Reconversion : dépasser le sentiment d’être dans le brouillard

Pour sortir du sentiment d'être perdu(e) dans le brouillard, considérez que votre reconversion est un territoire à cartographier, pas un sommet à escalader. Et cartographiez-le!

Lorsque le désir de reconversion pointe le bout de son nez et qu’on a accepté l’idée de le sortir de son tiroir pour l’explorer, il arrive que le sentiment d’être perdu dans le brouillard s’installe: comment s’y prendre, par où commencer, quelles étapes à mener, quel itinéraire suivre? Mais peut-être que pour sortir du brouillard, on a moins besoin d’itinéraire que de points de repères.

Pour sortir du sentiment d'être perdu(e) dans le brouillard, considérez que votre reconversion est un territoire à cartographier, pas un sommet à escalader. Et cartographiez-le!

 

Le brouillard: ennemi de l’orientation

En montagne, le brouillard est l’ennemi de l’orientation. En pleine purée de pois, le point de repère se fait rare et continuer à avancer devient un danger : le brouillard porte bien son nom, qui brouille les perceptions et les impressions de relief et de distance. Lorsqu’il est assez épais, il embrouille les plus débrouillards et la faible visibilité vous fait prendre le risque de vous perdre, de finir dans des pentes bien trop escarpées, des éboulis dangereux. Deux options s’offrent à vous :,

– Vous arrêter et attendre que le voile se lève
 – Vous munir de votre, carte, votre boussole et votre altimètre pour établir votre position avec précision et avancer ensuite, un peu à tâtons, de point de repère en point de repère

Le sentiment d’être dans le brouillard rattrape les montagnards partis à l’assaut de leur reconversion dès qu’ils ont l’impression de ne pas savoir comment s’y prendre, quelle direction suivre, quand ils ne savent pas ce dans quoi il veulent se reconvertir et comment y réfléchir; ou encore est-ce une bonne idée, cette envie qui les tenaille? Bref, quand ils ne savent pas où ils vont. Et comme n’importe quel quidam paumé dans la brume, la tentation est grande de se précipiter sur le premier signe qui, ouf, lui dit que c’est par là qu’il faut aller. C’est comme ça qu’en reconversion, on peut être alors tenté(e) d’avoir recours aux parcours simplifiés qui pourraient, semble-t-il, éclairer le chemin, comme le bilan de compétences, les tests de personnalité ou les itinéraires bien balisés (étape 1, étape 2, étape 3 etc.).

le bilan de compétences est rarement une réponse adaptée à un désir de reconversion

 

La reconversion n’est pas un itinéraire balisé

Seulement voilà, votre reconversion, ce n’est ni le Mont Blanc, ni l’Everest, ce n’est pas un sommet à gravir. Tant que le projet n’est pas défini, c’est une terra incognita. Et encore heureux, sinon tous les candidats à des pâturages professionnels plus verts et plus nourrissants se retrouveraient à faire la queue au deuxième ressaut, tout ça pour instagrammer le même toit du monde que leur voisin de chambrée.

Alors évidemment, c’est rassurant : le parcours est unique, donc on ne peut pas se perdre, on vous fournit tout, la tente, les crampons, le guide et les piolets et on vous gave d’oxygène tout du long. Le problème, c’est que ça ne fonctionne que si vous savez déjà où vous allez, pourquoi vous y allez et comment vous allez vous y prendre. Auquel cas, vous n’avez aucune raison de vous sentir perdu en plein brouillard, vous avez déjà le territoire, la carte et l’itinéraire!

Mais est-ce bien ce dont on a besoin quand on est perdu en terra incognita ? Avons-nous vraiment besoin qu’on nous fasse croire qu’indépendamment du territoire, il y a un itinéraire unique ?  Votre vie professionnelle vaut sans doute autre chose qu’un trekking à la queue-leu-leu!

la reconversion découpée en étapes, c'est comme un trekking à la queue-leu-leu: ça n'a ni le goût ni la satisfaction du parcours personnalisé

 

Terra incognita

La vie professionnelle désirée suscite un sentiment de brouillard lorsqu’elle n’a encore pas de contours nets puisqu’elle n’est pas encore identifiée, ou lorsqu’elle porte sur un métier ou secteur déterminé avec une connaissance encore limitée du sujet ou de ses enjeux. Elle est alors une terre inconnue, aux limites floues qui nécessite exploration et appropriation, avant de pouvoir prendre des décisions. Or un territoire ne se découvre pas de façon linéaire comme une série d’étapes qui mènent tout droit à un sommet. Il s’arpente de long en large jusqu’à être suffisamment cartographié pour s’y retrouver. Il se sillonne, se mesure et s’évalue au gré des informations récoltées qui vous font faire faire un pas dans un sens, un pas dans un autre, jusqu’à ce qu’il devienne lisible et cohérent. C’est un ensemble de démarches concomitantes, d’explorations faites en parallèle et/ou en arborescence.

C’est la raison pour laquelle beaucoup de reconversions, en particulier chez ceux qui ont la cafetière en ébullition, se fait par touches impressionnistes et non pas itinéraire linéaire et modélisé.

C’est aussi la raison pour laquelle un erreur classique consiste à attendre d’avoir pris une décision sur l’orientation à prendre avant de l’explorer:

Comment dépasser le sentiment d'être perdu(e) dans le brouillard en reconversion

 

3 éléments pour sortir du brouillard

Je vous disais tout à l’heure que pour sortir du brouillard, en montagne, il est nécessaire de sortir 1- sa carte, 2- sa boussole et 3- son altimètre.

 – La carte, c’est la connaissance de soi – Chaque carte est unique et demande elle aussi une exploration personnalisée.

– La boussole, ce sont les besoins professionnels – qui vont permettre l’orientation en étant confrontés à la carte de la connaissance de soi.

Je suis prête à parier un GPS contre un baudrier que maintenant que j’ai écrit ça, les prestations prétendant inclure la cartographie des besoins professionnels et la conn vont fleurir comme comme les bleuets dans les champs de blé. Alors du coup je garde l’altimètre pour mes clients, mais pour vous chers lecteurs candidats à la reconversion, plutôt que de vous jeter sur les autoroutes de l’orientation,  voici quelques pistes de réflexion pour vous donner des points de repères et pouvoir sortir du sentiment d’être coincés dans le brouillard.

Les repères sont parfois là, à nos pieds, sans qu’on y prenne garde, alors qu’ils ne demandent qu’à être identifiés et intégrés dans la mosaïque d’appétences qui donnera jour à votre projet. Il y en a ainsi plein à récolter dans la simple observation de vous, de ce qui vous définit, de ce qui vous anime, de ce qui vous agace, vous inquiète ou vous fatigue, et qui est la clé de la connaissance de vous. Celle-ci peut se faire par bien des biais, il vous suffit de copier-coller “connaissance de soi” dans le moteur de recherche d’Ithaque coaching (en haut à droite de ce billet) pour avoir accès à des tas de possibilités. En voici trois exemples:

Explorer nos montagnes intérieures pour construire un destin singulier

Quant à vos besoins professionnels, ils peuvent concerner autant les conditions que le contenu du travail et vous pouvez commencer à les répertorier en observant ce que vous avez adoré, accepté ou détesté dans vos vies professionnelles antérieures et en imaginant ce que vous adoreriez, accepteriez ou détesteriez dans votre vie professionnelle future. Ce n’est bien entendu qu’un premier pas, mais il va vous permettre de commencer à mettre des points de repère sur la terre inconnue de votre projet.

 

1- Sortir du brouillard de l’identification d’un projet

Nous l’avons déjà évoqué, laissez sans regrets tomber les questions vagues et crétines qui sont les marronniers de la reconversion pour les nuls. Elles vont vous faire tourner en rond (et en boule) dans le brumasse nébuleuse de la non réflexion

Reconversion professionnelle: les questions à éviter

L’autre entrave dont vous avez besoin de vous libérer pour entrevoir les points de repères qui sont déjà là et vous indiquent déjà des directions possibles, ce sont l’auto-censure et les injonctions, en vrac : « trouver sa voie », les héritages familiaux, la culpabilité etc.

Vous disposez déjà de points de repères potentiellement pleins d’enseignements non pas dans ce que vous aimez, mais dans les raisons pour lesquelles vous aimez ce que vous aimez:

6 questions pour identifier une voie de reconversion

 

2- Sortir du brouillard de la “bonne décision”

Lorsque vous avez enfin une idée, même vague, qui se dessine, le brouillard peut revenir à l’assaut de vos cimes, tant que vous n’avez pas le sentiment d’avancer le pied sûr. Ce sentiment est en général lié au besoin d’information, qui est très personnel: certains se contenteront de peu, d’autres auront besoin d’investiguer bien davantage. Ecoutez-vous et faites selon vos besoins!

Reconversion: pour développer le pied sûr et l'aisance des bifurcations professionnelles, apprendre la voie de l'isard

 

L’itinéraire singulier

L’itinéraire qui sera le vôtre pour mener à bien votre reconversion, vous le tracerez vous-même, en fonction des spécificités de ce territoire autant que des vôtres, une fois que vous l’aurez découvert et cartographié. L’itinéraire ne se dessine donc pas en amont, mais bien en aval, une fois que vous êtes sortis du brouillard et la décision de l’orientation est prise. Car ce n’est qu’à ce moment-là qu’on peut le découper en étapes: vous avez alors ouvert votre propre voie.

Bonne route!

 

Voir aussi

Reconversion: 6 façons de ne laisser personne décider à votre place
Reconversion: réhabiliter la peur et la transformer en moteur
Comment s’y prendre en 7 étapes quand on a aucune idée de reconversion
Mettre la rêverie au service de la reconversion: infographie et podcast

 

Aller plus loin

Vous voulez explorer votre désir de reconversion, en cartographier le territoire pour dessiner ensuite l’itinéraire singulier qu’empruntera votre vie professionnelle pour renouer avec le sens et le plaisir de travailler? Ithaque vous propose son approche exclusive: Heureux qui comme Ulysse. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

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