Plaisir au travail: Top 8 des citations à fuir d’urgence!

Flanquez un coup d’espadrille dans le réseau social le plus fréquenté et il vous tombe des citations sur la frimousse comme ces moustiques qu’on préférerait voir à Honolulu plutôt que ruinant nos siestes d’été. Citations qui sont majoritairement autant d’injonctions au bonheur et à la réussite, l’un n’allant pas sans l’autre dans le monde des winners. J’ai embarqué quelques camarades aussi hermétiques, voire réfractaires que moi pour vous concocter un florilège de citations facteur de normalisation et de pression, donc à éviter d’urgence!

citations inspirantes

 

Pré-mâché, pré-pensé, préjugé

Les citations qu’on voit passer  boucle sur les réseaux sociaux peuvent bien entendu être inspirantes, nous aider à sortir d’une ornière ou résonner en nous de façon positive et c’est probablement la raison pour laquelle elles sont autant partagées. Autant se frotter aux idées des autres pour apprendre à penser par soi-même et se forger sa propre philosophie de vie me parait intéressant, autant se soumettre à ces injonctions « positives » qui fleurissent comme les orties dans les bas-côtés d’été me questionne. Car lorsque ce sont des affirmations décontextualisées présentées comme des vérités universelles, elles sont à prendre avec des précautions, justement parce qu’elles se prétendent vérités et que leur supposée universalité les rend intolérantes à d’autres options, négligentes ou oublieuses de la complexité de l’être humain, de la complexité de la vie. Il n’en faut pas moins pour passer de pré-pensé à préjugé. Citations piège à cornichon? Sans doute: une étude à montré que ceux qui se délectent de citations sont moins susceptibles de penser par eux-mêmes…

Chercher une philosophie de vie, pas des maîtres à penser

Leur fais-ci-fais-ça finit par servir à longueur de journée une philosophie pré-mâchée vecteur de normalisation autant que de pression (tu DOIS donc faire/penser comme ça et si tu n’obtiens pas le résultat attendu, honte à toi, c’est de ta faute ! OU encore je te mets une solution hy-per-fa-cile sur la table et tu n’y arrives pas?) qui ressemble à du fast-food pour l’âme : c’est plein de sucre, mais au fond pas tellement nourrissant. Pour ma part, je préfère la joie et la volupté, une cuisine qui prend son temps, libre et décontractée autant dans mon placard à idées que pour ce que je me mets dans le buffet.

 

Les poètes, aiguillon à réflexion

C’est sans doute pour cela que je me plais à citer les poètes plutôt que les philosophes, les « modèles » et les gourous : ils servent moins de vérités universelles ou d’injonctions que d’élans, d’appels, d’aiguillons à réflexion personnelle… qui m’émeuvent justement parce que ce sont les intuitions de poètes qui pensent mais ne le disent pas (comme disait un de mes profs de lettres), qui proposent à penser et non imposent du prêt-à-penser. Et puisqu’on parle d’intuition, en voici une de Victor Hugo que j’aime bien:

“Vois s’élever sur les hauteurs
Tous ces grands penseurs que tu nommes,
Sombres esprit dominateurs,
Chênes dans la forêt des hommes.”

Et disons-le tout net, nous sommes plus enclins à nous appuyer sur les chênes que sur les roseaux. Ce qui dans bien des cas est salutaire: les roseaux font de piètres béquilles à nos entorses et de piètres poutres à nos maisons. Mais lorsque notre pensée se calque sur celle du chêne et oublie ses propres ondulations, il y a de fortes chances pour qu’elle se fige dans la pseudo-vérité, le prêt-à-penser et qu’elle s’y gangrène la comprenette. Bref, les citations des « penseurs » sont plus souvent des pensum que des perspectives inspirantes et puis il paraît qu’Aristote méprisait les idées de Platon, que Jung détestait Freud etc. Aussi regardons à deux fois avant d’adopter une citation et d’en faire nos mottos.

Et visiblement, je ne suis pas la seule, puisque, m’agaçant un jour sur ledit réseau social de la recette facile, j’ai déclenché une flopée de réactions qui m’a amenée à proposer à quelques camarades de s’exprimer sur le sujet. Voici donc un florilège des citations que nous trouvons exaspérantes et contre productives, et ce que nous préférons croire à la place pour se lâcher la grappe à penser et lui redonner un poil d’autonomie et de liberté. Je les ai rangées par thèmes, il y en a sans doute bien d’autres!


Wallace

 

Management facile!

 

“Quand souffle le vent du changement, certains construisent des murs, d’autres des moulins”

Le vent de la révolte gronde contre les citations qui sont comme du vent marin qui se prend pour de la Tramontane: ça promet le changement mais ça laisse maussade. Haro sur le zéphyr, sous la plume fougueuse de Patrick Bouvard, rédacteur en chef de RH Info, qui part en croisade contre une chinoiserie et l’éparpille aux quatre vents!

“Il paraît que c’est un proverbe chinois. Ça ferait un film décoiffant : « Et au milieu souffle le changement ». Le plus cocasse, c’est que tout change et que rien ne change ! Je n’évoque pas ici cette polémique intemporelle entre Héraclite et Parménide ; je parle du changement qui est pour maintenant.  Avez-vous remarqué, en effet, comme le changement est toujours “pour maintenant”… et son accomplissement toujours pour demain ! Si bien que les murs tout autant que les moulins ont bien des chances de ne jamais servir à quiconque ! Et même à sous-entendre que les “certains” qui construisent des murs sont des conservateurs et les autres des progressistes, le changement n’a bien souvent soufflé qu’entre leurs deux oreilles !

Et lorsqu’il arrive qu’il y ait de vrais changements, qui pourra prédire la bonne attitude puisque par définition l’avenir n’est pas présent ? Faut-il tenir bon sur notre identité et nos valeurs ? Faut-il déjà changer tout ce qui n’a pas encore marché et tourner à tous les vents ? Garder sa veste ou la retourner ? On le voit : c’est affaire de discernement au cas par cas et non de moralisation arbitraire et systématique des comportements. Il reste que Michel Audiard a eu sur le sujet une parole définitive, dans Les tontons flingueurs : « Quand ça change, ça change ». Qu’on se le souffle vite à l’oreille !”

citation vide

 

“Mon travail n’est pas d’être gentil avec les gens, mon travail est de prendre des gens formidables et de les pousser pour qu’ils deviennent encore meilleurs.” – Steve Jobs

Il semblerait que Steve Jobs soit devenu un modèle, le héros d’un management novateur et performant. Et j’avoue que ça me laisse baba, moi qui n’adhère pas à la vision assez répandue du premier des GAFA comme un leader charismatique, alors c’est moi qui met sans vergogne un bourre-pif à l’icône.

“Non mais pour qui il se prend ce Steve Jobs ? Voilà une affirmation dont un nous abreuve en mode mantra du management… Ainsi, Steve Jobs se prétend Sauveur masqué chargé d’une mission divine?  Outre l’arrogance du type qui s’estime en mesure de rendre les gens meilleurs, outre l’enrobage dans la guimauve du terme positif (les gens sont formidaaaables) judicieusement placé au milieu, voilà une affirmation faussement altruiste qui dédouane de la moindre amabilité (dont visiblement il n’était pas représentatif). La pommade passée là et destinée à faire avaler la pilule de comportements détestables et à soumettre les dits élus qui devraient donc être justement heureux de se faire hurler dessus par un hurluberlu dont le culte me laisse songeuse.

D’autant que le terme “meilleur” est ambigu. Meilleur que qui, que quoi? Qui en établit les critères? Qui en établit les marches à suivre (qui passent apparemment par des comportements colériques, autoritaires, contrôlants et obsessionnels)? Qui a le droit de décider pour autrui s’il doit devenir meilleur, quand et comment?  Bref, Steve Jobs se prend pour Dieu et cette sortie faussement mielleuse et vraiment chafouine lui vaut la sortie. Ras-le-bol du préchi-précha du management absurde, le travail d’un leader est de prendre les gens tels qu’ils sont et de créer, par la bienveillance et l’encouragement, les conditions dans lesquelles ils pourront s’épanouir et se développer. Tout le reste n’est que désir de domination et de contrôle.”

citation jobs

 

Secrets de la réussite et du succès!

 

“Il faut toujours viser la Lune car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles” – Oscar Wilde

Même les citations en apparence les plus poétiques, lorsqu’elles se retrouvent galvaudées en secret de la réussite, perdent leur saveur et prennent des relents de commandements normatifs et culpabilisants. C’est Vincent Rostaing, fondateur du CAIRN 4 IT, qui met un ramponneau salutaire à Oscar Wilde.

“Et bien là mon cher Oscar permet moi de te dire que tu m’as déçu et à plus d’un titre. La première fois que j’ai lu ta citation en anglais j’étais plutôt d’acord car je l’avais mal traduite et j’avais voulu comprendre « il faut toujours viser une étoile car même en cas d’échec on peut atterrir sur la lune » … ou sur une autre étoile m’empressai je de rajouter, en effet ce serait quand même balot que les 7,5 milliards d’êtres humains visent le satellite de la Terre là où il y a pour chacun d’entre nous des milliards d’étoiles possibles (avec une majorité d’en être elles cachées ou voilées par cette balourde de lune .

Seconde pensée : mais pourquoi si je devais quitter cette bonne vieille terre , ce serait pour aTERRir quelque part … Et si j’avais justement envie de changer pour autre chose , aMERrir par exemple , ou bien plus simplement ne plus connaitre la gravité et choisir de flotter dans l’espace fini mais en constante évolution comme les possibilités de chaque être humain d’ailleurs.

Donc Halte aux diktats, si je suis dans une logique de changement je dois pouvoir tout changer y compris les règles du jeu .

Enfin coté pratique et là c’est le montagnard habitué à prendre toujours un peu plus qu’il ne lui faut en vivres dans son sac à dos qui parles :  si tu vises la lune et que tu la rates , tu n’auras jamais assez de carburant pour approcher la moindre étoile fut-elle le soleil. Voilà pourquoi cette citation ne fait aucun sens pour moi, mais me fais bien marrer à chaque fois que je la vois.

Allez sans rancune pour les citations j’en ai moi-même 2 qui me tiennent compagnie depuis longtemps, je n’arrive pas d’ailleurs à savoir si je les ai fait miennes ou bien si au contraire elles m’ont façonnées . « When there is a will there is a way » ( que je vous donne en anglais car il y a une vraie subtilité dans cette notion de chemin que le franco francais quand on veut on peut n’a pas : il suffit de trouver le chemin , ou de l’inventer ) . et « ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » de Mark Twain (que j’ai longtemps attribué a Lafayette ) .  Sans compter le Ni Dieu Ni Maitre Ni conformiste ni rebelle ni pute ni soumise  Be U just U nobody else but U poupoupidou mais là je m’égare me direz-vous”.

changer de métier: objectif, la Lune!

 

“N’abandonne jamais” – Churchill

Les citations de Churchill tournent à l’envi, mais tellement décontextualisé qu’elles lui feraient certainement avaler son cigare. Si elles étaient des élans galvanisants pour traverser une période redoutable, lorsqu’elles sont plaquées à nos quotidiens qui, à défaut d’être un long fleuve tranquille, ne sont pas non plus un champ de bataille de la Deuxième guerre mondiale, elles frisent tellement le ridicule que je m’en vais leur régler leur compte en mode Brassens: elles sont longues et massacrantes, mais elles ne valent qu’un accessit et on leur préfère celles de 14-18!

“J’ai choisi celle-ci mais j’aurais pu en prendre 10, tant les citations de Churchill pleuvent en giboulées de mars pour faire de nous des guerriers de nos métiers. D’ailleurs, peut-être que dans certains cas, à trop en faire un Blitzkrieg et à trop faire de nous des bons petits soldats, nous finissons par vivre notre vie professionnelle en va-t-en-guerre et à sortir de la tranchée même quand à l’évidence, ça n’est pas’ exactement une bonne idée.

Churchill parlait de résistance face à une menace sans précédent, de résilience face à une adversité sans précédent, il s’agissait de tenir contre les vents et marées du nazisme, pas de s’entêter dans des projets professionnels perdus d’avance. Et même si l’on peut reprocher beaucoup de choses aux entreprises et au monde du travail ni l’un ni l’autre ne sont une menace nazie et il est peut-être temps d’arrêter de passer nos vie à nous battre en permanence. Le lexique guerrier nous colle au pieds comme la boue aux rangers, mais la vie n’est pas une interminable lutte titanesque contre une bête immonde et les GI Joe/Jane du boulot finissent plus fatigants et fatigués que super héros admirés.

– D’une part, être combatif, ce n’est pas être un combattant, c’est un mélange de pouvoir d’agir et de plaisir d’agir, associés à une prise de risque acceptée.
– D’autre part, savoir quand raccrocher les gants, dans nos vies personnelles et professionnelles est une compétence et l’art nécessaire du renoncement évite bien des ramponneaux inutiles et des déceptions amères.

Retrouvons le droit de renoncer, parce que l’objectif est trop grand, trop lourd pour nous, insuffisamment porteurs d’un ration coûts/bénéfices réjouissant et aussi parce qu’on a le droit d’en avoir marre de se battre. Laissons la croisade anti-nazie aux tragédiens de la vie professionnelle et occupons-nous de juger pour nous-mêmes ce qui vaut le coup d’être combatif et quand nous choisissons de renoncer. Y compris dans le cas ci-dessous!”

choisir par soi-même quand être conbatif et quand renoncer

 

“La seule chose promise d’avance à l’échec est celle qu’on ne tente pas” – Paul-Emile Victor

Il y a bien 36 sortes de sortes d’échec, des petits, des gros (des angoras aussi, à n’en point douter), mais il n’y a qu’une seule citation sur l’échec, toujours la même, déclinée à l’infini par les amateurs de pensées pré-mâchées à l’esprit assoupi… Patrick Bouvard remet les pendules à l’heure:

“Lorsque Paul-Emile Victor nous délivre cette réflexion, il parle des expéditions polaires, au seuil de l’impossible, dans des conditions de survie extrêmes pour l’être humain, ou les solutions se font rares et la prise de risque particulièrement calculée et de toute façon contrainte.

La transposition de ce propos au champ de la motivation ordinaire en entreprise est aussi saugrenue que les grands records d’apnée pour évoquer les petites angoisses du directeur financier ! En plus cette assertion repose alors sur une erreur logique, puisque tant que je n’ai rien tenté, il n’y a par définition aucun échec ! A moins de vouloir adopter au bureau le slogan du loto : « 100% des gagnants auront tenté leur chance ! » C’est la nuance entre la tentative et la tentation : il faudrait donc faut toujours tout tenter pour être certain de réussir… Ben tiens ! Ceux qui jouent toutes les semaines en savent évidemment quelque chose : ils n’entendent pas que leur vie sombre dans l’échec par manque d’audace, n’est-ce pas ! Alors bon ! S’il s’agit de dire qu’il ne faut pas abandonner un projet avant de l’avoir réussi, on risque l’entêtement ! J’en connais des comme ça, qui veulent “inverser la courbe du chômage” ! Sic ! S’il s’agit de faire comprendre qu’il ne faut pas avoir peur de l’échec pour se lancer dans une idée nouvelle, autant le dire directement : la peur n’évite pas le danger. Mais par pitié, laissons Paul-Émile reposer en paix !”

citation la peur nevite pas le danger

 

“Fais-le, ou ne le fais pas ! Il n’y a pas d’essai” – Yoda

Que voilà une injonction démotivante: soit t’es un Dieu et tu fais, soit tu échoues et t’es un nobody, coco, tiens-le toi pour dit. Voilà qui ne fait pas exactement de Yoda le héraut d’un enseignement décontracté à qui on a envie de confier ses gosses ou ses collaborateurs! Et au hit parade des contre-vérités stressantes et démotivantes, Yoda mérite un pompon d’or, je m’en vais le lui décerner:

“Voilà une injonction censée galvaniser, mais qu’y a-t-il de moins encourageant que de devoir faire un truc qu’on a jamais fait sans autorisation d’échouer? Personnellement, ça me donne plus envie d’aller faire une partie de pastaga-pétanque sous les platanes que de chercher à sortir un X-Wing d’un marécage!

Rappelons d’ailleurs l’efficacité redoutable de l’injonction en question dans son contexte: Luke, sous le poids du magistral principe éducatif  Yodien, ne parvient… à rien. Donc, le maître à Jediser de toute la galaxie a lamentablement tort, a lamentablement échoué dans sa détermination à faire sortir le meilleur de son padawan. Yoda: essaie encore, essaie autrement, change de stratégie, car ton non essai- il n’est pas réussi-réussi^^

C’est du coup franchement ironique que depuis, le malheureux verbe essayer suscite les anathèmes du développement personnel alors que les 10 secondes qui suivent son affirmation en démontrent la vacuité! N’oublions âs que dans essai, il y a aussi une notion de test, d’expérimentation qui inclue la possibilité de ne pas obtenir ce que nous voulions, la possibilité de s’y prendre autrement, de s’éviter de croire qu’il existe des solutions uniques à chaque problème. Bref, si Yoda était un maître à penser, peut-être qu’il aurait cherché à déconstruire, ou a minima à ramollir les croyances de Luke avant de lui mettre une pression tellement contre-productive qu’elle génère le contraire de ce qu’elle veut obtenir.

Pour ma part, j’aime bien les essais-erreurs, les ajustements, la pratique, l’apprentissage à son rythme qui rend petit à petit l’action plus fluide, plus agréable et plus facile, donc prenons le temps d’essayer, de mettre nos idées à l’épreuve, de les moduler, de se raviser, de tenter autre chose si ça ne marche pas.”

 S'éviter la pression de l'interdiction de l'erreur et expérimenter à la place

 

Le métier pour lequel vous êtes fait!

 

“Là où vos talents et les besoins du monde se rencontrent, là est votre vocation” – Aristote

Aristote est bien mignon et si j’avais été péripatéticienne de l’époque, j’aurais sans doute bu ses paroles comme un oisillon ingurgite le roboratif ver de terre. Mais, là, tu peux m’amener à la rivière vieux philosophe, je n’y boirai pas: la veille de l’invention du premier séchoir à cheveux, personne n’avait jamais eu besoin d’un séchoir à cheveu. Et c’est Oana Juncu, coach, coach agile et fondatrice de CoEmerge,  qui envoie Aristote remballer sa camelote:

“En voilà une réflexion qui ouvre plein de pistes … En fait tellement de pistes que je reste euh…dans le brouillard. Avec en prime , une soupçon de culpabilisation et une couche subtile de pression qui s’insinue, car je dois illico presto trouver le Nirvana de cette intersection si clairement définie par le grand Aristote!  Et si je ne suis pas capable … et bien je ne mérite peut-être pas d’avoir une vocation!

Bon alors,  les besoins du monde dit-on? Mais c’est vaste ça ! Le monde est grand et il a beaucoup de besoins. Il doit en avoir tellement qu’il ne sait plus où donner de la tête. D’ailleurs, qui dit que le monde est conscient de ses besoins? Puisque nous sommes dans les citations, je fait une contre proposition,  paf! “Quand on arrive à créer un service qui répond à un besoin que ses utilisateurs n’étaient pas conscients d’avoir,  une innovation de rupture est en train de se produire”.  Le gens ne savaient pas qu’il avaient besoins des voitures pour se déplacer, quand la voiture n’existait pas, ils voulaient plus de chevaux! 

Et bien, l’innovation et le grain de génie ont leur propre plan qui nous échappe.  Donc je renonce aux recettes du succès garanti, j’arrête de tourner au tour du pot de la vocation,  je claque la bise à Aristote et je me mets à écouter le monde. Peut-être un jour je vais entendre les signaux faibles d’un de ses besoins inconnus.  Et je me mets à m’écouter moi et ce que j’ai envie de proposer au monde. A défaut d’avoir une vocation, j’aurai peut-être une idée…”

citation vocation

 

« Choisis un métier que tu aimes, et tu n’auras plus à travailler un seul jour de ta vie. »

Le jour où Confucius a sorti ce truc-là, il avait dû se faire une overdose de guimauve. Un métier qu’on aime, c’est nourrissant, c’est jubilatoire et ça peut apporter beaucoup de bonheur. Mais de là à avoir le sentiment ou même l’envie de ne pas travailler, faudrait quand même pas pousser. C’est Anne-Claude Benhamiche, coach spécialiste de l’effervescence, qui règle son compte à l’affirmation du “grand éducateur” chinois.

“Une des tartes à la crème de la reconversion, c’est : « Choisis un métier que tu aimes, et tu n’auras plus à travailler un seul jour de ta vie.» … Alors comme ça, travailler serait une activité pénible, un poison qu’il faudrait neutraliser ? En chacun de nous sommeille une grosse feignasse qu’il faut remotiver sans cesse ?

C’est occulter que pour beaucoup de gens (euh, moi en tout cas :=) le but dans la vie n’est certainement pas de renoncer au travail, qui est une occasion de se sentir utile et d’être à la fois productif et canalisé. D’ailleurs à la question : « que faites-vous si vous gagnez au Loto ? » je vous réponds tout de suite : plein de choses, mais je continue à travailler !

Sans parler de cette promesse fallacieuse : si tu aimes ce que tu fais, tu seras sur un petit nuage et tout ira bien… C’est oublier qu’il y a dans tout métier des aspects franchement moins drôles mais incontournables  et les aléas de la vie professionnelle, ça existe même quand on adore son job et parfois les impondérables peuvent être parfaitement pénibles.

Je dirais plutôt : Amuse-toi dans ton travail et garde bien un œil sur toutes ces choses qui t’amusent moins. Et comme ça, tu pourras t’amuser plus longtemps ;=)”

citation plaisir au travail

 

J’aurais volontiers rajouté quelques autres citations sclérosantes, pressurisantes, culpabilisantes et qui ont une fâcheuse tendance à répartir le monde en deux catégories peu nuancées, je vous laisse deviner lesquelles:

“Tous vos rêves peuvent devenir réalité si vous avez le courage de les poursuivre” – Walt Disney
“Les gagnants trouvent des moyens, les perdants trouvent des excuses” – Roosevelt
“C’est l’effort continu – et non l’intelligence ou la force – qui est la clé pour libérer notre potentiel” – Churchill
“patience, persévérance et transpiration sont la combinaison imbattable du succès” – Napoleon Hill, citation à laquelle j’avais déjà réglé son compte dans La combinaison unique de la réussite!
“Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin” et toutes les injonctions du tout-collaboratif
Etc.

Et vous, quelles citations vous donnent envie de vendre la ferme et les veaux et d’aller vous pendre ailleurs?
Inversement, quels types de citations vous inspirent?

 

 

shakespeareRappelons aussi qu’on finit aussi par faire dire n’importe quoi à n’importe qui, à l’instar de cette sortie pleine de praline attribuée à Shakespeare… il suffit d’avoir lu ne serait-ce que trois pages du barde pour se gondoler de cette fausse attribution, si ça sonne Shapeskearien alors moi j’écris comme Victor Hugo! Elle est construite en réalité à partir d’un poème de William Arthur Ward ^^

Sur la décontextualisation et les abus de citations:

On peut rire de tout, mais on peut aussi arrêter de citer Desproges n’importe comment – Libé

 

 

Voir aussi

J’ai essayé d’être raisonnable et je n’ai pas aimé!
Comment nous construisons et entretenons nos convictions
Changer un comportement: le naturel revient-il au galop?
Lâcher-prise : le principe du lave-vaisselle

 

14 Comments

  • Personnaz dit :

    Bonjour,

    Je me balade de temps en temps sur votre site et j’y trouve toujours justesse, intelligence et humour. Merci pour cette ambiance inspirante et déculpabilisante !

    Bonne journée,
    Elsa

  • Olro dit :

    La lune, satellite du soleil??…. Aie

  • Aurélie dit :

    Bonjour Sylvaine,

    Ton article m’a fait beaucoup rire 😉 Comme beaucoup de gens, je vois passer des citations sur certains réseaux sociaux mais je n’avais jamais pris conscience du potentiel culpabilisant qui se cachait derrière. Alors merci pour ça!
    En ce qui me concerne j’aime beaucoup la citation: “Find out what you’re afraid of and go live there”.

    Bonne fin de journée

  • Merci pour cet article Sylvaine. Les citations ont ceci d’étonnant qu’on les retrouve parfois déclinées sous des formes voisines chez plusieurs auteurs. Tu cites Marc Twain, je me suis récemment amusé de cette citation, reprise par Churchill : “Tout le monde savait que c’était impossible à faire, puis un jour quelqu’un est arrivé qui ne le savait pas, et il l’a fait”, et Pagnol : “Tout le monde savait que c’était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait.”

    Je n’ai pas trouvé celle que j’aimerais sur ma tombe… Mais si elle parle de travail, elle sera en forme d’épi-TAF.

    • OUi, elles voyagent en écho parfois et entre celles faussement attribuées, celles reprises toute honte bue, celles qui se ressemblent et celles encore qui se contredisent, on pourrait en faire un soap-opéra!

  • Marie dit :

    Bonjour!
    Super site, articles au top! (Recommandé par Anne-Claude Benhamiche)

    J’ai lu votre sujet sur les multi-potentialistes et le job Crafting. Quelques jours plus tard j ai vu une pub dans le metro disant “Everybody is a Genius. But If You Judge a Fish by Its Ability to Climb a Tree, It Will Live Its Whole Life Believing that It is Stupid” ( en anglais car j’habite a Londres)

    Je trouve cette citation plus ou moins adaptée a ma situation mais je vais quand même la changer et dire:

    Everybody may be a Genius at something and maybe not. A Fish climbing a tree might have a lot of fun trying to do so, falling back to the water with a BIG Fish smile on its Face!

    #jobCraftingPlease 🙂

    Merci & Bonne journée!
    Marie

    • Oh, j’aime cette reformulation! Je rajoute une version optionnelle: Everybody may be a Genius at something and maybe not. And who cares? As long as they are happy insofar as they wished to be! (because we don’t HAVE TO be hapy either) ^^
      Merci Marie!

  • sylvain dit :

    Merci pour cet article, j’ai désormais ma citation préférée dans le cadre pro : “Le travail d’un leader est de prendre les gens tels qu’ils sont et de créer, par la bienveillance et l’encouragement, les conditions dans lesquelles ils pourront s’épanouir et se développer. Tout le reste n’est que désir de domination et de contrôle.”
    Par Sylvaine Pascual

  • Amélie dit :

    Merci pour cette série de tartes à la crème, ça fait du bien de l’entendre !
    Il y a aussi les innombrables citations de coaching attribuées à Einstein, on ne sait jamais si elles sont vraies ou fausses 🙂
    D’ailleurs, le mot “entraîneur/se” me paraît plus chouette que coach. Coach, ça fait un peu gourou ou fouette/cocher qui décide à la place de l’autre et devine ses plus profondes intentions cachées. Je trouve le terme “entraîneur” plus proportionné ; il met en valeur le fait que c’est la personne qui se fixe ses objectifs et que l’entraîneur l’aide à les atteindre.

    • Einstein, Shakespeare, Churchill sont les rois des citations qu’ils n’ont jamais dites!
      Le terme coach est problématique depuis toujours, à l’époque où j’ai été formée, on y cherchait déjà un substitut plus approprié, que personne n’a encore trouvé (du moins à ma connaissance!). Je ne suis pas tout à fait d’accord avec le terme entraîneur (en anglais, le coach est l’entraîneur) car c’est aussi celui qui corrige et évalue ce qui n’est pas non plus dans les attributs du coach. Mais plus généralement, ces questions sémantiques montrent qu’en fonction des associations que nous faisons avec un mot ne sont pas forcément les mêmes, ce qui rend très difficile de se mettre d’accord sur une appellation!

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