Réussites, échecs, les hauts et bas des carrières (mêmes monumentales)

la réussite n'enferme pas dans la réussite et l'échec n'empêche pas la renaissance

 

Où je vous emmène visiter une abbaye pour vous démontrer que les carrières monumentales et les odyssées professionnelles sont rarement un itinéraire fluide qui se déroule devant nos pieds réjouis sous la forme d’une pente facile et régulière vers des sommets radieux… Mais plutôt des chemins caillouteux, méandreux et pleins de hauts et de bas. Et que ça n’est peut-être pas grave!

la réussite n'enferme pas dans la réussite et l'échec n'empêche pas la renaissance

 

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Les hauts et les bas d’une carrière monumentale

On nous le dit, on nous le répète, les carrières ne sont donc plus linéaires et gravées dans la pierre. Et l’image tombe à pic, puisque si nous allons regarder du côté de la vieille pierre, elles ne l’ont pas toujours été non plus. Ainsi les édifices historiques ont parfois connu des trajectoires plutôt rock’n’roll et je ne résiste pas au plaisir d’une petite analogie minérale : les carrières monumentales ne sont pas toujours sans détours.

Il y a peu, je suis allée visiter l’Abbaye de Fontevraud dont l’histoire chaotique est fascinante. Si l’abbaye de fontevraud était un collaborateur lambda, elle serait un modèle de carrière non linéaire, avec ses hauts glorieux et ses sinistres bas. Embauchée à grand frais par l’énergique Aliénor (encore un modèle de carrière non linéaire ;),  qui  lui confia entre autres la mission délicate de former deux des enfants, Gen Z de l’époque. Puis, le déclin de l’empire Plantagenet plonge l’entreprise familiale dans la crise financière puis dans la crise tout court sous la forme de la Guerre de 100 ans.  La carrière de Fontevraud stagne et s’enlise, jusqu’à un changement de direction : reprise par les Bourbons, l’entreprise connaît un sursaut : rénovation des locaux, diversification, pendant deux siècles, voilà que Fontevraud retrouve sa gloire. Mais un autre changement de direction va mettre un sacré coup d’arrêt à sa carrière: la Révolution. Placardisée, Fontevraud est finalement devenue une prison. Etape qu’elle a probablement vécu comme une sacrée rétrogradation !

Mais la disgrâce n’est pas une fatalité : sa carrière est relancée par un recruteur des monuments historiques, Prosper Mérimée, qui la remarque en 1840 sur les réseaux sociaux de l’époque, et on offre à Fontevraud une mise à niveau et des formations jusqu’à la fermeture de la prison en 1963. Devenue Patrimoine mondial de l’Unesco en 2000, voilà une senior qui a crevé le plafond de verre 😉

 

Réussites et échecs passés ne parlent pas de l’avenir

Je m’amuse à musarder dans les méandres des grandeurs et misères de Fontevraud, parce que son itinéraire professionnel est assez représentatif des hauts et les bas potentiels de nos vies au boulot. Et que la leçon à en tirer, c’est que les réussites comme les échecs ne prédestinent en rien à nos trajectoires futures. Nous pouvons tous traverser des heures de gloires, des périodes fastes, des embourbements, des gamelles spectaculaires, de sombres placards.

– Les changements de direction – ou simplement de chef – peuvent générer des transformations dans le service qui rendent votre poste redondant,  vous fait perdre votre mentor ou modifier profondément  le fonctionnement d’un équipe u d’un service, pas toujours en mieux.

– Les évolutions technologiques qui rendent vos compétences obsolètes, l’âge et les préjugés – pour peu que vous ayez une caractéristiques qui rend susceptible d’être discriminé(e)-  peuvent vous envoyer au rebus de l’inemployabilité.

– Les mille et un changements possibles dans nos vies professionnelles peuvent avoir raison d’un sentiment de plaisir au travail, d’accomplissement, de satisfaction professionnelle et nous plonger dans le désarroi et le doute de soi.

 

Les enseignements à tirer

Si le pire n’est jamais sûr, le meilleur non plus. Il y a toujours d’autres aurores et une vie entière n’est pas condamnée à s’enliser dans le sinistre version dimanche de novembre sous prétexte qu’on a connu un revers ou traversé des épreuves.

Certes, on imagine que Fontevraud ne s’est pas réjouie de son évolution au 18ème et il est évident que les déconfitures professionnelles laissent des traces émotionnelles qu’il vaut mieux traiter et prendre le temps de digérer. Mais pour autant, retenons deux enseignements de son histoire :

 

1- Oublier l’enclume de la réussite

 – La réussite ne forge pas l’obligation de réussite, l’injonction de toujours plus, de toujours mieux. Une réussite se suffit à elle-même et ne signifie rien d’autre qu’une occasion d’être fier de soi et de mettre dans sa musette à capacités celles qu’on a exprimées et qu’on pourra ressortir à l’occasion, quand nous entreprendrons autre chose qui nous tient à cœur.

 – La réussite ne nous condamne pas à l’ascension, elle n’est pas une obligation de toujours plus fort, toujours plus loin, elle est une étape comme une autre sur nos chemins professionnels, une étape dont la caractéristique est d’être jubilatoire et d’être l’indicateur de nos compétences, ressources et qualités, mais qui n’exige aucunement de nous de rechercher ascension et promotions.

Ces associations courantes – et parfois inconscientes – entre réussite et obligation de toujours mieux, peuvent générer de la motivation chez les uns, et de la crainte chez les autres : crainte de davantage d’exigences, de responsabilité, d’atteindre le seuil au-delà duquel on ne se sent plus à la hauteur etc. Et ces craintes, notre petite mécanique interne bien rodée va les transformer en procrastination et /ou en stratégies d’échec, histoire de nous protéger d’une réussite qui devient une menace.

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2- Oublier le marteau de l’échec

 – L’échec n’ancre pas dans l’échec, ne condamne pas à l’échec, il est une étape comme une autre sur le parcours, une étape dont la caractéristique est d’être malheureuse et pénible, mais aussi porteuse d’enseignements à défaut d’être fondamentalement réjouissante. Autant en faire un événement dans un parcours plutôt qu’un état d’esprit ou pire : une définition de son identité.

 – L’échec n’en est pas toujours un : parfois, ce que nous considérons comme un échec n’en est pas toujours réellement un et une épreuve peut se transformer en opportunité inattendue, un mal pour un bien. J’ai quitté brutalement l’Education Nationale après un bras de fer absurde avec un chef d’établissement qui visiblement ne voulait pas d’une prof handicapée et a refusé l’intégralité des aménagements de poste demandés par les ergothérapeutes de mon centre de rééducation, le tout emballé dans des préjugés et des propos parfaitement humiliants. Je lui en ai voulu bien sûr, mais s’il avait été un modèle d’accueil et d’ouverture d’esprit, je me serais peut-être trouvée un peu trop à l’aise dans le confort relatif d’un métier que je n’aimais plus. Je n’aurais peut-être pas eu à rebondir et je n’aurais peut-être pas développé l’activité que j’ai aujourd’hui et qui me réjouit.

 

La réussite ne condamne pas aux étoiles et l’échec n’empêche pas les renaissances

Puisque la réussite ne condamne pas aux étoiles et que l’échec n’empêche pas les renaissances, il n’est pas nécessaire ou souhaitable de rester entre le marteau et l’enclume en inscrivant un projet professionnel dans la droite ligne d’un événement unique qui décrit une situation ponctuelle, qui ne définit pas ce que vous êtes et ce dont vous êtes capable ou pas.

Ruminez tant que vous voulez vos heures sombres, mais ne les laissez jamais dicter à votre oreille échaudée les itinéraires à venir, de graver dans le marbre votre destin, d’ancrer des croyances dévalorisantes qui vous empêcheront d’avancer non pas forcément vers le haut, mais dans la direction que vous voulez :

Pansez vos plaies
Reposez-vous et pensez à la nouvelle direction que vous voulez prendre
Relevez-vous et allez-y pas à pas

 

Bonne route!

 

 

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Aller plus loin

Vous voulez forger un état d’esprit dynamique et serein, au service de la concrétisation de vos aspirations professionnelles? Ithaque peut vous aider. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.

 

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