10 étapes pour se réconcilier aux émotions (partie 2): comprendre et agir

 

Seconde étape vers la réconciliation avec nos émotions! Après l’observation des ressentis, il est temps de passer à une étape passionnante: celle du déchiffrage de l’émotion et du passage à l’action. Puisque l’émotion est un appel à (se) bouger et à œuvrer pour satisfaire nos besoins, suivons le mouvement;)

 

Déchiffrer l’émotion et agir

Nous avons vu que la première phase d’un vrai traitement du message de l’émotion consiste à l’accueillir, à la ressentir et à la nommer. Nous avons vu aussi que c’est le moment où le monde se divise en deux catégories:

– Les adeptes de la partie émergée de l’iceberg des sentiments qui peuvent choisir d’arrêter là leur exploration de l’expérience émotionnelle. Accepter d’accueillir et de ressentir l’émotion au lieu de chercher uniquement à la supprimer, c’est déjà faire preuve de caractère.

– Les carafons costauds prêts à regarder leurs tripes par le grand bout de la lorgnette au lieu de faire semblant de ne pas en avoir – des émotions – et du coup prêts à en avoir – des tripes – et faire preuve d’une vraie force de caractère, car la seconde étape le déchiffrage de l’émotion et le passage à l’action pour en traiter le déclencheur va souvent demander une certaine propension à la résolution de problème et à l’élégance relationnelle.

Cette seconde partie est à mon sens aussi importante que la première, pour des raisons différentes. La première permet de mieux accepter l’expérience émotionnelle, la seconde permet d’en tirer parti, de mettre concrètement nos émotions au service de notre bien-être ou de nos relations et apportant des réponses adaptées à nos besoins malmenés qui les ont déclenchées.

Cette approche me paraît intellectuellement (et émotionnellement!) plus satisfaisante que le simple accueil de l’émotion, qui n’est déjà pas facile-facile, mais qui, utilisé seul, a le défaut majeur de ne pas résoudre la situation. Et donc, potentiellement, de favoriser l’acceptation au sens de résignation et de soumission à des situations pourtant parfois modifiables et parfois inacceptables. Et tant que le management s’évitera des remises en question fondamentales en se cachant derrière des toboggans et des CHO occupés à acheter des cahuètes pour l’afterwork obligatoire de vendredi, l’entreprise vous poussera vers toutes les techniques qui favorisent la soumission et la culpabilisation (en mode “c’est de votre faute, vous n’avez qu’à mieux gérer votre temps/vos priorités/vos émotions”)… et le burnout.

En attendant le miracle managérial, vous avez la possibilité, si vous en avez envie d’œuvrer par vous-mêmes pour retrouver un peu plus de plaisir au travail, que les émotions pénibles viennent signaler comme étant mis à mal. On peut aussi faire bouger les lignes, tout doucement, en agissant modestement et à son niveau (et toujours au bénéfice de l’écosystème, l’individualisme à tout crin n’est pas d’une grande élégance.

Si vous êtes en reconversion, en création d’entreprise ou en réflexion sur les leviers pour renforcer votre plaisir au travail, Cette compréhension de vos propres émotions mérite le détour parce qu’elle vous aidera à pratiquer un job crafting ciselé et à gagner en efficacité (voire travailler moins et travailler mieux):

Je vous emmène donc au delà du calme bord de l’eau où nous avaient mené les étapes 1, 2 et 3, pour explorer les territoires formidables des sentiments;)

 

4- Identifier l’état de défense qui correspond à la réaction émotionnelle

L’ensemble des réactions physiques, cognitives et comportementales que vous avez observées dans les étapes 1, 2 et 3 va vous donner une image nette de l’état de défense qui correspond à votre réaction émotionnelle et donc vous transmettre une information cruciale sur les besoins malmenés dans la situation. Car il est bien là, le rôle de l’émotion: c’est le postier de la menace à notre bien-être et l’état de défense est la missive:

 

5- Reconnaître que l’émotion nous parle de nous

Attention aux pensées qui nous assaillent et cherchent à nous faire croire que ce sont les manquements des autres qui nous agacent, nous inquiètent ou nous fatiguent: elles détournent notre attention du fait que c’est nous qui les générons en réaction. En réaction à des situations dans lesquelles les conditions de notre bien-être sont menacées. Et bien entendu, la perception de ce qui est une menace ou non appartient à chacun, inutile de perdre un temps et une énergie précieuse à nous auto-flageller de notre propre bêtise émotionnelle, de nous passer à la moulinette à estime de soi des réactions autorisées ou non autorisées (“mais enfin, Bichtouille, tu as l’art de te noyer dans un verre d’eau!”). Reconnaissons simplement que c’est nous-mêmes qui générons l’émotion face à la situation et que cette émotion a de bonnes raisons d’être là: elle a quelque chose à nous dire sur nous!

nos perceptions génèrent nos émotions, pas les autres!

 

6- Identifier le besoin qui déclenche l’émotion

L’émotion cherche toujours à indiquer un besoin insatisfait dans une situation donnée. Bien entendu, nous pouvons tout à fait jouer les bons petits soldats et la remiser dans le tiroirs à trucs futiles et infantiles de mous du genou qui n’ont pas les tripes en acier trempé. Nous pouvons aussi choisir de penser qu’il suffit d’un peu de relaxation et hop! bye bye l’émotion. Nous pouvons aussi opter pour sa compréhension et commencer par analyser la situation qui la déclenche, les besoins malmenés dans cette situation et par ricochet le mouvement qu’elle cherche à imprimer, la direction qu’elle cherche à donner, les actions qu’elle pousse à mener.

Cesser d'appeler nos émotions "stress" et mettre des mots dessus

 

7- Faire le tri

Au milieu du panel d’actions possibles, certaines sont exactement ce dont nous avons besoin, d’autres sont des paravents. Ainsi, ne rien dire lorsque votre N+1 vous parle avec mépris et aller faire une heure de boxe à la place est peu productif, de même que vous jeter sur les fraises Tagada ou vous acheter un gros 4X4 histoire de compenser: vous avez besoin de trouver les moyens d’obtenir qu’il s’adresse à vous aimablement. Un exemple ici:

Exprimer la colère peut compromettre la réussite d'un objectif

 

8- Définir précisément les actions à mener

Vous ne laisseriez pas le voyant de température de l’eau sur le tableau de bord de votre voiture s’agiter sans l’amener au garage? L’alarme incendie bramer et la fumée envahir la maison sans appeler les pompiers? Souffrir d’une jambe cassée sans aller à l’hôpital? Il en va de même pour votre bien-être: il redeviendra optimal uniquement si vous œuvrez pour. Si l’émotion est indicatrice d’une menace à votre bien-être, vous ne vous débarrasserez pas de ladite menace en priant Therapéistos, dieu grec méconnu des émotions, de vous guérir d’un ensemble de réactions physiologiques, physiques et cognitives désagréables.

Trop de stress et de burnout sont le résultat de cargaisons d’émotions non traitées, aussi à ce stade, vous avez besoin de mettre en place un plan d’action précis. Ainsi dans l’exemple du N+1 ci-dessus, et en générale dans les situations relationnelles (ou qui vont se régler au travers d’une interaction), avoir recours à la communication non violente est un bon moyen de sortir de l’impasse. Dans d’autres situations, créativité et aptitude à la résolution de problème peuvent aussi aider. Quelques ressources:

 

9- Passer à l’action

Une fois que vous avez bien préparé votre stratégie pour résoudre la situation déclencheuse de votre émotion pénible, il est temps de passer à l’action. Pour cela, préférez un temps neutre, où vous n’êtes pas en réaction, sous le coup de l’émotion, mais au contraire où vous pouvez agir de façon calme et posée, quand la tension est retombée. S’il s’agit d’une interaction, vous serez aussi beaucoup plus facilement factuel(le) et crédible. Pour les demandes et/ou interactions, choisissez aussi le moment et le lieu, une demande faite entre deux portes ou en plein milieu de l’open space peut être bien moins efficace.

 

10- Expérimentation

La mise en oeuvre est à faire en mode expérimentation pour s’éviter les déceptions. Par exemple, si vous débutez en CNV, il est possible que vous tombiez dans l’un de ces pièges syntaxiques ou lexicaux qui pourrissent la communication, parce qu’elle demande un peu de pratique avant de la maîtriser. Aussi, plutôt que taper sur vos propres petits doigts et de vous saboter l’estime de soi à coups de dévalorisation si votre stratégie ne fonctionnait pas bien, n’hésitez pas, faites comme Luke Skywalker: un bras d’honneur à la navrante citation de Maître Yoda! Autorisez-vous les essais, les tentatives comme autant de phases de test dont on évalue ensuite l’efficacité, quitte à apporter les ajustements nécessaires avant d’expérimenter jusqu’à obtenir satisfaction!

les triplettes opérationnelle et reltionnelle du coaching

 

Voilà, vous avez traité l’émotion, son message et son déclencheur. Vous voilà probablement content(e) et revenu Vous avez bien mérité de vous mettre les doigts de pieds en éventail et de vous féliciter de cette réussite!

 

 

Aller plus loin

Vous voulez mettre vos émotions au service de votre plaisir au travail ou d’un parcours de reconversion? Parce que vous avez beaucoup à gagner à vous réconcilier à vos émotions, Ithaque vous accompagne. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *