Recherche d'emploi: reconstruire la confiance et l'estime de soi

Sylvaine Pascual – Publié dans: Vie professionnelle

 

 

 Ca fait quelques mois que j’accompagne des groupes de chercheurs d’emploi dans le cadre de l’Espace Économie Emploi de la Mairie du Chesnay, et cette expérience vient compléter et renforcer le constat que j’ai pu faire avec mes clients en recherche d’emploi ou en reconversion professionnelle: l’immense nécessité de restaurer l’estime de soi et la confiance en soi, avant d’espérer trouver un emploi.

 

 

 

recherche d-emploi estime de soiRemise en question et perte d’estime de soi

 

Après la perte d’emploi, certains rebondissent rapidement quand d’autres remettent en question leur valeur en tant que personne et en tant que professionnel – il faut dire que les conditions dans lesquelles ils ont perdu leur travail poussent parfois fortement à une remise en question.

 

L’estime de soi peut alors être profondément malmenée et l’une des conséquences directes est le sentiment d’avoir perdu confiance en soi.
On assiste alors à la valse des questions qui tuent, comme le “pourquoi moi?” qui implique automatiquement un remise en cause, une victimisation ou encore des jugements sur soi sans appel, une définition en tant que chômeur particulièrement lourde à porter.

 

Voici quelques éléments exprimés par ces chercheurs d’emploi, qui sont autant de difficultés à surmonter, qui se renforcent les unes les autres et qui augmentent la mésestime de soi et la perte de confiance.

 

 

L’oblitération de soi:

 

La perte d’emploi est immédiatement suivie d’un cortège sinistre d’autres disparitions mortifères: la perte financière, bien entendu, mais aussi la perte du statut et de l’utilité sociale, l’estampille brutale de l’échec, l’isolement, le manque de reconnaissance et d’intégration, Il en résulte souvent un sentiment profond de n’être plus rien, qui se traduit par un discours intérieur destructeur, sur le mode du “je suis nul” / “j’y arriverai jamais”.

 

 

Le poids des idées reçues et du regard des autres

 

Les chercheurs d’emplois se trouvent brutalement assimilés au groupe des chômeurs, groupe auquel personne n’a particulièrement envie d’être associé, et qui devient leur identité (“je suis chercheur d’emploi”). L’appartenance non désirée à ce groupe soumis à des caractéristiques ultra négatives qui sont autant d’idées reçues, qu’ils ont parfois eux-mêmes véhiculés avant de se retrouver dans cette situation. Nous avons tous entendus ces clichés ultra répandus sur ceux qui profitent du système, qui vivent aux crochets de la société sans vraiment chercher un emploi, etc.

 

Au delà des clichés, il y a aussi toutes les généralisations transformées en vraies fausses vérités universelles entre autres par les médias, et qui deviennent des croyances limitantes  freinant grandement l’aboutissement de la recherche: à 50 ans, on ne retrouve pas de travail” est l’exemple le plus courant, et le plus malheureux.

 

 

L’entourage plein de bonnes intentions

 

Ca part d’un bon sentiment: les proches qui interrogent sur l’avancement de la recherche, qui donnent des bons conseils et qui sont totalement focalisés sur la nécessité première de retrouver un emploi le plus vite possible, ancrant sans le savoir le chômeur dans son incapacité immédiate à répondre à cette priorité absolue, et faisant peser sur lui une pression d’autant plus difficile à vivre qu’elle vient de ceux dont ils attendent soutien et compréhension.

 

“Assez! S’agace Michel, ingénieur au chômage depuis plusieurs mois. Assez des “tu devrais” et des “mais pourquoi tu fais pas ci ou ça”, assez des bons conseils inutiles et culpabilisants qui nous enfoncent encore plus”.

 

 

Le formatage

 

Dans les associations, au Pôle emploi, dans les agences proposant des bilans de compétences et aussi sur les très nombreux sites internet offrant des ressources en ligne, l’aide est souvent bienveillante et utile. Cependant, dans certains cas, elle peut aussi prendre la forme d’un formatage néfaste pour la confiance en soi.
C’est la dictature des “il faut” qui poussent à l’uniformisation sclérosante des CV, des lettres de motivation, mais aussi de la façon de mener une recherche d’emploi ou encore l’apparence vestimentaire, de ce qu’on “doit” dire ou ne pas dire lors des entretiens, des réponses toutes faites aux questions classiques.

 

Abreuvés jusqu’à l’écœurement de conseils normatifs et souvent contradictoires selon les sources, le chercheur d’emploi s’y perd, s’y noie et s’y désespère, car si on se préoccupe de son cas, qui se préoccupe de lui?
“Et moi dans tout ça, demande Sylvie, encouragée par un bilan de compétences à faire un peu plus de ce qu’elle ne veut surtout plus faire, dans une autre entreprise. Personne ne m’a vraiment écoutée et quand j’ai parlé d’une possible reconversion, on m’a renvoyée direct dans mes buts”.

 

“On finit par ne plus savoir quoi faire, à force d’avoir des conseils qui disent tout et son contraire, explique Michel. Comment s’y retrouver? Comment faire les bons choix? C’est très décourageant.”
A contrario, Virginie, qui vient de commencer un coaching par l’intermédiaire de l’APEC, est ravie,”enfin, j’ai le sentiment qu’on s’intéresse à moi, à ce que je veux”.

 

 

La victimisation

 

Lorsqu’on a subi un licenciement dans des conditions difficiles comme par exemple une mise au placard prolongée, des évaluations négatives infondées, le fait de se sentir victime d’un jeu dont les règles nous échappent, d’être un pion malmené par une hiérarchie sans âme, peut générer une victimisation très forte dont il est peu évident de ressortir sans aide. C’est le cas de Virginie, qui a conscience que sans ce travail de reconstruction, elle risque de se retrouver dans les mêmes schémas.

 

 

La spirale de l’échec

 

Pour peu que la personne ait été licenciée à plusieurs reprises ou que ses candidatures restent sans réponses, ou encore que quantité d’entretiens n’aboutissent pas, difficile alors de ne pas être afecté par un lourd sentiment d’échec qui s’amplifie à chaque tentative et qui mène à une dévalorisation peu propice à la réussite de la recherche.

 

“J’ai le sentiment d’être complètement la tête sous l’eau, et que continuer à faire ce qu’on me dit est parfaitement inutile, confie Odile, 52 ans commerciale au chômage depuis 6 mois. Je suis convaincue que le vrai problème, c’est mon manque de confiance en moi. Je ne sais pas quoi faire pour retrouver confiance en moi.”

 

 

Un besoin principal: retrouver l’estime et la confiance en soi

 

Les chercheurs d’emploi de moyenne et longue durée avec lesquels j’ai travaillé on un point commun: Ils ont avant tout besoin de reconstruire une estime d’eux-mêmes malmenée par les circonstances, qui, une fois renforcée, leur apportera la confiance dont ils ont besoin pour transmettre une image positive d’eux-mêmes qui fera envie à un recruteur.

 

Et ils ont certainement besoin de ce travail en amont d’une recherche active d’emploi, sinon leurs mises en actions, imprégnées de ce manque d’estime d’eux-mêmes, les entraînent dans une spirale de l’échec qui les enferme dans la dévalorisation. En renforçant l’estime, ils reconnectent avec leur identité, leurs valeurs, leurs caractéristiques et aboutissent à une acceptation de soi qui favorise la confiance et un authenticité convaincante, car convaincue.

 

“Grâce au travail fait pendant le stage, explique Anne, responsable de communication qui vient de retrouver un emploi, j’ai pu me réapproprier mes qualités et c’est la première fois où j’arrive à en parler aussi naturellement pendant mes entretiens d’embauche”.

 

Nicolas renchérit:  “j’ai appris que mes qualités à priori non professionnelles s’expriment dans mon travail sans que je le sache, et qu’elles sont très exploitables à la fois dans la recherche d’emploi et dans les entretiens d’embauche. Ca a changé ma façon de lire les petites annonces. Maintenant, face à une annonce qui m’interpelle, je ne me dis plus “ai-je les compétences”. Je me demande comment je peux utiliser mes compétences dans cet emploi. Pour moi, ça change tout, je me sens beaucoup plus sûr de moi”.

 

Magali ajoute “j’ai pris conscience que je reproduis au travail des schémas familiaux qui minent mon estime de moi. Il est évident que tant que je n’aurais pas réglé ce problème, j’aurais du mal à retrouver du travail. J’ai commencé un travail avec un psy et je me sens en bonne voie”.

 

 

S’autoriser à sortir de la recherche d’emploi

 

Enfin, ils ont aussi un fort besoin de s’autoriser à sortir de temps en temps de leur recherche tête dans le guidon, très éprouvante dès lors qu’elle tarde à porter ses fruits. Ils ont besoin d’espace, de respirer, d’avoir des contacts sociaux autres qu’inscrits dans cette recherche. Or la pression culpabilisante les empêche clairement de se permettre ces parenthèses ressourçantes qui font partie intégrante d’une estime de soi solide.

 

“Enfin on me dit que j’ai le droit de faire autre chose que de chercher du travail. Entendre que garder le moral est une priorité et que se faire plaisir en fait partie, c’est un discours qui change carrément et ça fait beaucoup de bien, dit Paul, 51 ans, au chômage depuis 1 an. “Jusqu’ici, personne ne s’était préoccupé de mon moral, seulement du nombre de candidature que je fais par semaine ou du contenu de mes lettres de motivation. Aujourd’hui, je me sens mieux, j’ai retrouvé du courage et de la confiance”.

 

 

 

J’effectue cet indispensable travail sur l’estime de soi en groupe dans le cadre de l’Espace Emploi, et individuellement à mon cabinet. Les ateliers individuels de développement personnel vont dans ce sens, en particulier “le plein de vitamines mentales”, axé sur l’estime de soi. N’hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements: 01 39 54 77 32 ou par mail

 

 

 

Voir aussi:

 

que chose pour soi: parce que nous le valons tous!
Relation à soi / aux autres: le cocktail indispensable
Reconversion professionnelle: l’être humain derrière le projet
Recherche d’emploi: mettre un terme aux convictions limitantes
Répondre à son besoin d’appartenance sociale

 

Les dossiers d’Ithaque: Vie professionnelle
Les dossiers d’Ithaque: Bien-être et estime de soi
Bénévolat: Ithaque s’engage auprès des chercheurs d’emploi

 

 

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Ateliers individuels de développement personnel
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