L’art de la concentration au XXIe siècle (2): les bulles d’attention

comprendre nos mécanismes d'attention et d'inattention

L’énergie cognitive qu’est l’attention est l’un de nos biens les plus précieux et l’un des plus fluctuants, des plus insaisissables.  Les bulles d’attention sont un moyen joyeux et ludique de renouer avec notre propre capacité de concentration. Zoom sur un exercice simple à pratiquer en toute décontraction.

les bulles d'attention pour renforcer sa capacité de concentration

L’attention, source de plaisir et de décontraction

Les outils technologiques sont largement accusés  d’être les sources principales de sollicitations d’ultra connectés qui ne facilitent pas la concentration. Dont acte, c’est assez vrai. Mais de là à les présenter comme les seules sources de déconcentration, comme si le monde d’avant (qui n’est pas si vieux) était un monde merveilleux d’attention, de capacité d’absorption dans des abîmes de réflexion, n’est pas vrai non plus. Car si nos soumissions technologiques amenuisent nos capacités de concentration de façon peut-être directement proportionnelle à la fonte des glaces, l’attention est fuyante et mystérieuse, qui peut à tout moment nous échapper, y compris dans le silence monacal et l’isolement complet.

En même temps, les sources de distractions se multiplient sous forme de sollicitations de l’instantané et de micro satisfactions superficielles assez peu nourrissantes. Clairement, les détournements d’attention sous forme d’incessantes notifications connectées, personnelles ou professionnelles, c’est rarement de la vitamines mentale et ce que nous perdons au fur et à mesure, en même temps que la capacité à nous concentrer, c’est la conscience que l’attention focalisée sur une réflexion complexe, sur une personne, sur une conversation, est potentiellement une vraie source de plaisir.

Nous avons vu dans la première partie de ce billet que Jean-Philippe Lachaux, neurobiologiste, chercheur en neurosciences cognitives, directeur de recherche CNRS à l’INSERM, considère l’attention comme quelque chose de léger et d’agréable. J’aime bien l’idée, parce qu’elle donne une solution réjouissante à la fois aux méthodiques, aux organisés et  aux fantasques, aux indisciplinés pour ré-apprivoiser notre propre capacité à nous concentrer: en établissant le plaisir comme critère d’une phase d’attention digne de ce nom.

Exit l’injonction d’efficacité, de performance, reconnectons avec nos capacité d’attention pour le plaisir d’être à ce que nous faisons et parce que ça nous permet de travailler avec fluidité et décontraction, sans avoir à nous mettre la cafetière au court-bouillon et à suer sans et eau pour produire du concentré de citron!

Eviter la concentration qui demande des efforts démesurés, l'attention peut aussi être agréable, légère et décontractée

 

3 raisons au détournement d’attention

L’attention nous permet de filtrer, au milieu du flux d’informations sensorielles qui nous sollicitent, ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Jusque là, ça paraît relativement simple, mais ce tri est le fruit d’un rapport de force intérieur entre nos besoins et explique la possibilité d’être distraits, voire éparpillés. Qui vient donc aiguiller notre attention vers une chose ou une autre? Qui la détourne ou la canalise? Selon Jean-Philippe Lachaux, il y a trois responsables :

 – Nos habitudes : nous permettent de repérer les événements importants et génèrent des réactions stéréotypées, comme le bruit d’un gyrophare.

– Nos émotions : qui associent un sentiment agréable ou désagréable à une situation. Si elle est émotionnellement chargée, elle détourne notre attention.

Exprimer la colère peut compromettre la réussite d'un objectif

– Nos intentions conscientes et volontaires : qui sont ce que nous cherchons à faire à un instant T et dans une situation donnée.

Je vous avais proposé dans le dernier billet de commencer par observer les petites étincelles qui sont les aiguilleurs du ciel de votre attention, de façon à pouvoir créer, tant que faire se peut, les conditions de votre concentration quand vous en avez besoin. Voyons à présent comment comment vous entraîner à vous concentrer en légèreté en pratiquant les bulles d’attention.

 

Créer des bulles de concentration

Pour s’éviter l’éparpillement et les détournements d’attention lorsque nous avons besoin de nous concentrer, Jean-Philippe Lachaux suggère de créer des bulles de concentration. Pour un fonctionnement optimal, elles ont besoin de répondre à deux règles:

1- Focalisées sur un seul objectif très concret

2- Sur un temps court et fixé à l’avance.

La focale sur un objectif très concret signifie préciser son intention : que vais-je faire exactement, dans les minutes qui viennent ? Car le cerveau n’aime pas les tâches vagues telles qu’on peut parfois les mettre dans une to-do-list, genre « rédiger le rapport Tartempion », il aime le concret qui lui permet de savoir à la fois exactement où il va et  comment. Il va donc s’agir de décortiquer l’activité « rapport Tartempion » en micro tâches ultra concrètes, ce qui va permettre au cerveau de définir facilement les critères de tri de l’information et donc ce à quoi il va accorder de l’attention.

D’autre part, la recherche s’intéresse aujourd’hui à l’attention « sans effort » et à la possibilité que la concentration soit agréable et peu fatigante lorsqu’elle a un objet unique et très clairement défini. Inversement, ce seraient les conflits entre différentes sources d’attention en même temps qui pourraient être énergivores.

Pendant ces bulles, nous allons donc pouvoir procéder à des arbitrages conscients lorsque notre attention s’éparpille ou que nous sommes distraits par une pensée, un bruit. Nous pouvons alors simplement prendre note de ce qui se passe et le laisser partir pour revenir à notre sujet.

Jean-Philippe Lachau explique que ce n’est pas toujours naturel et demande parfois aussi de l’entraînement. Voici donc 3 étapes pour entraîner votre attention, résumées dans ce visuel et détaillées en dessous

Les bulles d'attention: trois étapes à pratiquer pour favoriser la concentration

 

1-      Bien connaître les conditions de votre concentration

Selon les heures de la journées (qui parfois peuvent changer) les lieux, les atmosphères, nous pouvons avoir plus ou moins de difficultés à nous concentrer.. Commencez donc par observer les environnements et conditions dans lesquels vous parvenez à vous concentrer plus aisément.

 

2-      Créer vos bulles en fonction

Créez des bulle en vous fixant pour chacune un objectif précis, un temps de concentration limité, dans un lieu propice à vos yeux et loin de ce qui est pour vous les étincelles qui pourraient démarrer vos moteurs de distraction.

 

3-      Expérimentez

Faites des tests, il est probable que quelques essais erreurs soient nécessaires avant de déterminer de façon précise tous les éléments qui conditionnent ou favorisent une concentration optimale. Cette évaluation mérite d’être faite non pas seulement sur un critère d’efficacité, mais aussi, nous l’avons vu, sur une critère de plaisir: s’appuyer sur des instants de concentration efficace mais peu agréables risque d’être rapidement une telle déperdition d’énergie que votre cerveau, cette jolie machine bien à votre service, se chargera de vous protéger de vous-même en vous poussant à procrastiner. Acceptons une fois pour toute que la recherche du plaisir n’est pas nécessairement gratification immédiate et oiseuse: elle est biologiquement l’indicateur que ce que nous faisons est bon pour nous.

Ne visons pas la lourdeur, sourcils froncés, d’une concentration faite de transpiration et d’efforts inconsidérés. Recherchons plutôt le sentiment désirable d’une satisfaction profonde de la concentration qui permet le relâchement mental et la légèreté, un peu comme un cheval de dressage, un sauteur en hauteur, une danseuse d’opéra, ou n’importe quelle image qui vous renvoie cette association inévitable pour ré-apprivoiser la faculté à accorder notre attention à ce qui le mérite.

Concentrez-vous bien, amusez-vous bien:)

 

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