2 freins majeurs à l'évolution professionnelle

Sylvaine Pascual – Publié dans Vie professionnelle / regards croisés

 

 

 

Après les 3 paradoxes des enjeux de société, seconde partie de notre retour sur le colloque Quels dirigeants, quelles dirigeantes pour demain?, organisé par le groupe Grandes écoles au féminin (GEF). Cette étude a révélé deux freins principaux à l’évolution professionnelle vers des postes à responsabilité: l’équilibre de vie et les conflits de valeurs.

 

 

 

Pour rappel, La 5ème étude menée par GEF en partenariat avec Sociovision Cofremca a questionné 21 dirigeant(e)s et entrepreneurs ainsi que 4200 diplômé(e)s de ses écoles autour de trois axes:

  • Les enjeux pour les dirigeant(e)s de demain
  • La vision de l’accès au pouvoir et de son exercice (qualités et compétences requises etc.)
  • Les propositions d’actions concrètes pour avancer positivement dans cette voie.

 

L’objectif étant de comprendre pour mieux agir. Voici les résultats de cette étude concernant les enjeux de la société civile, vus par les diplômé(e)s de ces 10 grandes écoles (Centrale Paris, ENA, Ecole des Ponts PariTech, ESCP Europe, ESSEC, HEC, IEP Paris, INSEAD, Mines ParisTech et Polytechnique).

 

 

 

Évolution de la relation au travail

 

La question de l’accès au pouvoir, c’est à dire aux postes de dirigeants d’entreprise, révèle que les diplômés des Grandes écoles sont ambitieux, mais pas à n’importe quel prix. C’est sans doute une évolution majeure de la relation au travail qui pointe le bout de son nez: il n’est plus une source de réalisation de soi à lui seul.

 

 

 

 

 

2 freins à l’évolution professionnelle

 

Il est assez frappant de constater que deux freins se détachent autant, laissant très très loin derrière d’autres entraves à l’évolution professionnelle devenues anecdotiques, et que ces deux freins n’ont rien à voir avec les compétences professionnelles ou les responsabilités inhérentes au pouvoir:

 

 

 

L’équilibre vie personnelle vie professionnelle

 

La relation au travail est en pleine mutation, même si certains clichés issus d’une conception du travail en voie d’obsolescence ont encore la peau dure. L’un de ces clichés est l’idée que la réalisation de soi est intimement liée à la carrière, à la “réussite” professionnelle, et que celle-ci est l’aboutissement d’une vie professionnelle presque linéaire: un peu plus de responsabilités à chaque promotion, jusqu’à atteindre les instances dirigeantes de l’entreprise.

 

Or, aujourd’hui, plus grand monde ne veut d’un travail qui soit la source principale de réalisation de soi et, nous y reviendrons, les hommes encore moins que les femmes. Tous veulent non seulement préserver mais aussi vivre pleinement leur vie personnelle, et la “réussite” de sa vie tout court passe par là.

 

 

En conséquence, il est de moins en moins tabou aujourd’hui de vouloir travailler moins et vivre mieux, voire même d’être capable de refuser une promotion, au cas où elle vienne menacer l’équilibre vie professionnelle – vie privée.

 

 

Les conflits de valeurs

 

L’évolution de la relation au travail s’explique aussi assez facilement à une époque où le rôle de l’entreprise s’est déshumanisé, dans un monde où on laisse trop de pouvoir aux financiers et qui ne sortira peut-être jamais vraiment de la crise.

 

 

Il devient de plus en plus difficile de se contenter de petits arrangements avec l’écart grandissant entre les valeurs individuelles – motrices ou morales –  et la façon de piloter les entreprises. Or, nous pouvons remettre nos valeurs gentiment dans notre poche avec notre mouchoir par-dessus: elles finissent le plus souvent par nous rattraper et nous mettre sous le nez l’aberration de certaines situations professionnelles, dont l’absence d’éthique, d’équité, d’humanisme et plus généralement de sens devient insupportable.

 

Le refus de plus en plus marqué de s’asseoir sur ses valeurs au nom d’un salaire raisonnable est certainement l’indicateur que la perte de ces valeurs dans le fonctionnement des entreprises n’a d’égal que la nécessité pour l’être humain de pouvoir vivre en adéquation avec ses principes. En d’autres termes, si nous sommes probablement tous prêts à faire la pute pour un certain prix, il y a aussi un moment pour chacun de nous où à l’intenable nul n’est tenu et où il redevient indispensable de pouvoir simplement dormir sur ses deux oreilles… car le cerveau a du mal à trahir ses valeurs pour de l’argent.

 

Et il y a peut-être là une bonne nouvelle, car si l’on ne peut aujourd’hui espérer des gouvernements qu’ils “moralisent” l’économie, c’est bien la détermination de chacun d’entre nous à revenir à des fonctionnements plus humains qui peut permettre la mise en œuvre de nouveaux modèles. En espérant pas mal de réflexion autour de cela, car l’effet balancier a malheureusement tendance, après un excès, à nous envoyer tout droit dans l’excès inverse!

 

 

 

Freins à l’évolution et reconversion professionnelle

 

Ce qui m’a marquée à la découverte de ces deux freins à l’évolution professionnelle, c’est qu’ils correspondent parfaitement aux deux raisons principales qui amènent mes clients à explorer leur désir de changer de métier: pouvoir vivre en fonction de leurs aspirations, qui tournent essentiellement autour de la conciliation vie personnelle et vie professionnelle, et de l’exercice éthique d’une profession, c’est à dire l’exercice cohérent avec leurs systèmes de valeurs, motrices et/ou morales.

 

Ainsi dons il y aurait une conviction forte aujourd’hui que l’entreprise permet de moins en moins de concilier pouvoir et éthique, ce qui expliquerait le chiffre somme toute faible d’envie de changer d’entreprise pour aller vers plus de pouvoir, avec l’idée sous-jacente que c’est pareil partout. La solution reste alors la reconversion professionnelle avec, pour un certain nombre de candidats, la création d’entreprise à la clé, entreprise qu’ils pourront développer à leur manière. On constate d’ailleurs que pour une bonne part, le profit et les revenus générés sont moins importants que le désir d’être droit dans ces bottes et de prendre ses propres décisions en son âme et conscience.

 

Et c’est peut-être d’ailleurs dans la construction de nouveaux modèles d’entreprises qu’une solution durable se trouve, davantage que dans l’application artificielle de valeurs à but essentiellement marketing, à des entreprises déjà existantes.

 

Voilà l’un des grands défis et le nouvel enjeu de la formation et de l’accompagnement aux créateurs et chefs d’entreprises, pour éviter que les entreprises de demain soient le simple prolongement de celles d’aujourd’hui et éviter l’excès de mercantilisme, le mépris du client, l’irrespect du salarié et au delà la déshumanisation de la société. Cela signifie vérifier que les objectifs de l’entreprise et les stratégies de développement soient d’une part en adéquation avec les valeurs de l’entrepreneur, et d’autre part profitables à tous et au détriment de personne.

 

Ce challenge correspond étroitement à l’image que ce font les diplômés des Grandes écoles du dirigeant de demain, dont nous détaillerons le profil la semaine prochaine.

 

 

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Aller plus loin

 

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