Guide de survie aux abrutis: histoires de Persécution ordinaire

distinguer un comportement persécuteur de harcèlement


Nous avons évoqué le harcèlement, qui est à distinguer du comportement persécuteur, au sens triangle de Karpman. Car si le terme persécuteur est souvent associé à des relations toxiques, le rôle relationnel, lui est complètement ordinaire, et nous y avons tous recours…  Partons donc à la rencontre de ce comportement si courant.

 distinguer un comportement persécuteur de harcèlement

Persécuteur: un terme fort

Pour la plupart d’entre nous, le terme Persécuteur est tellement fort que nous avons du mal à nous l’approprier où à le reconnaître en nous-mêmes. Il est fréquemment employé dans les situations de harcèlement et de manipulation perverse, aussi entendons-nous bien: nous parlons ici de comportement persécuteur au sens triangle relationnel élaboré par Stephen Karpman, psychologue américain qui a modélisé les rôles que nous jouons tous, dans nos interactions.

Le terme “Persécuteur” est ici le pendant logique, sur le plan sémantique, à “Sauveur” et “Victime”, les deux autres rôles relationnels, et il est aussi ordinaire, banal et néanmoins pénible, que les orties dans les prés du printemps à l’été. Karpman insistait d’ailleurs sur l’utilisation de la majuscule pour distinguer ces rôles relationnels d’autres acceptions de ces termes

S’il rend nos relations pénibles, le comportement Persécuteur n’est pas pour autant le reflet d’une pathologie psychologique et il est tout à fait possible de travailler à cesser d’agir en Persécuteur ou de subir un Persécuteur en coaching, contrairement au harcèlement ou à la manipulation perverse, dont les conséquences sur l’identité nécessitent davantage l’aide d’un psy.

Toute la difficulté réside dans la distinction entre harcèlement et Persécution. Car les comportements Persécuteurs ne sont pas, en soi, du harcèlement. Ils génèrent des relations déséquilibrées, coûteuses en énergie, néfastes à l’estime de soi, certes. Mais ce n’est que lorsque leur ampleur et leur fréquence deviennent extrêmes qu’ils peuvent dégénérer en harcèlement.

Hermione Granger, exemple  type de Persécuteur ordinaire

Nous avons déjà évoqué Hermione, exemple type du parfait petit Persécuteur ordinaire, dans l’article Comportement Persécuteur et recherche d’emploi. Pour mieux vous aider à comprendre ce que signifie ce rôle et les dégâts relationnels qu’il entraîne, la coach Sylvie Bellard nous propose aujourd’hui une analyse d’un extrait du premier Harry Potter, la rencontre entre Hermione, Ron et Harry. Rencontre toute gentillette entre braves petits apprentis sorciers qui vont sauver le monde de pleins de vilains méchants? Sans doute. Mais c’est aussi un exemple flagrant de la façon dont se met en place la persécution au sein de relations parfaitement anodines. Je passe la bâton de parole à Sylvie:

Bas les masques : le rôle de Persécuteur

Nous vous invitons à visionner cette scène du train extraite d’Harry Potter. A première vue il s’agit d’une scène bien innocente, qu’en dites-vous ?

A y regarder de plus près et au delà du rôle des acteurs, les personnages jouent chacun un autre rôle qui les définit. Nous voulons parler ici de rôle relationnel  tel que défini dans le triangle de Karpman. Nous vous proposons de nous intéresser dans cet article au rôle joué par Hermione dans sa relation avec Ron.

Repassez vous la scène si besoin notez le langage verbal et non verbal de la communication et remarquez comment chacun de ces éléments de la communication d’Hermione avec Ron impacte négativement la dynamique relationnelle entre ces 2 personnages. Alors toujours anodine cette scène ? Pour aller plus loin, nous vous proposons quelques pistes de réflexion:

Les mots

« Oh !  Tu fais de la magie voyons ça ! »

Des mots, des sous entendus,  pour déstabiliser, prendre l’ascendant, et pour enfoncer le clou « Moi je n’ai jeté que quelques sorts faciles bien sur mais ça a marché à chaque fois. », Hermione va le démontrer par l’exemple ; C’est un pas de plus dans la persécution : l’humiliation.

Le ton

« Tu appelles ça jeter un sort, avoue que ce n’est pas une réussite ! »

De l’arrogance, pour rabaisser, dévaloriser l’autre en l’amenant à faire le constat d’échec par lui même.

Et nous vous invitons à réécouter le passage lorsqu’Hermione dit en s’adressant à Ron « Et toi tu es ? » notez comment le volume de sa voix diminue, zoomez sur le haut de son visage et voilà  le coup de grâce du persécuteur est donné  très naturellement, il marque une forme de mépris envers Ron pour mieux lui faire ressentir qu’il n’est pas grand chose.

La gestuelle

Mouvement de tête,  sourire pincé,  yeux suspicieux, petite mou de négation envers Ron, mouvements des sourcils, air supérieur. Ce non verbal est une forme de dévalorisation de l’autre même pas subtile quand on y prend garde et qui vient soutenir et même renforcer le jeu de la relation entre le persécuteur et la victime.

In fine rien d’agressif, ni de violent dans cette relation mais un indéniable jeu de rôle pour mieux atteindre l’autre et se protéger de soi et de la relation.  La persécution n’a pas forcément un visage dur et ne se joue pas toujours dans des situations conflictuelles ; Elle a aussi un visage d’ange et fait mouche tout autant.

Dans notre quotidien à force de répétition de ces scènes anodines nous pouvons nous égarer. Alors prenons soin de nos relations.

Mini coaching: évaluer sa propre relation à la persécution

Hermione n’est pas un monstre et nous non plus! Chacun d’entre nous peut avoir recours à un comportement persécuteur pour obtenir de la reconnaissance (“je suis la plus forte de tous les mini-sorciers” qui veut dire “donc j’existe, donc je suis quelqu’un”). Lorsque nous jouons ce rôle, c’est que l’interlocuteur accepte de jouer celui de la victime ou du sauveur.

Inversement, ils nous arrive à tous de subir les petites persécutions d’égos fragiles en mal de reconnaissance, et cela signifie qu’alors c’est nous qui acceptons de jouer le rôle de victime ou de sauveur.

Identifier les rôles que nous jouons est un premier pas vers des relations plus sereines et apaisées, qui passeront par le développement de l’assertivité, de l’estime de soi et de l’affirmation de soi. Commençons par un rappel sur les comportements Persécuteurs:

 – La tendance à tout savoir, à vouloir avoir toujours raison.
 – La tendance à vouloir avoir le dernier mot.
 – La tendance à vouloir imposer ses points de vue, à convaincre à tout prix.
 – La propension à juger, à diriger, à corriger la moindre erreur.
 – La volonté d’établir les règles.
 – Le recours à la colère, la critique, la dévalorisation, la culpabilisation pour obtenir ce qu’il veut.

A vous maintenant d’identifier ce qui se passe dans vos relations:

Dans quelle mesure vous arrive-t-il de jouer les persécuteurs?
Dans quels types de situations?
Avec quelles personnes?
Dans quelle mesure vous arrive-t-il de subir de comportements persécuteurs?
De la part de qui?
Dans quels types de situations?
Qu’est-ce que tout cela vous dit sur vous-même?
Sur vos besoins à combler?

Voir aussi

E-book gratuit triangle de Karpman.
4 trucs infaillibles pour se pourrir les relations
15 trucs infaillibles pour ne pas obtenir ce qu’on demande
Guide de survie aux abrutis
Guide de survie aux abrutis: le bocal à con
Compétences relationnelle: l’affirmation de soi
La demande assertive
Exprimer ses limites

Aller plus loin

Vous voulez sortir des rôles relationnels pour construire et entretenir des relations plus sereines et apaisées, au bénéfice de votre plaisir de travailler et celui de votre entourage? Ithaque vous propose son approche unique de l’élégance relationnelle. Pour tous renseignements,  contactez Sylvaine Pascual 

6 Comments

  • Belle analyse, Sylvie (et Sylvaine) !
    Je connais bcp d’Hermione… et peut être même, que ce matin, ds la salle de bains, il y en avait une, en face de moi !

  • Idenoca dit :

    Pour moi, votre liste vaut peut être aussi pour ce qu’il est vain de penser. Qu’il y ait persecution, qu’il y ait humiliation, etc…. Herminone n’en a rien à faire et n’est probablement même pas consciente. Il faut arrêter de penser qu’il y a un besoin qui doit être résolu par l’extérieur, ou qu’il y ait un acte d’autrui orienté vers soi. Celui qui associe des intentions à celui d’en face, le fait avec ses propres ressentis, sa propre connaissance de qui est l’autre. Je me sens humilié alors il veut m’humilier. Voilà la folie. Les intentions de l’autre on ne les connait pas, c’est soit même qui se fait un film. Hermione dit bonjour et répare des lunettes. Si Ron commence à penser qu’il est crétin pour ça, c’est lui qui “a envie” de le faire, car Hermione vit sa vie et pense déjà à autre chose. Elle parle comme ça, n’est pas parfaite et demande à personne de surinterpréter. La surinterprétation d’autrui, voilà ce qui est dangereux selon moi dans vos propos. Apprendre qu’il y a subjectivité de l’expérience voilà une science plus exacte à mon sens que la théorie de comment agit autrui. Même si je respecte bien sûr les travaux pour essayer de décrypter des patterns.

    • Sylvaine Pascual dit :

      Hermione n’est qu’un exemple et en effet, elle n’est pas consciente de l’impact potentiel de ses paroles et attitudes.
      Il ne s’agit pas d’interpréter ses intentions, d’ailleurs il n’est dit nulle part dans le texte qu’elle a l’intention d’humilier Ron. Ils’agit de se préserver de certains de ses comportements pénibles.

      De même, il ne s’agit pas d’aller résoudre le problème d’Hermione, qui ne regarde qu’elle, mais plutôt, lorsque nous sommes en relation avec des Hermiones et que nous trouvons leurs comportements pénibles, d’agir de façon à nous les éviter. Ou lorsque nous nous comportons en Hermione, des favoriser une communication plus bienveillante et ouverte à l’autre.

      A l’arrivée, l’exemple d’Hermione vaut simplement pour décrypter, dans nos propres comportements et/ou dans ceux des autres, des éléments préjudiciables à la relation et éventuellement y remédier, en agissant sur nous-mêmes et non pas sur l’autre. Tout autre interprétation du propos serait… une interprétation;))

  • MissRF7 dit :

    Exemple très intéressant qui montre à quel point les failles d’Hermione ( besoin inconscient de reconnaissance à travers sa relation avec Harry Potter) rencontrent celles de Ron ( besoin inconscient de respect et de reconnaissance aussi ( il est le plus jeune garçon d’une grande fratrie de 6 garçons et 1 fille, il vient d’une famille modeste et a le sentiment d’être le laissé pour compte), du coup, la scène telle qu’elle est visualisée présente successivement le point de vue d’Hermione, qui cherche à assouvir son besoin de reconnaissance en s’adressant uniquement à Harry, puis de Ron qui se sent humilié par les propos d’Hermione. On connaît la suite…je rejoins les propos des autres commentateurs qui affirment que cette scène permet de prendre conscience de l’impact de ces scènes et de travailler sur la relation à l’autre afin de la rendre plus harmonieuse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *