Reconversion: 8 pistes pour se libérer de la cage dorée

Le syndrome de la cage dorée, selon lequel au-delà d’un certain seuil de revenu, le candidat à un changement de métier peut se retrouver coincé dans la prison dorée de son niveau de vie et de toutes les croyances qui y sont associées est un piège qui pousse à la stagnation. Voici 8 pistes pour en sortir.

Se libérer des croyances et injonctions pour sortir de la cage doréed'un métier prison et pouvoir mener une reconversion

Cage dorée et procrastination de la réflexion

Dans la première partie de ce billet, nous avions vu, grâce aux explications de Patricia Cyprien, qu’à partir d’un certain seuil, la rémunération peut devenir un frein à la reconversion, parce qu’elle enferme le candidat à la bifurcation dans une prison dorée de croyances, liées au style de vie engendré par ces revenus.

Le syndrome de la cage dorée peut pousser à procrastiner l’exploration du désir de reconversion, même quand il est très fort, et réduire les efforts de réflexion à néant. A chaque fois qu’une idée vient, à chaque possibilité d’aller fouiner, expérimenter, mener une démarche ou trouver de l’information, des objections viennent les tuer dans l’oeuf. La réflexion tourner en rond, à vide, sans but, d’objection en objection, ils avancent à reculons.

La cage dorée peut bloquer la réflexion sur le reconversion et pousser à tourner en rond

C’est très pratique, au fond, car tant qu’elle ne peut pas déboucher sur quelque chose de concret, cela permet d’entretenir le sentiment de réfléchir sans en prendre le risque (celui de tomber sur un projet réalisable et pertinent qui pourrait les obliger à s’envoler de la cage.

Car ces mécanismes inconscients mènent immanquablement à la conclusion que « la reconversion » n’est pas possible et que de toute façon, « un job où on se fait plaisir, ça ne paye pas » et inversement, « un job qui paye, c’est 80 heures par semaine ». Et c’est d’autant plus le cas chez les moins de 45 ans, à qui on a réussi à faire confondre statut et temps de travail.  

Alors officiellement, Ils réfléchissent, mais dans les faits, ils ne parviennent pas à faire grand-chose pour favoriser la réflexion et ils se retrouvent à tourner en rond. Un mécanisme bien huilé et exemplaire d’une stratégie d’échec destinée à leur faire admettre qu’ils « n’ont pas le choix » et qu’ils doivent aller faire un peu plus de la même chose.

Parfois d’ailleurs, c’est le cas. La réflexion et l’accompagnement sont comme une bulle où ils peuvent effleurer des changements de vie qui sont plus de l’ordre du fantasme et y rêver, pas tout à fait en tout quiétude, mais sans grand risque de tomber sur une piste concrète qui pourrait les inciter à envoyer leur vie bien tracée balader. Et après tout pourquoi pas ?

Pour ceux-là, d’ailleurs, le bilan de compétences reste très pratique pour faire des points légers sur diverses facettes d’eux-mêmes, sans tenter le diable : les changements de métier sortent rarement d’un test de personnalité et quand bien même si par miracle l’un d’entre eux donnerait une piste, il suffit de bâcler une enquête métier pour trouver que ce n’est pas une bonne idée !

le bilan de compétences est rarement une réponse adaptée à un désir de reconversion

Prisonnier(e) de la cage : une question d’identité et d’existence

Notons que si les prisonnier(e)s de la cage dorée sont immobilisé(e)s par leur revenu ou leur statut, ce n’est pas le plus souvent par désir d’admiration ou le sentiment de prestige, mais plutôt par besoin  d’appartenance, de rester membre de la caste, parce qu’elle est un signe de leur existence, et parfois même l’un des seuls.

Ils n’ont pas toujours non plus le sentiment de s’être battus pour en arriver là, ce qui expliquerait qu’une reconversion pourrait les dépouiller d’une part de mérite, de fierté personnelle. C’est souvent un chemin logique qu’ils ont suivis, parfois d’ailleurs sans grand effort autre que de travailler beaucoup (beaucoup trop).

Changer de vie peut souvent générer l’incompréhension du milieu socio-professionnel comme Caroline, elle ancienne auditrice devenue tapissière à 32 ans et qui a le sentiment que son entourage amical, comprend peu ses motivations, lui renvoie l’image d’une vie professionnelle peu ambitieuse, de second ordre et se moque d’elle pour avoir cédé au « syndrome du premier de la classe »*.

N’oublions pas que la réorientation professionnelle inclue une part identitaire qui est sans doute l’une des dimensions les moins accompagnées et les plus délicates. Ainsi François, 36 ans est tombé dans la finance sans jamais avoir eu le moindre espace pour réfléchir à sa vie, à ses appétences, à ses désirs, biberonné aux codes sociaux et à l’image de la réussite de l’époque, élevé à une forme de loyauté familiale qui l’a dépouillé d’une bonne part de son individualité. Il est devenu ce qu’il devait être, comment pourrait-il s’en éloigner ? Il a échappé de justesse à un burnout en prenant un congé sans soldes dont il sait qu’il ne reviendra pas, mais c’est son identité qui est menacée par l’idée d’un changement de métier, qu’il dit vouloir sans vraiment le vouloir. Car il peine à s’imaginer une forme d’existence ou d’identité propre en dehors de son appartenance à son milieu.

Quelle identité professionnelle quand on ne définit son existence que par le statut?

Ou Amelia, 42 ans, directrice commerciale qui sait parfaitement qu’elle ne veut plus de tout ça, mais s’est fixé une fourchette de revenus telle pour sa vie professionnelle de demain qu’aucune piste de reconversion ne peut être à la hauteur, du moins au début. Elle objecte à toutes celles qui pourraient l’amener à une telle rémunération, car elles demanderaient trop d’investissement personnel ou l’obligeraient à remiser sa quête de sens. Le serpent qui se mord la queue, stratégie d’échec qui la conduit irrémédiablement à la même conclusion : elle ne peut faire rien d’autre.

Se libérer de la cage dorée 

Pour ceux pour qui se sentent enfermés derrière les barreaux étriqués et inconfortable de la cage dorée, ceux  qui ont conscience des mécaniques qui les y maintient, qui aspirent à en sortir pour parvenir à se mettre à des démarches exploratoires qu’ils ont procrastiné jusqu’ici, voici quelques pistes :

1- Accepter que la réflexion n’est pas une prise de risque

La réflexion n’est que ça, une réflexion et elle est à distinguer de la reconversion qui ne commence réellement que lorsque vous la lancez concrètement, par exemple en rentrant en formation. Tant que vous n’avez pas pris de décision définitive, vous ne prenez aucun risque, vous ne faites que réfléchir, et une simple démarche d’information ne vous engage à rien! Non, vous n’allez pas finir foudroyé(e) par une idée de métier!

La réflexion sur un désir de reconversion n'est pas une prise de risque!

2- Comprendre les conséquences de l’absence d’exploration sur l’entourage

Vous avez à cœur de transmettre à vos enfants que l’argent n’est pas tout dans la vie et qu’ils peuvent choisir la vie professionnelle qui les rendra heureux. Pourtant, vous leur démontrez le contraire en restant coincé(e) dans votre situation. Ils apprendront que pour vous, la vie, c’est être un bon petit soldat et à serrer les dents.

3- Mesurer les besoins financiers réels

Souvent, les candidats à la reconversion prisonniers de leur cage dorée justifient leurs besoins financiers par ce que ça leur permet de faire pour les autres. Par exemple « je ne peux quand même pas priver mes enfants de ski ». Ah bon ? Et vos enfants, ils en disent quoi?

D’autre part, bien des points peuvent être ré-évalués sans pour autant dépouiller toute la famille d’activités importantes à ses yeux, de la taille de la maison à la nature des vacances en passant par la voiture, l’habillement et tout un tas de dépenses qui ont compensent le mal-être plus qu’elle ne suscitent de bien-être.

Identifier ses besoins financiers réels permet parfois une prise de conscience salutaire sur la faisabilité d’un changement de métier.

4- Prendre conscience de ce qu’on cherche à satisfaire par le niveau de vie

Quel besoin ? Comment le combler autrement, dans une vie professionnelle future? Par exemple, la reconnaissance ou l’appartenance évoquées plus hauts, sont des besoins fondamentaux. De quoi, concrètement, avez-vous réellement besoin pour les satisfaire? (non, une voiture ne comble pas un besoin de reconnaissance, elle satisfait le besoin de se déplacer)

5- Accepter de changer d’identité professionnelle

Ou a minima accepter d’imaginer celle qui sera en harmonie avec vous et ses diverses déclinaisons dans des métiers différents, juste pour voir! On ne sait jamais, vous n’êtes pas à l’abri d’en trouver une qui vous plairait vraiment!

6- Traiter les enjeux de la perte de statut

Evaluer les valeurs et convictions que vous négligez en restant coincé(e) dans un métier et inversement celles que vous honorez en vous en libérant:

La crainte de la perte de statut peut être un frein à l'évolution professionnelle. Combler le besoin de reconnaissance à la place

7- Comprendre les conséquences de l’absence d’exploration pour soi

Verbaliser avec précision les risques encourus à rester prisonnier(e) de cette cage dorée peut permettre de débloquer la réflexion, lorsque vous vous rendez compte que l’argent ne parvient pas à compenser le manque de sens et que, de burn out en bun out, il y a un moment où vous risquez surtout de ne plus être en mesure de travailler du tout.

Où serez-vous dans un an ? Dans 5 ans ? Dans 10 ans ?

8- Le renoncement possible

Gardez en tête qu’à tout moment,si vous déterminez qu’un projet n’est pas pour vous parce qu’un élément réel et tangible (et non pas l’idée que vous vous faites d’un métier sans être allé(e) y voir de près) est incompatible avec vos besoins, vous avez la possibilité de renoncer à ce projet. Et que le faire en votre âme et conscience, c’est bon pour l’estime de soi, là où tourner en rond et prendre des non-décisions en non-connaissance de cause risque de vous laisser un goût amer.

Il y a d’autres pistes de réflexion pour s’extirper d’une prison dorée devenue bien trop étriquée, je mets à disposition de mes clients qui en ressentiraient le besoin un dossier complet sur le sujet.

Bonne route dans votre reconversion et bonnes explorations!


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Aller plus loin

Vous voulez explorer votre désir de reconversion et élaborer un projet en harmonie avec vos désirs, vos appétences, vos aspirations? Ithaque vous propose son approche unique et entièrement personnalisée: Heureux qui comme Ulysse. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

2 Comments

  • Nathalie de CATUELAN dit :

    Bonjour Sylvaine, merci pour cet article. Pour une avocate, c’est un comble de réaliser que l’ont est prisonnière d’un statut. Mais tout est fait dans notre formation et dans notre encadrement pour créer cette culture forte d’appartenance à un corps spécifique. Votre approche est si juste, vos descriptions si exactes qu’elles déclenchent de très vives émotions en moi.
    Les semaines de confinement ont joué à plein dans l’éclaircissement des eaux troubles qui empêchaient une prise de conscience. Je suis prête. A bientôt.

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