Connaissance de soi: 20 000 lieues sous l’amer

Une connaissance de soi solide, qui nourrit l’acceptation de soi et l’estime de soi peut se construire autant en plein (nos qualités, nos préférences etc.) qu’en creux (défauts, limites, incompétences etc.). Pour le plein, nous nous sommes inspirés de Jules Verne pour faire le tour de votre monde en 80 mots et pour le creux, partons faire 20 00 lieues sous l’amer.

Soi-même, mer inconnue

Le choix de Jules Verne vient aussi du goût de l’aventure de ses personnages : mélange d’explorateur et d’aventurier prêt à aller au contact de son exotisme intérieur, de considérer ses singularités avec une curiosité ouverte, plutôt que de s’auto-juger trop vite ou au contraire d’amarrer notre navire dans les eaux tentantes de l’auto-complaisance.

Prenons donc le personnage de Némo, bien étrange et très ambigu, qui envoie par le fond des navires mais sauve la vie d’un pêcheur de perles, qui justifie par son oppression la destruction de son oppresseur, qui rejette le monde sans cesser de s’en prendre à lui, donc d’interagir avec. 

Nous avons tous, dans une moindre mesure, de ces ambiguïtés qui s’expriment en Némo caché dans notre Nautilus interne, circulant dans nos veines entre belles valeurs et combats douteux, et inversement en monde à la poursuite de ce Némo dérangeant qui vient lui couler ses navires. C’est bien parce qu’il est particulièrement ambivalent que je ne pousserais pas plus loin l’analogie, l’idée est simplement d’imaginer que notre petit système interne n’est pas toujours une baie paisible où l’on peut canoter tranquillement dans l’acceptation de soi. C’est souvent un monde où un Némo et ses ennemis  s’affrontent et se rejettent sans se prendre en considération. Ainsi certaines de nos caractéristiques ou de nos apparentes contradictions peuvent nous laisser un goût amer dans lequel nous marinons et nous tournons en rond, prêts à nous torpiller des parts de nous-mêmes que nous allons parfois jusqu’à détester.

Lorsque nous réfléchissons à nous-mêmes, nous restons souvent en eaux troubles entre auto-complaisance et auto-torpillage, il y a souvent peu de nuances et nous pouvons alors entretenir avec nous-même une relation ambivalente qui n’est pas exactement favorable à l’acceptation de soi ainsi qu’aux bonnes relations aux autres. Voilà notre Nautilus armé et prêt à en découdre.

Questionner les caractéristiques qui laissent un goût amer

Tout cela nous laisse à naviguer sans joie vingt mille lieues sous l’amer, là où les relents rances de la non acceptation de nous-même tels que nous sommes nous renvoie un miroir dont on se passerait bien : la non acceptation de nous-mêmes par les autres. Car malheureusement, ce que nous pensons de nous-mêmes à des façons de rejaillir dans nos paroles et comportements qui ont l’art d’amener les autres à nous considérer de la même manière.  Il y a suffisamment de possibilités de subir préjugés et discriminations sans venir en ajouter par une image de soi qui les augmentent.

Pour ne pas laisser notre Nautilus interne, ce petit bijou d’ingéniosité, sombrer de le maelstrom de du rejet de soi pour ne devenir que l’instrument d’un interminable combat contre tout, tout le temps, et en particulier contre nous-mêmes, autant s’intéresser à la connaissance de soi. Car on peut être médusé par les découvertes qu’on peut faire dans nos océans intérieurs.

Ainsi donc, nous pouvons parvenir à une meilleure connaissance de nous-mêmes, plus juste et plus objective, en questionnant ces caractéristiques qui nous déplaisent en nous-mêmes, que nous considérons parfois comme des tares rédhibitoires.

L'impatience peut aussi être une qualité

De la perception d’un défaut à l’objectivation d’un fonctionnement

Commençons par considérer qu’avant d’avoir des qualités et des défauts, il s’agit essentiellement de caractéristiques. Prenons deux exemples pour voir comment mieux nous comprendre en identifiant ce que ces caractéristiques disent de nous

Mais quel flemmard! – Un de mes clients me disait l’autre jour qu’il se considérait comme flemmard. Chercheur de formation, il s’est ré-orienté car il se trouvait trop feignant dans une part du travail de recherche qui consiste à lire les expérimentations des autres chercheurs pour élaborer des expériences.  Essentiellement motivé par les résultats des recherches, il trouvait ces lectures fastidieuses et s’auto-qualifiait de feignant, parce qu’il avait procrastiné sur ces tâches-là. Or, ce qu’il aime, c’est créer des hypothèses et des processus à partir de résultats de recherche. Et là-dessus, il est capable de bosser comme deux. L’auto-étiquette « flemmard » cache simplement l’appétence et la motivation réelle, elle ne nous dit rien d’objectif. En revanche, ce qui se cache derrière, c’est qu’une inappétence fait qu’un métier de recherche pure n’est pas pour lui et inversement qu’il apprécie de travailler en aval de la recherche, sur les applications concrètes de ses découvertes.

Une image de passivité – Une autre cliente parle de son introversion en termes tout à fait intéressants, car elle a décortiqué sa façon de fonctionner pour pouvoir parler d’elle en entretien d’embauche. Ainsi elle passe beaucoup de temps à observer et analyser, ce qui peut donner à croire qu’elle est un peu « passive », mais en réalité, pendant ce temps, ça carbure sous sa calcombe et elle produit des idées. Elle exprime ainsi simplement son besoin d’espace et de temps pour réfléchir. C’est exactement ce type d’analyse qui débouche sur une connaissance de soi utile à la fois pour favoriser l’acceptation de soi et l’estime de soi (rien n’est exprimé eu auto-torpille), mais aussi la compréhension mutuelle au travail, quand on a des modes de fonctionnement différents.

Il s’agit donc d’éviter de se coller une étiquette sur ces caractéristiques de l’ordre de l’auto-jugement, et bien de questionner ce que cela signifie, ce que cela dit de nous, de nos penchants et préférences, de nos propres façons de fonctionner. Car si dans le premier exemple, ce client avait gardé cette caractéristique « flemmard », ce serait un peu comme s’il n’était jamais descendu du sous-marin et n’avait jamais goûté la températures de ses propres eaux. Il aurait continué à se reprocher ce trait de caractère sans voir ce que ça lui dit de ses appétences.

Bref, plutôt que d’essayer de nous échapper de (à ?) nous-mêmes, nous avons la possibilité de jouer les Aronnax curieux du Némo tapi au fond d’eux. Non pas pour se juger, mais bien pour se comprendre, car c’est alors que la capitaine de votre âme acceptera de vous montrer les secrets de son fonctionnement.

Quelles caractéristiques trouvez-vous en vous-même qui vous laissent un goût amer ?

Que disent-elles de vos besoins, vos désirs, vos préférences, vos appétences, vos penchants ?

Quels sont donc leurs bénéfices ?

Comment devient-il alors plus juste et plus objectif de les considérer ?


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http://connaissance de soi


Aller plus loin

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