Comment laisser les idées de reconversion pousser comme des champignons!

Je vous avais déjà partagé 4 principes mycologiques pour identifier une voie de reconversion, inspirés d’une année où faute de cèpes, on mangeait des pieds-bleus. Il se trouve que 2017, qui marque le (très) grand retour du cèpe dans les bois Rambolitains, a soufflé à mes oreilles une autre image mycologique pour votre reconversion. Voici comment laisser les idées pousser comme des champignons!

 

Voir le bolet ventru qui nous tire son chapeau!

En 2017, les champignons qui avaient pas mal déserté nos forêts sont revenus en masse. C’est l’année du siècle ! Du coup, les chercheurs de champignons sont légions qui arpentent les sous-bois avec paniers et bâtons. Mais j’ai remarqué un truc. Beaucoup de chercheurs s’enfoncent dans les labyrinthes sylvestres, probablement à la recherche d’un coin à champignons inconnu des bataillons de mycologues amateurs, où personne ne serait passé et qui regorgerait du roi des bolets.

Le résultat, c’est quantité de cèpes qui attendent tranquillement, là, au bord du chemin. Et personne ne les ramasse. Ou peut-être que personne ne les voit. Car, persuadé peut-être que le Boletus edulis se cache par nature, le cueilleur scrute le sous-bois, il regarde un plus loin que le bout de ses pieds et à force, il ne voit pas le bordelais joufflu qui lui tire son chapeau brun et à côté duquel il a posé ses semelles.

Peut-être que c’est pareil pour les transitions de carrière. En particulier pour les goulus de plaisir, de stimulation et d’intérêt qui ont beau scruter de tous leurs yeux la pénombre des bois professionnels, ils ont le sentiment de ne pas parvenir à dégager les contours d’un projet précis.  Peut-être que parfois nous regardons un peu trop loin et que nous ne voyons pas la perle, là au bord du chemin, qui ne demande qu’à être remarquée. A force de devoir penser hors des sentiers battus, en dehors de la boîte, nous oublions peut-être que penser en grand(1), ce n’est pas devenir presbyte ou hypermétrope et ne voir que loin, c’est intégrer un maximum de choses dans le tableau, y compris le bord du chemin, dès fois que ce soit là que se logent nos pierres précieuses.

D’autant que les champignons naissent sur des ramifications complexes, une sorte de réseau organique constitué d’hyphes, qui le connecte au wood wide web(2), cet internet végétal qui relie les plantes et les arbres. En remarquer un, c’est aussi se donner la possibilité de suivre ou de remonter le fil de tout un tas d’idées qui sont peut-être déjà là, dormantes ou pas, et qui vont faire avancer la réflexion.

suivre le fil de ses idées comme les hyphes des champignons!

CC BY-SA 3.0 TheAlphaWolf – travail personnel

 

Chercher les directions, pas des projets gravés dans le marbre

Un petit pas plutôt qu’une décision définitive

Comme dit ma cliente Laurence « je prends conscience qu’il n’y a pas toujours besoin de faire des grands gestes définitifs, parfois un petit pas est un bon début ». Après une déception liée à un projet qu’elle voulait monter avec une personne qui s’est désistée, elle a décidé de commencer petit, par un petit pas qui ne dépend que d’elle : une expérimentation autour d’une idée artisanale à la croisée de deux appétences très ancrées en elle. Il ne s’agit pas du tout de décider aujourd’hui quel sera son métier précis et de lui donner un titre final et irrévocable, il s’agit de commencer par observer et expérimenter une idée, ce qui lui apportera des informations cruciales qui l’aideront à s’orienter. Du coup, les décisions et opportunités s’enchaînent et elle a retrouvé le plaisir de penser son projet et d’expérimenter :

– Elle a décidé de se délester d’une part de ses tâches professionnelles pour travailler moins et dégager du temps, ce qui en quelques jours lui a permis de renouer avec la créativité et  l’efficacité, en vertu du principe appétences + travailler moins = travailler mieux

– Parce qu’elle s’est mise à parler de son projet, elle a découvert que son voisin dispose d’un atelier inutilisé qu’il est ravi de mettre à sa disposition.

– En expérimentant sur la partie artisanale et artistique de son projet, elle lui découvre d’autres ramifications possibles, des hybridations et des déclinaisons auxquelles elle n’avait pas pensé jusque-là et dont elle viendra peut-être nous parler un de ces jours;)

Reconversion: suivre les fils pour faire émerger des idées déjà hybridées et inventer des métiers

 

Un fil à suivre plutôt qu’une solution à delivrer

De même pour mon client Julien qui me dit qu’il commence à s’angoisser. Lui qui a tellement l’habitude de delivrer, de trouver des solutions ultra rapides à des problèmes qui tombent en permanence, là, il n’est pas à la hauteur, il ne trouve pas de projet, il ne delivre rien et ça l’angoisse.  Il se met une pression terrible en croyant qu’il doit fonctionner dans son itinéraire de reconversion comme dans son métier d’informaticien : problème/solution et hophophop parce que pendant que le système hoquète, c’est toute la prod qui s’arrête. Il s’imagine qu’il doit trouver un projet clair et défini le plus rapidement et qu’il doit décider s’il se lance dedans.

Mais ça ne se passe que très rarement comme ça, surtout pour des cerveaux comme le sien, des cafetières créatives, curieuses, toujours en ébullition qui ont besoin de maturation lente(3) pour procéder aux hybridations qui vont rendre leur vie professionnelle intéressante. Les idées leur viennent souvent par bribes, de façon assez vague et parfois même farfelue, constituant peu à peu une mosaïque qui va prendre du sens(4). Ainsi Julien s’intéresse à la radio. Mais il le sait bien, on ne devient pas chroniquer radio comme ça, donc c’est mort ! Un peu comme s’il voyait un bolet écarlate au bord du chemin et décidait sans regarder plus avant que c’est un bolet Satan ! Et si c’était un pied rouge ?

s'adresser aux connaisseurs

En posant l’idée sur la table pour l’observer, il évoque son propre bagout, son goût pour le son et les émotions qu’on peut partager à travers, son goût pour les reportages audio de France culture (parenthèse : une merveille à déguster les oreilles grandes ouvertes !) qui transmettent de belles choses, en particulier quand ils se passent dans la nature. Et puis il enchaîne sur sa formation littéraire avant son orientation vers l’informatique, son amour des mots, les MOOC botaniques qu’il a fait… et surtout il s’anime. Je lui demande s’il a envie d’expérimenter et comment, la réponse fuse : je peux essayer de faire des podcasts, pour voir.

J’ignore complètement si Julien va trouver là-dedans une voie de reconversion : une idée seule, comme ici la radio, est souvent non pas une finalité, mais un poteau indicateur d’appétences naturellement hybridées (ici le goût pour le son, les mots, la transmission et la nature) et l’expérimentation lui permettra de réfléchir à ses propres déclinaisons professionnelles de ces appétences. Et peut-être même qu’au détour du chemin il inventera un nouveau métier 😉

 

La direction: ce que j’aime dans ce que j’aime

Les voilà tous les deux qui disposent à présent non pas d’un choix définitif, mais d’une direction qu’ils vont pouvoir explorer en toute liberté pour faire émerger un projet en mouvement, jamais trop gravé dans le marbre (ce qui le rendrait rigide et

Il s’agit donc non pas tant de s’emparer d’une idée telle qu’elle se présente et de vouloir à tout prix la transformer en projet. Il s’agit plutôt d’en remonter le fil et, d’hyphe en hyphe, de regarder où elles nous mène en termes d’appétences et de possibilités. Bref, n’attendez pas le projet tout ficelé qui sort du bois, dès qu’une idée se présente même là, au bord du chemin, cueillez-là, observez-là, explorez-là, cuisinez-là, suivez ainsi le fil qui, dans votre paysage intérieur, la relie à d’autres idées, que vous allez pouvoir explorer à leur tour et faites-en émerger un projet déjà hybride et déjà adapté à vos aspirations et à vos désirs :

Et si vous commencez par regarder ce qui est là, autour de vous, voire à vos pieds, quelles idées vous viennent ?

Qu’est-ce qui vous plaît, vous motive, vous enthousiasme dans ces idées ?

Explorez à partir des mots, expressions et idées qui émergent de ce que vous aimez… dans ce que vous aimez

 

Et nous verrons prochainement comment vous appuyer sur ce foisonnement d‘idées pour faire émerger un projet.

 

(1) Identifier une voie de reconversion (2): se libérer des injonctions
(2)La vie secrète des arbres – Peter Wohllenben
(3) Reconversion professionnelle: pourquoi le temps de réflexion est-il si long?
(4) Pas d’idée de génie pour votre reconversion? Essayez la méthode luciole impressionniste!

 

Voir aussi

La reconversion professionnelle en infographie: Ithaque 1er influenceur français
Comment bien aborder sa reconversion professionnelle
Comment identifier une voie de reconversion: l’épineuse question

 

 

Aller plus loin

Vous voulez explorer un désir de reconversion parce qu’il est temps pour vous de construire un projet en accord avec vos désirs, appétences et aspirations? Ithaque vous accompagne. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *