#SPSR Episode 2: l’importance de la compatibilité relationnelle

Pour collaborer sereinement, la compatibilité relationnelle est essentielle

Le projet Sans peur et sans reproche, ou comment mettre l’élégance relationnelle au service du plaisir de travailler est le fruit sérendipitaire d’une collaboration rendue stérile par l’incompatibilité relationnelle, mais restée suffisamment courtoise pour que personne ne perde en estime de soi. Retour sur la genèse d’un accompagnement qui remet du panache dans vos relations!

 

Pour collaborer sereinement, la compatibilité relationnelle est essentielle

Le bonheur c’est les autres… l’enfer aussi… et inversement!

Le bonheur, c’est les autres, nous le savons depuis que la plus longe étude de l’histoire nous a révélé que le sentiment d’être heureux est essentiellement lié à la qualité de nos relations.

Seulement voilà, l’enfer aussi, c’est les autres, en particulier dans un monde dans lequel on nous a fait croire que les conditions de la survie découlent de notre capacité à écrabouiller les autres plutôt que de se faire réduire en purée par eux. Voilà qui complique l’affaire.

On peut imaginer plein de raisons qui ont poussé l’humanité à se croire sa meilleure ennemie, depuis les puissants de toutes les époques pour protéger leur pré carré, jusqu’à la société de consommation. Du coup, une bonne part de nos malheurs professionnels viennent d’une vision binaire des relations : les dominants et les dominés, ce qui en ont et ceux qui n’en ont pas, ceux qui en sont et ceux qui n’en sont pas, ceux qui ont raison et ceux qui ont tort, les winners et les losers. Et nos mésententes et désaccords se déclinent ainsi depuis des siècles, chez le commun des mortels, dans les tragédies de Shakespeare dans les séries télé, partout, et même chez les Dieux, c’est l’enfer !

On nous l’a bien dit : les gens heureux n’ont pas d’histoire. Honni soient ces ennuyeux qui ne font pas d’histoire dont on pourrait de repaître à la machine à café. Tout cela nous a appris à consciencieusement nous pourrir les relations, sans vraiment le vouloir et probablement sans nous en sentir partiellement responsables puisque même chez les Dieux, c’est toujours de la faute de l’autre.
La peur et ll'égo, vers dans le fruit de nos relations

Cependant « Paradis, enfer, quelqu’un aurait donc visité ces contrées singulières ? » s’interrogeait, sceptique, Omar Khayyam à l’autre bout de la mer. Sommes-nous condamnés aux relations pourries ?

Probablement pas, car par cette question il doutait de l’existence de l’un et de l’autre et sur le sujet des relations, on peut en douter aussi.

Alors pour réconcilier l’enfer et le paradis relationnels, l’issue est peut-être toute médiévale, une Comédie divine de nos relations, au sens de l’époque de Dante, c’est à dire à l’issue heureuse. Dans une version où l’on peut cheminer de l’enfer vers le paradis, y compris « à la moitié de sa vie ». Et pour sortir de « la forêt obscure » de nos relations, la seule foi nécessaire c’est celle en l’être humain, doué de bonté, empreint de désir d’aimer et d’être aimé, foi qui donne le courage de traverser les limbes de la maladresse et de la brutalité.

D’abord parce que pas grand monde ne se lève en se disant « Tiens pour occuper ma journée, mon objectif du jour, c’est une engueulade meu-meu avec Bichtouille. Et pour que ce soit un challenge, je rajoute : avant 10h »

Car en réalité, même si le monde, depuis les journaux télé jusqu’à Mme Michu (qui en bouffe, du journal télé) voudrait concentrer notre attention sur les Méchancetés des Méchants, la plupart des gens ordinaires sont

Brefs, des êtres humains prêts à prêter main forte, désireux de collaborer et soucieux des groupes auxquels ils appartiennent. Comment expliquer alors, si nous sommes plutôt bien intentionnés par nature, que nos interactions soient ponctuées de difficultés, d’incompréhensions, de conflits ?

Quand la colère cache la vulnérabilité

 

Les inquiétudes qui génèrent les relations pourries

D’abord parce que plein de mythes circulent, dans tous les extrêmes, depuis l’obligation de « nous aimer les uns les autres », jusqu’aux croyances bien ancrées sur « trop bon trop con ».

Nous avons aussi tendance à croire que ce que nous ressentons, ce que nous pensons, nos valeurs etc. sont ou du moins devraient être universelles, ce qui se finit vite en tentation d’avoir raison, d’imposer sa façon de voir plutôt que de comprendre ce qui se passe dans la tête de l’autre (ce qui n’a jamais voulu dire adhérer, adopter ou se soumettre).

Mais surtout : nous avons peur. Peur de nous dévoiler, peur qu’on profite de nous, de ne pas être entendus, reconnus, pris en compte, de ne pas être acceptés, aimés, peur de manquer de quelque chose, peur d’être bridés, enfermés, entravés, peur d’être inutiles, de ne pas être en sécurité, de ne pas comprendre, d’être jugés, manipulés etc… Nous avons au fond de nous des ensembles très personnels de craintes relationnelles qui nourrissent des comportements pas toujours teintés d’une grande noblesse d’âme.

Alors nous jouons des jeux de l’égo, nous inconsciemment endossons des rôles relationnels qui se voudraient des palliatifs mais qui ne font qu’exacerber nos mésententes et malentendus et génèrent des conflits dont nous n’avons, le plus souvent, jamais eu vraiment envie.

C’est comme ça qu’est né le projet Sans peur et sans reproche, fruit antinomique de la conscience des enjeux de une relation et d’une incompatibilité chronique.

comment se pourrir soigneusement les relations?

 

La génèse de Sans peur et sans reproche : mésentente courtoise

Il y a quelques années, un éditeur me contacte pour un projet de livre. J’étais ravie, ça faisait déjà 4 ans que je publiais régulièrement sur mon site et c’était la première proposition d’écriture qui me donnait envie. D’autant qu’il s’agissait de relations professionnelles, qui avaient été la première thématique d’Ithaque parce que j’avais, depuis ma formation au coaching, l’intuition que le monde du travail pourrait grandement s’apaiser par ce biais.

Je rencontre une éditrice charmante, qui m’explique qu’elle est venue me chercher parce qu’elle « adore mon style très direct » et me raconte son envie de travailler sur un livre qui parlerait de relations « sans reproches », parce que les reproches, ce n’est pas très chouette. Un horizon s’ouvre devant moi comme un Graal : Sans peur et sans reproche, mais ou mais c’est bien sûr, il y a là un sujet de choix, l’art de mettre du panache dans ses relations avec une noblesse d’âme directement inspirée du plus inoubliable des chevaliers, ça a de la gueule. Parce qu’on a tendance à se représenter le chevalier tuant gaiement dragons et ennemis et à oublier que parmi ses principales qualités, il y a aussi la courtoisie.

 

Trop cow-boy

Aaah, chers lecteurs, l’ivresse des idées ! Celle-ci m’a donné du grain à moudre et des tombereaux d’inspiration. En quelques jours, j’avais rédigé la structure du livre et commencé à m’amuser de quelques parallèles rigolos à faire entre le code de chevalerie et nos quotidiens professionnels.

Pleine d’enthousiasme, je retourne la voir, mais l’accueil est mitigé. « J’en ai parlé à mon chef, me dit-elle, mais il trouve que ça fait trop cow-boy ».

Ca commençait mal.

Je vous passe ce qui m’est passé par la tête à la vue de l’étendue de la culture médiévo-western de cette maison d’édition. Je me suis contenté d’un « heu… c’est le chevalier Bayard » qui l’a laissée sans voix. Après avoir exposé ce que je voulais faire, elle avait l’air vaguement convaincue et je me suis mise au travail.

 

Un été médiéval

J’ai passé un régal d’été à alterner rédaction et lectures de rappel pour me remettre en mémoire suffisamment de médiévisme pour pouvoir construire mes parallèles sans être complètement à côté de la plaque. Quels délices ! Attablée tous les après-midi sur une terrasse provençale, je me suis nourrie de chevalerie, de Duby à Chrétien de Troyes, d’Excalibur à Kaamelot, je me suis régalée d’écrire comme il me plaisait pour transmettre ce qui me tenait à coeur.

Et puis j’ai commencé à avoir des retours de la part de l’éditrice:

– qui décidément avait du mal avec ce que je lui proposais : « Vous savez, personne n’a envie d’entendre qu’il est responsable de 50% de la relation »
– qui avait beaucoup de mal avec mon style « Non mais quand même, le bocal à con, c’est pas possible »
– qui avait beaucoup de mal avec mes phrases à rallonge: « Vous savez, me dit-elle un jour, je vous donne un truc d’éditeur, essayez les phrases sujet-verbe-complément ».

 

L’automne d’une collaboration

Evidemment, je rétivais à chacune de ses remarques. Je n’aimais pas l’idée qu’on sous-estime mes lecteurs et qu’elle me demande de me conformer à un style que je trouvais incolore, inodore et sans saveur, dépouillé de ma personnalité. L’incompréhension et la méfiance se sont installées petit à petit. Elle me trouvait difficile et je la trouvais fatigante. Elle me trouvait chiante et je la trouvais frileuse. Mais nous avons persisté, avec une réelle volonté de faire des compromis et cependant incapables de trouver des terrains d’entente. Nous n’avions ni le même objectif, ni la même façon d’y parvenir, chacune s’est accroché au sien, probablement pour des raisons tout à fait valables des deux côtés.

Finalement, c’est la question du titre du livre a sonné le glas de ce projet, lorsque sa sortie avait été annoncée sous le seul titre que j’avais refusé, parce qu’il s’appuyait sur un jeu de mot que je trouvais indigne et insultant envers une communauté qui se bagarrait pour faire reconnaître ses droits.

 

Mésentente courtoise et compatibilités nécessaires

J’ai trouvé une ironie un peu amère dans le fait de ne pas avoir réussi à collaborer sur un bouquin sur les relations professionnelles… cependant, nous sommes parvenues à ne pas collaborer sans éclats de voix, à ne pas nous comprendre sans nous insulter et sans jouer de jeux de pouvoirs. Nous en sommes restées là sans chercher à expliquer la vie, l’écriture, l’édition et les relations professionnelles à l’autre.

Cette mésaventure d’édition m’a fait prendre conscience que la compatibilité professionnelle n’est pas qu’une question de volonté d’une part et qu’elle est essentielle pour co-élaborer des projets. Elle m’a fait prendre conscience de l’importance de l’élégance relationnelle pour tenter de trouver des solutions à des désaccords sans finir par se bouffer mutuellement le nez.

Au-delà de tous les outils collaboratifs et des idées bien-pensantes de non jugement et d’amour universel, nous avons potentiellement tous des incompatibilités relationnelles chroniques et qu’il est essentiel de savoir en comprendre les mécanismes et les évaluer de façon à aller vers les collaborations possibles plus que vers les collaborations coûteuses. S’atteler ensemble à des projets ambitieux demande un minimum d’entente et de compréhension mutuelle, mais aussi de compatibilité, faute de quoi on finit par se battre davantage les uns contre les autres que pour atteindre l’objectif commun.

Sans peur et sans reproche: l'élégance relationnelle au service du plaisir de travailler

 

L’élégance relationnelle, sans peur et sans reproche

Malgré les tensions, malgré mes agacements et ses frilosités, nos interactions sont restées plutôt courtoises : pas de joutes verbales ou de tentation de prise de pouvoir dans nos échanges, ni l’une ni l’autre n’a cédé à cette tentation. C’est peut-être là le socle de l’élégance relationnelle : ce n’est pas réussir à tomber d’accord tout le temps et avec tout le monde, ce n’est pas éviter le désaccord ou le conflit, ce n’est pas consentir de guerre lasse à ce à quoi on ne croit pas pour maintenir à tout prix une atmosphère qui du coup n’a plus rien d’agréable, elle finit par puer le ressentiment.

C’est savoir se positionner sans rouleau-compresser l’autre partie, quitte à accepter certaines incompatibilités chroniques, quitte à accepter qu’on n’est pas fait pour collaborer sans chercher à cela des explications peu courageuses dans les vilains comportements de l’autre, mais bien dans ses propres aspirations et désirs en termes de relations professionnelles. Ce qui demande du courage, de la noblesse d’âme, de la droiture. Ainsi qu’autant de connaissance de soi que de compréhension de l’autre, qui sont les deux axes indispensables à des relations qui sortent de la crainte et de l’égo pour aller vers des interactions franches du collier, fiables, réjouissantes. Et pour cela, il est grand temps de baisser les armes et d’apprendre à nous parler, à nous écouter, à signer des traités de paix. A cesser d’avoir peur, à cesser de nous faire des reproches.

Esprit chevaleresque et noblesse d'âme: l'élégance relationnelle pour redévelopper le plaisir de travailler (ensemble)

Suite à cette mésaventure, j’ai remis mon manuscrit dans un carton et je me suis attachée à développer ces questions d’élégance relationnelle dans ma pratique. C’est une thématique passionnante et complexe que je me régale à explorer, d’une part, et une compétence professionnelle qui prend de plus en plus d’importance et se construit petit à petit, par la pratique, l’expérimentation et la recherche de l’élégance du geste, comme la prouesse au tournoi. Je travaille auprès de mes clients

 – En reconversion : parce qu’ils vont avoir besoin d’un relationnel Sans peur et sans reproche pour interagir avec assurance dans toutes les situations relationnelles qu’une bifurcation implique : les entretiens d’embauches, les rencontres avec des associés, partenaires, fournisseurs ou clients potentiels etc.

 – En job crafting : parce dans le plaisir au travail, les relations ont une place de choix et que développer un relationnel affirmé et agréable, inclusif de l’autre et de ses besoins a un impact positif sur tout l’écosystème professionnel, quelque soit la fonction dans l’entreprise et y compris pour construire un management humain et efficace.

 

Et comme parfois on ne peut pas choisir ses collègues, je vous prépare pour dans pas longtemps un Petit traité de mésentente cordiale au travail 😉

Et dans l’épisode 3, je vous raconterai ce qui m’a décidé à sortir Sans peur et sans reproche de son carton

 

Illustration: Florence Marguerat, graphiste et illustratrice, dont je vous invite à découvrir les créations sur son Instagram, en attendant que son site soit mis en ligne: flo_atelierleprojet

 

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Aller plus loin

Vous voulez construire et/ou entretenir une posture relationnelle sereine et agréable, favorable à la réalisation de vos aspirations professionnelles? Le coaching Sans peur et sans reproche est fait pour vous! Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual

2 Comments

  • Aurore dit :

    Très intéressante illustration d’une invitation à des relations plus respectueuse de soi et d’autrui par un témoignage personnel.
    Je retiens l’idée de chercher ce que je peux faire pour mes peurs, aller à leur rencontre pour les apaiser un peu plutôt que les balancer à la tête d’autrui en réactions conflictuelles.
    J’attends avec curiosité ce traité de mésentente cordiale.

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