6 éléments d’élégance relationnelle pour éviter de déranger

En finir avec la crainte de déranger ou l'agacement d'être dérangé(e)

Où une anecdote de série télé nous montre qu’en général, les quidams (y compris nous-mêmes) qui interrompent à l’improviste ne sont pas des sales cons en voie d’embocalaison : ils dérangent surtout ceux qui les autorisent à le faire. Voici 6 façons de ne plus déranger, de ne plus vous laisser déranger, ou le faire volontiers et avec élégance !

En finir avec la crainte de déranger ou l'agacement d'être dérangé(e)

 

Je te dérange ?

L’autre jour, comme j’avais besoin d’un moment décérébré pour déconnecter, je regardais un épisode pas très intéressant d’une série pas très intéressante, lorsqu’une anecdote m’a interpellée. L’héroïne, stéréotype pénible de la professionnelle-brillante-qu’a-des-problèmes-quand-même-mais-qu’on-est-censés-adorer est en pleine conversation stratégique avec son associée. C’est une discussion importante, il en va de l’avenir de leur business, je vous dis pas, c’est au moins aussi important que la sixième extinction des espèces. Voilà qu’on toque à la porte. Notre héroïne pénible lève des yeux aux ciel horripilés face à cette interruption inopportune, va répondre et se trouve face à un personnage secondaire qui vient lui dire un truc secondaire. L’associée en profite pour s’éclipser et le personnage secondaire, mal à l’aise, sentant bien la tension de l’instant, de pendre une attitude contrite pour demander « Est-ce que je vous dérange ? ». « Oui ! » répond sèchement l’héroïne pénible, mi vertu offensée, mi reine outragée, mais définitivement exaspérée. Le personnage secondaire reçoit 5 sur 5 le message qu’il est secondaire et qu’en plus, on ne va pas se gêner pour le lui faire savoir.

Quand la colère cache la vulnérabilité

 

La vertu offensée des gougnafiers

On a beau avoir affaire à une héroïne de série télé qu’on est censés adorer, nous voilà face une attitude aussi inélégante qu’illégitime, puisqu’elle est allée répondre à la porte, ce que personne ne l’obligeait à faire. C’est bien la peine de se la jouer courroux royal, quand on se comporte comme une gougnafière (J’aurais bien dit morue, mais les comportements à la con n’ont pas de sexe et « se comporter comme un cabillaud », ça n’a pas de sens. Alors l’époque étant inclusive, je féminise).

Evidemment, on empathise : qui n’est pas enquiquiné régulièrement, voire plus souvent qu’à son tour, par tout un tas d’importuns, depuis le collègue qui a toujours un truc à vous dire jusqu’au démarchage par téléphone ?

Exprimer la colère peut compromettre la réussite d'un objectif

 

L’inélégance n’est pas l’importance

La ficelle narrative a pour objectif de nous faire comprendre combien l’héroïne pénible est importante, combien son temps est précieux. Et le problème est bien là : on nous fait croire n’importe quoi ! Et au final, certains vivent dans la crainte de déranger et n’osent plus prendre leur téléphone, en général des N-1, quand d’autres, en général des N+1 s’estiment en droit de s’agacer d’un dérangement auquel ils ont participé. Et à même niveau hiérarchique, c’est le plus souvent un jeu très rustaud de troupeau de dominant/dominé. Et s’en prendre à plus petit que soi, ça manque de panache, ça n’aide ni les relations, ni l’estime de soi !

Non, nous ne sommes pas obligés de nous prendre au sérieux et de nous considérer supérieurs au reste de l’humanité en reprochant aux autres des interruptions dont nous sommes co-responsables, puisque nous les avons laissé faire. Non, nous ne sommes pas obliger de nous laisser interrompre à chaque sollicitation, ça ne nous rend ni intéressants ni importants. Non, nous n’avons pas à nous excuser de déranger !

 

6 éléments d’élégance relationnelle pour éviter le dérangement

Du coup, cette anecdote montre surtout ces petits jeux de pouvoir insidieux qui se glissent dans nos interactions, quand il s’agit de savoir à qui appartient le temps et l’espace que nous prenons. Car il n’y a aucune bienveillance à demander si l’on dérange, c’est une façon d’être serpillière et il n’y a aucune affirmation de soi ou authenticité à répondre par l’affirmative à celui qui demande s’il dérange alors qu’on a soi-même répondu à la porte ou au téléphone : c’est un comportement Persécuteur. Pour éviter la colère et le ressentiment, pour limiter les velléités irrespectueuses ou le potentiel de soumission inutile, il y a donc 6 petites leçons d’élégance relationnelle à retenir de cette anecdote, pour développer l’affirmation et l’estime de soi autant qu’entretenir des relations plus agréables:
 

1- Choisissez soigneusement les interruptions acceptables

Ne vous laissez pas interrompre si vous ne voulez pas être interrompu(e), ne vous laissez pas déranger si vous ne voulez pas être dérangé(e). Vous êtes au milieu d’une conversation importante ? Répondre au téléphone ou à une interruption envoie le message à votre interlocuteur que votre conversation est moins importante que l’interruption.
 

2- Pratiquez l’autorisation d’interruption élégante

N’en faites pas porter le chapeau à la personne qui vous demande, c’est vous qui avez choisi de vous laisser déranger. Donc non, elle n’est pas responsable de l’interruption, vous l’êtes, épargnez-lui vos réflexions désobligeantes et puisque vous avez choisi de lui répondre, faites-le aimablement !
 

3- Ne vous excusez pas d’exister !

Lorsque vous cherchez à joindre ou voir quelqu’un, ne lui demandez jamais si vous le dérangez (et arrêtez de croire que ça pourrait être le cas) Il/elle est une personne autonome et responsable de ses choix et a choisi de décrocher ou de vous répondre. Répétons-le : si il/elle ne voulait pas être dérangé(e), il lui suffisait de ne pas répondre. Si vous allez le/la voir directement à son bureau, demandez-lui si il/elle a une minute. Libre à lui/elle de répondre oui ou non !
 

4- Ramollir l’effet malotru

Si quelqu’un vous répond au téléphone ou vous dit d’entrer quand vous toquez à sa porte, pour vous dire à brûle-pourpoint que vous le dérangez, ne vous excusez pas, je répète, il/elle n’avait qu’à pas décrocher. Ca me fait toujours penser à ceux qui me demandent de les rappeler et qui, quand ils décrochent, me disent « ah oui, mais là je suis en réunion » Ben pourquoi vous décrochez alors ? Laissez-moi vous laisser un message ! Ne vous démontez pas et dites-lui que dans ce cas, vous allez raccrocher, le rappeler et s’il ne décroche pas, vous pourrez lui laisser un message. Ou bien demandez-lui à quel moment vous pouvez le voir.
 

5- Refuser d’un signe

L’open space et les bureaux vitrés sont redoutables, qui font croire que tout le monde peut être interrompu, tout le temps, pour tout et n’importe quoi. L’avantage, c’est que vous pouvez les voir venir. Alors si vous êtes au téléphone ou concentré(e) sur une tâche, il suffit souvent d’un signe pour l’indiquer. Et de renvoyer les insistants à leurs affaires en ne leur demandant pas ce qu’ils veulent, en n’entrant pas en conversation et en leur disant simplement qu’on passe les voir dès qu’on a fini. Vous pouvez même les remercier d’un sourire, histoire d’être un poil aimable. Et oui, bien entendu, on peut dire ça à son chef ! Il n’est ni le FBI, ni les huissiers ! Et pour peu qu’on s’y prenne avec élégance, il n’a aucune raison pour qu’un manager normalement constitué (ce qui est la majorité, rappelons-le) en prenne ombrage.
 

6- Le « recadrage » nécessaire

Dupont-Durand a l’interruption aussi fréquente qu’intempestive ? Vous avez cherché (forcément en vain) à lui « faire comprendre » qu’il était pénible en lui expliquant a demi-mot que là, vous êtes sur une deadline ? Certains collègues peuvent vous solliciter à tort et à travers et les regarder de travers n’y change rien. Leur « je te dérange ? » est à peu près aussi significatif qu’un merci mécanique, c’est simplement le ouvrez les guillemets de l’interaction. Ceux-là peuvent devenir des abrutis de boulot en bon uniforme (comme disait Béru), mais de la même manière, ils agissent ainsi parce que vous les laissez faire. Alors pour éviter d’avoir à les coller dans un bocal (à con, vous m’avez comprise) avant qu’ils ne vous grignotent l’humeur et le cerveau, vous avez besoin de leur faire une belle demande:

3 niveaux de communication pour recadre un comportement pénible

De façon générale, j’ai choisi de ne répondre que si j’ai le temps et la possibilité de le faire, car sinon, la conversation devient rapidement peu agréable pour moi, pour l’autre ou pour les deux. Je ne réponds évidemment pas pendant mes séances, je ne réponds pas quand je suis sur une tâche qui me demande de la concentration. Et bizarrement, on me laisse des messages et je rappelle !

Dans la vie professionnelle, dès lors qu’on pratique l’injoignabilité décontractée, on se rend vite compte qu’il y a vraiment très peu d’appels qui ne souffrent en aucun cas d’être reportés à quelques minutes plus tard. Aussi chacun de nous peut évaluer les interruptions nécessaires et les superflues qu’il/elle va choisir d’ignorer, au bénéfice de son humeur, de ses relations et de son efficacité

l'art de l'injoignabilité heureuse

 

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Estime de soi: vous avez bien plus de ressources que nous ne le croyez!
Relations au travail: et la gentillesse bordel?!
5 grammes de panache dans nos relations
Compétences relationnelles: politesse et amabilité

 

Aller plus loin

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4 Comments

  • Pierre dit :

    Je tenais à vous écrire un mail car je trouve cet article, et vos articles en général, d’un style littéraire absolument exquis.

    En plus d’y prodiguer des bons conseils, vous avez toujours le bon mot et la façon insolite et parfois piquante de dire les choses.

    Bonne continuation sur ce blog.

    Et merci de votre travail.

  • Aurore L dit :

    Bonjour Sylvaine,
    Des articles toujours aussi exquis !
    C’est drôle … Je suis en train d’écrire un article sur la “tyrannie de l’urgence”.

    “4- Ralentir l’effet malotru” : j’avoue que ce comportement qui consiste à décrocher et à dire “là, je suis en réunion” me fascine. Je n’en ai toujours pas compris le principe. Et je réponds effectivement “ben alors pourquoi vous décrochez!”

    A ajouter à cette liste, Sylvaine, les personnes qui font parti d’un groupe Whatsapp et qui nous demandent de ne pas écrire le week-end ou la nuit parce que les notifications les dérangent. Sur ce coup-là, j’avoue avoir sérieusement manqué d’élégance relationnelle en répondant : “c’est ta responsabilité de mettre le groupe en sourdine; veux-tu que je t’envoie un tuto?”. J’ai sans doute fait un séjour dans le bocal à con de mon interlocutrice 🙂

    Bonne fin de semaine

    • Passer par un bocal suite à une maladresse ou une inélégance, ça arrive au mieux élevé d’entre nous!
      Le coup du groupe whatsapp c’est intéressant, car c’est aussi toute la question de l’utilisation d’une part et sur la facilité avec laquelle on s’approprie ce type d’outils qui peut générer des aberrations dans ce genre qui peuvent chauffer les cafetières et nous faire monter la moutarde au nez. C’est fascinant de voir à quel point beaucoup de gens partent aujourd’hui du principe qu’ils n’ont pas d’autre choix que de subir

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