Travailler moins travailler mieux : il y a une vie après le boulot !

Il y a une vie après le boulot! Trouvez la vôtre et partez à l'heure au lieu de ne pas compter vos heures

Nous l’avions évoqué dans la première partie de cette série : faire ses heures sans en rajouter, c’est avant tout préserver sa santé mentale et son efficacité. Et faire ses heures, c’est aussi partir à l’heure ! Voici pourquoi et comment éviter de vous éterniser au travail, car il y a une vie après le boulot, bordel !

Il y a une vie après le boulot! Trouvez la vôtre et partez à l'heure au lieu de ne pas compter vos heures

 

Les cadres français travaillent beaucoup (trop)

Les horaires à rallonge sont monnaie courante chez les cadres, comme en témoignent les chiffres de la DARES ou l’étude menée par Cadremploi (les chiffres sont assez similaires)

– Les cadres travaillent en moyenne près de 47h par semaine
 – 39% des cadres travaille plus de 50 heures par semaine
 – La moitié des cadres arrive au boulot avant 8h30
 – Plus de la moitié des cadres n’ont pas de compensation pour les dépassements d’horaires
 – 20% des cadres sont encore au boulot après 19h (Capital)

Le forfait jours, censé leur permettre de gérer leur travail de manière autonome est devenu une simple martingale anti 35 heures. La flexibilité dans l’organisation du temps de travail, dont ne bénéficie que 30% d’entre eux, ne compense rien :

– Beaucoup d’entre eux ne récupèrent pas les heures supplémentaires en journées de repos
 – Ils profitent peu de la majoration des heures sup à laquelle ils ont droit (Cadremploi dénonce l’hypocrisie de cette mesure)

Tout ça pour un avantage salarial de 5% ? Puisqu’ils gagnent en moyenne 4000€ par mois, cet avantage revient à 200€ par mois, voilà qui n’est pas cher payé pour 10 à 20 heures de travail supplémentaire.

Et même si les nouvelles formes de travail comme le nomadisme ou le télétravail permettent de faire bouger les lignes, peu d’entre eux ont la liberté de gérer réellement leur emploi du temps comme ils le veulent. Ajoutés à cela la porosité des temps de vie et la connexion permanente et nous voilà sacrifiant nos vies personnelles sans compensation.

Le problème, dans tout cela, c’est que travailler trop est le meilleur moyen de nous griller le ciboulot, avec les conséquences que l’affaire peut avoir. Et ce qui est vrai pour les cadres l’est encore plus pour les entrepreneurs et les indépendants qui travaillent en moyenne entre 50 et 60 heures par semaine. Mais le but n’est peut-être pas non plus de devenir Mark Zukerberg ou Xavier Niel. Il y a peut-être moyen de trouver des équilibres entre revenu, développement de l’entreprise et temps personnel.

Il n’y a guère que les agriculteurs qui disposent d’options réellement très limitées pour diminuer leur temps de travail surtout qu’ils ont des animaux et qu’ils travaillent seuls: ils ont alors rarement les moyens d’embaucher ou la possibilité de déléguer.  Alors ne serait-ce que par égard pour eux, arrêtons de croire que nous sommes obligés de nous éterniser au boulot, juste parce que c’est une mauvaise habitude entretenue pour de mauvaises raisons.

Travailler moins, travailler mieux et vivre mieux

Et puisque trop, c’est trop, une solution pour travailler moins et travailler mieux consisterait donc à partir du boulot à l’heure, à l’heure normale. Clairement, ce n’est pas l’option la plus simple ou la plus confortable, et je sais que certains freineront des quatre fers rien qu’à l’ide, mais c’est une option qui a de la gueule et c’est, à long terme, la plus agréable. Alors je vous la partage, des fois qu’elle vous inspire:)

 

Après l’heure, c’est plus l’heure

Mais curieusement, partir à l’heure (quelle que soit l’heure, en partant du principe que l’heure c’est grosso modo après quelque part entre 7 et 8 heures de travail) est devenu « partir tôt ». Elle n’est pas anodine, cette sémantique qui sous-entend que lorsqu’on ne part pas tard on part tôt et teinte le départ en question de suspicion : ça reviendrait à tricher, à partir avant l’heure. Comme s’il n’y avait pas de juste milieu entre rester tard et partir tôt.

C’est quand on lui en demande trop que le cheval de trait devient une bête de somme et risque l’épuisement. Or il n’y a rien de juste à pousser à l’épuisement. Partir à l’heure, c’est juste. Juste pour l’entreprise, juste pour le salarié.

repérer les signes avant coureur de burnout

 

Présentéisme et injonctions paradoxales

Mais voilà : partir à l’heure c’est dur. C’est dur principalement à cause de toutes ces idées qu’on nous inculque sournoisement sous l’injonction de « ne pas compter ses heures », qui serait la seule marque d’implication et nous vaudrait immanquablement trompettes et promotions.

Et comme le marteau va rarement sans l’enclume, histoire de nous aplatir la comprenette comme il se doit, on nous répète aussi que le présentéisme est un sacré problème, ce qui, soit dit en passant, est bien entendu beaucoup plus crédible. Seulement encore une fois, la responsabilité pèse sur le seul salarié, qui chercherait de la reconnaissance en restant bosser tard. Alors qu’il s’agit là avant tout d’une culture généralisée d’un management crétin qui confond temps de travail et efficacité, ce qui nous ramène à l’injonction de ne pas compter ses heures.

Comment empêcher le serpent de se mordre la queue? Peut-être en sortant des injonctions paradoxales et en nous autorisant ce qui est bon pour nous.

 

Travailler moins, vivre plus… travailler mieux

Travailler moins, nous en avons parlé, c’est la condition sine qua non du travailler mieux. Et la cerise sur le 4 heures, c’est que c’est aussi synonyme de vivre plus, vivre mieux et plus heureux, parce que c’est le seul moyen d’avoir une vie après, en dehors, à côté du boulot. Inversement, avoir une vie après le boulot, c’est un excellent moyen d’avoir une bonne raison de travailler moins.

Ralentir pour prendre le temps de travailler mieux... et gagner en efficacité

Travailler moins est aussi un moyen ultra simple… de renforcer le plaisir de travailler. Lorsqu’il n’est plus une obsession, une obligation de tous les instants, une échappatoire, le travail peut trouver sa vraie place et vous pourrez renouer avec le plaisir de le faire juste parce que son contenu est intéressant, stimulant, motivant, porteur de sens etc. Et si vous n’y trouvez pas de plaisir, changez-en, la conjoncture s’y prête 😉

 

Rentrez chez vous, bordel !

Quand on parle de rester bosser très tard on nous raconte souvent, French bashing auto dirigé oblige, que c’est une maladie bien franco-française, que nous sommes indécrottables en comparaison des Pays Merveilleux où à 17h il n’y a plus personne dans les bureaux, faute de quoi vous passez pour un incompétent. Et bien contrairement à beaucoup d’idées reçues, ce n’est pas une généralité outre-Atlantique, ça dépend des métiers. Il y même une foultitude de publications sur le sujet, ce qui signifie que c’est donc un sujet ! Et c’est des Etats-Unis que vient cette vidéo délectable qui traite justement de cette question.

Cette vidéo date et pourtant, elle est toujours autant d’actualité, toujours aussi juste et aussi percutante. Car voilà bien un sujet sur lequel, s’il existait un championnat de l’immobilisme, la question du temps passé à travailler décrocherait sans le moindre effort la timbale en fer-blanc, récompense suprême des sujets qui non seulement n’avancent pas d’un iota, mais même ont tendance à faire, subrepticement, sournoisement, des petits pas en arrière.

Pam Selle, ingénieur en développement de logiciel explique avec un humour corrosif qu’il n’est pas si compliqué de construire son propre équilibre entre vie professionnelle et vie privée, secouant au passage – et énergiquement – à la fois les tapis poussiéreux de l’engagement des salariés et ceux de l’efficacité. Un pur bonheur qu’on peut résumer en une phrase :

Arrêtez de vous torturer les méninges et de vous mettre la rate au court-bouillon, le principe est ultra simple : il suffit de rentrer chez vous, bordel !

« Je n’en peux plus des gens qui travaillent trop, dit-elle. Ils sont débordés, ils gémissent, ils se lamentent, c’est insupportable. » Alors elle nous rappelle quelques vérités utiles :

– Vous êtes simplement un moyen de production, un élément parmi d’autre dans les actifs de l’entreprise.
– Vous travaillez gratuitement alors que vous pourriez passer ce temps-là à faire quelque chose d’intéressant, de ressourçant, d’important.
 – Le temps, c’est de l’argent donc plus vous travaillez, moins vous gagnez.

Et elle a raison : votre taux horaire se réduit comme peau de chagrin à chaque minute de temps dépassé, à chaque heure supplémentaire non rémunérée et à ne pas compter vos heures parce que vous êtes un bon petit soldat, vous voilà rémunéré(e) moins qu’un smicard. C’est bien la peine d’avoir fait Sciences Po, les Mines et un doctorat en neuromarketing.

« Rester bosser tard, explique-t-elle, c’est un peu comme à l’époque où, à l’école, on se retrouvait en retenue parce qu’on n’avait pas fait nos devoirs. Ca signifie qu’on n’a pas fait ce qu’on avait à faire. Alors pendant le temps de travail, laissez Facebook de côté, restez concentrés, faites votre boulot et ensuite, rentrez chez vous ! La productivité s’effondre pendant les heures supplémentaires, alors rentrez chez vous ! Vous avez besoin de travailler moins, de rentrer chez vous et de laisser votre cerveau en paix ! »

On peut mettre un bémol à son discours lorsqu’elle aborde l’idée que lorsqu’on est bon dans son travail, on le fait dans le temps imparti, sans heures supplémentaires. Et que si ce n’est pas votre cas, vous pouvez profiter du temps retrouvé pour chercher comment gagner en efficacité. Ce n’est pas tout à fait juste, puisque les objectifs inatteignables et les délais intenables sont devenus monnaie courante. En revanche, dans ce cas aussi, mieux vaut rentrer chez soi et se reposer. Car alors, si l’efficacité retrouvée grâce au repos ne suffit pas pour faire votre boulot dans le temps imparti, c’est le signe que vous êtes en surcharge et que vous avez besoin de temps pour:

 – Apprendre à dire non, à fixer des limites,

 – Apprendre à déléguer

 – Questionner les pratiques managériales de votre entreprise (y compris si c’est la vôtre!)

 – Rejoindre un syndicat pour défendre vos droits

 – Chercher un boulot ailleurs !

Ceci est un signe qu'il est temps de changer de boulot!

 

Quelle vie après le boulot ?

Bref, le mot d’ordre, c’est trouvez-vous une vie ! Une vie après le travail, une vie en dehors du travail, une vie personnelle et familiale, faite d’activités intéressantes et stimulantes, parce que ça fait du bien ! Et je rajoute une bonne nouvelle : il y a un double effet kiss cool. Lorsque vous aurez renoué avec le temps retrouvé, vous n’aurez plus envie de le lâcher et ça augmentera considérablement votre capacité à dire non, à équilibrer vie pro et vie privée et à rentrer chez vous.

Evidemment, nous ne sommes pas DU TOUT obligés de transformer nos vies personnelles en to do-list de parfait petit salarié au bonheur javelisé : méditation, sport, bol de soupe de légumes, une tisane et au lit. Et non, mesdames, vos soirées ne sont pas nécessairement couche-culottes, courses et rangement. Gérez vos familles comme une équipe, déléguez, faites du management par appétences, du management collaboratif et participatif, permettez chacun à contribuer à la bonne marche de la maison à sa manière car vous aussi, vous pouvez avoir une vie après le boulot !

concilier vie pro et vie perso comme une rugbywoman

Je vous le racontais dans le billet précédent, ma vie après le boulot a pris une tout autre dimension maintenant que j’ai un nouveau camarade de jeu. Je me suis aussi mise à écouter les délicieuses fictions de France culture. Quel bonheur de s’aérer les méninges et les gambettes!

Et vous, qu’est-ce que vous avez envie de faire depuis longtemps et que vous ne prenez pas le temps de faire ?

Vous y mettre, c’est aussi vous donner une porte de sortie, LA raison dont vous aviez besoin pour quitter le boulot tôt, peut-être à 17 ou 18h selon l’heure à laquelle vous arrivez le matin. Parce qu’avoir une raison autre que le droit de partir facilite les choses et parce que vous donnerez l’exemple. Managers, chefs d’équipe, souvenez-vous que vos salariés vous regardent et plus vous restez tard, plus ils hésitent à partir.

 

De bonnes raisons de partir à l’heure

Pam Selle recommande de donner de bonnes raisons de partir à l’heure, parce que ça nous simplifie les choses. Je ne suis pas certaine d’être complètement d’accord, car souvent, donner une raison de faire quelque chose qu’on est totalement en droit de faire revient à se justifier. Or la justification sous-entend qu’on a peut-être tort, d’où le besoin d’argumenter. Ce qui attirera la suspicion plutôt que l’approbation.

Si vous devez dire non à quelqu’un qui vous alpague alors que vous enfilez votre veste pour filer mettre vos neurones au vert, évitez le  « j’ai fini ma journée » ou « il est 17h30, je me casse ». Préférez quelque chose de l’ordre de « j’en ai fait assez pour aujourd’hui, on n’en parle demain ». Éventuellement, fixez un rendez-vous.

Et si on vous fait la vieille blague à la con « tu as pris ton après-midi », vous pouvez être certain que vous êtes en train de faire ce que tout le monde voudrait faire et que vous ouvrez la porte pour ceux qui n’ont pas le courage d’être à l’initiative de leur propre « travailler moins, travailler mieux. » Vous pouvez répondre quelque chose de l’ordre de « Tu as remarqué que je pars à l’heure ? c’est ma soirée que je prends ».

Pour ceux qui ont besoin de bonnes raisons pour partir du boulot, il ne s’agit pas d’en inventer, dans une version pas franche du collier de la mollesse du genou. Puisque l’idée est d’avoir le courage d’avoir une vie après le boulot, alors faisons ça avec panache. Le but ici n’est pas de devenir des tire-au-flanc ou de jouer toute la gamme des bonnes excuses, l’idée est d’avoir de bonnes raisons !

Mais toute la question devient alors, qu’est-ce qu’une bonne raison et quels sont les risques d’être jugé encore davantage selon celle que vous donnez et de vous retrouvé(e) happé(e) dans des discussions vides sur des sujets hautement subjectifs. Ainsi vos cours du soir de japonais à l’Inalco sont-ils une raison plus ou moins valable qu’aller chercher vos gosses ou que votre entraînement de demi-fond? Et toutes ces raisons sont-elles recevables dans un monde professionnel ou, par définition, il n’y a pas de bonnes raisons?

En d’autres termes, peut-être que les bonnes raisons données par une activité le sont surtout pour vous, source d’envie et de motivation et au fond, c’est ça qui compte. Alors il est l’heure et quelle que soit la raison, allez-y, filez: il y aune vie après le boulot et elle vous attend de l’autre côté;)

 

 

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6 Comments

  • Nicolas dit :

    Bonjour,
    Merci pour ce post, il est grand temps que les managers et autres dirigeants arrêtent d’instaurer ce sacro saint message : plus tu restes au bureau, mieux t’es vu.
    Pourquoi pas se concentrer justement sur l’efficacité au boulot, tout le long de la période réglementaire de travail au lieux de feindre des journées à rallonge ?
    Parce qu’ils sont nombreux à rester après l’heure pour ne pas en faire une non plus. Du paraître, toujours du paraître …

    Belle journée,

    Nicolas
    http://www.labo-sciences-co.com

  • Hervé Lero dit :

    Ah oui, merci pour cet article : j’ai toujours détesté les jaloux qui te disent “tu prends ton après-midi ?” alors que tu bosses dur depuis le matin pendant qu’ils passaient leur temps sur facebook ou à la machine à café…

    C’est une des raisons qui m’a fait quitter le monde de l’entreprise traditionnel, je voulais être libre de mes horaires et de bosser à mon rythme, sans jugement ni remarque de ce type.

    Merci pour cet article ! 😉

    • C’est pareil lorsqu’on prend ses vacances en septembre: il y a toujours quelqu’un pour penser que la façon dont l’autre s’organise relève de “la chance” ou d’un défaut d’implication!
      De ce point de vue, le statut d’indépendant permet effectivement de s’organiser comme on l’entend. Ceci dit dans les faits, pour beaucoup, il signifie aussi travailler plus, travailler beaucoup, voire travailler trop, mais avec une conséquence émotionnelle moindre parce que les bénéfices en termes de plaisir au travail compensent. A chacun(e) du coup de veiller sur lui/elle-même pour rester dans un fonctionnement qui lui conviant:)

  • Diarassouba dit :

    Je suis d’avis avec Nicolas. C’est vrai, il peut arriver des moments où le rythme du travail est plus accéléré que d’habitude qui nécessite d’aller au delà des heures règlementaires. Ce sont des moments d’exception. Mais l’erreur à ne commettre, c’est d’en faire une habitude, normalisée cette pratique et la présenter comme un indicateur de performance ou de productivité.

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