Plaidoyer pour une école sans stress

Enfants, parents, enseignants, personnels non enseignant: à l’école, tout le monde est stressé. Voilà le constat navrant que l’on peut faire, au vu des diverses études sur le sujet.

Un sondage CSA , réalisé en février sur un échantillon représentatif de parents d’élèves donne les chiffres suivants:
31% des parents estiment que leurs enfants sont stressés par l’école (de 26% à la maternelle à 42% au lycée)

52% des parents sont stressés par la réussite scolaire de leur(s) enfant(s).En avril, l’APEL a organisé une journée sur le thème du stress à l’école pendant laquelle parents, enseignants, chefs d’établissement, psychopédagogues et pédopsychiatres sont intervenus: 4 vidéos sont consultables ici

La présidente de l’APEL fustige la responsabilité des adultes: parents, enseignants, tout le monde en prend pour son grade, et à juste titre:
“Nos enfants sont à la croisée du stress des adultes, parents et enseignants. Stress ô combien contagieux ! (…) Si l’école est source de stress, nous ne sommes pas en reste, nous parents qui faisons peser sur nos enfants notre propre angoisse (…/…) Dès la maternelle, on leur dit, vous verrez quand vous serez en CP ! En CP, on leur dit, vous verrez quand vous serez en 6e ! En 6e, on leur dit, vous verrez quand vous serez en 2de !”

Le site Bloob rapporte les conclusions d’ateliers thématiques qui ont regroupé 175 collégiens et lycéens d’Ille-et-Vilaine, jeudi 23 février, à l’école des Hautes études en santé publique: leur principale préoccupation est de diminuer la pression scolaire.
Un sondage publié en juin montre que le stress est en tête des soucis de santé rencontrés par les étudiants.
Tout ceci n’est pas une nouveauté. En 2003, Gisèle George, pédopsychiatre, évoquait déjà le stress scolairedans une interview pour Le journal des femmes.
A tous les étages, depuis la maternelle jusqu’à l’université, l’école et ses acteurs vivent au rythme du stress et de l’anxiété.

Les enseignants ne sont pas en reste

 

Le rapport de la CSEE* sur le stress des enseignants est édifiant: sur les 27 pays de l’Union Européenne ayant participé à l’étude, “il ne fait absolument aucun doute que les enseignants sont parmi les personnes les plus touchées par le stress au travail”. Charge de travail, surcharge due au nombreux rôles qu’ils sont censés assumer, comportements des élèves, salaires bas, manque de soutien de la direction et des parents, manque de soutien des collègues et mauvaise ambiance, manque de reconnaissance, les facteurs de stress sont nombreux.
Troubles du sommeil, conflits, dépression, maladies cardio-vasculaires et épuisement professionnel sont les principales conséquences sur la santé évoquées par les enseignants français. Curieusement, la France fait partie des pays qui n’ont pas de système d’évaluation spécifique du stress au travail pour les enseignants.

*Comité syndical européen de l’éducation

L’école qui souffre

Entre surprotection, pression, démission de parents dépassés qui attendent que l’école fasse l’éducation socialede leurs enfants à leur place, dévalorisation de l’image du prof, enseignement inadapté, transformé en produit de consommation, méthodes anté-ferroviaires, peur de l’avenir, établissements de plus en plus dirigés comme des entreprises, l’école s’étouffe dans ses contradictions et produit du mal être à tous les étages.Cette école qui souffre, c’est le reflet de toute la société, et s’il est  à la mode ces temps-ci de fustiger l’héritage de 68, c’est tout simplement parce que mettre un coupable, vrai ou faux, au pilori sur la place publique rassure chacun, en cela qu’il lui évite d’aller regarder sa propre part de responsabilité dans le blanc des yeux.

Nous sommes collectivement responsables d’une société qui produit des parents tellement culpabilisés qu’ils ne savent plus socialiser leurs enfants et préfèrent une surprotection étouffante (et ça, c’est pas l’héritage de 68!), des parents tellement stressés qu’ils ne peuvent pas offrir aux enfants l’environnement sain et reposant dont ils ont besoin.
Nous sommes collectivement responsables d’une société qui tend à confondre l’enseignement aux jeunes générations avec un produit de consommation lambda, à confondre l’intérêt social et collectif avec la rentabilité à court terme.
Nous sommes collectivement responsables d’une société qui cherche de plus en plus à manufacturer des produits finis, directement exploitables en entreprise, plutôt que des citoyens capables de réfléchir, d’analyser, et de s’exprimer.
Nous sommes collectivement responsables d’une société dont l’école est tellement à bout de souffle qu’elle a du mal à résister à la tentation passéiste de l’autoritarisme contre productif (n’oublions pas que l’école d’antan ne favorisait pas plus la réussite scolaire).

Que faire pour l’école?

Comment faire pour que l’école devienne un lieu d’épanouissement et d’opportunité, plutôt qu’une machine à broyer de l’enthousiasme et de la joie de vivre?

En 2007, dans un bel essai intitulé L’angoisse et le stress à l’école, Jean Daniel Rohart proposait d’y remédier en y apportant l’humourle calmela confiancela lucidité. Il existe donc des pistes? Des idées? Et pourtant on fait toujours un peu plus de la même chose?

Personnellement, je rêve d’un école où les enfants arrivent suffisamment socialisés pour pouvoir en profiter, dont les parents sont suffisamment apaisés pour leur fournir un environnement serein. Une école dont les profs sont suffisamment reconnus pour n’avoir rien à prouver, ont suffisamment de marge de manoeuvre pour envisager des alternatives à l’apprentissage classique. Une école qui laisse suffisament de liberté pour apprendre de ses pairs autant que de ses profs.

Je rêve d’une école qui enseigne le discernement, le sens critique, l’autonomie, qui tranfsorme l’acquisition de connaissances et de culture en source sans cesse renouvellée de nourriture à une curiosité et unesoif d’apprendre inextinguibles, qui fasse du savoir un jeu, un vrai bonheur.

Je rêve d’une école qui se rappelle les formidables autodidactes que nous sommes quand nous apprenons à marcher et qui du coup réhabilite le jeu, l‘encouragement, le plaisir et l’expérimentation comme facteurs premiers de l’apprentissage. D’une école qui exploite toutes les façons d’apprendre pour permettre à chacun de trouver la sienne… Un école qui donne envie d’apprendre, en somme.

Et vous, de quelle école rêvez-vous?

Des pistes peut-être ici:

L’école en folie sélectionné dans Info JT magazine

Le plaidoyer de Grand Corps Malade:

 

2 Comments

  • philippe dit :

    je rêve de l’école buissonnière, bon je sors——->

    plus sérieusement (ça m’arrive darling) je crois que ce n’est que le reflet du malaise général de la société cfr “France Télécom”
    bisous

  • MADmoiselle dit :

    Je peux témoigner que oui, l’école c’est stressant, et c’est en grande partie pourquoi j’ai quitté l’Education nationale.

    D’un autre côté, la vie active est stressante aussi, alors c’est un apprentissage comme un autre 😀
    J’plaisante bien sûr !

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