Reconversion professionnelle: pourquoi le temps de réflexion est-il si long?

La lente maturation d'un projet de reconversion

 

Pour beaucoup de candidats à la reconversion, il y a urgence à identifier un projet porteur de sens, avec ses promesses de monde professionnel meilleur, de plaisir au travail, d’épanouissement etc. Mais la réussite minute n’existe que chez les marchands de bonheur. Dans la vraie vie, la réflexion prend du temps et demande une lente maturation. Toutefois, la bonne nouvelle, c’est qu’on prend plus de plaisir dans une réflexion Romanée-Conti que dans le questionnement Beaujolais Nouveau!

La lente maturation d'un projet de reconversion

 

Reconversion: Beaujolais Nouveau ou Romanée-Conti?

Je ne résiste pas à la métaphore viticole: on ne fait pas un bon vin en trois coups de cuillère à pot et il y a des étapes qu’on ne peut ni sauter ni accélérer impunément. Et bien c’est pareil pour changer de métier: à vouloir expédier la fermentation, on fait de la reconversion-Beaujolais-Nouveau. C’est rigolo, ça sent la framboise et la banane certes, mais ça vieillit mal et ça ne nourrit pas outre mesure des papilles en quête de plaisir durable. Un projet solide s’élève comme un bon vin, il se clarifie, il se stabilise et observer avec amour la maturation de son projet, qui s’épanouit et s’en va à pas lents et sûrs vers son apogée professionnelle, c’est aussi délicieux que sa dégustation. Votre reconversion mérite d’être intelligente, complexe, élaborée avec soin. Elle mérite d’être bien plus Romanée-Conti que Beaujolais Nouveau!

C’est donc le temps, l’ami qui colore nos pays professionnels, parce qu’il laisse la place à la sensibilité, à l’expérience, qu’il donne de l’espace pour réfléchir et se libérer des carcans et des idées toutes faites. On ne perd pas son temps à le prendre: on lui donne toute sa force, on l’autorise à devenir une ressource au lieu de s’entêter à le dépenser sans y regarder, comme s’il était inépuisable!

reconversion temps

 

Les risques de l’identification express

Pour les cadres qui travaillent beaucoup et jonglent comme ils peuvent entre vie professionnelle et vie privée, le manque de temps peut mener à la tentation de la reconversion express: hop hop hop, trois tests de personnalité plus tard, je tiens le “job de mes rêves”. Ce serait évidemment merveilleux s’il suffisait de tests de personnalité ou d’une question magique pour non seulement identifier une voie de reconversion, mais aussi se lancer avec l’assurance sereine de celui qui n’a pas le moindre doute, qui sait où il va, pourquoi il y va et comment il va s’y prendre…

Il est fréquent, pour les candidats à la reconversion qui ne savent pas vers quels métier s’orienter, de voir des pistes émerger rapidement, à leur plus grande joie. A moi veau, vache, cochon, couvée!  Diligence agile, je me suis troussé vite fait une réussite facile! Et voilà qu’à l’horizon se dessinent les châteaux en Espagne dont je risque fort de payer les pots cassés. Car, le plus souvent, il s’agit de pistes paravents: elles répondent aux besoins professionnels les plus urgents à combler, tout en cachant les autres pour focaliser l’attention sur les premiers. Le large éventail des besoins professionnels n’ayant pas été couvert, les aspirations et appétences n’ayant pas été suffisamment explorées, l’adaptation du projet à soi étant survolée ou omise, il y a deux résultats possibles:

  • Le candidat fonce tête baissée dans un projet finalement peu satisfaisant, un projet étriqué et imparfait qui ne va pas lui apporter le plaisir et l’épanouissement qu’il cherchait: il lui manquera quelque chose, sa réalité ne sera pas celle qu’on avait espéré etc. Il risque de s’ennuyer très rapidement dans cette nouvelle vie professionnelle, notamment si c’est un multipotentialiste qui ne peut y trouver qu’une partie des multiples dimensions qui nourrissent son cerveau bouillonnant. Voir
  • Le candidat fonce tête baissée dans son projet et l’abandonne en cours de route: trop d’obstacles, trop de contraintes qui peinent à s’articuler avec les aspirations et besoins qui n’avaient pas été identifiés en amont et qui, finissent pas révéler un projet manquant du sens et de la substance qui génèrent des moteurs puissants de reconversion.

Dans les deux cas, l’amertume du sentiment de reconversion ratée est dure à avaler.

Ceux qui ont des intérêts multiples et pas de passion ont du mal à identifier une voie de reconversion

 

Trop de tripes, trop vite?

Nous l’avons vu, une reconversion qui parle à nos tripes a beaucoup plus de chances de réussir qu’une reconversion trop raisonnée raisonnable. Mais ne mélangeons pas tout: trop de tripes trop vite, ça peut aussi finir en tord-boyau si l’on y prête pas garde!

Une piste se présente, qui parle directement aux tripes? Tant mieux, c’est probablement une piste intéressante. Mais l’enthousiasme qu’elle suscite ne suffit pas à déterminer en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire qu’il s’agit là du Graal des jobs, car c’est surtout dans votre propre façon de déployer le projet que va se loger le véritable plaisir durable de travailler. Reste donc de nombreuses étapes d’exploration pour voir comment construire le projet, afin qu’il ne se transforme pas en miroir aux alouettes et en désillusion, bref, en totale indigestion.

Cette impatience à découvrir des ailleurs professionnels plus réjouissant peut cependant trouver sa place dans un processus de reconversion être mise à son service en ce sens qu’elle est souvent moteur de l’action: c’est souvent elle qui permet à mes clients de multiplier les recherches, les démarches et les expérimentations qui vont affiner le projet de reconversion. Ceux qui ont un sentiment d’impatience et d’urgence ont souvent besoin de résultats pour avoir l’impression d’avancer dans leur parcours, aussi plutôt que de lutter contre, il sera utile de les mettre à profit en allant rapidement vers du concret, même s’il ne s’agit pour commencer que de recherche d’information. L’impatience alors exploitée dans ses dimensions curiosité et moteur de l’action devient une ressource. Voir

L'impatience peut aussi être une qualité

 

Du temps et du plaisir!

Mais pour qu’un puzzle se tienne, il a besoin de toutes ses pièces d’une part et chacune à sa place d’autre part. Se donner du temps, prendre son temps, laisser le temps faire permet de mettre chaque élément à prendre en compte à sa place et peut aussi ajouter beaucoup de plaisir dans la réflexion: débarrassée de l’urgence, elle peut prendre le temps d’expérimentations de toutes sortes: professionnelles, relationnelles, émotionnelles qui favorisent la construction d’un projet logique, cohérent et pertinent.

S’autoriser le temps, la patience, l’exploration curieuse plutôt que d’espérer la réponse pré-mâchée… Pas facile sans doute dans notre monde où l’immédiateté est un dictateur habile qui fait de l’auto-soumission et de l’auto-dictature un art de vivre. Cependant c’est du temps pour soi, parenthèse précieuse dans laquelle la découverte de soi, l’exploration de ses aspirations, de ses désirs, du vaste champ des possibles, du vaste champ d’un secteur d’activité ou d’un métier est un chemin riche d’échappées belles, de vues imprenables, de bouquets aromatiques et de longueurs en bouche!

 

Le temps de la flexibilité et de l’exploration

Accepter de s’ouvrir aux possibles, de les arpenter comme autant de territoires inconnus qui ne peuvent se révéler terre promise ou infertile qu’en les observant de près, suivre un sentier engageant, rebrousser chemin pour en examiner un autre de près, ramasser un élément par-ci, un élément par là qui vont être ajoutés au projet, renoncer à une idée, en explorer une autre qui déboule sans qu’on s’y attende, tout cela demande une flexibilité et une disponibilité de l’esprit qui s’inscrivent dans le temps, de façon à faire des choix en connaissance de cause, plutôt que fondés sur des éléments incomplets. Personne n’a cartographié l’Afrique en 3 séances! Et vouloir le faire, c’est choisir d’ignorer certaines de ses spécificités, de ses caractéristiques, rogner son unicité et la priver de ses singularités. Il y a peu de chances qu’elle se reconnaisse là-dedans.

Se donner le temps de l’exploration, c’est aussi admettre qu’on le vaut bien, que notre projet et notre plaisir au travail le valent bien. C’est accorder de l’importance à vos aspirations professionnelles, donc à vous-mêmes. Bref: ça fait du bien et c’est bon pour l’estime de soi. Voir

 

Le temps de l’adaptation à soi

Il esiste assez peu de projets réalisables d’office, en deux ou trois étapes clairement identifiées. De même, il n’y a pas de métier qui rend heureux par nature: tout dépend de ses conditions d’exercice. Le candidat tenté de faire comme tout le monde, confondant au passage habitudes et impératifs professionnels, va devoir se suradapter à sa nouvelle vie professionnelle comme il l’a probablement fait dans ses boulots antérieurs, au détriment de son plaisir. Cette suradaptation est coûteuse en énergie autant qu’en satisfaction. C’est la raison pour laquelle la plupart des voies de reconversion potentielles nécessitent d’être adaptées aux aspirations et besoins du candidat de façon à ce que son projet professionnel soit pérenne, solide et garant d’une véritable amélioration de la satisfaction. Voir

assurer un amour du métier solide et durable

Ce temps de la mise à sa main se réfléchit en amont et se teste, dans la mesure du possible: nous savons tous combien, une fois la tête dans le guidon professionnel, nous avons tendance à ignorer les signes de déplaisir ou de baisse de motivation d’une part, et c’est pus difficile de sortir d’une habitude que d’en créer de nouvelles dès le début. Beaucoup de sentiments d’échec d’une reconversion sont liés une appropriation et une adaptation du métier à soi-même largement ignorée. Voir l’exemple du menuisier dans ce billet:

 

Le temps de la connaissance (et de la libération) de soi

La connaissance de soi dans un but de projet professionnel implique un travail d’introspection, d’observation de soi dans son rapport à soi-même autant qu’aux autres et au travail. Cette appropriation de soi-même, de ses propres désirs et leur incarnation dans un projet concret n’est pas une affaire de l’instant. Le coup de foudre et la demande en mariage trois jours après, ça fait peut-être rosir de plaisir les amateurs de comédies romantiques, mais dans la vraie vie, ça se finit souvent mal.

Et on n’apprend pas à se connaître en faisant quelques tests de personnalité. La connaissance de soi est une autre exploration, celle d’un territoire parfois plus difficile à éclairer et à objectiver qu’un simple secteur professionnel, parce qu’il suscite des émotions et demande un temps d’appropriation.

La libération de soi, c’est à dire dépasser les injonctions et les idées toutes faites, qu’elles soient familiales, socio-professionnelles ou relayées par les médias, pour s’autoriser à penser par soi-même, est un processus lent qui peut même passer par une phase psychologique. Sauter cette étape, c’est risque de prendre des décisions qui ne sont as les nôtres. Inversement, se découvrir en mesure de se détacher des croyances et héritages d’autrui et de réfléchir par soi-même et en fonction de soi-même donne un sentiment de maturité et de liberté profondément satisfaisants, autant dans les explorations que dans la construction du projet.

Reconversion: Libérer la pensée des injonctions

 

Le temps de l’enquête métier et des expérimentations

Non, on ne se fait pas une idée d’un métier en trois jours. L’enquête métier demande de ratisser large. L’enquête est une chasse au trésor ou chaque découverte peut orienter vos choix de manière inattendue peut-être, mais surtout porteuse de sens et génératrice de plaisir. Trop rapide, trop superficielle et elle omet des pans entiers de la réalité des métiers, des adaptations et des déploiements possibles, et risque de figer le désir de reconversion dans le syndrome de la chambre d’hôte, celle d’une carrière idéalisée:

Inversement, prendre le temps d’expérimenter et d’enquêter sur des secteurs qui vous intéressent ou un métier en particulier est une période qui foisonne d’idées pour faire émerger des voies de reconversion possibles ou affiner un projet existant.

Parce qu’il est fait de mille découvertes et qu’il pose une à une les pierres du projet, le temps de l’expérimentation est souvent perçu comme dynamisant et passionnant, même s’il déclenche des hauts et des bas et parfois même des renoncements.

  • L’émergence de pistes: Emma, analyste financier expatriée aux Etats-Unis, cherchait des pistes de reconversion tous azimuts, ne sachant pas trop vers quoi se tourner. C’est en menant une enquête métier auprès d’un designer, métier qui l’intéressait vaguement, qu’elle a découvert le business design, dont elle n’avait jamais entendu parler et qui allait lui permettre de concilier sa créativité, jusque-là peu exploitée et son intérêt pour la stratégie d’entreprise.
  • Les renoncements agréables: Lorsque Thierry, au fil de ses recherches, a compris qu’il ne pouvait pas amener son savoir-faire technologique dans les petites entreprises artisanales qui l’intéressent, l’instant de découragement a rapidement cédé la place à un sentiment d’avoir franchi une étape cruciale, d’avoir considérablement avancé, d’autant que ce renoncement a permis à une autre piste de se faire à nouveau entendre, qui avait été mise de côté parce que nécessitant une formation plus longue.
  • L’apprentissage constant: les enquêtes et expérimentations permettent d’en apprendre énormément sur les secteurs qui vous intéressent, mais aussi sur vous-mêmes et sur vos aspirations, vos idées toutes faites, vos besoins et vos convictions, ce qui peut être parfaitement enthousiasmant. Cet apprentissage constant a été l’un des moteurs du dynamisme avec lequel Aurélie Autran a mené toutes les démarches et expérimentations nécessaires à la réalisation de son désir de changer de métier. Voir

Réflexion, doute et expérimentation, une triplette pour réussir sa reconversion

 

Le temps de la dynamique mentale

Changer de métier est une formidable aventure qui, comme toutes les aventures, demande bien plus que de passer un casting de téléréalité pour aller survivre sur une plage des mers du sud. Avoir suffisamment de carburant pour ne pas se retrouver à sec en plein désert et baisser les bras demande:

  • Une solide estime de soi pour gérer les doutes et les embûches.
  • Une flexibilité de l’esprit pour trouver des solutions et s’adapter aux événements.
  • Des compétences relationnelles et de l’assurance car le projet s’inscrit toujours, à un moment où à un autre, dans la relation à l’autre, depuis l’entourage jusqu’aux interlocuteurs professionnels.
  • Du dynamisme et de l’enthousiasme pour poser toutes les actions à mener.
  • Une capacité à générer de l’énergie pour entretenir l’endurance et l’optimisme.

Le tout s’acquiert, se construit et s’entretien. Là aussi, la préparation de cette dynamique mentale en amont est essentielle au projet – bien que considérablement négligée – et prend du temps, en particulier lorsque les aléas de la vie professionnels ont affaibli la relation à soi et aux autres. C’est aussi un temps bien agréable que celui qui, au gré du chemin, nous emmène pas à pas vers un nous-même réconcilié à lui-même, décomplexé, un nous-même plus dynamique et plus serein à la fois, mieux dans ses relations, plus sûr de lui et de des choix.

3 clés pour développer et entretenir la confiance en soi

 

Le temps de la décision

La peur de l’échec, de se tromper de voie, le sentiment d’un parcours long et compliqué, la crainte de la perte financière, de reprendre des études etc… les freins à la décision de se lancer sont nombreux et peuvent générer des erreurs d’aiguillage: par exemple, se diriger vers un itinéraire plus simple, plus raisonné mais moins motivant, et donc  plus susceptible d’échouer. Voir

Inversement, lors q’une maturation lente et en harmonie avec le rythme du candidat à la reconversion, les doutes et les craintes s’estompent un à un à mesure que les contours du projets deviennent plus nets. Lorsque les trois dimensions – le quoi, le pourquoi et le comment – d’un plan de reconversion sont clairement définis et correspondent à la large palette des aspirations et appétences du candidat à la reconversion, ses besoins émotionnels face à son désir de changer de métier sont satisfaits. La décision se prend avec assurance, avec le naturel et la fluidité d’un calme intérieur confiant associé au dynamisme et à la motivation.

Oui, on peut établir un quoi, pourquoi, comment à grande vitesse, en se basant sur des évaluations rapides – et superficielles – de la “vocation” qui ont tiré du chapeau des colombes pistes de reconversion et sur lesquelles on plaque des motivations et des plans de routes clé-en-main.  Mais on omet alors des pans entiers des besoins et aspirations professionnels de la personne qui veut changer de métier. Ne nous étonnons pas alors: informations tronquées, incomplètes ou manquantes sont une énorme épine dans le pied du changement de métier et à projet estropié, plantage annoncé.

Les émotions, boussole et impulsion de la reconversion professionnelle

 

 Le temps d’apprendre à se reconvertir et à entretenir le plaisir au travail

Voilà les raisons pour lesquelles je propose systématiquement à mes clients en recherche d’un changement de métier ou désireux de valider ou d’invalider un projet des accompagnements longs, qui contiennent une bonne part de transmission au client pour qu’il soit en mesure de piloter sa carrière à partir de sa reconversion mais aussi au delà, car les besoins et désirs professionnels, les aspirations et les appétences peuvent évoluer à tout moment.

D’autre part, pour les générations plus jeunes, qui se tournent de plus en plus vers des changements de métiers précoces, il est probable, au vu des évolutions fulgurantes du marché du travail, de l’apparition de nouveaux métiers et de l’obsolescence d’autres, qu’ils seront amenés à se reconvertir plusieurs fois au cours de leur vie professionnelle. Il s’agit donc de les rendre autonomes dans leurs évolutions professionnelles futures.

Pour permettre à la fois le job crafting pour l’adaptation du métier, la construction et l’entretien du plaisir au travail d’une part et la capacité à se réorienter professionnellement d’autre part, deux axes sont indispensables:

– Comment évaluer ses propres besoins, aspirations, valeurs et appétences

 – Comment confronter ces éléments à un métier pour vérifier la pertinence du projet ou pour le remettre régulièrement à sa main

Rappelons qu’Ithaque propose pour cela une approche et une méthodologie uniques, en constante évolution et intégralement élaborées par nos soins pour vous proposer des reconversions grands Bourgognes plutôt que picrate d’automne qui nous ont valu le titre de premier influenceur français sur le changement de métier😉 Voir:

Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual

 

 

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