Humour, liberté d'expression, tous Charlie Hebdo

Sylvaine Pascual – Publié dans Regards croisés

 

 

Je vous avais préparé un petit post léger comme une plume, histoire de s’aérer la cafetière loin des injonctions, des bonnes résolutions et de tous les salamalecs d’usage en début d’année. Mais vu l’actualité, je le remise dans mon carton et je choisis un hommage aux courageux morts d’avoir aimé rigoler…

 

 

Sous le choc du carnage de Charlie Hebdo et comme le disait avec émotion Serge Moati au micro de France Inter “les mots sont trop petits pour parler de ce qu’on ressent”. On a peut-être conscience que le jour est brouillardeux et qu’au fond de nous il y a une colère sourde, une tristesse immense, ou comme l’exprimait cette lectrice de notre torche-cul préféré, qu’on est “fatigué de partout”.

 

 

Il y a aussi sans doute l’impression qu’on ne devrait pas rester là, les bras ballants d’absurdité. Alors pour ma part je suis allée acheter Charlie Hebdo, j’ai voulu m’abonner à Charlie Hebdo, avec le sentiment qu’il est primordial d’être solidaire, de sauver la liberté et le rire.

 

 

valeurs impertinence

 

 

Wolinski nous avait prévenus: y’a plus de valeurs!

 

Pourtant, cette tuerie me renvoie justement a mes valeurs.  La liberté d’expression est à mes yeux un principe, un droit fondamental, une valeur sans laquelle une société n’a pas de sens et n’est que le fantôme de ses aspirations humanistes.

 

Le carnage de Charlie Hebdo me renvoie aussi que le rire, sous ses formes jubilatoires que sont l’humour, la dérision, la caricature, la satire devraient être un principe, un droit fondamental, une valeur sans laquelle une société n’est que l’ombre de l’humanité.

 

 

Alors je vous propose d’en profiter pour prendre quelques minutes pour réfléchir aux valeurs fondamentales qui vous animent, ces forces qui vous gouvernent, pour lesquelles vous ne courberiez jamais l’échine. Et autant le faire en se gondolant un peu, histoire de rendre un véritable hommage aux courageux morts d’avoir aimé rigoler, un crayon à la main, à ceux aussi qui sont morts d’avoir voulu protéger ceux qui aimaient rigoler. Aussi libérons la part de Charlie Hebdo en chacun de nous, celle qui voudrait se bidonner de tout mais s’auto-censure à coups de politiquement correct. Cultivons l’impertinence, l’irrévérence, la contestation truculente, l’ironie joyeuse face à tout ce qui vient bousculer les valeurs en question. Et laissons le Charlie en question nous aider un peu à nous lâcher le bâton de bienséance:

 

 

cultiver irreverence impertinence

 

 

 

Et puis n’oublions pas aussi d’en rire, de ces valeurs compassées, de rire de nous-mêmes, de moi, de vous, de nos croyances rigides, réacs, naïves ou anté-ferroviaires, de nos contradictions incompréhensibles, de nos limites, de nos manquements, de nos défauts, de nos intolérances, de nos offuscations, de nos duducheries, de nos morales douteuses, de nos agacements, de nos beaufitudes, de nos jugements péremptoires, de nos franchouillardises, de nos complexes de supériorité.

 

 

valeurs rire

 

 

Et rions des oppresseurs, des pisse-froid, des censeurs, des autoritaires, des sournois, des fanatiques, des manipulateurs, des enmanchés, des gourdiflots, des aigris, des chagrins, des bien-pensants, des étriqués, des coincés du bulbe, des bêcheurs, des caves, des déplumés, des pégreleux, des enquiquineurs, des refoulés du zygomatique, des atrabilaires, des moroses, des renfrognés, des bégueules, des obscurantistes, des liberticides, des inflexibles, des puritains, des intégristes, des dictateurs, des persécuteurs, des corniauds, des sinistres, des austères, des ténébreux…

 

 

droit à l'humour

 

Et continuons à mettre de l’huile sur le feu de l’humour, de la liberté de parole, de pensée, d’expression, de rire. Et d’être tous un peu Charlie:)

 

#jesuischarlie

 

 

 

Edit du 9 janvier – A lire aussi, sur l’épatant blog Morbleu!

 

 

 

 

4 Comments

  • Sylvaine, j’apprécie ta prise de position. Nos consoeurs-confrères se cachent trop svt de mon point de vue, derrière une “neutralité” prétendument humaniste, pour ne pas avoir à se prononcer, à s’affirmer.
    Pourtant, les formateurs, les consultants, les coaches… ne se présentent-ils pas comme humanistes ? Alors, affirmons nos valeurs démocratiques : ensembles, libres et laïcs. Ne parlons-ns pas à nos interlocuteurs d’écoute et de bienveillance ? Alors, affirmons la fraternité.
    L’humain en nous ne doit pas avoir peur.

    • Sylvaine Pascual dit :

      Merci Chantal^^
      Pour le retour et pour la prise de position!
      Certains sont en effet un poil trop neutres, un poil trop politiquement corrects, tous craintifs qu’ils sont à l’idée d’effrayer le client potentiel. C’est peut-être justement parce que l’humanité (dans sa version consumériste, ultra capitaliste et individualiste) manque de fraternité qu’elle craint tant le regard des autres quant à ses opinions et qu’elle recherche l’appartenance et la reconnaissance y compris au prix de son auto-censure et de sa soumission au discours ambiant. Ou bien peut-être que je suis trop indulgente et et que le manque de réflexion, de recul et de bon sens mène à l’appropriation d’idées simplsistes.
      La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas que des formateurs/consultants/coachs tièdes. Il y a aussi les animés, les vibrants, ceux qui sont mus par leurs valeurs, je pense par exemple aux agilistes de Rupture Douce, à Vincent Rostaing, à François Badenès et pleins d’autres.
      Quant aux frileux, aux mous du genou, ignorons-les!

  • Chabanon dit :

    Que dire Sylvaine ? Que dire ? Merci de ce post.
    Est-ce une goutte d’eau dans l’océan ? Mon beau-fils aime à me raconter l’histoire du colibri qui apporte sa goutte pour aider à éteindre l’incendie de forêt qui ravage son environnement.
    Grâce à tous vos post, des tas et des tas de gouttes d’eau charrient des envies de bienveillance et un océan d’amour se forme sans crier gare.
    Je déclare votre blog d’utilité public et que la sécurité sociale rembourse tous les frais liés à votre activité, ah ah ah !!!
    Et vive la liberté d’expression déjà défendue à l’époque par Voltaire.
    Christian

    • Sylvaine Pascual dit :

      Oooh merci infiniment pour ce retour qui me touche tellement: “des tas de gouttes d’eau charrient des envies de bienveillance et un océan d’amour se forme sans crier gare”, c’est l’un des compliments les plus jolis qu’on m’ait jamais fait, et qui résonne en moi avec d’autant plus de force que ce carnage me renvoie combien tous, partout, nous avons besoin de bienveillance, d’amour (et d’humour) et que c’est un remède plus sûr que les lois liberticides à la connerie. Alors si je participe de ça pfffffiou, que ça me fait plaisir:)

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