (en termes de ressources internes, de compétences à acquérir, de temps nécessaire etc.)

– Que vous êtes en mesure de pratiquer le job crafting indispensable pour exercer cette activité professionnelle d’une manière qui vous procurera un plaisir durable et renouvelable : en termes de conditions, de contenu du travail, d’hybridations possibles.

– Que les évolutions en cours de ce métier (dues aux progrès technologiques, aux hybridations nécessaires dans les années à venir etc.) vous conviennent et que vous êtes en mesure d’y répondre avec plaisir et motivation.

 

Vous pourrez alors déterminer la pertinence et la faisabilité de votre idée et si elle parle autant à vos tripes qu’à votre tête, il sera peut-être temps de passer à la construction et au pilotage du projet.

 

Comment faire en 7 étapes pour identifier une voie de reconversion

 

Voir aussi

Reconversion professionnelle: comment faire germer les idées

Identifier une voie de reconversion: le mur des post-its

Reconversion, slashing hybride: la voie de l’isard

Reconversion: 4 moyens de limiter les risques de se planter

Reconversion, slashing: 16 conseils pour développer la capacité à s’orienter professionnellement

 

Aller plus loin

Vous voulez explorer votre désir de reconversion et construire le projet qui répondra à vos désirs, vos appétences, vos aspirations? Ithaque met à votre service son expérience, son savoir-faire et son sens de l’époque. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

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