Age, métier et reconversion professionnelle

L’âge ou le métier d’origine sont des freins en forme de croyances limitantes très courants parmi les candidats à la reconversion professionnelle. Trop jeune, trop vieux, trop éloigné de ce que je veux faire, tout est bon pour se convaincre, malgré son désir de changer de métier, que ce n’est pas une bonne idée. Conviction à ramollir d’urgence, pour pouvoir au moins s’autoriser la réflexion et s’éviter bien des regrets…

 

Des biais révélateurs de croyances sur la reconversion professionnelle

Les biais par lesquels les internautes arrivent sur un blog apprennent au blogueur bien des choses sur ses visiteurs. Les combinaisons de mots clés comprenant “reconversion professionnelle” tapées dans Google et qui amènent des lecteurs sur le blog d’Ithaque portent la marque des préoccupations et des croyances – souvent limitantes – de leurs auteurs.

3 combinaisons principales sont tapées par les visiteurs intéressés par un changement de métier:

“Reconversion professionnelle”
“Reconversion professionnelle” suivi d’un âge
“Reconversion professionnelle” suivi d’un métier

Si la première paraît on ne peut plus neutre, l’ajout de l’âge ou du métier semble dire qu’il doit bien y avoir quelque part une orientation professionnelle LOGIQUE quand on a 44 ans (à modifier selon votre âge) ou qu’on est trader / boulanger / informaticien (véridique). Peut-être s’attend-on à trouver un itinéraire tout tracé, des étapes identifiées, des solutions établies, des débouchés automatiques qu’un internaute compatissant aurait modélisés pour le bien de ses contemporains. La reconversion dans un fauteuil, quoi.

Il est sans doute vrai dans une certaine mesure. cependant il est probable que ces combinaisons de mots clés sont le reflet d’inquiétudes plus profondes, d’obstacles perçus comme plus difficiles à franchir: se reconvertir, oui, mais dans quoi? Avec quelle employabilité?

 

Le Dr Livingstone de la reconversion… qui évite soigneusement l’exploration!

Ces préoccupations légitimes deviennent souvent un frein suffisant pour renoncer à changer de métier avant même d’avoir d’en avoir exploré la possibilité. Un docteur Livingstone qui serait resté chez lui, faute d’une carte avec un itinéraire tout tracé, rassurant.
Certains se tournent vers le bilan de compétences pour répondre à ces questions cruciales. Mais voilà, il est ce que dit son nom, il n’est pas une réfléxion large et multidimensionnelle des itinéraires possibles de reconversion.

ien trop souvent, il se limite à une exploration superficielle de savoir-faire professionnels, confond valeurs motrices et valeurs morales, néglige l’expression professionnelle des besoins fondamentaux et pousse tout naturellement à aller faire un peu plus de la même chose. On change le nom de l’entreprise, on modifie deux ou trois tâches et hop! Tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes.

 

Explorer les itinéraires professionnels possibles…

  • Une prof de français langue étrangère qui devient chanteuse lyrique
  • Une informaticienne qui devient expert immobilier
  • Un moniteur de golf qui devient pilote de montgolfière
  • Une DG qui devient avocate
  • Un ingénieur qui devient vitrailliste
  • Une consultante en audit financier qui devient praticien en hypnose Ericksonienne
  • Une informaticienne qui va ouvrir un éco-lodge

Ils ont en commun d’avoir entre 32 et 55 ans, d’avoir réussi leur reconversion ou d’être en formation. Ils ont en commun d’avoir choisi de dépasser les croyances limitantes sur l’âge ou le métier, qui entravaient leur reconversion, pour pouvoir concentrer leur énergie sur leur désir d’une vie professionnelle réjouissante plutôt que sur des pseudos vérités universelles imposées par autrui.
Comment s’y sont-ils pris? Ils ont observé, farfouillé, fureté dans les recoins d’eux-mêmes pour sortir des reconversions battues, estampillées “réalistes” et trouver leur voie. Ils ont commencé par amoindrir la portée de leurs croyances limitantes sur leur âge et leur employabilité. A la poubelle les discours du type “je suis trop vieux”, “à mon âge, c’est dur d’apprendre”, qui pourtant pouvaient paraître des évidences dans certains cas.

Ils ont préféré, quitte à changer de métier, aller vers un projet professionnel  porteur de sens et qui leur donne suffisamment d’énergie pour les mener à bien. Pour cela, ils ont accepté de partir en exploration dans les chemins les plus improbables, sans barrière, au delà des croyances, pour dénicher un projet de reconversion professionnelle cohérent, pertinent avec eux-même, et du coup faisable.

 

… et trouver sa destination

Ils ont monté des projets cohérents avec qui ils sont, leurs valeurs, leurs besoins professionnels et leurs motivations, qui n’en sont que plus solides et convaincants. Ils sont sortis du cadre étriqué de leur parcours, de leur itinéraire et ont choisi d’accepter des trajectoires non linéaires, des bifurcations biographiques pour pouvoir atteindre la destination qu’ils ont choisie.

S'autoriser l'exploration de toutes les possibilités de reconversion, sans préjugé

 

Car l’âge et le métier d’origine ont assez peu d’intérêt dans le choix d’une reconversion, à moins de refuser mordicus une formation potentiellement longue.  La plupart de mes clients sont plutôt en seconde partie de carrière, et c’est lorsqu’ils s’autorisent à explorer toutes les pistes qui les font vibrer, y compris celles qui peuvent paraître farfelues aux yeux des frileux, qu’ils parviennent à monter des projets vraiment cohérents, parce qu’ils ont alors intégrés dedans toutes les expressions spécifiques et professionnelles de leurs besoins fondamentaux.

Cela ne signifie pas toujours, comme dans les exemples donnés plus hauts, un métier d’arrivée vraiment très éloigné du métier de départ. Mais le choix d’un métier proche n’est pas un but en soi au départ, sinon l’exploration des besoins se trouve limitée d’emblée, et les projets ont vite l’apparence de la cohérence, mais des fondations insuffisantes pour être durables.

 

Un métier motivant d’abord, comment mener le projet ensuite

L’idée est d’identifier d’abord un métier motivant, porteur de sens et qui répond à nos attentes pour étudier ensuite sa faisabilité plutôt que de partir d’une définition d’un métier faisable, qui est nécessairement du domaine de l’idée reçue, puisque c’est une généralisation à partir d’une tendance.. Mieux vaut adapter quelques aspects d’un projet enthousiasmant plutôt que foncer tête baissée dans un métier que vous n’avez pas choisi. Si vous avez du mal à vous convaincre vous-même, comment comptez-vous convaincre un employeur?

Au lieu de chercher en fonction d’un âge ou d’un métier, l’alternative consiste à faire fi des croyances limitantes pour aller explorer qui vous êtes, vos valeurs, vos sources de motivations, vos goûts, vos dégoûts, vos désirs, les multiples compétences naturelles (savoir-faire et savoir-être) que vous mettez en oeuvre au quotidien parfois même sans le savoir; mais aussi les situations professionnelles, tâches et environnements qui vous boostent, vos mécanismes émotionnels etc. Et pour finir, cherchez en fonction de vos rêves et aspirations, fortements porteurs d’enseignements sur vous-même.

Car changer de métier, c’est l’occasion d’être enfin vous-même après avoir longtemps été la personne qu’on avait fait de vous. Cet itinéraire-là vous appartient, personne ne le suivra à votre place, alors s’il a peu de chances de ressembler à une promenade de santé, faites en sorte qu’il soit beau et enthousiasmant!

 

 

Voir aussi

 

Cet article est une mise à jour d’un billet publié en septembre 2009

Aller plus loin

Vous voulez explorer votre désir de reconversion professionnelle, identifier une voie de reconversion et/ou lever les freins qui vous empêchent de la mener à bien? Le forfait Job idéal et évolution professionnelle est fait pour vous. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual

 

 

 

9 Comments

  • Luc dit :

    Tu en connais toi des informaticiens de 44 ans qui se reconvertissent ?

    L’avantage essentiel que j’ai trouvé à me reconvertir c’est que maintenant quand je me lève le matin je suis pressé d’aller bosser… C’est fou comment ça allège le quotidien de faire quelque chose qu’on aime !

  • fredheas dit :

    Je partage ton avis sur la chose @Sylvaine, le plus important dans une reconversion professionnelle est de se définir “un métier motivant, porteur de sens et qui répond à nos attentes pour étudierensuite sa faisabilité plutôt que le contraire”!
    Excellente journée à réflexion à toi! 😉

  • Koolter dit :

    Je pense que pour beaucoup le fait de subir leur vie professionnelle est induite par les peurs que la société nous inculque. Il faut avoir un boulot, une paye, bien payer ses factures. Oui, évidenment mais choisir son métier selon sa personnalité, construire soit même ses projets et consommer selon ses vrais besoins, à ce que je sache, ça n’est pas interdit. J’ai toujours fait le choix de la liberté d’action. Professionnellement j’ai été manutentionaire, militaire, entrepreneur, commercial, agent commercial, de nouveau commercial, responsable d’un négoce et de nouveau entrepreneur. Tous ça dans des entreprises différentes. Si c’était à refaire, bé je referai lol Mais “revers de la médaille” à 37 ans je ne suis ni propriétaire ni possédant d’un patrimoine mais je me sens épanoui… Et ça, ça n’a pas de prix 😉

  • philippe dit :

    pfiouuu, j’ai eu de la chance d’être pensionné moi

    bises darling

  • MADmoiselle dit :

    Je crois que tu réponds aux attentes des googlistes avec cet article 🙂

  • Olivier dit :

    Qu’on se sent boen lorsque l’on fait ce que l’on veut et ce que l’on aime… Quand bien même on gagne moins, quand bien même on est jugé… L’important est d’être honnête avec soi et en adéquation avec ses aspirations!

    J’y suis à 100% ;o)

    Besos Sabú

  • Charly dit :

    Merci Sylvaine pour cet article !

    En même temps, lors de nos études, on nous invite trop souvent à choisir selon nos compétences plutôt que nos envies:
    -“je veux devenir scientifique – Oui mes tes notes ne sont pas suffisantes, tu feras un bac pro”
    – “J’aimerais aller dans telle école spécialisée dans tel domaine – Oui mes tu n’es pas assez bien classé dans notre concours, prends plutôt cette école qui est spécialisée dans un autre domaine”
    … et j’en passe !

    Au bout d’un moment, je pense que les jeunes en ont ras-le-bol de se genre de réponses et intègrent les croyances dont tu parles: je vais vers ce qui est faisable plutôt que vers ce qui me motive !

  • emma dit :

    Il me semble que celui qui tape “reconversion professionnelle boulanger” n’est pas un boulanger lassé par la farine, mais au contraire une personne qui après recherches a déterminé qu’elle souhaitait se reconvertir dans la boulangerie….

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