Elégance relationnelle: mots gentils et reconnaissance durable

Dire un mot sympa sur ce qui va bien, sur ce qui est bien fait, sur ce que nous apprécions : nous le faisons peu, à nos proches comme à nos collègues. Et pourtant, nous tenons là un moyen ultra simple et élégant de nourrir durablement le sentiment de reconnaissance, d’appartenance, et des relations plus réjouissantes.

Le mot gentil, signe d’attention

L’autre jour, à peu près trois jours après avoir envoyé un devis à une entreprise, je reçois un bon de commande et dans la foulée, un mail me demandant un RIB pour effectuer le paiement. Les bras m’en tomberaient presque, tant parfois il faut remplir un dossier de 8 pages avant de recevoir les codes pour s’inscrire soi-même dans le fichier fournisseur, ce qui vous ouvre le droit de recevoir le formulaire B3 à joindre à la facture contenant 17 éléments spécifiques à des endroits spécifiques et ensuite de déposer deux ou trois cierges au saint patron des petits prestataires, pour espérer être payé en moins de 18 mois. Pour tout vous dire, il m’arrive parfois de refuser des contrats avec des entreprises pourtant très bien classées dans les top de celles où il fait bon travailler : clairement, il fait peut-être bon travailler pour, mais pas exactement travailler avec 😉

Du coup, je rajoute un petit mot dans ma réponse pour remercier de la diligence avec laquelle mon devis a été traité et que c’est suffisamment rare pour mériter d’être mentionné.  Je reçois fissa un mail me remerciant en retour pour mon petit mot gentil, et que c’est suffisamment rare pour être mentionné itou.

Mais dans quel monde vivons-nous ?

Comment se fait-il que nous, commun des mortels, si prompts à nous offusquer des manquements des quidams incompétents, des institutions et administrations incompétentes, soyons si avares de compliments, de mots gentils sur ce qui va bien ? On me dira tant qu’on voudra que c’est parce que c’est normal, ça n’a jamais constitué une excuse valable : nous avons tous besoin de retours positifs et pas uniquement de coups de règle sur les doigts pour ce qui ne va pas. Et l’absence fréquente de ces petits mots gentils, tous simples et gratuits, pourtant B-A-ba de l’élégance relationnelle car signes d’attention, participe de la détérioration des relations professionnelles et du sentiment de déshumanisation de nos interactions.

Attendre les pots de départ et les enterrements pour partager des jolies choses, c’est d’autant plus sinistre qu’un mot gentil c’est simple, facile et que ça a tout un tas de bénéfices dont on a sacrément besoin.

les relations sociales réjouissantes garantissent le sentiment d'être heureux

Générateur d’intimité passagère et de lien

Je me suis mise à pratiquer il y a quelques années lorsque j’ai eu l’occasion de comprendre qu’être en permanence affairée dans ma propre cafetière et fermée au reste du monde, ça me coupait de mes contemporains. Un jour que j’étais au supermarché, je reçois un sms qui contenait à peu près ces mots-là : « je t’ai vue au rayon lessive avec ta gueule d’autruche constipée ».

Il faut bien l’avouer, quand je suis concentrée, je suis aussi souriante que Rocky Balboa avant de monter sur le ring. Et le supermarché, c’est tellement fun qu’il faut bien que je sois concentrée sur quatre ou cinq sujets (en moyenne : trois professionnels et deux personnels) en même temps.

Ce message fort amène m’avait été envoyé par mon comptable, garçon charmant au demeurant,  et dont visiblement la goguenardise n’était pas limitée à l‘évaluation des compétences relatives de l’entrepreneur allergique à la paperasse. Ca m’a convaincue tout net de l’urgence de prendre des mesures drastiques pour remédier à cette façon imparable de déclencher chez mes contemporains un sentiment d’inexistence qui ne favorise ni la rencontre, ni l’interaction, ni quoi que ce soit qui soit un pouillème relationnel.

Pour m’ouvrir et être plus présente au monde, je m’étais fixé des petits défis personnels, comme parler aux inconnus. Mais au fond, quoi leur dire, comment engager ne serait-ce qu’un brin de conversation? La réponse a finalement été simple: quoi de mieux qu’un mot gentil? Et quand j’ai vu les bénéfices, je me suis dit que ça valait le coup de le faire avec mon entourage: on ne dit jamais assez toutes les jolies choses que l’on ressent. Et puis devant les bénéfices, j’ai étendu l’affaire à ceux qui, à l’évidence, n’ont pas un métier facile et que nous croisons tous les jours sans vraiment les voir ou les prendre en considération ou interagir avec eux autrement qu’en mode automatique. Et puis finalement j’ai étendu l’affaire à tout le monde, dès que j’ai remarqué quelque chose qui me plaît, parce que les bénéfices collatéraux ont largement dépassé mon objectif de départ :

La capacité d’attention positive: dire un mot gentil nécessite de prêter de l’attention aux autres, à ce que nous trouvons beau, intéressant, chouette curieux etc. bref, à des caractéristiques positives dans ce(ux) qui nous entoure(nt) et développe la faculté à remarquer ce qui va bien à côté de ce qui ne va pas, à s’émerveiller. C’est aussi un moyen de renforcer notre joie de vivre.

Les vitamines mentales: c’est une façon de créer des petites parcelles, de reconnaissance mutuelle, des regards, des sourires, des instants de plaisir, de poésie… Ainsi d’ailleurs qu’un nombre incroyable de cafés offerts ; C’est une source d’énergie et et de joie partagée d’une simplicité totale, de pures vitamines mentales ! Parce que c’est bon d’être la raison pour laquelle quelqu’un va sourire aujourd’hui;)

L’estime de soi, la relation, le vivre ensemble: Dire un mot gentil, c’est un élan vers l’autre, qui met du baume sur les aléas, les hauts et les bas inhérents à nos quotidiens professionnels, qui nourrit le sentiment d’appartenance, apporte douceur et apaisement, comme un tout petit refuge dans lequel on se poser un instant et retrouver son souffle, se sentir moins seul(e). Qui favorise aussi la bienveillance, l’empathie et l’estime de soi de toutes les parties. Et donc, par ricochet, la collaboration et la capacité à résoudre ensemble les conflits. Un bénéfice collatéral du mot gentil à l’assistante de la DSI c’est qu’à l’avenir, les échanges ont de fortes chances d’être plus personnalisés, plus chaleureux. Et si nous avons un jour un problème à régler, nous serons bien disposées l’une envers l’autre…

Converser avec des inconnus, bon pour nos besoins affectifs et pour l'estime de soi

Dire un mot gentil, c’est produire des instants de grâce, pour soi et/ou pour l’autre: comme par exemple avec la formidable Lara de Liederkerke, cavalière internationale de complet, à qui j’ai été dire juste après une épreuve de dressage, combien j’avais adoré le trot moyen de son cheval et qui m’a partagé son enthousiasme radieux, le temps de me décrire sa personnalité et son potentiel. Ou la caissière du supermarché à qui la cliente précédente avait pourri la tête parce que ça n’allait pas assez vite et qui, juste avant de me dire bonjour a poussé un soupir découragé. Je lui ai souri en lui disant « oooh, journée pas facile on dirait ». Son visage s’est illuminé en me répondant « Oui ! Ca arrive les gens de mauvaise humeur ! » et nous avons bavardé deux minutes, puis elle a soupiré profondément à nouveau, volontairement cette fois-ci, en me disant « aaah, voilà, ça va mieux ! »

C’est aussi produire des instants de plaisir partagé: l’assistante de la DSI avec qui j’ai échangé en toute amabilité, j’ai éclairé sa journée, elle a éclairé la mienne. Ca ne m’a coûté rien d’autre que d’agir conformément à ce que j’avais ressenti en l’exprimant tout simplement. Et même si elle n’avait pas répondu, c’est avec plaisir que je lui ai dit ce que je pensais.

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Dire un mot gentil

Dire un mot gentil, c’est simplement faire preuve d’une délicate attention verbale. Nul besoin de techniques ultra codifiées pour formuler le compliment parfait, il suffit souvent de joindre, d’ajouter la parole au ressenti, de façon simple et authentique. Nos conjoints, nos enfants, nos parents, nos amis, nos copains, nos collègues, nos connaissances, les gens avec qui nous interagissons chaque jour, nous ne leur disons jamais assez tout le bien que nous pensons d’eux!

Nous avons souvent tant de pudeur à dire un mot gentil : un travail bien fait, un trait de personnalité, une caractéristique, une intervention pertinente à la réunion de 10h ou les manches courtes de Dupont-Durand qui sont tellement chouettes qu’elles viennent bousculer nos tendances police de la mode et réhabilitent d’un coup la chemisette, tout ça reste lettre morte dans les oubliettes de nos comprenettes.

Il y aurait certainement long à dire sur les raisons de cette pudeur, mais intéressons-nous surtout aux moyens de la dépasser, pour ceux qui auraient envie d’expérimenter.

1- Observer, remarquer. Une façon très simple de s’entraîner, c’est de commencer par accorder de l’attention aux personnes qui nous entourent et/ou que nous croisons dans nos journées : les proches, les moins proches, les collègues, les commerçants, vendeur(euse)s, chauffeur(e)s de bus, caissier(s), serveur(euse)s Observons-les l’espace d’un instant, le temps de remarquer des détails chez eux, avec l’idée de chercher des détails qui nous plaisent dans leurs vêtements, leurs accessoires, leur comportement, leur façon de faire leur travail.

2- Partager : la seconde étape, quand vous vous sentirez prêt(e), consistera à leur partager ce qui vous a plu, le plus simplement possible, ce qui revient à dire un mot gentil 😉 Et pour les hommes qui pourraient craindre qu’un mot gentil soit confondu avec de la drague, il suffit d’être malin : “j’aime beaucoup votre pendentif, je serai ravi d’en offrir une semblable à … (à compléter avec la mention  pertinente à vos yeux), pouvez-vous me dire où elle a été achetée?”

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Le bonheur, c’est les autres!

Aller plus loin

Vous voulez développer ou renforcer une élégance relationnelle qui rend le quotidien personnel et professionnel plus agréable, parce qu’une belle posture, c’est mieux que le stress et les jeux de pouvoir? Ithaque vous accompagne. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

4 Comments

  • Manuel dit :

    Bonjour Sylvaine,

    Super article ! Peut-être le mot merci ferait-il partie des mots gentils aussi.
    D’ailleurs pour la tête d’autruche j’admets que quand on concentré sur quelque chose on oublie un peu le reste autour en faisant des têtes bizarres Mdr.

  • SyC dit :

    Tout simplement merci !
    Je pratiquais, de manière empirique et sans le savoir, mais en voyant les résultats positifs et réjouissants.
    Maintenant que je sais ce que je fais, je vais continuer d’autant plus !!!

    • Merci pour ce retour, chèr(e) SyC passeur(euse) de vitamines mentales:))
      A l’origine, je n’y étais mis comme un petit défi à moi-même (pour être moins ourse des cavernes) et en voyant les bénéfices, je me suis intéressée de plus près au sujet, je suis ravie se savoir que vous, moi et plein d’autres sèment de jolies choses!

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