Le rugby au service de la conciliation vie professionnelle/vie privée des femmes

Quelques principes de rugby au service de la conciliation vie pro vie perso des femmes et de leur plaisir de travailler

Il y a quelques temps, j’ai eu le grand plaisir de faire une conférence pour les femmes cadres de l’association Bouygt’elles, sur le thème de la conciliation vie professionnelle et vie privée. Et c’est dans le petit monde du ballon ovale qui m’est cher que je suis allée puiser l’inspiration… voici donc la transcription de cette conférence.

Quelques principes de rugby au service de la conciliation vie pro vie perso des femmes et de leur plaisir de travailler

le rugby au service de la conciliation vie professionnelle et vie privéeLorsqu’on me demande d’aborder un sujet professionnel, je vais facilement chercher des comparaisons imagées et en particulier bucoliques ou alimentaires. Cependant je me suis dit que les métaphores cuisine ou petites fleurs, pour parler boulot à des femmes, c’était un poil cliché. Alors je suis allée puiser dans une source d’inspiration qui est liée à mes origines.

Ma famille est originaire d’un village à côté de Perpignan et chez nous, garçons ou filles, il y a un truc dans lequel on tombe tous quand on est petits, c’est le rugby. Et le rugby a pas mal de choses à nous apprendre sur la conciliation/séparation entre vie professionnelle et vie privée. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de vous faire une…

…conférence OVALE.

En 2011, j’ai eu le plaisir de participer aux Journées des ambassadeurs de rugby,  occasion de rencontrer des joueurs et de parler de l’indispensable coupure mentale entre vie professionnelle et vie privée.

  • Thibault Lacroix, centre à l’Aviron Bayonnais, estime que “déconnecter est indispensable pour éviter l’usure mentale”.
  • Fabien Barcella, pilier au Biarritz Olympique (et accessoirement de l’équipe de France)  pense qu’il est essentiel de “trouver des dérivatifs, savoir faire autre chose”.

Et si c’est valable pour le sport, c’est tout aussi valable pour nos vies professionnelles à nous.

Je me suis donc dit voilà le parallèle parfait, je vais faire de vous de vrais rugbymen. En même temps, je me suis dit que vous n’aviez probablement pas envie de vous mettre à soulever de la fonte pour ressembler à Fabien Barcella.

En tant que  mec, il est très impressionnant, mais en tant que nana, il est pas terrible.

Alors je vais plutôt faire de vous des rugbywomen!

Et l’image n’est pas anodine, car au fond, chaque jour au boulot

  • Vous menez de véritables combats
  • Vous renversez des montages
  • Parfois vous gagnez, parfois vous perdez
  • Parfois vous remportez des victoires éclatantes
  • Parfois vous rentrez avec des bleus à l’âme

Bref, vous êtes déjà des femmes de rugby.

Je vous propose donc, en trois étapes, de mettre un peu plus d’ovalie dans votre vie pour mieux concilier/séparer vie professionnelle et vie privée. Pour forger un mental de rugbywoman et plutôt que de céder à l’image médiatique illusoire et culpabilisante de la superwoman😉

Parler ballon

Il paraît assez illusoire de vouloir supprimer toute part de vie privée dans le travail. La question est certainement plus: quelle part de vie privée dans le travail? Pour y répondre, je me suis intéressée à ce qui se passe à la machine à café. Et les résultats sont édifiants. Au risque de faire une schématisation très exagérée, voici un résumé des différences entre les conversations des hommes et celles des femmes à la machine à café:

les hommes parlent de ce qui les intéressent, les femmes parlent de ce qui les préoccupe

Les hommes parlent ballon, les femmes parlent couches-culottes. En d’autres termes:

  • Les hommes parlent de rugby, de foot, de F1, de tennis,  et plus généralement, de leurs loisirs, de leurs centres d’intérêt.
  • Les femmes parlent du petit dernier qui ne fait toujours pas ses nuits, des problèmes dentaires du cadet, de la difficulté à trouver un studio pour Léa qui rentre en prépa en septembre, de l’impossibilité de trouver un plombier digne de ce nom.

Bref: les hommes parlent de ce qui les intéresse, les femmes de ce qui les préoccupe.

Il y a deux conséquences négatives pour les femmes:

  1. Pendant que les hommes parlent de ce qui les intéresse, ils se font plaisir et permettent à leur cerveau de faire un break. Pendant que les femmes parlent de leurs préoccupations, elles restent en mode résolution de problème et ne se détendent pas.
  2. Pendant que les hommes parlent de ce qui les intéresse, ils montrent au passage des traits de personnalité, leurs valeurs, leurs sources de motivation, ce qui suscite l’engagement chez eux, même indirectement (nous sommes bien d’accord, discuter du match de dimanche ne signifie pas l’avoir joué). Pendant que les femmes parlent de leurs préoccupations domestiques, elles ne montrent… pas grand chose. Elles se définissent en parfaites maîtresses de maison, ce qui n’a aucun impact sur leur image professionnelle. Elles passent ainsi à côté d’opportunités.
Un des mes clients qui commençait à s’ennuyer au boulot, parlait régulièrement de la façon dont il avait géré la visibilité sur Internet d’une association dans laquelle il était impliqué. Une personne de la com passant par là s’y est intéressée parce que l’entreprise était justement en train de réfléchir à un plan de communication sur Internet. Mon client est aujourd’hui community manager de son entreprise.

Si je prends mon propre exemple: pour les prestataires qui travaillent seuls comme moi, la machine à café, c’est les réseaux sociaux. Si j’y avais des conversations couche-culotte, même Blédina ne se serait pas intéressé à moi. Mais comme j’y partage ma passion pour le rugby, j’ai suscité l’intérêt de professionnels qui ont apprécié cet état d’esprit, ce qui a généré des opportunités comme l’invitation aux journées des ambassadeurs, qui a débouché sur des opportunités de business.

Alors bien entendu, il ne s’agit pas de dire aux femmes qu’il est temps de s’intéresser au rugby, au foot ou à la F1. En revanche, vous avez déjà certainement tout un tas de centres d’intérêts, associatifs, culturels, littéraires, cinématographiques et peut-être aussi sportifs, qui en disent long sur qui vous êtes, vos valeurs, vos sources de motivations. Et c’est bien de cela qu’il est temps de parler à la machine à café.

Passer le ballon

Tout cela, c’est facile à dire, mais comment s’y prendre quand on a la tête farcie de préoccupations domestiques? Car en effet, si les femmes on davantage de conversations  couche-culotte que les hommes, c’est aussi parce qu’elles prennent en charge 80% des tâches domestiques.

80%!

Je suis membre du jury Mines-Ponts et chaque année, pendant la commission de barème, nous faisons le point sur les fautes insupportables, celles sur des choses qu’on répète aux élèves depuis la sixième. Entre nous, nous appelons ça les YAM, les “y’en à marre“. Et bien ces 80%, c’est un peu le YAM du quotidien des femmes. Alors comment faire pour y mettre un terme?

Depuis le temps que ça dure, je crois qu’on peut conclure sans trop craindre de se tromper que ce n’est pas demain la veille que Dame Fortune, d’un coup de baguette magique, transformera nos conjoints et nos marmots en fées du logis. Dont acte. Retroussons donc nos manche pour agir en faveur de ce changement-là.

D’autant que tant que nous acceptons de prendre en charge ces 80%, nous transmettons à nos enfants un double message en contradiction avec ce que nous voulons vraiment.

  • Nous transmettons à nos garçons que quand ils seront grands, leurs femmes prendront en charge 80% des tâches, et que c’est normal.
  • Nous transmettons à nos filles que quand elles seront grandes, elles prendront en charge 80% des tâches, et que c’est normal.

Et pourtant… nos conjoints, chaque jour, vont au travail, où

  • Ils mènent des combats difficiles
  • Parfois ils gagnent, parfois ils perdent
  • Parfois ils renversent des montagnes
  • Parfois ils remportent des victoires éclatantes
  • Parfois ils y laissent des plumes et rentrent avec des bleus à l’âme

Brefs, ce sont de vrai rugbymen. Et ils ne seraient pas capables de faire les courses?

Et nos enfants: chaque jour ils vont à l’école et à l’école de la vie:

  • Ils apprennent toutes sortes de choses, parfois à la dure
  • Ils s’écorchent les genoux en tombant de vélo
  • Ils se frittent avec les copains
  • Parfois ils renversent des montagnes
  • Parfois ils rentrent avec des bleus à l’âme

Bref, ce sont de vrais mini rugbymen. Et ils seraient pas fichus de mettre la table?

Alors il est temps d’arrêter de jouer toute seule pendant que chéri-chéri et les enfants coupent les citrons sur le banc et de gérer la famille comme une équipe. C’est à dire dé-lé-guer. Et ça, vous savez le faire. Vous êtes toutes des cadres, vous gérez des équipes tous les jours avec talent, avec détermination, avec conviction, en vraies femmes de rugby.

Et vous ne me ferez jamais croire qu’au boulot vous prenez en charge 80% des tâches de votre équipe! Parfois le boulot de vos collaborateurs n’est pas parfait? C’est une source d’apprentissage, pas une raison suffisante de leur retirer  le dossier. Alors quand vos hommes ramènent de la lessive “fraîcheur océan” au lieu de “fraîcheur printanière”, il temps d’admettre que ça n’est pas très grave!

Le rugby est un sport formidable: les petits, les gros, les grands costauds, il y a de la place pour tout le monde, chacun peut trouver sa place et contribuer à la réussite de l’équipe à sa façon. Alors la seule part de boulot que vous allez ramener à la maison, ce sont vos compétences managériales pour les mettre au service de la gestion de l’équipe familiale:

  • Répartir les rôles, en fonction de l’âge, des aptitudes et des goûts de chacun.
  • Faire en sorte que chacun connaisse l’importance de son rôle dans le bon fonctionnement de l’équipe familiale, pour donner envie de contribuer.
  • Mettre vos compétences relationnelles au service d’une gestion équitable et sereine, pour ne pas vous transformer en tyran ménager.

Et une fois que vous aurez atteint plus d’équilibre dans la répartition des tâches, vous aurez plus d’espace disponible dans vos agendas comme dans vos têtes pour ce qui vous intéresse, dont vous pourrez ensuite parler au travail.

Lâcher le ballon

Passons maintenant à l’autre coupure, celle qui consiste à ne pas ramener de travail à la maison, ni dans son attaché case – ou son Gucci, ni dans sa tête.

Je vous propose trois trucs très simples à mettre en œuvre pour vous permettre de véritablement déconnecter du travail de façon à éviter de ruminer ce que vous ne pouvez pas traiter là-maintenant-tout-de-suite et de réellement vous ressourcer.

1- Le bilan du match

Pour concilier vie pro et vie perso: faire le bilan de la journéeA la fin d’un match, on fait le bilan, ce qui a bien fonctionné, ce qu’il va falloir retravailler à l’entraînement. Appliqué au travail cela consiste tout simplement à prendre quelques minutes avant de quitter le boulot pour faire deux listes:

  • Celle de ce qui a été accompli dans la journée, l’avancement des dossiers etc. Ce qui procure de la satisfaction.
  • Celle des dossiers sur lesquels vous allez travailler le lendemain, les points précis qui ont besoin d’être avancés ou bouclés.

Et si un sujet en particulier vous préoccupe, si vous sentez que vous allez le ruminer toute la soirée, alors sortez votre agenda et prenez un rendez-vous avec vous-même, qui sera consacré à la réflexion sur ce sujet. Vous envoyez alors à votre cerveau le message que vous avez reçu 5 sur 5, celui qu’il vous a transmis, à savoir que ce sujet précis est perçu comme une menace. La fait de savoir que vous allez le traiter lui permet de s’apaiser: il a été entendu, pas besoin de continuer à faire sonner l’alarme.

2- Le passage par les vestiaires

concilier vie pro vie perso prendre un temps pour soi en sortant du boulotPendant la match, on a bien transpiré, et si le terrain était humide, on est  même potentiellement plein de boue. Se doucher, changer de vêtements, se passer de l’Algipan sur les muscles fatigués, tout ça est un incontournable pour littéralement se laver de la pression du match.

Appliqué à votre vie, cela peut signifier un moment pour vous, à votre retour à la maison, pendant lequel vous vous occupez de vous, sans être soumises aux sollicitations des enfants ou du conjoint. Il peut d’agir de prendre une douche, de se masser les pieds, tout ce que vous voulez du moment que vous vous occupez de vous.

3- La sortie du stade

concilier vie pro et vie perso à la sortie de stade on trouve des dérvatifs pour détourner son attentionA la sortie du stade, le match est terminé, le résultat est définitif, inutile de le rejouer 50 fois dans votre tête.

Alors pour éviter de ruminer des résultats insuffisamment satisfaisants jusqu’au prochain entraînement, rien de tel que de trouver des dérivatifs sous la forme de détournement d’attention. Un petit exercice simple pour cesser de penser au boulot consiste, sur le chemin du retour, à vous fixer un petit objectif. Par exemple:

  • Trouver 5 objets rouges
  • Repérer 5 personnes que vous trouvez super belles
  • Compter les boulangeries sur le trajet

Bref, n’importe quel petit défi qui va concentrer votre attention sur autre chose que le travail, et vous permettre ainsi une coupure nette.

Ce qui devrait vous permettre une vraie troisième mi-temps en famille, moment privilégié où on se retrouver pour rigoler et se faire plaisir ensemble, plutôt que de râler parce que les chambres ne sont pas rangées et que personne ne s’est occupé de changer la pile de la télécommande tout en étant préoccupée par le rapport Duschmoll que vous n’aurez jamais le temps de finir pour le 17.

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