Traiter les causes du stress, c'est quand qu'on s'y met?

L’importance du traitement des causes Selon Michel Le Moal, professeur de neurosciences à l’université Bordeaux II, dans cette interview accordée au Monde, “l’organisme, et notamment le système nerveux, a des capacités de récupération fantastiques”.

Pour lui, une fois le stress amoindri, ses conséquences sur la santé diminuent elles aussi.

Et pour diminuer le stress, toujours selon M. Le Moal, il est nécessaire d’en passer par le traitement des causes, car les traitements des conséquences ont un effet limité.


Et pourtant la relaxation perdure

Une fois du plus, il est montré que c’est s’attaquer aux déclencheurs du stress qui a un véritable impact sur l’équilibre psychologique et sur la santé. Pourtant, lorsqu’on cherche des propositions de solutions pour limiter le stress, on continue à trouver principalement des formations à des méthodes surtout utiles sur un moment de stress déclaré et pas franchement sur l’élimination des stresseurs. Ainsi les techniques de type respiration, relaxation, visualisation, cohérence cardiaques sont très utiles pour redescendre en pression face à une situation stressante. Elles ont un effet plutôt limité sur la disparition des facteurs de stress!C’est très bien de savoir se détendre face à des événements difficiles. Dans le même temps, ne serait-il pas plus productif de mettre en place des actions collectives et individuelles pour limiter au maximum les causes organisationnelles et relationnelles du stress?
Car regardons les choses en face: le salarié stressé, impuissant face à des objectifs inatteignables, une hiérarchie  peu à l’écoute ou une équipe difficile à gérer, il est bien avancé avec ses exercices de respiration.

Dans cet article, Michel le Moal aborde aussi la question de l’évolution du stress par rapport à des périodes plus anciennes. Si les pathologies liées au stress sont plus fréquentes, pour lui rien ne montre que les stresseurs soient plus nombreux ou violents. Cependant, il est possible que ce soit leur nature qui ait évolué:

“Il est toutefois probable que les rapports des individus à la société aient changé. Ils sont plus conflictuels, source d’humiliations, d’échecs, d’exclusions. Le citoyen actuel – qui a gagné en autonomie – a perdu les supports familiaux, sociaux, affectifs et religieux qui l’aidaient à amortir son stress. Seul face aux événements, son corps va lui révéler son malaise. ”

Encore une fois, il est difficile d’imaginer qu’un exercice de relaxation va résoudre les sentiments d’humiliation, d’échec ou d’exclusion, ou se substituer à la satisfaction des besoins d’appartenance et de reconnaissance.

Le plan de prévention du stress

Rappelons que d’ici lundi 1 février, les entreprises de plus de 1000 salariés sont censées remettre leur plan d’action de prévention du stress, selon la “ferme recommendation” de Xavier Darcos, exprimée le 9 octobre devant les membres du Conseil d’orientation des conditions de travail.

A ce jour, aucune sanction n’est prévue, en cas de manquement, autre que de voir le nom de l’entreprise sur le site internet des Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE). Y’a de quoi trembler;)

Et vous, dans quelle mesure pensez-vous que les entreprises se préoccupent d’éliminer les causes de stress?

Pensez-vous qu’à l’avenir, elles vont engager de véritables stratégies de prévention du stress?

 

 

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Brèves du stress
Stress, la coexistence pacifique

4 Comments

  • DocG dit :

    Merci pour cet intéressant partage.
    Je retiens également de l’interview de Michel Le Moal que, selon lui, “le stress provient désormais davantage d’une dysharmonie entre la personnalité du sujet, l’idée qu’il a de lui-même et les possibilités que lui offre la société”.
    Je partage ce point de vue. C’est bien de non harmonie dont il s’agit, de décalage entre ce que nous sommes, ce que nous croyons être et  l’image que la société nous renvoie.
    Au titre de coach professionnel et instructeur en méditation, je pense que la méditation en pleine conscience aide à retrouver son harmonie originelle, qui est tapie au fond de nous. Afin de répondre aux évènements stressants de la vie et non plus y réagir, il y a une énorme différence.

    Guillaume Rodolphe

  • docG dit :

    Les deux approches ne sont pas incompatibles.
    L’une (répondre au lieu de réagir) dépend de ceux qui subissent les évènements stressants,
    l’autre (prévention des stresseurs) ne dépend pas d’eux.
    Et je suis souvent insipré par le célèbre manuel d’Epictète dont le premier principe est de n’attacher d’importance qu’à ce qui dépend de nous. Or beaucoup de choses n’en dépendent pas complètement. Ce qui dépend véritablement de nous, c’est la représentation que nous nous faisons des choses.
    Il y a beaucoup à travailler déjà sur ce thème.

    Avec bienveillance

    Guillaume Rodolphe

    Pour continuer cette discussion sur mon blog: http://enpleineconscience.wordpress.com

  • REFLEX-VITAL dit :

    Je suis réflexologue à Paris, et en tant que tel, j’interviens régulièrement en entreprise (banque HSBC, Air France) pour dénouer les tensions et “traiter” les troubles liés au stress des salariés. 

    Je l’ai écris çà et là (sur le site de Carevox,sur mon blog professionnel, etc… ) il est illusoire de croire que des techniques de relaxation (dont la réflexologie fait partie, m ême si elle a bien d’autres indications) résoudront les troubles du stress des salariés. Il est en réalité question de la place de l’individu dans la société, de l’individualisation de la performance, et de la solitude des personnes face à leur hiérarchie. Tant qu’on ne remettra pas le salarié au coeur d’une équipe “solidaire” face aux exigences normales de l’entreprise, on ne résoudra rien. Nous sommes des êtres sociaux, pas des surhommes. Bravo pour votre article.

    P.S. Mon blog ne fonctionne pas toujours en ce moment, mais cela devrait se régler rapidement… 

  • REFLEXVITAL dit :

    J’ai écris divers articles sur “agoravox” “naturavox” et “carvevox”, mais aussi des commentaires à droites à gauche sur le sujet, dont :http://www.lexpress.fr/actualite/societe/nous-ne-sommes-pas-egaux-devant-le-stress_841537.html

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