Guide de survie aux abrutis: la chenille et le brocoli

3 niveaux de communication pour recadre un comportement pénible

 

Où je vous propose une histoire de chenilles dans le brocoli comme métaphore potagère de la place que prennent nos abrutis personnels dans nos cafetières… et comment s’en débarrasser !

 

3 niveaux de communication pour recadre un comportement pénible

 

 

La chenille dans le brocoli : métaphore de nos abrutis

Nous sommes 8 en vacances ensemble et, les jours de marché, la maison ressemble à une corne d’abondance : les fruits et légumes qui ne trouvent pas leur place au frigo s’amoncellent en plusieurs catégories : ceux pour aujourd’hui, ceux pour demain, ceux pour jeudi etc. Mais voilà, les barbecues estivaux étant organisés en fonction de la météo, ceux pour aujourd’hui, pour demain etc. peuvent changer de statut à tout instant. Et c’est comme ça que le brocoli joli s’est retrouvé un peu oublié à jaunir dans le cagot N°3. Et lorsqu’il a été temps de le faire passer à la casserole, il était déjà passé dans les pattes de l’envahisseur : une colonie de chenilles s’était installée là, discrètement et sans grand effort, puisqu’aucune attention n’avait été accordée au brocoli en question, qui aurait pu endiguer l’invasion.

 

survie abrutis chenille brocoli

 

Je ne sais pas comment, mais ça m’a fait penser à nos relations. L’indésirable chenille qui s’installe et nous grignote le brocoli de l’intérieur sans qu’on y oppose résistance, c’est un peu comme ce collègue pénible à qui on ne dit rien, à qui on n’ose rien dire, dont on rationalise le potentiel énergivore en se disant qu’il y a pire dans la vie, que de toute façon il/elle fait pareil avec tout le monde etc.

Et puis, le brocoli est une représentation somme toute assez fidèle d’un encéphale en costume de légume.  Car c’est bien là que ça se passe : c’est sous le crâne que la tempête s’installe et pendant que la chenille est occupée à nous bouffer la matière grise, on est plus susceptible de finir en zombie de boulot, la matière grise en purée, qu’en demi-dieu de la performance au bureau, ou tout simplement qu’en salarié heureux.

Certes, de vers dans le fruit en limace dans la salade, j’ai la métaphore potagère facile. Mais ne la lâchons pas tout de suite, car la similitude est confondante : au même titre qu’il est difficile de prévenir définitivement l’invasion de chenille, rien ne peut vous garantir un environnement libre de tout abruti et ce qui compte vraiment, c’est d’être en mesure de traiter les déferlements quand ils deviennent trop envahissants.

 

les relations énergivores, c'est comme la chenille qui grignote le brocoli de l'intérieur

 

Définir l’abruti bouffeur de brocoli

Nous sommes parfois prompts à étiqueter abrutis tous les quidams qui nous horripilent sans discrimination. Cependant, il y a une distinction indispensable entre un comportement pénible et une caractéristique affligeante (à nos yeux) parce que tous les recadrages ne sont pas légitimes ou élégants et que certaines chenilles sont les nôtres, pas celles déposées par les attitudes et agissements des autres.

Nous parlons bien ici d’abrutis qui, par leurs comportements désagréables, ont petit à petit  pris de la place dans votre espace mental, ceux dont vous ne pouvez vous empêcher de parler le soir à table, parce comme vous ne cédez pas à la médisance au boulot, vous avez vraiment besoin de vider votre sac. Il y a deux autres catégories qui ne font pas partie des abrutis, ne nous en déplaise, et ne sont pas recadrables :

  • Ceux qui ont une caractéristique qui vous défrise, genre vous ne supportez pas les genoux cagneux,  les types qui mettent des chemises roses (ou pire : des chemisettes) ou les gens qui zozotent. Ca, vous gardez pour votre psy, il y a probablement du grain à moudre dans votre relation à vous-même et au monde, avant de lâcher prise sur des détails qui n’ont pas de conséquence négative réelle sur vous 😉
  • Ceux qui parviennent à faire des choses que vous ne vous autorisez pas. Bichtouile qui a clairement exprimé son désir d‘obtenir ce poste bientôt vacant et que vous convoitez secrètement n’est pas nécessairement un abruti de haut vol. Il est peut-être juste clair et direct et peut-être que vous lui enviez tout aussi secrètement cette capacité. Dans ce cas, explorez ce que ce comportement vous renvoie et comment vous pouvez vous positionner au lieu de rester coincés dans un placard.

 

Prenons le cas de Cécile, auditeur interne dans un grand groupe. Une de ces collègues est un saule pleureur qui passe de bureau en bureau pour raconter ses malheurs, parfois avec un sans-gêne consommé qui l’autorise à interrompre indifféremment conversations et  concentration. Comme elle en a beaucoup, des malheurs, personne jusqu’ici n’a rien osé lui dire. Bref, elle consomme du brocoli non consentant en veux-tu en voilà. Mais est-il finalement si non consentant que ça, celui qui ne dit rien, qui laisse faire ? Laisser un comportement pénible nous enquiquiner sans rien dire, c’est exactement comme l’autoriser.

Pour Cécile, la situation devient intolérable: sa collègue l’interrompt dans son travail ou ses conversations entre 3 et 5 fois par jour! Des interruptions d’une telle ampleur qu’elle les rumine et qu’elle passe du temps à chercher des moyens d’y échapper. Elle n’est pas contre consacrer un peu de temps à cette collègue qui traverse une période compliquée, mais pas n’importe quand, n’importe comment et au détriment de son travail. Elle réfléchit à tout un tas de solutions indirectes parce qu’elle crainte de confronter sa collègue. Cécile comme pour beaucoup d’entre nous, n’ose rien dire pour des raisons louables : la crainte de blesser ou de générer des conflits. Nous laissons faire en espérant des lendemains meilleurs et hop ! C’est la chenille qui redémarre, comme on dit dans les bals de 14 juillet. Heureusement, il existe trois solutions, trois degrés de communication à choisir en fonction du degré de pénibilité, pour recadrer sans heurter.

 

CNV, assertivité, fixer une limite: trois niveau de communication pour recadrer un comportement pénible

 

Traiter l’invasion : communication et affirmation de soi

Le plus souvent, les comportements que nous trouvons pénibles s’inscrivent d’une façon ou d’une autre dans le triangle Victime-Sauveur-Persécuteur et c’est une piste intéressante pour explorer comment ne pas se laisser boulotter la matière grise par des relations pénibles.

Et pour sortir de cette valse lourdingue, rien de tel que d’adopter une façon de communiquer propice à une demande que l’interlocuteur va être en mesure d’entendre : une demande affirmée mais non agressive, une demande claire plutôt qu’une « critique constructive ». Il y a trois niveaux de demande possible, selon l’ampleur du problème. Evaluer le degré de pénibilité de votre abruti sur une échelle de 1 à 10 va vous donner le type de communication à adopter :

 

Entre 1 et 4 : il n’y a pas péril en la demeure

Le désagrément mineur  peut se régler simplement. Un peu de communication non violente devrait suffire pour exprimer ce qui vous fatigue, ce qui vous agace ou ce qui vous angoisse.

la communication non violente pour recadrer un comportement pénible

 

Entre 5 et 7 : la situation déclenche des émotions négatives

Emotions qui, si vous les laissez s’accumuler, pourraient finir en armée de chenilles  – une demande assertive devrait faire l’affaire, y compris si vous avez une critique à formuler:

 

Pour rendre une critique élégante et délicate, autant la transformer en ce qu'elle est réellement: une demande

 

Entre 8 et 10 : votre abruti personnel vous a colonisé le brocoli

Il est largement temps d’y remédier avant qu’il de vous boulotte les miettes de patience qui vous restent. Soit le comportement est largement problématique mais ne représente pas une menace à votre intégrité morale, mentale ou physique et la demande assertive sera suffisante, soit le comportement dépasse les bornes de l’acceptable et il est temps de lui fixer une limite. Attention, ce troisième niveau de communication est à réserver aux cas extrêmes (insultes, menaces, violence verbale ou physique ou des comportements entraînant un dysfonctionnement professionnel qui nécessite un recadrage et pourrait mener à la faute). On ne fixe pas une limite à quelqu’un qui a tendance à parler trop fort au téléphone ou qui a le doigt lourd sur son clavier !

eduquer l'autre à être en relation avec nous

 

Et parce que la chenille résiste aux demandes mal ficelées, qu’elles soient non violentes, assertives ou limites fixées :

 

Cécile a opté pour une demande assertive, associée à une proposition: c’est elle qui ira voir sa collègue pour lui proposer une pause papote lorsqu’elle aura quelques minutes à lui consacrer. Cette expérience lui a permis de se rendre compte qu’il est possible d’aborder en douceur des sujets que nous considérons difficiles et d’obtenir des résultats satisfaisants. Du coup, elle a osé aborder en famille un sujet délicat et prendre une posture plus affirmée vis-à-vis de son N+1. Ce qui lui a valu… des compliments personnels et professionnels auxquels elle ne s’attendait pas, résultat direct du fait qu’elle a cessé de jouer les victimes qu’on doit aider et protéger. Un cercle vertueux qui préserve le brocoli et renforce l’estime de soi et la confiance en soi.

Et de façon générale, développer une posture relationnelle élégante et affirmée aide à diminuer la marge de manœuvre des chenilles colonisatrices : on sait alors à quoi s’en tenir avec vous, jusqu’où on peut aller, ce qu’on peut vous dire, comment on peut vous le dire, les limites à ne pas franchir etc. Voici quelques pistes pour la renforcer:

 

 

Aller plus loin

Vous voulez construire, renforcer et entretenir une posture relationnelle élégante et affirmée, emprunte de panache et de respect, une posture favorable à la réussite de vos aspirations professionnelles? Pensez au coaching.

 

 

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