Toute la question en reconversion serait « se poser les bonnes questions » Pourquoi, il y en aurait de mauvaises ? Non : toutes les questions qui vous viennent méritent d’être posées et c’est peut-être davantage une question de formulation et d’orientation que de nature de la question. Donc de forme que de fond. Explications !
La question des bonnes questions
Je l’affirme volontiers, je le répète, je le martèle : inutile de se mettre la rate au court bouillon pour trouver « les bonnes questions à se poser » : la question des bonnes questions à se poser n’est probablement pas la question !
Car il n’y a pas de questions miracles dont va découler un projet de rêve en toute fluidité. Pour en finir avec l’illusion qu’en jetant dans un chaudron trois ou quatre points d’interrogation vous allez sortir le métier de vos rêves, disons-le une fois pour toutes : la plupart des « bonnes questions » que vous pouvez trouver sont bien trop vagues et bien trop à côté de la plaque pour vous apporter quoi que ce soit de tangible, de solide. Quelles sont vos passions ? Vos valeurs ? Est-ce un projet sérieux ou une envie passagère ? Le marronnier de la reconversion fait les choux gras de nombreuses publications, mais c’est prendre vos poires pour des carcasses de poulet que vouloir vous faire croire que vous allez trouver des réponses là dedans :
Toutes les questions qui vous viennent méritent d’être posées
A l’inverse – ou peut-être de la même manière, il n’y a pas de « mauvaise question ». Toutes les questions qui vous viennent sont bonnes et méritent d’être posées parce qu’elles correspondent à autant de points à traiter pour vous, dans votre projet. Ce qui signifie deux choses:
- Les questions ne sont pas génériques et sont peu modélisables en amont, vu que le chemin de la reconversion, des besoins et émotions qui lui sont liés sont parfaitement uniques et singuliers. Au final toutes ces questions qui vous viennent demandent d’aller chercher des informations et de trouver des solutions.
- Toutes les questions sont bonnes parce que dès lors qu’elles déboulent dans votre calebasse, les ignorer, c’est prendre le risque de mijoter un projet boiteux, tronqué, mal adapté à vous. Et au même titre que la blanquette sans veau, ce n’est pas fameux, un projet mal ficelé, ça ne nourrit pas son travailleur.
Aussi dès lors qu’une question vous vient, ne vous pressez pas le citron à chercher si c’est une bonne question ou pas. Le secret, s’il faut qu’il y en ait un, consiste à la poser en soignant sa formulation.
Formuler les questions
La question des questions n’est donc finalement peut-être qu’une question… de formulation. Comment trouver une réponse acceptable à une question du type « ce métier est-il fait pour moi ? » ou « Pourrais-je vivre de mon projet? » ? Pour que ces questions ne vous fassent pas devenir chèvres à tourner encore et encore dans les rond-points sans sortie des questions sans réponse, mieux vaut préférer une formulation spécifique :
– Question ouverte
– Question précise
Ainsi la question “Pourrais-je vivre de mon projet” est à la fois une question fermée et trop vague. Que signifie, pour vous et précisément « vivre de mon projet » ? De quelle fourchette de revenus précise parlez-vous? Dans quelle mesure les revenus possibles sont-ils compatibles avec vos aspirations ? Et comment pouvez-vous vous y prendre pour les générer ? sont une façon bien plus susceptibles de vous fournir les réponses dont vous avez besoin.
La reformulation des questions en points à traiter est aussi un excellent moyen dé dépasser les craintes, inquiétudes et angoisses que votre projet peut générer:
Dès qu’une question est posée, vous pouvez explorer comment y répondre, comment trouver des solutions, comment anticiper des conséquences et les intégrer dans le projet, fixer des critères de validation ou d’invalidation d’un projet etc. Ainsi la question financière, par exemple, qui est source de beaucoup de questionnements, a bien le droit être l’un des pilier de votre réflexion!
Quelles questions pour orienter la réflexion ?
Parfois, la question des « questions à se poser » concerne la façon d’orienter sa réflexion, plutôt que d’imaginer que quelques questions suffisent à une reconversion rondement menée. Là aussi, nulle question miraculeuse ne fera jaillir la lumière divine éclairant le chemin tout tracé de votre projet vers le Graal du bonheur de travailler, éternel et équanime, comme dans les contes de fées. L’élaboration d’un projet de reconversion passe par des territoires personnels et professionnels à explorer, aussi plutôt que des questions spécifiques à vous poser, il va plutôt s’agir de points à aborder pour vous assurer que vous avez creusé le sujet dans toutes ses dimensions. Faute de quoi, il pourrait vous emmener tout droit vers les ratés et plantages fréquents quand on cherche à changer de métier. Vous trouverez dans ce billet 10 dimensions à aborder, dont certains beaucoup trop souvent négligés de nombreuses publications:
Et bien entendu, je connais l’objection classique, souvent venue de la vision un poil biaisée de:
- Ceux qui ont un formidable capacité à rebondir et qui ont besoin de relativement peu d’informations avant de se lancer. Ils ne craignent pas l’inconnu, la perte de revenus ou l’éventuel plantage, ils ont besoin d’avancer, quitte à renoncer plus tard.
- Ceux qui ont trop lu de développement personnel et ont été gavés d’injonctions à faire plutôt qu’à réfléchir, et qui ont fini malheureusement convaincus qu’agir est plus glorieux que réfléchir, sans se rendre compte que l’idéal est dans un équilibre très variable (et spécifique à chacun) des deux.
Bien entendu qu’il n’est pas question de passer son temps à se poser des questions sans agir. En vertu que principe selon lequel “qui veut noyer son chien l’accuse de la rage”, les pourfendeurs du temps de la réflexion vous diront que l’introspection, c’est bien joli, mais ça ne fait pas avancer concrètement. Comme si la réflexion n’était que ça, un temps auto-complaisant passé perdu(e) dans ses pensées, un temps passif et oiseux d’intellectualisation excessive où l’on se perd, où l’on perd évidemment son temps dans des circonvolutions mentales qui ne débouchent sur rien. Il y a là un schématisme simpliste dont on peut sourire gentiment : bien entendu que le temps de réflexion, ce n’est pas ça. La plupart des questions qui viennent nécessitent justement des démarches et expérimentations très concrètes et inversement chaque action concrète procure des informations qui nécessitent un brin d’analyse.
Réfléchir à un projet de bifurcation professionnelle est une alternance constante de réflexion, d’évaluation et d’analyse d’une part, et de démarches d’autre part:
Un projet qui répond à trois questions
Il n’y a donc ni bonne ni mauvaise question à se poser en amont. En revanche, à l’issue de votre réflexion, vous avez besoin de vous assurer que votre projet est pertinent et faisable en vérifiant qu’il répond à trois questions essentielles qu’on ne peut pas, une fois de plus, poser en amont: c’est le quoi? Pourquoi? Comment? qui valide ou invalide les projets. Toutes les explications sont dans ce billet, infographie à la clé:
Il me reste à vous souhaiter bonne route!
Aller plus loin
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