Changement et bénéfice des comportements

Related Posts with ThumbnailsSylvaine Pascual – Publié dans: Connaissance de soi

Nos comportements, choix, façons de faire, des plus anodins aux plus négatifs, ont un point commun qui est à la source de la motivation: l’obtention d’un bénéfice. Ignoré, ce bénéfice peut devenir une résistance parfois insurmontable à un changement pourtant ardemment désiré.

benefices secondaires 3
Cette double affirmation peut paraître évidente dans certains cas et pas du tout dans d’autres. Bien entendu, nous choisissons une paire de godasses parce qu’elles sont jolies, qu’elles iront bien avec notre veste en cuir rouge, parce qu’elles sont peu chères, ou encore confortables, élégantes blablabla.
Nous ne choisissons pas des chaussures justement parce qu’elles sont moches et qu’elles nous font mal aux pieds.

En revanche, que nos comportements visent tous un bénéfice peut plaisser plus dubitatif, car certains, que nous considérons comme négatifs, nous pourrissent franchement la vie.
Un manque d’affirmation qui nous tient en retrait face aux collègues pendant les réunions, une timidité qui nuit aux entretiens d’embauche ou qui entrave les relations sentimentales, un comportement de sauveur qui nous laisse un sentiment amer d’ingratitude universelle etc.
Les exemples de comportements négatifs sont comme les espèces d’insectes capables de gâcher un pique-nique: variés et incroyablement nombreux.

La notion de bénéfice secondaire

Pourtant, derrière ces comportements à priori néfastes, il y a une seule motivationqu’on appelle aussi bénéfice secondaire: celle d’améliorer ou de maintenir notre condition. Ainsi la timidité peut être une forme de protection contre le jugement des autres: si nous ne disont rien, personne ne peut nous juger. La passivité vis-à-vis d’une situation pénible peut être un moyen de rester dans cette situation et donc d’obtenir de l’écoute, de la reconnaissance, vous voyez le topo.

Voicic la définition proposée par Dicopsy :
“Bénéfice inconscient d’un comportement paraissant négatif.
Il est fréquent qu’un sujet agisse d’une façon telle qu’il semble se créer des problèmes, mais inconsciemment, cela lui procure certains avantages. Par exemple, un individu laissant traîner ses factures risque d’avoir des suppléments à payer. Ce comportement peu rationnel sur le plan matérialiste lui permet peut-être de se détacher globalement de ses soucis financier et donc de diminuer son niveau de stress.
Il est important de mettre à jour les bénéfices secondaires des comportements négatifs si l’on souhaite modifier ces derniers, car sinon les bénéfices secondaires non conscientisés feront office de résistance au changement. “

Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute, définit le bénéfice secondaire ainsi:
“Un bénéfice secondaire, c’est tirer un bénéfice (conscient ou non) d’une situation a priori défavorable, mais dont l’arrêt signifierait la perte du bénéfice en question.”

Ces définitions montrent que même un comportement comme la procrastination ou le choix d’une stratégie qui s’avère désastreuse visent un bénéfice et pas autre chose. Et la motivation étant inconsciente, nous pouvons avoir des jugements très durs envers nous-mêmes, qui augmentent encore la difficulté à identifier le besoin que nous comblons de la sorte.

Et on en arrive à rentrer en guerre contre nous-mêmes, comme en témoigne le champ sémantique agressif que nous avions déjà évoqué pour le stress. Nous luttons contre les comportements qui nous déplaisent, et trouvons parfois des solutions temporaires dans des solutions clé en main issues de l’organisation ou de la gestion du temps, par exemple.

Chassez le naturel, il revient au galop?

Au regard de ce bénéfice secondaire, il paraît alors évident que pour tout changement qui ignore ce besoin et ne le comble pas d’une autre manière, le risque d’échec est élevé. Il reviendra au galop, défoncera la barrière de son pré et viendra sans scrupules brouter vos jolies plates-bandes fleuries.

Car perdre le bénéfice recherché, c’est menacer la stabilité de l’édifice. Et comme notre esprit veille sur nous, il va s’efforcer d’empêcher ça.

Ainsi, une personne à tendance bordélique, en quête d’efficacité personnelle qui décide d’appliquer à la lettre des techniques d’organisation sans se préoccuper du bénéfice de son éparpillement risque fort de retomber rapidement dans ses travers.
Voici un exemple donné par Christophe Fauré: “je m’ennuie dans ma vie conjugale… Mais je jouis d’un réel confort matériel grâce à mon conjoint. Ceci est un bénéfice secondaire que je tiens à conserver, même si c’est au prix d’une vie affective sans relief… ” J’ajoute : “Si j’ose quitter mon conjoint sans me préoccuper de combler mon besoin de confort matériel, il y a de fortes chances pour que je retrouve un partenaire qui m’apportera… du confort matériel.”
C’est ainsi que nous avons l’impression (et ça n’est pas qu’une impression;)) de retomber souvent dans les mêmes schémas, qu’ils soient relationels ou sentimentaux.

La condition préalable au changement: chercher et combler le bénéfice du comportement

En conclusion, nous auto flageller pour des comportements problématiques, autant les considérer avec bienveillance, puisqu’ils s’efforcent d’obtenir quelque chose qui est bon pour nous; et chercher à identifier ce besoin, pour voir ensuite comment nous pouvons le satisafaire d’une façon plus avantageuse. C’est alors seulement que nous pourrons modifier ces comportements et établir des changements pertinents et durables.

Cette identification est une étape délicate, pour plusieurs raisons. D’abord parce que le bénéfice est inconscient et que nous sommes peu habitués à réfléchir de cette façon. Cette question intervient fréquemment en coaching, puisque le bénéfice secondaire devient un obstacle au changement désiré, et il arrive souvent, lorsque je la pose, que mes clients me regardent avec des yeux ronds comme des soucoupes et me demandent si je plaisante!
D’autre part, elle peut être déstabilisante parce qu’elle nous renvoie à notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive, à des modes de fonctionnement qui nous déplaisent. Du coup, nous pouvons avoir un regard très peu objectif, voire nous aveugler complètement, ou bien trouver douloureux de se retrouver ainsi face à un nous-même qui révèle un besoin insuffisamment comblé.
Il est donc possible que vous ayez du mal à identifier vos propres bénéfices secondaires;)

Et vous, parmi vos comportements, quels sont ceux qui vous paraissent problématiques?
Quels sont les bénéfices de ces comportements?
Comment les obtenir autrement?

Ressources externes:

Pouvons-nous changer nos comportements?
Pourquoi-trouve-t-on-tellement-d-avantages-a-l-echec
Les-9-benefices-secondaires-qui-nous-empechent-de-resoudre-nos-problemes

Voir aussi:

Sortir de sa zone de confort
Les relations difficiles: le triangle de Karpman
Les besoins à combler
A cache-cache avec soi-même: quand l’action contredit la pensée
Petit gris et stratégies d’échec
Se mentir à soi-même: le miroir du manque

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5 Comments

  • wizzil dit :

    pfiou je procrastine, j’aime bien laisser traîner mes factures.. Alors je dois analyser tout ça , avec tes éclaircissements, je sens que ça va être plus facile !
    Moi aussi, je n’ai plus qu’à m’y mettre

  • fredheas dit :

    Une belle réflexion à mener sur soi en perspective, afin de mieux comprendre tous les types de bénéfices que l’on peut en tirer par la suite!
    Excellente journée à toi @Sylvaine! 😉

  • Merci Sylvaine pour tous tes articles plus pertinents les uns que les autres,pour la touche d’humour que tu y mets et pour tous les axes de reflexions precieux que tu nous donnes.
    Une visite sur ton blog est toujours pour moi une grande bouffée d’oxygéne!!!
    Vanessa

  • Adeline dit :

    Cet article est une véritable révélation pour moi. C’est pour ça qu’on arrive pas à changer un comportement alors que tout nous montre combien il est néfaste. On a l’impression qu’on est comme ça, qu’on ne peut pas changer alors qu’en fait le problème est qu’on ne voit pas qu’il a des bénéfices, et que la peur de les perdre est plus forte que ce que nous dit la raison.
    Je n’ai plus qu’à m’ymettre et à comprendre les avantages d’être bordélique. Si je pouvais changer, ça m’arrangerait;)

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