Morale primate et relations humaines: faisons les singes!

Comme les primates, notre nature est d'être empathiques et solidaires

 

Voici une vidéo fascinante qui montre que certaines qualités relationnelles – réciprocité, empathie, équité, collaboration –  sont naturelles chez les animaux, et donc essentielles à leur fonctionnement… comme au nôtre. Pas du tout des valeurs morales gentiment obsolètes inventées par des amateurs de relations rose bonbon.

Comme les primates, notre nature est d'être empathiques et solidaires

 

Un primatologue au chevet des relations humaines

Pendant longtemps, l’éthologie s’est concentrée sur l’étude des relations de pouvoir et de la compétition au sein de groupes d’animaux. Et comme au fond, nous sommes de grands animaux, les conclusions étaient valables pour nous aussi: animaux et humains, même combat : le combat.

Nous serions profondément agressifs, compétitifs et assoiffés de pouvoir et de domination. Tout cela au bénéfice de l’intérêt personnel. Maudits pêcheurs que nous sommes, qui avons besoin de vertueux philosophes ou de vertueuses religions pour nous dicter de nobles comportements aux antipodes de notre vile nature!

Comme il l’explique dans cette conférence TED, le primatologue Frans de Waal a remis en question ces conclusions lorsqu’il s’est rendu compte que les chimpanzés se réconcilient systématiquement après une bagarre. Du coup, il ne s’agissait plus simplement de gagner ou de perdre, mais de préserver, au delà du conflit, une relation précieuse, révélatrice de besoins sociaux et affectifs qui priment sur la compétition. Et ses conclusions sont pleines d’enseignements pour les relations humaines…

Exit “l’homme est un loup pour l’homme”. Nous ne sommes ni fondamentalement mauvais, ni fondamentalement auto-centrés, ni fondamentalement animés par l’intérêt personnel. Du coup, Frans de Waal s’est intéressé aux piliers de la morale et s’est mis à étudier leur expression chez les animaux:

 – La réciprocité, associée au sentiment de justice et d’équité.
 – L’empathie, associée à la compassion, au souci du bien-être de l’autre.

Il se trouve que ces caractéristiques, qu’on pouvait croire réservées à l’Homme animal doué de raison, qui serait arrivé à ces conclusions morales par la pensée et en particulier la philosophie, sont courantes chez les primates qui font preuve des caractéristiques associées à la moralité.

  • La coopération. Comme les éléphants, Les chimpanzés sont capables de coopération. Y compris lorsqu’il n’y a pas de motivation version intérêt personnel. Dans ce cas, ils coopèrent parce qu’en vertu du principe de réciprocité, ils savent qu’il y aura naturellement renvoi d’ascenseur.
  • L’empathie. Les primates sont sujets à la réplication du bâillement, qui est liée à l’empathie.
  • La compassion, le souci du bien-être de l’autre. Les chimpanzés sont capables de comportements dits prosociaux, comme  par exemple consoler, réconforter ou préférer la récompense collective, plutôt que la récompense individuelle (inversement, lorsqu’il y a pression ou intimidation, le choix prosocial diminue)
  • L’équité et la justice. Les chimpanzés ont une véritable sens de l’équité et sont capables de protester lorsque celle-ci fait défaut.

La gentillesse comme une éthique de gentilhomme

 

Tous des bisounours?

Lorsqu’on parle de comportements relationnels à réhabiliter comme la  gentillesse, l’entraide et la coopération, l’empathie etc., en particulier dans le cadre professionnel, il y en a toujours un ou deux pour glousser “bisounours” au fond de la salle, avec les connotations que l’on sait. Ces études montrent que c’est exactement l’inverse, et que ces comportements, s’ils existent chez les animaux, c’est qu’ils sont indispensables à la survie et non le fruit de la réflexion de cerveaux qui rêvent d’un monde rose bonbon. Il ne s’agit donc pas de promouvoir un monde sans conflit, mais un monde prosocial qui correspondrait à notre vraie nature… de grand singe.

En d’autres termes, nous sommes déconnectés de notre vraie nature, empreinte de collaboration, de réciprocité, d’équité et d’empathie, et il y a certainement beaucoup à dire sur les origines de cette situation, dont l’un des prolongements est sans doute notre société psychotoxique.

gentillesse vertu morale

Cela signifie aussi que lorsque nous primates évoluons dans un environnement dépourvu de ces comportements pro-sociaux, nous ne pouvons pas fonctionner très longtemps de façon saine et sereine, et tombons vite dans le frein majeur à la collaboration: l’égo. Nous avons fondamentalement besoin d’un environnement dans lequel chacun peut exprimer ces caractéristiques relationnelles naturelles.

Mais si nous avons besoin de quelque chose qui existe peu, c’est aussi parce que nous sommes tous coupables des environnements toxiques de nos entreprises :

 – Parce que nous nous indignons de l’inacceptable essentiellement dans les mots, peu dans les actes.
 – Parce que nous participons activement aux ambiances pourries pas l’absence d’affirmation de soi saine, à laquelle on préfère la paille dans l’oeil du voisin, la victimisation, le c’est-pas-moi-c’est-lui.

 

Mini coaching: mettre davantage de morale primate dans nos relations

Alors plutôt que d’attendre l’illusoire miracle managérial qui permettra de créer une atmosphère béate-zen dans laquelle nous serons – enfin – en mesure d’avoir tout un tas de comportements qui seraient juste de la confiture aux cochons autrement, il est sans doute temps de chercher à faire preuve de ce que nous attendons des autres. Bref: faisons les singes!

Que pouvez-vous faire pour développer vos capacités d’empathie, de réciprocité, d’empathie, de collaboration?
Que pouvez-vous faire pour en mettre davantage dans votre quotidien?

 

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Aller plus loin

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