Reconversion professionnelle et croyances limitantes

Les croyances, barrière fortes à la reconversion

L’un des principaux freins à la reconversion professionnelle n’a rien à voir avec une société qui se méfierait des parcours atypiques. Ce sont les croyances, convictions et certitudes que nous avons construites nous-mêmes et qui entravent l’émergence ou la réalisation d’un projet. Une barrière qui ne demande qu’à être poussée.

Les croyances, barrière fortes à la reconversion

 

Croyances, zones d’attention et zones aveugles

Nous l’avons probablement tous expérimenté: lorsque nous tombons amoureux, si l’objet de notre passion possède, disons, une voiture blanche, nous nous mettons à voir les voitures blanches du même modèle partout. Parce que nous avons envie de croiser l’élu(e) en question, notre cerveau s’y attend, et ouvre zone d’attention toute particulière à ce qui y ressemble dans notre espace mental.

Inversement, il génère des zones aveugles à ce à quoi nous ne nous attendons pas, ce qui ne concentre pas notre attention, comme le montre cette expérience sur nos zones aveugles. Là aussi, nous avons tous un jour croisé Tartempion le matin au boulot – ou à la boulangerie – qui nous a regardé dans les yeux et ne nous a pas salué, le mal élevé digne d’un bocal à con. En réalité, il y a de fortes chances pour que, tout concentré sur une préoccupation, il ne nous ait même pas vu. Nous sommes entrés dans son champ visuel, mais pas dans son espace mental. Il ne se souviendra probablement même pas nous avoir croisé.

Il en va de même pour toutes nos convictions, y compris celles qui concernent notre vie professionnelle et des évolutions de carrière comme la reconversion. Elles créent des zones d’ouverture et des zones de fermeture dans notre espace mental dont le prolongement direct est notre perception du monde. En bref, nous voyons ce à quoi nous nous attendons, ce à quoi nous croyons, et nous ne voyons pas les preuves du contraire. Nos convictions peuvent alors devenir un véritable obstacle à la reconversion professionnelle.

 

Croyances obstacles à la reconversion

Ce que nous croyons être des vérités vraies parce que nous l’avons lu, vu, expérimenté, voire hérité de Mémé Huguette construit autour des nous autant de voies royales que de d’arbres tombés en travers du chemin, d’obstacles et de murs. Et comme nous sommes convaincus que nos croyances sont vraies, il nous est souvent très difficile de distinguer une croyance utile qui nous pousse dans une direction cohérente vers notre job idéal à nous (au passage, cohérente n’a jamais voulu dire facile et sans effort), d’une croyance limitante qui met un paravent entre nous et la voie cohérente sus-mentionnée.

Ces croyances peuvent prendre plusieurs formes:

 – La crainte : “c’est trop long et trop difficile”.

 – La dévalorisation : “je n’y arriverai jamais”.

 – Les pseudos vérités auto-construites: “personne ne veut donner sa chance à quelqu’un qui a fait une reconversion” ou “on ne retrouve pas de boulot après 50 ans ou encore “il faut une passion” ou “il faut un projet réaliste”.

 – Les pseudos-vérités héritées : “on n’est pas là pour se faire plaisir”

 – Les injonctions inconscientes : sous forme de message contraignant qui peut même avoir généré la première partie de carrière “fais plaisir à Papa/Maman et sois/reste médecin/avocat/ingénieur/prof pour ne pas leur causer d’inquiétude”.

Les obstacles à la reconversion sont fait pour être franchis ou contournés!

 

Mécanismes d’échec des croyances limitantes

Il peut paraître assez ridicule d’imaginer des croyances par exemple héritées de Papa/Maman empêchant un quidam de changer de métier. Pourtant, elles sont l’obstacle le plus fréquent à l’identification ou à la mise en oeuvre d’une voie de reconversion et le plus souvent, le phénomène reste inconscient. Petit rappel sur comment nous forgeons nos convictions:
  1. Nous construisons une conviction par héritage ou par expérience.
  2. Cette conviction construit notre monde interne, c’est à dire le monde tel que nous le percevons qui N’EST PAS le reflet de la réalité, mais bien le reflet… de nos convictions.
  3. Le cerveau, cette belle machine super obéissante, fait en sorte que la réalité extérieure corresponde à ce système de conviction, il va donc concentrer son attention sur les preuves de ces convictions et va devenir plus ou moins aveugle aux preuves du contraire.
  4. Il va aussi concentrer notre énergie sur des stratégies qui vont renforcer ces croyances et en particulier des stratégies de blocage d’identification d’une reconversion possible.

Prenons un exemple. Parmi mes clients qui ont une croyance limitante sur la longueur pénible d’une reconversion, qu’ils s’imaginent comme caractéristique inhérente et incontournable d’un changement de métier, certains, pendant leurs recherches sur les formations possibles, passent littéralement à côté de formations adéquates mais plus courtes. Leurs croyances, en concentrant leur attention sur ce à quoi ils s’attendent, génèrent une zone aveugle. Ils se prouvent ainsi qu’ils ont raison et confirment que changer de métier est trop long et compliqué. Et hop! Voilà le changement de métier mort et enterré.

convictions

 

Identification d’une voie de reconversion, croyances et blocages

De nombreux candidats à la reconversion ont le sentiment que, cherchant une voie pour changer de métier, ils se retrouvent coincés dans une impasse. Pas d’idée, et pas d’issue pour parvenir à chercher. La plupart du temps, il y a des systèmes de convictions qui génèrent ce blocage en forme de stratégie d’échec, parce que l’absence de projet est, au fond, rassurante, elle ne vient pas bousculer les croyances. Pas de reconversion, pas de remise en question des convictions. Le système s’auto entretient et se protège lui-même, même s’il génère beaucoup d’insatisfaction et de frustration. Et tout ça n’est pas immédiatement conscient.
Et relativement souvent, le système de conviction qui bloque l’identification d’une voie de reconversion est liée aux héritages familiaux. Aller construire une vie professionnelle réjouissante quand on vous a laissé entendre toute votre vie qu’on est pas là pour rigoler;)

Quand l'héritage familial génère des conflits de valeurs, il devient une entrave à la reconversion professionnelle

Sortir du blocage signifie identifier la croyance limitante et la ramollir en modifiant les systèmes de conviction, sans pour autant fragiliser la structure de la personne.  Ces convictions, qui émergent au détour de l’exploration de soi, sont perçues comme des vérités universelles, donc sont formulées  et perçues comme des évidences, pas du tout comme des croyances limitantes. C’est la raison pour laquelle elles ne ressortent pas dans les bilans de compétences. Et peuvent difficilement être traitées dans ce cadre, car ramollir une croyance est un exercice spécifique qui nécessite parfois un repositionnement dans les relations aux autres et/ou dans la relation à soi, par exemple lorsqu’il s’agit d’une injonction inconsciente héritée des parents.

 

Mini coaching: explorer ses propres freins à changer de métier

Nous aurons l’occasion de revenir sur chacun de ces freins. En attendant, quelques questions préalables pour explorer les vôtres, pour ceux qui sont en désir de reconversion

Qu’est-ce qui vous inquiète, vous gène, vous entrave vous bloque dans votre chemin de reconversion professionnelle?
Qu’est-ce qui, selon vous, justifie ces  craintes et ces entraves?
Quelles preuves avez-vous que vous avez raison?
Dans quelle mesure ces convictions sont-elles toujours vraies?
Dans quelle mesure s’agit-il d’une généralisation?
Quelles preuves du contraire pouvez-vous identifier?
Quels sont les bénéfices de cette croyance?
Quels sont ses coûts?
Que serait-il plus juste de croire?

 

Voir aussi

 


Aller plus loin

Vous voulez explorer votre désir de reconversion professionnelle et/ou lever les freins qui vous empêchent de la mener à bien? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual 

 

 

 

4 Comments

  • Lvir dit :

    J’auraus vraiment aimé lire cet article il y a dix ans, car je pense que je n’aurais pas tant galeré. En même temps je ne sais pas si j’aurais su rebondir… Seul, c’est quand mêle difficile de trouver les solutions pour sortir de cette spirale négative. Vive les coachs! Et bien vu, cet article.

    • Sylvaine Pascual dit :

      Le chemin parcouru n’est plus à parcourir, même s’il a été long, difficile et semé d’embûches, et il a contribué à la construction de la personne que tu es aujourd’hui;)
      C’est vrai que seul(e), avoir un regard objectif sur ses croyances, ou même les identifier est très difficile. C’est aussi pour cela que je trouve important d’aborder ces points dont on n’entend jamais parler et qui sont pourtant au coeur des freins à la reconversion… et qui peuvent ouvrir d’autres horizons à ceux qui n’arrivent pas à se lancer malgré un désir très ancré.

  • Pour changer de métier, il faut souvent passer par une formation adaptée, parfois accessible par voie de concours uniquement. Tel est le cas pour l’obtention du diplôme d’infirmière ou d’éducateur spécialisé par exemple.

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